Annexe F. Quantique. Page 1 Révision du 21/10/2016 Annexe F. Physique quantique et théorie quantique des champs. Leur appareil mathématique. Quelques résultats expéri mentaux récents. 1% $ F{Wp GH TXHVWLRQV TXH M¶HVSqUH DYRLU pFODLUpHV M¶HQ DL UHQFRQWUp EHDXFRXSG¶DXWUHVDX[TXHOOHVMHQ¶DLSDVGHUpSRQVH(OOHVVRQWSRVpHVen notes en caractères « arial », à mesure de leur apparition dans ce « text in progress ». Là où ± sans être sûr de la réponse ± MHSHQFKHG¶XQF{WpMHO¶LQGLTXHSDUXQRXL ?) ou un (non ?). Les questions proprement dites sont mises en italiques. Leur numérotation peut comporter des trous : ils correspondent à des questions antérieures, qui ont trouvé leur solution. Je serai reconnaissant à mes lecteurs de me donner (par courriel ± [email protected]) leur point de vue ou de P¶LQGLTXHUTXHOOHVOHFWXUHVLOVSRXUUDLHQWPHUHFRPPDQGHU 2. Les références de type sp-14-4B concernent la section 4B du chapitre 14 de « Science et philosophie ». &RPPH GDQV O¶HQVHPEOH GH FHW RXYUDJH OHV définitions sont en caractères gras, mes positions personnelles en caractères Arial. Les * après les noms des auteurs renvoient aux références à la fin de O¶DQQH[H Table des m atières. 1A. La physique quantique. 1B. Les approches axiomatiques. 1C. Théorèmes et expériences. 1D. La décohérence. 1E. Les autres interprétations de la physique quantique. 2. La théorie quantique des champs. $/¶pOHFWURG\QDPLTXHTXDQWLTXe. 2B. Les autres applications. 2C. Les théories des cordes. 1A. La physique quantique se fonde mathématiquement sur les HVSDFHVGH+LOEHUWG¶XQHIDoRQDVVH]VLPSOHHWFRKpUHQWH Sur un espace abstrait de Hilbert H, on définit les états T, vecteurs normalisés, et les observables A, opérateurs hermitiens. Deux utilisations bien différentes en sont faites O¶pWXGHGHVpWDWVVWDEOHV avec la SURFpGXUHOLpHGHUpGXFWLRQGXSDTXHWG¶RQGHVO¶pTXDWLRQ G\QDPLTXH GH 6FKU|GLQJHU DYHF VRQ RSpUDWHXU G¶pYROXtion. Nous Annexe F. Quantique. Page 2 Révision du 21/10/2016 QRXVIRFDOLVHURQVVXUODSUHPLqUH5DSSHORQVTX¶XQHREVHUYDEOHQH peut prendre que les valeurs de son spectre; quand celui-ci est discret, on a donc « quantification ». Par ailleurs, on peut calculer la SUREDELOLWpTXHODPHVXUHGHO¶REVHUYDEOHA, pour un système dans O¶pWDW <, donne la valeur particulière an; dans le cas simple où un seul vecteur propre <un correspond à an, cette probabilité est donnée par: ¨<un¨<>¨2, la valeur moyenne de A étant donnée par : A! = <<¨A¨<>. 8QH DXWUH SUpVHQWDWLRQ UHFRXUW j O¶RSpUDWHXU VWDWLVWLTXH ' GH WUDFH 1 (on a alors : A! WU$' HW O¶pTXDWLRQ GH 6FKU|GLQJHU GHYLHQW : ih.d/dt.D(t) = (H, DW R + HVW O¶KDPLOWRQLHQ elle a plusieurs avantages : dans la première de ces deux formules, A! (le mesurable) est relié directement (sans hypothèses sur le sens profond de la IRQFWLRQG¶RQGHjXQRSpUDWHXUVWDWLVWLTXH/DGpILQLWLRQGHO¶RSpUDWHXU V¶pWHQGDX[PpODQJHVLOVHUDGRQFXWLOLVpaussi en physique statistique (voir chapitre 5). /¶HVSDFH GHV RSpUDWHXUV VWDWLVWLTXHV HVW FRQcave. (QILQGDQVOHVFDVG¶LQWULFDWLRQGHVRSpUDWHXUVVWDWLVWLTXHV© réduits » V¶DSSOLTXHQWDX[VRXV-systèmes (ils interviennent en particulier dans la décohérence). Les résultats mathématiques essentiels sont les suivants : Les équations sont linéaires; on peut donc superposer des états; mais, comme les probabilités correspondent à des carrés G¶DPSOLWXGH LO DSSDUDvW GHV WHUPHV G¶LQWHUIpUHQFH TXL UHQGHQW FRPSWHGHO¶DVSHFWRQGHGHODGXDOLWpRQGH-particule. Le théorème spectral décompose tout opérateur hermitien A selon une formule du type : $ O. dEO , où EO, mesure spectrale, est un projecteur sur H. Quand A est compact, son spectre ponctuel (par opposition au spectre continu) est fini, ou dénombrable (dans ce cas, 0 est le seul SRLQWG¶DFFXPXODWLRQdes résultats analogues sont obtenus pour les opérateurs de Hilbert-Schmidt et ceux à inverse compact. Annexe F. Quantique. Page 3 Révision du 21/10/2016 /¶LQpJDOLWp PDWKpPDWLTXH GH 6FKZDUW] SHUPHW G¶REWHQLU SRXU deux observables quelconques A et B la relation suivante, reliant leurs deux écarts quadratiques moyens : 'A. 