p. 5 Dr Jacques MULIN - © CEBF
Certains virus responsables de la maladie de Carré, de l’hépatite de Rubarth et même de l’herpès
virose peuvent être responsables de l’apparition d’ulcères.
La consultation chez votre vétérinaire est une urgence.
Votre bouledogue n’est pas bien, il ne sait quoi faire, il n’ouvre qu’à moitié un œil qui larmoie. Il a
mal et il ne veut pas que vous le touchiez. Votre vétérinaire, dès qu’il le voit a déjà tout compris, il
essaie de lui regarder l’œil mais il pense qu’il doit l’anesthésier légèrement pour pouvoir l’examiner
de façon moins coercitive.
Examen direct à la lumière ou avec un ophtalmoscope, il peut dès à présent vous dire que l’ulcère est
là. Il fait un test à la fluorescéine, colorant hydrophile, qui se dissout dans l’eau des tissus.
En revenant en arrière, vous allez tout comprendre : l’épithélium en surface est fait de cellules
vieillissantes, donc hydrofuges, si cet épithélium n’est pas rupturé la fluorescéine ne marquera donc
pas, par contre si cet épithélium est rupturé, la fluorescéine se trouve en contact avec les cellules de
collagène du stroma, tissu hydrophile donnant l’aspect gonflé, turgescent de la rétine et cet état
d’hydrophilie permettra à la fluorescéine d’être retenue.
En cas d’ulcère profond la fluorescéine est peu réactive car tous le stroma hydrophile a été lysé et la
membrane de Descemet n’est pas hydrophile, en plus la présence de fibrine due à la destruction des
tissus sera une barrière pour le passage de la fluorescéine vers le stroma. Dans ce cas on voit un
marquage en couronne avec un centre non pigmenté. Un décapage de l’ulcéré est parfois nécessaire
pour que le test à la fluorescéine puisse être parfaitement interprété.
Après avoir diagnostiqué l’ulcère, votre vétérinaire va essayer d’en découvrir la cause : examen
minutieux des paupières, corps étrangers, cils ectopiques, entropion, bilan du débit lacrymal ou test
de Schirmer avec un papier buvard, prélèvement pour analyse bactérienne. Ensuite ayant écarté les
causes directes traumatisantes, il va mettre en œuvre un traitement qu’il faudra bien observer.
Le premier travail est de supprimer la douleur, avec un collyre à base d’atropine qu’on mettra
plusieurs fois par jour et on aura la preuve que le spasme de douleur est levé quand on verra la
pupille toute dilatée. Des larmes artificielles auront un rôle calmant tout autant qu’un rôle
protecteur.
Car la production de larmes est réduite lorsqu’il y a douleur. La protection oculaire par la présence de
l’épithélium étant disparue, un traitement anti-infectieux est indispensable. Collyres locaux,
injections sous-conjonctivales, comprimés par voie orale ou injections par voie générale, tout est bon
pour que les microbes ne se développent pas et qu’ils n’émettent pas les toxines destructrices des
cellules de collagènes du stroma. Justement pour lutter contre ces enzymes lytiques, il existe des
collyres inhibiteurs de la collagénase qu’on utilise de façon systématique dans le cas des ulcères