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les navires de guerre : les trières. Les plus riches des citoyens doivent aussi faire preuve de générosité en
finançant directement les dépenses publiques les plus lourdes, par le biais des liturgies, c’est-à-dire par la prise
en charge des services publics impliquant de fortes dépenses. Parmi les plus coûteuses, la triérarchie consiste à
financer et à entretenir l’équipage d’une trière pendant un an, et la chorégie consiste à financer un chœur pour
les représentations lors des concours de théâtre. Le non-respect de ces devoirs peut conduire à la perte, totale ou
partielle, définitive ou temporaire, personnelle ou héréditaire, de la citoyenneté (atimie) suite à un procès pour
lâcheté au combat, vol, dettes ou impiété (Socrate et Aristote) voire même à l’ostracisme (exil).
A Rome, le citoyen romain dispose de sept droits fondamentaux :
le droit de propriété (ius commercii), c’est-à-dire qu’il peut disposer librement de ses biens, les
vendre, en acheter, en hériter ;
le droit de mariage (ius conubii), seul le citoyen peut obtenir un mariage légitime avec une fille de
citoyen ;
le droit d’intenter une action en justice (ius legis actionis) devant les magistrats romains, le citoyen
romain ne peut subir de torture dans le cadre d’un procès ;
le droit de vote (ius suffragii) lors des élections des magistrats ou pour confirmer les décrets du
Sénat dans les assemblées populaires, les comices ;
le droit d’être élu (ius honorum), le citoyen participe au cursus honorum (« voie des
honneurs rassemblant les carrières administratives, politiques, juridiques et militaires) qui se
déroulent par étapes et mènent aux plus hautes fonctions ;
le droit d’appel au peuple dans les procès criminels (ius provocationis), sous l’empire ce droit
d’appel se fera devant l’empereur ;
le droit de participer aux sacerdoces (ius sacrorum), c’est-à-dire d’exercer la fonction de prêtre pour
les cultes publics.
De plus, seuls les citoyens romains peuvent servir comme volontaire dans les légions, le corps de base de
l’armée romaine. Après 20 ans de service, ils peuvent se voir offrir des terres lors de la fondation de colonies
romaines. Les citoyens bénéficient des richesses de l’empire (distribution gratuite de blé, jeux, embellissement
des cités). Etre citoyen romain, c’est également avoir des obligations. Le citoyen romain ne paye pas le
tributum (impôt proportionnel à la fortune sur les terres et sur les biens, depuis 167 avant Jésus-Christ), mais il
doit s’acquitter d’autres impôts, notamment les 5% sur les successions. Il doit, en outre, obligatoirement
participer aux cultes publics parmi lesquels le culte impérial instauré à partir d’Auguste, au début du Ier siècle.
A Athènes comme à Rome, être citoyen signifie bénéficier d’un certain nombre de droits mais aussi exercer
certains devoirs. Qu’en est-il des autres habitants qui ne respectent pas les critères de citoyenneté ?
C. La situation des non-citoyens.
Sur les 333 000 habitants de l’Attique vers -430, seuls 40 000 sont citoyens : les femmes et les enfants de
citoyens (103 000), les métèques (40 000) et les esclaves (150 000) sont exclus de la vie politique. A Rome, les
non-citoyens représentent aussi la majorité de la population mais leur nombre varie en fonction de l’expansion
de l’Empire.
Les femmes athéniennes sont considérées comme des enfants. Elles vivent toujours sous la tutelle d’un
homme (père, mari, frère, fils), elles ne peuvent ni hériter, ni disposer librement du fruit de leur travail. Leurs
tâches sont essentiellement ménagères. Privées de droits politiques, elles sont pourtant considérées comme
gardiennes des traditions et donc associées à la vie religieuse de la cité. Cette relative importance vient du fait
qu’elles engendrent les futurs citoyens athéniens. A Rome, les femmes passent de la tutelle de leur père à celle
du mari mais elles sont plus libres qu’en Grèce. Les matrones et les veuves disposent des droits civils du
citoyen (héritage, divorce, témoignage au tribunal, éloge funèbre) mais pas des droits politiques
Athènes accueille de nombreux étrangers, Grecs ou non-Grecs. S’ils ne sont que de passage, ils ne sont pas
protégés par la justice traditionnelle mais par des tribunaux spéciaux aux procédures plus sévères. Par contre,
s’ils restent un certain temps à Athènes (plus d’un mois), s’ils s’acquittent d’une taxe spéciale (metoïkon, 12
drachmes pour un homme, 6 drachmes pour une femme) et si un citoyen se porte garant d’eux, ils accèdent à un
statut particulier, celui de métèque. Certes, ils ne participent pas à la vie politique mais ils participent à la
défense de la cité, bénéficient de la protection des tribunaux athéniens. Ils participent aussi à la vie publique par
l’intermédiaire des liturgies et à la vie religieuse de la cité. Hommes libres, ils sont artisans, commerçants ou
changeurs et contribuent donc à la prospérité d’Athènes, ce qui explique ce statut particulier.
Exceptionnellement, l’assemblée des citoyens peut accorder la citoyenneté aux métèques ayant bien servi
Athènes. L’Empire romain intègre, au cours des conquêtes, de nombreux peuples étrangers. Ces pérégrins