'B t 1/2¨>A,B!@¨, où >A,B@ désigne le commutateur de A et B. Cette généralisation des UHODWLRQV G¶LQFHUWLWXGH GH +HLVHQEHUJ WUDGXLW O¶LPSRVVLELOLWp GH PHVXUHU VLPXOWDQpPHQW GHX[ REVHUYDEOHV QH FRPPXWDQW SDV G¶R O¶LQWpUrW GH OD UHFKHUFKH G¶XQ © E.C.O.C. » (ensemble complet G¶REVHUvables qui commutent). Cette recherche peut être facilitée par le théorème suivant : si A et B commutent, ils sont tous deux IRQFWLRQV G¶XQ PrPH observable C, « plus large ». 3DU O¶RSpUDWHXU densité, on démontre enfin le résultat naturel suivant : si A et B = f(A) sont deux observables, et si A a la valeur propre an, alors B a la valeur propre f(an). Les espaces de Hilbert de la physique quantique ont généralement (en dehors des espaces de spin) un nombre infini de dimensions. Si, VXU EHDXFRXS G¶DVSHFWV LOV JpQpUDOLVHQW O¶HVSDFH HXFOLGLHQ LOV recèlent aussi des propriétés nouvelles. Par exemple, pour eux et à la différence des espaces de dimension finie, tr(AB-BA) z 0, si A et B ne sont pas compatibles; ceci nie la possibilité de certaines méthodes finitisWHVG¶DSSUR[LPDWLRQ En revanche, il existe des résultats mathématiques, montrant que des opérateurs, « proches ª G¶XQ RSpUDWHXU D\DQW XQ VSHFWUH discontinu, ont eux aussi un tel spectre, avec des valeurs propres SURFKHV GH FHOOHV GX SUHPLHU &¶HVW SUREDEOHPHQW SDU Oj TXH O¶RQ peut expliquer la stabilité des atomes ou molécules. Remarques plus générales : La physique quantique ne nous dit guère quand on peut considérer des opérateurs non bornés, comme les opérateurs position. Le passage des opérateurs de la mécanique classique à ceux de la physique quantique nécessite une dose de « flair ª (QILQ O¶LQWHUSUpWDWLRQ GH O¶H[SpULHQFH SHXW FRQGXLUH j élargir le Hilbert de base. Un fait remarquable de la physique quantique est son aptitude dans beaucoup de cas simples à des méthodes de résolution Annexe F. Quantique. Page 4 Révision du 21/10/2016 mathématique précises, souvent même explicitement calculables. Citons, parmi les phénoPqQHV YpULILpV SDU O¶H[SpULHQFH O¶HIIHW WXQQHO O¶RVFLOODWHXU KDUPRQLTXH HW OD GpFRXYHUWH GH © O¶pQHUJLH GX vide », la quantification et la composition des moments cinétiques; OHFDVGHVHVSDFHVjGHX[GLPHQVLRQVHWO¶LQWURGXFWLRQGHVVSLQVò OHV UDLHV GH O¶DWRPH G¶K\GURJqQH \ FRPSULV OHV VWUXFWXUHV ILQH HW hyper-fine ; les effets Zeeman (électrique) et Stark (magnétique) ; O¶RVFLOODWHXUKDUPRQLTXHOHFDOFXOGHO¶ pQHUJLHGXYLGHKȦHW OHV RSpUDWHXUV GH FUpDWLRQ RX G¶DQQLKLODWLRQ ; les systèmes de SDUWLFXOHV LGHQWLTXHV O¶HIIHW =pQRQ TXDQWLTXH YRLU SOXV ORLQ HQ WKpRULHTXDQWLTXHGHVFKDPSVO¶HIIHWAharonov-Bohm1 ; en chimie, les orbitales; en physique statistique, les phonons, la superfluidité, O¶HIIHW+DOOTXDQWLTXH Pour les cas plus complexes, la question F3 FRQVWDWH TXH OHV FDOFXOV G¶DSSUR[LPDWLRQV VRQW VRXYHQW WUqV YDODEOHV PDLV VH GHPDQGH VL G¶XQ SRLQW GH YXH PDWKpPatique, O¶H[LVWHQFHGHQLYeDX[TXDQWLILpVG¶pQHUJLHUHVWHSURXYpH Pour étudier un état pur intriqué, la décomposition biorthonormale (de Schmidt) est utile. 