néovascularisation et l'inflammation. En
revanche, les gènes spécifiques aux artères
mammaires internes codaient pour des facteurs
de croissance et des inhibiteurs de la protéase,
entre autres protéines. Nous nous sommes
intéressés à un gène particulier. Exprimé de
manière sélective dans l'artère coronaire, il code
pour la protéine matrice ténascine-c (TN-C).
Les études in vitro ont montré que la TN-C était
impliquée dans l'adhésion, la prolifération, la
survie et la migration cellulaires, ainsi que dans
plusieurs fonctions apparemment
contradictoires. Cependant, on peut se
demander quelle est sa pertinence dans
l'athérosclérose in vivo. En 1999, nous avons
démontré que l'ARN messager de la TN-C et la
protéine TN-C étaient exprimés dans les plaques
athérosclérotiques humaines riches en
macrophages [1], ce qui supposait un éventuel
rôle pathogène de la TN-C dans
l'athérosclérose. Nous avons également
découvert, sur des souris KO pour
l'apolipoprotéine E (apoE), une expression de la
TN-C dépendante de l'âge et de la lésion. Nous
avons donc produit des souris KO pour la TN-C
et l'apoE afin d'examiner les effets de la
suppression de la TN-C sur l'athérosclérose
murine.
Nous nous attendions à observer une
réduction de l'athérosclérose chez ces souris. A
notre surprise, au bout de 18 semaines, elles
présentaient une aggravation accélérée de
l'athérosclérose par rapport aux témoins apoE
nul. Ne pouvant s'expliquer par une
modification relative aux lipides circulants, ce
résultat suggérait un rôle athéroprotecteur plutôt
que pathogène de la TN-C. En outre, entre les
semaines 18 et 25, nous avons trouvé un
nouveau phénotype totalement inattendu chez
les souris KO pour la TN-C et l'apoE et ayant suivi
un régime cétogène : une hémorragie
intraplaque spontanée (IPH) chez les deux tiers
d'entre elles environ.
L'hémorragie intraplaque est courante dans
l'athérosclérose avancée. Selon l'hypothèse du
pathologiste Renu Virmani, elle contribuerait à
l'expansion du noyau riche en lipides de la
plaque, via le cholestérol dérivé de la
membrane des globules rouges, tout en offrant
un moyen d'introduction des cellules
inflammatoires dans la plaque. Ces deux
processus peuvent contribuer à une rupture des
plaques et à une thrombose [2]. Selon une
étude récente, la croissance des plaques
athérosclérotiques et des noyaux lipidiques sur
18 mois est plus rapide chez les patients
présentant une hémorragie intraplaque que
chez les patients sans IPH [3].
L'hémorragie intraplaque résulterait, au moins
en partie, de la rupture de canaux
néovasculaires perméables dans la lésion
athérosclérotique. De plus, certaines données
portent à penser que l'angiogenèse et
l'inflammation s'entretiennent mutuellement
selon un cycle sans fin [4]. Selon nous, la TN-C
joue un rôle anti-inflammatoire et
athéroprotecteur, au moins sur des modèles
murins, et nous étudions actuellement le
mécanisme de son action. Nous espérons
pouvoir répondre rapidement aux questions
relatives à la cause de l'hémorragie intraplaque
et au rapport entre TN-C et néovascularisation.
Références
1. Wallner K, Li C, Shah PK et al,
Tenascin-C is expressed in
macrophage-rich human coronary
atherosclerotic plaque. Circulation
99, 1284-1289 (1999)
2. Shah PK, Mechanisms of plaque
vulnerability and rupture. J Am
Coll Cardiol 41, 15S-22S (2003)
3. Takaya N, Yuan C, Chu B et al,
Presence of intraplaque
hemorrhage stimulates progression
of carotid atherosclerotic plaques:
a high-resolution magnetic
resonance imaging study.
Circulation 111, 2768-2775 (2005)
4. Moreno PR, Purushothaman KR,
Zias E et al, Neovascularization in
human atherosclerosis. Curr Mol
Med 6, 457-477 (2006)
Le profil d'expression
génique de l'artère
mammaire interne
diffère de celui des
artères coronaires.
L’Arbre Vasculaire - n°3 - Avril 2007 5
Hémorragie intraplaque et progression de la plaque