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Pour ce qui est de la place de l’Algérie dans le marché capitaliste mondial, il faut distinguer deux
phases principales qui ont eu chacune des incidences sur le développement des classes et couches
sociales directement liées aux activités de ce marché:
- la phase d’étatisation des opérations du commerce extérieur qui s’achève lorsque les mesures de
libéralisation des années 90 sont progressivement introduites. Cette phase n’a jamais signifié
enfermement ou autarcie des activités du commerce extérieur, comme se plaisent parfois à le dire
les partisans des orientations libérales ou ultra – libérales. La régulation étatisée des activités du
commerce extérieur a engendré un premier profil de classe, constitué par les intermédiaires de l’Etat
qui ont occupé les espaces sociaux des activités économiques face à leurs partenaires de l’autre côté
du marché mondial. Ce premier rapport économique et social stable et durable va engendrer une
couche sociale: la bourgeoisie bureaucratique. Mais la régulation étatique, avec son fonctionnement
hégémonique et sectaire des activités économiques monopolisées, a aussi entraîné la formation de
circuits informels, clandestins ou para – étatiques qui se sont organisés d’une façon autonome et ont
pris des initiatives d’ouverture du commerce et des services extérieurs, en utilisant toutes les
potentialités de la production marchande intérieure et en occasionnant des brèches successives dans
les institutions de l’Etat. Dans cette phase intermédiaire, se forment les bourgeons d’une classe
sociale nouvelle, actionnée par le capital marchand privé qui s’est développé à l’ombre des circuits
du capital commercial d’Etat.
- La phase d’ouverture du commerce extérieur au capital commercial, qui commence d’une façon
graduelle à partir des années 90, s’organise selon le principe de passation du monopole étatique au
monopole privé. Ce sont les costumes qui changent. Les visages pouvant rester les mêmes. Ce qui ne
dérange point le tailleur. Malgré le poids des relations formelles et institutionnelles qui encadrent
cette relation au marché mondial par l’intermédiaire du commerce extérieur, il se dégage lentement
mais sûrement un profil de classes commerçantes et marchandes, et de couches intermédiaires dont
il faudra approfondir les traits plus tard.
B - La mondialisation est un processus de concentration et de centralisation poussé du grand capital
transnational dans ses différentes composantes, entraînant dans son mouvement d' extension et d'
expansion les pays et continents jadis dominés par ce même capital. Il s'agit d'un mouvement
d'intégration économique, politique, sociale…qui, à la suite de la révolution scientifique et technique
et de la crise sociale qui ont accéléré ce mouvement de socialisation de plus en plus mondialisée,
rapproche les larges classes sociales mondiales, les pousse dans une perspective longue de luttes, à
imposer de nouvelles répartitions du revenu social mondial et une démocratisation large des
rapports sociaux mondiaux.
Mais, pour le moment, il faut s’interroger sur la confusion souvent entretenue, parce qu’elle cache
des intérêts de classe, entre intégration forcée ou imposée aux pays dominés dans ce vaste
ensemble, d’une part, et appartenance active et souveraine au processus de mondialisation, d’autre