1B. Les approches axiomatiques. ,O HVW XWLOH G¶LQWURGXLUH OD QRWLRQ G¶REVHUYDEOHV FRPSDWLEOHV plus FKDUJpH GH VHQV TXH FHOOH G¶RSpUDWHXUV FRPPXWDEOHV TXL HQ HVW O¶H[SUHVVLRQ GDQV OH IRUPDOLVPH KLOEHUWLHQ %HDXFRXS G¶pSLVWpPRORJXHVYRXODQWDOOHUSOXVORLQVHVRQWSHQFKpVVXUOHVHQVHW le contHQX G¶XQH logique quantique, plus faible que la logique classique. Rappelons que la proposition la plus générale de la physique quantique est du type : « GDQV O¶pWDW \ O¶REVHUYDEOH $ D VD YDOHXU 1 Par cet effet, XQHILJXUHG¶LQWHUIpUHQFHG¶pOHFWURQVHVWPRGLILpHSDUXQFKDPS magnétique dans une région extérieure aux électrons. A côté des célèbres problèmes étudiés en sp-4-2F¶est un autre exemple de non-localité quantique HWG¶LQYDULDQFHGHMDXJH. Annexe F. Quantique. Page 5 Révision du 21/10/2016 comprise dans le borélien D »; la physique quantique assigne ensuite à cette proposition une probabilité. Par le théorème spectral, une telle proposition peut être décomposée en propositions portant sur des projecteurs. On sait que deux projecteurs P et Q ne commutent que V¶LOV VRQW GH OD IRUPH : P=A+B; Q=A+C, avec B et C orthogonaux. ConsidpUDQW O¶HQVHPEOH GHV VRXV-espaces clos de H, on peut donc définir sur lui un « treillis V-orthocomplet, orthomodulaire2 », donnant GX VHQV j OD QRWLRQ G¶REVHUYDEOHV FRPSDWLEOHV 0DLV WRXW FH VDYDQW DSSDUHLOQ¶HVWTX¶XQHSUpVHQWDWLRQGHVUqJOHVGHODSK\VLTue quantique, à laquelle il Q¶DSSRUWH ULHQ GH SOXV '¶DXWUHV RQW HVVD\p OD GpPDUFKH LQYHUVHGpFLGpjO¶DYDQFHTXHGDQVXQPRQGHRLO\DGHVREVHUYDEOHV incompatibles, les propositions élémentaires devaient satisfaire à certains axiomes logiques. Les ayant posés, ils ont retrouvé le treillis précédent, mais au prix de UHVWULFWLRQV TXL HQ HQOqYHQW O¶LQWpUrW : Les règles imposées aux propositions élémentaires sont logiques, mais invérifiables. Le treillis des sous-espaces de Hilbert, quoique non booléen, est plus particulier que ce treillis très général; on ne peut donc à partir de ce dernier (et de la logique spéciale, auquel il correspond) retrouver la physique quantique. Enfin et surtout, tous les résultats de Gleason, Kochen-Specker (voir un peu plus loin)« PRQWUHQW OHV grosses difficultés rencontrées, quand on en vient à la sémantique. Ces arguments renforcent la position de principe (prise en 5-2C), que la physique quantique doit utiliser la logique classique (qui sait fort bien traiter des treillis) et la théorie classique des probabilités; il faut seulement renoncer à la possibilité (et même au sens) de mesurer simultanément deux observables non compatibles. Il est clair que O¶DOJqEUHGHVRSpUDWHXUVERUQpVGH+joue un rôle essentiel UHODWLRQV GH FRPPXWDWLRQ IRQFWLRQV G¶RSpUDWHXUV UHFKHUFKH G¶(&.0.C... Là encore, on peut essayer de partir G¶DOJqEUHV © naturelles ª SRVpHV D SULRULHW GH SDUYHQLUj O¶HVSDFH de Hilbert traditionnel. Les algèbres de Segal rendent bien compte 2 Orthomodulaire est plus faible que normal, qui est lui-même plus faible que le distributif. Annexe F. Quantique. Page 6 Révision du 21/10/2016 GH OD QRWLRQ G¶REVHUYDEOHV FRPSDWLEOHV PDLV HOOHV VRQW WURS générales pour être utilisables. On peut se restreindre aux C*algèbres, aux très belles propriétés mathématiques. En particulier, le célèbre théorème « GNS ªSHUPHWGHUHWURXYHUO¶HVSDFHGH+LOEHUW Mais une C*-algèbre est-HOOHSOXVQDWXUHOOHSOXVH[SOLFDWLYHTX¶XQ espace de Hilbert? '¶DXWUHV RQW LQVLVWp VXU XQ WKpRrème, lié, de Gleason : il fait des K\SRWKqVHVVLPSOHVVXUODIRQFWLRQQHOOHTXLjSDUWLUG¶XQpWDWGRQQpGH O¶HVSDFH GH +LOEHUW FDOFXOH OD YDOHXU PR\HQQH GH WRXW REVHUYDEOH ; il UHWURXYH O¶RSpUDWHXU VWDWistique (donc la stochasticité) et la règle de Born ; utilisant une notion de convexité, il peut décomposer cet opérateur « nucléaire » et retrouver les « états purs ». Mais ce beau résultat, pas plus que des approches très générales de la convexité, ne diVSHQVHSDVGHSDUWLUG¶XQHVSDFHGH+LOEHUW/HWKpRUqPHGH*OHDVRQ HVWDXVVLXQHYRLHG¶DFFqVDXWKpRUqPHGH.RFKHQ-6SHFNHUHWjO¶pWXGH de la décohérence. La notion de E.C.O.C. est précisée par le recours à des algèbres de von Neumann commutatives. Parfois même, cela permet de passer à un espace de Hilbert plus général. Au total, ces approches sont éclairantes, mais non décisives. Il arrive que, dans certaines circonstances, une C*-algèbre se décompose en deux sous-DOJqEUHV LQGpSHQGDQWHV &¶HVW OH FDV Hn théorie électro-faible, quand électromagnétisme et interaction faible se découplent. On fait intervenir alors des règles de supersélection. 