Les accidents vasculaires cérébraux sont

publicité
Les accidents vasculaires cérébraux sont-ils de plus
mauvais pronostic lorsqu’ils ont pour cause une arythmie
par fibrillation auriculaire ?
Les accidents vasculaires cérébraux dus à une arythmie
par fibrillation auriculaire ont un pronostic neurologique plus
mauvais que les autres accidents vasculaires cérébraux. Les
complications médicales de ces accidents vasculaires
cérébraux sont cependant méconnues. L’objectif de ce travail
était de déterminer le pronostic global des accidents
vasculaires cérébraux avec une fibrillation auriculaire.
Il s’agit d’une étude prospective réalisée dans 57 centres
hospitaliers autrichiens entre 1999 et 2000 sur tous les
accidents vasculaires cérébraux consécutifs. Etaient exclus
de cette étude les patients avec un accident ischémique
transitoire, les hématomes sous-duraux et les tumeurs
cérébrales. Les principales caractéristiques cliniques,
biologiques, les facteurs de risque vasculaires, les traitements
instaurés, les complications neurologiques (œdème cérébral,
transformation hémorragique, récidive d’un accident
ischémique), les complications médicales (pneumopathies
infectieuses, infections, complication du traitement
anticoagulant, maladie thromboembolique) et les suites de
l’hospitalisation initiale ont été étudiées.
Mille cent patients ont été recrutés et les analyses ont pu
être effectuées pour 992 d’entre eux.
La durée médiane d’hospitalisation était de 14 jours et ne
différait pas selon la présence ou non d’une fibrillation
auriculaire. Parmi les différents facteurs de risque
cardiovasculaires, l’existence d’un précédent accident
vasculaire cérébral ischémique, une coronaropathie ou une
cardiopathie étaient plus fréquentes chez les patients avec
une fibrillation auriculaire. L’âge était également un facteur
de risque contrairement au sexe. Chez les patients avec une
fibrillation auriculaire, les accidents vasculaires étaient plus
souvent ischémiques qu’hémorragiques. Il n’y avait pas de
différence de localisation de l’accident vasculaire entre les
patients avec ou sans fibrillation auriculaire. Les traitements
instaurés ne différaient pas selon l’existence ou non d’un
fibrillation auriculaire. Les complications neurologiques
étaient plus fréquentes chez les patients avec une fibrillation
auriculaire (Odds ratio = 1,41; intervalle de confiance à 95%:
[1,04 - 1,76], p=0,013). Chez les patients avec une
fibrillation auriculaire, les complications médicales étaient
également plus fréquentes (Odds ratio = 1,61; intervalle de
confiance à 95%: [1,35 - 1,86], p<0,0004). L’incidence des
complications hémorragiques des traitements anticoagulants
ne différait pas entre les groupes de malades. La mortalité
chez les patients avec une fibrillation auriculaire était plus
importante (25% versus 14%, Odds ratio = 2,14; intervalle
de confiance à 95%: [1,53 - 3,01], p<0,0004), alors que les
causes de décès ne différaient pas entre les 2 groupes de
malades. Une broncho-pneumopathie obstructive chronique,
une tachycardie et une créatininémie élevée ont été
retrouvées dans une analyse multivariée comme des facteurs
de mauvais pronostic.
Les principaux résultats de cette étude sont en accord
avec les résultats d’autres études concernant la mortalité et
les complications neurologiques accrues chez les patients
avec une fibrillation auriculaire.
La plus grande incidence des complications médicales
chez les patients avec une fibrillation auriculaire peut
s’expliquer par les événements neurologiques plus
importants et la plus grande prévalence des cardiopathies.
L’âge était ici retrouvé comme un facteur de mauvais
pronostic contrairement à d’autres études qui ont échoué en
tentant d’identifier l’âge comme un facteur de risque
indépendant. L’une des limites de cette étude était le fait que
le caractère paroxystique ou permanent de l’arythmie par
fibrillation auriculaire n’était pas étudié.
Cette étude souligne le mauvais pronostic des accidents
vasculaires cérébraux accompagnés d’une fibrillation
auriculaire et doit renforcer l’attention des praticiens sur
l’importance d’un traitement anticoagulant, en prévention
primaire ou secondaire, dès qu’une fibrillation auriculaire est
diagnostiquée.
L. Lechowski
Hôpital Sainte-Périne, Paris
Patients avec
Patients sans
fibrillation auriculaire fibrillation auriculaire
(n=304)
(n=688)
p
193 (63%)
374 (54%)
0,0074
79 ans
75 ans
<0,0004
26
25
0,02
Cardiopathie ischémique
112 (37%)
161 (23%)
<0,0004
Autres cardiopathies
87 (29%)
86 (13%)
<0,0004
Accident vasculaire antérieur
110 (36%)
171 (25%)
<0,0004
18 (6%)
71 (10%)
0,025
Nombre de femmes
Age médian
Indice de masse corporelle médian
Tabagisme actif
Caractéristiques des patients selon l’existence ou non d’une fibrillation auriculaire.
Steger C, Pratter A, Martinek M, Avanzini M, Valentin A, Slany J, Stöllberger C. Stroke patients with atrial fibrillation
have a worse prognosis than patients without: data from the Austrian Stroke registry. Eur Heart J. 2004;25:1734-1740.
©2004 Successful Aging SA
Af 294-2004
Téléchargement