1C. Quelques précisions sur théorèmes, expériences de pensée, et expériences. 1Ca. Bell-Kochen-Specker. Greenberger-Horne-Zeilinger. Conway-Kochen. Le théorème de Bell-Kochen-Specker (BKS - 1966) V¶DSSOLTXH j XQH SDUWLFXOH GH VSLQ /D SK\VLTXH TXDQWLTXH SUpYRLW TXH VL O¶RQ PHVXUH VLPXOWDQpPHQW OH FDUUp GX VSLQ G¶XQH WHOOH particulHVXUOHVWURLVD[HVG¶XQUHSqUHRUWKRQRUPDOFHTXi est licite, Annexe F. Quantique. Page 7 Révision du 21/10/2016 puisque les trois observables mesurées commutent), on obtient forcément une valeur 0 et deux valeurs 1. Le théorème prouve que ce Q¶HVWSDVSRVVLEOHSRXUWRXVOHVUHSqUHVRUWKRQRUPDX[HQYLVDJeables. Dans sa forme première ici exposée, à la démonstration assez laborieuse, ce théorème soulignait plutôt la contradiction entre deux positions, toutes deux naturelles pour un réaliste O¶H[LVWHQFH GH variables cachées déterministes, la contextualité. La première position D SHUGX EHDXFRXS GH VRQ LQWpUrW SXLVTXH F¶HVW PrPH ± depuis la vérification de la violation des inégalités de Bell ± O¶H[LVWHQFH GH variables cachées aléatoires TXH GpPHQW O¶H[SpULHQFH 0DLV OHV difficultés logiques de la contextualité subsistent, plus fortes encore GDQVG¶DXWUHVH[HPSOHVSOXVUpFHQWV (1989) Greenberger-Horne-Zeilinger (G HZ). Il a été exposé sous sa forme courante dans sp-4-2C . Il en existe bien des variantes plus raffinées. Donnons seulement deux exemples. 1. D. Mermin* considère un ensemble de 8 spins, où une transposition contextuelle de GHZ conduit à un théorème type Bell de non-localité. 2. On peut concevoir (même si la réalisation pratique apparaît difficile) que plusieurs spins commutant puissent être mesurés dans une seule expérience. Dans un tel cas, serait aussi violé le principe exposé à la page 3 : si A et f(A) sont deux observables, et si A a la valeur propre an, alors f(A) a la valeur propre f(an). Le « théorème » de Conway-Kochen* (« CK » - 2006) est une application malheureuse du théorème de Bell-Kochen-Specker. CK considèrent eux aussi deux particules jumelles a et b, et leurs observateurs A et B. a-A et b-%VRQWHQUHODWLRQHVSDFH$GpFLGHG¶XQHPHVXUHGHVSLQVXUD (globalemenW VXU OHV WURLV D[HV G¶XQ UHSqUH RUWKRQRUPp GH D ,O FKRLVLW librement les directions de son repère (c'est-à-dire ici que sa décision est VXSSRVpHQHSDVGpSHQGUHGHO¶LQIRUPDWLRQjODTXHOOHLODDFFqV2QDSSHOOH « réponse » de a à A le résultat de la mesure de a décidée par A. Comme les particules sont jumelles, la réponse de a et celle de b doivent être identiques ; Annexe F. Quantique. Page 8 Révision du 21/10/2016 tout étant supposé instantané, ni le libre choix de A, ni la réponse de a, ne peuvent être connus de B. Une application simple de KS montre alors que la UpSRQVH GH D Q¶HVW SDV IL[pH déter minée) par cette même information accessible (que a est « libre »). '¶XQSRLQWGHYXHSKLORVRSKLTXHLOIDXWV¶LQWHUURJHUVXUOHVVHQVTX¶RQ attache au mot « libre » dans les deux phrases : A choisit librement ; a est « libre ». Pour ceux qui croient à un déterminisme, au moins statistique, à O¶pFKHOOHKXPDLQHODSUHPLqUHSKUDVHQ¶DSDVGHVHQV ; il faut admettre, avec WRXWHVVHVDPELJXwWpVXQHSRVLWLRQFRPSDWLELOLVWHTXHG¶DLOOHXUVO¶DUWLFOHde Conway-Kochen rejette), ou une position libertarienne (ces questions philosophiques sont traitées à fond en 21-1 et 21-2). Pour tous, la deuxième phrase ne veut rien dire sous sa forme provocante ; ramenée à sa pleine formulation (« ODUpSRQVHGHDQ¶HVt pas déterminée ªHOOHQ¶H[SULPHULHQGH SOXV TXH FHWWH FRQWH[WXDOLWp DYpUpH GX PRQGH TXDQWLTXH &¶HVW XQH XWRSLH KpODVWURSUpSDQGXHGDQVODYXOJDULVDWLRQVFLHQWLILTXHGHFURLUHTX¶RQSRXUUD H[SOLTXHU XQH OLEHUWp FRQVFLHQWH SDU GX KDVDUG 0DLV F¶HQ Hst une autre de vouloir expliquer le hasard de base quantique par la liberté GHO¶KRPPHRX G¶LQVLQXHU TXH FH KDVDUG QH UHOqYH SDV GX FDOFXO GHV SUREDELOLWpV 5HPDUTXRQV HQILQ TXH G¶DXWUHV HVSULWV LPDJLQDWLIV RQW FUX UpVRXGUH OHV difficultés en niant la liberté des expérimentateurs ! De là à parler, comme CK de « culmination de tous les théorèmes des cinquante dernières années sur la physique quantique » ! 1Cb. Quelques précisions sur EPR et ses prolongements. La première expérience conclusive a été faite par A. Aspect (1982) sur des photons séparés de quelques mètres. Depuis, la distance (repère de la « localité) a été portée à 144000m (A. Zeilinger-2007). A ces distances, la précision des mesures devient Annexe F. Quantique. Page 9 Révision du 21/10/2016 extrême. Par ailleurs, les possibilités G¶pFKDSSDWRLUHV ORRSKROHV, pourchassées, apparaissaient de plus en plus ténues. Des expériences récentes (R. Hanson*-2015 FRQFOXHQW TX¶HOOHV VRQW définitivement éliminées Ces expériences réfutent un « réalisme local ». Mais faut-il réfuter le réalisme ou la localité ? Les physiciens qui posent cette question donnent au réalisme le sens étroit suscité par EPR, celui G¶pOpPHQWVGHUpDOLWp » propres à une particule. On a vu, dans sp5-2C, TXHMHSUpIqUHP¶HQWHQLUjXQHSRVLWLRQSOXVJpQpUDOH acceptant dans mon réalisme des choses aussi dérangeantes que la non-localité. Si on se tient au « sens étroit », HWVLO¶RQH[SORUHODEUDQFKHGHO¶DOWHUQDWLYHDEDQGRQQDQWOD ORFDOLWp RQ VH KHXUWH HQFRUH j G¶DXWUHV LQpJDOLWpV de type Bell, suggérées par A. Leggett. Ces inégalités sont encore violées dans des expériences (sur des photons polarisés, auxquels V¶DSSOLTXH seulement la loi de Malus). Mais ces expériences ne couvrent pas toutes les possibilités. Donc (Aspect-2007), pas de conclusions. A. Suarez a éYRTXpO¶LGpHODSRVVLELOLWpGHFDV© before-before » où, GDQVO¶HVSULWGHODUHODWLYLWpFKDTXHSDUWLFXOHGLVSRVHUDLWGHVRQSURSUH système de référence. Des expériences dans ce sens (N. Gisin, A. Suarez -2001) ont confirmé la physique quantique, écarté les explications temporelles, et donc exclu une causalité entre une particule et une autre. Nous avons écrit (en 5-2) que la non-localité ne permet pas de WUDQVPHWWUH LQVWDQWDQpPHQW GH O¶LQIRUPDWLRQ G¶XQH SDUWLFXOH j XQH DXWUH 1RWRQVDXVVLTXHO¶RQGpGXLWGHVSRVWXODWVGHODSK\VLTXHTXDQWLTXHTXHO¶RQ QH SHXW GXSOLTXHU XQ pWDW TXDQWLTXH F¶HVW OH théorème de non-clonage) ; F¶HVW IRUW KHXUHX[ SRXU OD WKpRULH GH OD UHODWLYLWp FDU OD GXSOLFDWLRQ SHUPHWWUDLW GHV pFKDQJHV G¶LQIRUPDWLRQ LQVWDQWDQpV ! En revanche, la « téléportation quantique » (qui exploite les corrélations entre deux particules intriquées pour reproduire à GLVWDQFHO¶pWDWGHVSLQG¶XQHWURLVLqPH Annexe F. Quantique. Page 10 Révision du 21/10/2016 particule) a été réalisée. On peut envisager la cryptographie quantique et O¶RUGLQDWHXUquantique. &F/¶H[SpULHQFHGHSHQVpHGH L. Hardy (1992). Son raisonnement de base était le suivant : on observe un électron et un positon dans deux interféromètres, dont les bras intérieurs I1 et I2 (les bras extérieurs sont E1 et E2VRQWFRXSOpVGHIDoRQTXHOHVGHX[SDUWLFXOHVV¶DQQLKLOHQWVLHOOHV prennent toutes deux le chemin intérieur. Classiquement, on ne peut donc pas repérer à la fois électron et positon dans les deux branches extérieures (obtenir un double clic en E1 et E2). Hardy a suggéré que ceci pourrait paradoxalement arriver en physique quantique. La nouveauté est que la technique des « mesures faibles » (protective measurements), dont le principe a été suggéré il y a longtemps (1988) par Y. Aharonov, permet maintenant de faire les mesures correspondantes (les mesures traditionnelles, interférant entre elles, ne le pouvaient). Le principe de cette technique est de travailler dans une zone où le couplage entre O¶DSSDUHLOGHPHVXUHHWO¶REVHUYpHVWWURSIDLEOHSRXUSHUWXUEHUOHV\VWqPH ; la rançon en est que, pour en tirer des enseignements, on doit raisonner en probabilité sur de très nombreux essais. Deux expériences réelles récentes (2009, Yokota et Lundeen), sur la base de ces mesures faibles, RQWXWLOLVpXQHSDLUHGHSKRWRQVTXLQHSHXYHQWV¶DQQLKLOHUPXWXHOOHPHQW mais dont le choc est observable). Elles confirment la prévision de Hardy. Quels enseignements ? 1. Positif : La technique des mesures faibles fait ses preuves. Elle pourrait théoriquement être appliquée aux célèbres expériences de la double fente, et à la cryptographie. Ces mesures sont déjà sans démolition. Rappelons TX¶HQ 5-3 nous insistons plus généralement sur O¶LQWpUrWSKLORVRSKLTXHGHVPHVXUHVVDQVGpPROLWLRQLOHQH[LVWHG¶DXWUHV types, non probabilistes, de caractère beaucoup plus proche des mesures GH OD SK\VLTXH FODVVLTXH HW GH FH IDLW DSSDUHPPHQW G¶DSSOLFDWLRQ SOXV générale). Annexe F. Quantique. Page 11 Révision du 21/10/2016 2. Controversés <RNRWDTXDOLILHVHVUpVXOWDWVG¶DEVXUGHVSUHSRVWHURXV SXLVTX¶LO \ D GHV SUREDELOLWpV QRQ FRPSULVHV HQWUH HW /XQGHHQ GH fantomatiques (spooky) 0DLVO¶DEVXUGLWpRXOHIDQW{PHQHVRQWOjTXHVL O¶RQ UHMHWWHODFRQWH[WXDOLWp 0LHX[ YDXW SHQVHU TXH F¶HVW HQFRUH XQ FDV (comme GHZ) où les différentes mesures (quatre) envisagées sont incompatibles. &RPPH SRXU OHV IHQWHV G¶<RXQJ OH IDLW G¶pYRTXHU GHV SUREDELOLWpV ou des logiques non classiques ne fait que déplacer le problème. 1Cd Effet Zénon quantique. 2Q DWWULEXH j =pQRQ G¶(OpH O¶DSRORJXH G¶$FKLOOH LQFDSDEOH GH UDWWUDSHU OD WRUWXH TXL j FKDTXH REMHFWLI TX¶LO VH IL[H SRXU OD rejoindre, constate ± XQH IRLV TX¶LO O¶D DWWHLQW - que la lente bête a encore un peu progressé au delà). &HWDSRORJXHQ¶pWDLWXQSDUDGR[H TX¶j XQH pSRTXH R RQ LJQRUDLW TX¶LO H[LVWH GHV VpULHV LQILQLHV convergentes ! En revanche la physique quantique, avec sa conception originale de la mesure, se prête, sinon à un paradoxe, au moins à une situation étrange, SURFKHGHFHOOHG¶$FKLOOH : si on fait, sur le même observable, beaucoup de mesures successives suffisamment rapprochées, le système reste figé GDQV OD VLWXDWLRQ R LO VH WURXYH j O¶LVVXH GH OD SUHPLqUH PHVXUH RQ démontre mathématiquement que la probabiliWp TX¶LO HQ VRLW DLQVL WHQG YHUV VL OH QRPEUH G¶HVVDLV WHQG YHUV O¶LQILQL Comme beaucoup G¶DXWUHVVLWXDWLRQVTXDQWLTXHVpWUDQJHVFHOOH-ci a été confirmée par des vérifications expérimentales. On rDSSURFKHGHO¶HIIHW=pQRQ la question déjà ancienne (1927), de F. Hund FRPPHQWXQHPROpFXOHG¶DPPRQLDF peut-elle osciller entre lévogyre est dextrogyre ? Question exprimée en langage quantique par SRXUTXRLODPROpFXOHQ¶est-elle pas stabilisée en une superposition des deux états ? La réponse est TX¶XQeffet tunnel lent est EORTXpSDUGHVLQWHUDFWLRQVUDSLGHVDYHFO¶HQYLURQQHPHQW 1Ce. /¶HIIHW 8QUXK SUpYRLW TX¶XQ REVHUYDWHXU DFFpOpUDQW YHUUDLW XQH UDGLDWLRQ GH FRUSV QRLU LQYLVLEOH j XQ REVHUYDWHXU LQHUWH 6¶LO Annexe F. Quantique. Page 12 Révision du 21/10/2016 était vérifié, il poserait évidemment de nouveaux problèmes de contextualité, et compliquerait encore notre compréhension de ce TX¶HVWXQHSDUWLFXOH 1D. Exemples et calculs de la décohérence. 1Da. Les états pointeurs. En 5-3 QRXV DYRQV PRQWUp O¶LQFRPSDWLELOLWp GX SURFHVVXV GH mesure avec les postulats de base de la physique quantique, et signalé O¶LPSRUWDQFH GH OD décohérence induite par tout environnement extérieur. :=XUHNXWLOLVHO¶H[SUHVVLRQ ³HQYLURQPHQWLQGXFHGVXSHUVHOHFWLRQ´TX¶LOUDWWDFKHDX[UqJOHVGHVXSHU-sélection, évoquées à la fin de 1B). Il iQWURGXLW OD QRWLRQ G¶XQH EDVH G¶pWDWV pointeurs du système de mesure : ces états, qui résisteraient aux attaques de O¶Hnvironnement, pour lesquels ne survivraient que les termes diagonaux, verraient leur aiguille (pointer en anglais) se stabiliser. S. Weinberg PLQLPLVDQW O¶RULJLQDOLWp GH OD QRWLRQ préfère la terminologie G¶pWDWV classiques. Il y a des exemples, mais tellement simSOHVTX¶LOVHQGHYLHQQHQWEDQDOV. Pour justifier cette notion, Zurek HW G¶DXWUHV RQW IDLW GHV FDOFXOV sur des cas encore très simples (par exemple, dans le modèle « spin-boson ªO¶DSSDUHLOGHPHVXUHDMXVWH deux niveaux et est sujet à un mouvement brownien quantique O¶HQYLURQQHPHQW SHXW rWUH XQ HQVHPEOH G¶RVFLOODWHXUV KDUPRQLTXHV Malgré de nombreuses approximations, ces calculs sur des modèles simples sont déjà très complexes. 2QH[SOLFLWHODIRUPHGHO¶DFWLRQ6 avec des termes de couplage, et on en déduit ± après maintes approximations - dont des cut-offs, pour retrouver un caractère markovien ± une équation maîtresse, de type Born-Markov, où des termes de dissipation et de décohérence correspondent au couplage. On travaille alors sur cette équation. Il serait intéressant de calculer le temps de relaxation de la décohérence (qui devrait être beaucoup plus rapide que la dissipation) ; ce calcul est possible, mais à partir des constantes de couplage qui, elles-PrPHV QH VRQW SDV FRQQXHV '¶XQH IDoRQ SOXV JpQpUDOH OHV FRQFOXVLRQV Q¶pFKDSSHQW SDV j XQH FHUWDLQH FLUFXODULWp Annexe F. Quantique. Page 13 Révision du 21/10/2016 Citons celles de B. Hu, un des fondateurs de la théorie : « Si O¶LQWHUDFWLRQHQWUHOHV\VWqPHHWO¶HQYLURQQHPHQWHVWWHOOHTXHOHVpWDWV pour lesquels le système manifeste un comportement macroscopique, GHYLHQQHQW FRUUpOpV j GHV pWDWV GH O¶HQYLURQQHPHQW TXL VRLHQW approximativement orthogonaux, alors le système peut évoluer sous XQH IRUPH« R OD EDVH GH SRLQWHXUV« FRwQFLGH DSSUR[LPDWLYHPHQW DYHFOHVpWDWVSURSUHVGHO¶KDPLOWRQLHQG¶LQWHUDFWLRQ La décohérence est accomplie » (les soulignements sont de mon fait). Une autre objection forte est que la réalité est beaucoup plus complexe que les modèles très simplifiés cités plus haut. 5HPDUTXRQV HQILQ TXH O¶H[SpULPHQWDWHXU VDLW j O¶DYDQFH TXHO QLYHDX G¶pQHUJLH YD rWUH PHVXUp SDU O¶DLJXLOOH GH VRQ DSSDUHLO &HFL UpGXLW O¶LQWpUrWPrPHGHV© états pointeurs ». 1Db. Les calculs sur la décohérence visent le raccord entre le micro réversible et le macro irréversible. Ils se rapprochent ainsi des calculs de physique statistique, voulant retrouver la flèche du temps à partir de la physique quantique, et qui sont décrits à la note 92 de sp. Comme eux, ils paraissent « hardis » au mathématicien. Mais, alors TXH %ROW]PDQQ DYDLW HX O¶LQWXLWLRQ JpQLDOH GH UHOLHU HQWURSLH HW probabilité, les modèles de décohérence ne sont que des jeux de calculs sur ordinateurs, sans les données expérimentales probantes qui permettraient de les vérifier. Ajoutons un vocabulaire « Santa-Fé » qui évoque complexité, théorie des systèmes, théorie de O¶LQIRUPDWLRQ IRQFWLRQ G¶RQGH GH O¶XQLYHUV« HW PrPH GDUZLQLVPH Les calculs de la théorie quantique des champs sont eux aussi hardis, PDLV LOV RQW O¶pQRUPH PpULWH GH VH SUrWHU j GHV vérifications expérimentales étincelantes ! 1E. Les autres interprétations de la physique quantique. La théorie (1952) de D. Bohm, théorie à variables cachées, assez proche de la mécanique classique, maintient un déterminisme ; elle Annexe F. Quantique. Page 14 Révision du 21/10/2016 lie étroitement la particule (qui a une trajectoire déterminée) et O¶RQGH TXL OD JXLGH TXL HVW ELHQ SOXV TX¶XQH DPSOLWXGH GH probabilité). Elle présente ce caractère dérangeant que les variables FDFKpHVTXHVRQWOHVSDUDPqWUHVGHVSDUWLFXOHVQ¶LQIOXHnt pas sur la IRQFWLRQG¶RQGH La théorie (1984) des histoires consistantes constate les difficultés de la théorie de la mesure quantique. Elle analyse donc, sans faire référence aux instruments de mesure (et, a fortiori, à O¶H[SpULPHQWDWHXU la succession des événements possibles dans une chaîne de mesures. Dans une perspective fondamentalement aléatoire, une histoire sélectionne une chaîne de projecteurs successifs RQGHPDQGHjXQHIDPLOOHG¶KLVWRLUHVTXHODVRPPHGHV différentes probabilités soit égale à 1 ; on recherche des familles « consistantes », où les interférences aient disparu. Des exemples simples en sont donnés (des expériences non destructives sur des LQWHUIpURPqWUHV XQH UDGLRDFWLYLWp Į /H IRUPDOLVPH GHV KLVWRLUHV consistantes rend compte de la complémentarité. Il est surtout tourné YHUV OH SDVVp FRPPH OH UpYqOH OH WHUPH PrPH G¶KLVWRLUH 6H contentant de calculer des probabilités, il DEDQGRQQH O¶HVSRLU GH décrire les systèmes physiques. 3OXW{W TX¶XQH interprétation nouvelle, il est un commentaire intelligent de la théorie quantique orthodoxe 5 *ULIILWKV O¶XQ GH VHV DXWHXUV LQVLVWH VXU XQ GHV caractères dérangeants du quantique : qu¶LO WROqUH GHV GHVFULSWLRQV multiples et incompatibles. Il pense en revanche que beaucoup des paradoxes (par exemple ceux liés à la supraluminalité) disparaissent quand une chaîne consistante a éliminé mesure et mesureur. Un LQFRQYpQLHQWHVWTX¶LO\DXQQRPEUHpQRUPHG¶KLVWRLUHVSRVVLEOHV : comment choisir ? La théorie des mondes multiples (« MWI » -H. Everett 1957) se débarrasse du si difficile problème de la réduction du SDTXHWG¶RQGHV ; elle pose pour cela que chaque mesure quantique ouvre la voie à autant de résultats différents que la quantification Annexe F. Quantique. Page 15 Révision du 21/10/2016 Q¶Hn permet ; ainsi la succession des mesures dans le temps conduit exponentiellement à une multitude de mondes parallèles. Mais cette théorie est-HOOH SOXV TX¶XQ DUWLILFH" %HOO O¶DYDLW TXDOLILpH GH « extravagantly vague ». Beaucoup de philosophes contemporains et la littérature populaire se sont emparés de ce thème. Ghirardi-Rimini-Weber* voulaient (1985) expliquer le très GLIILFLOH SUREOqPH GH OD UpGXFWLRQ GX SDTXHW G¶RQGHV en ajoutant à O¶pTXDWLRQ GH 6FKU|GLQJHU GHV WHUPHV GH © localisation spontanée », non linéaires et aléatoires. Théoriquement, mais non pratiquement testable&¶HVWW\SLTXHPHQWXQHWKpRULHDGKRF : sur chaque particule, des éclairs se produiraient (à un taux de 1 par 1015 sec !) et ORFDOLVHUDLHQWO¶RQGHDYHFXQHSUpFLVLRQGH-7 m). Elle redevient à OD PRGH SDUFH TX¶XQH GH VHV YDULDQWHV 5 7XPXOND HQFRUH plus complexe, pourrait respecter la relativité. C. Rovelli, pionnier de la gravitation à boucles, insiste sur la relation HQWUH O¶REMHW HW O¶LQVWUXPHQW GH PHVXUH comparons à la mécanique classique, où on mesure seulement la vitesse relative de O¶REMHWSDUUDSSRUWjO¶REVHUYDWHXU Certaines théories (comme celle de Bohm, ou celle des histoires cohérentes) sont construites pour retrouver toutes les prédictions de OD SK\VLTXH TXDQWLTXH HW QH VRQW GRQF SDV WHVWDEOHV &¶HVW évidemment aussi le cas de celle, philosophique, des mondes PXOWLSOHV(QUHYDQFKHODWKpRULH*5:O¶est, au moins en principe. 2. La théorie quantique des champs. %HDXFRXS G¶RXYUDJHV pWXGLHQW FHWWH WKpRULH &HUWDLQV DGRSWHQW volontairement un point de vue extrêmement intuitif, sans rigueur mathématique, mais, à ce prix, rendent parlantes des notions complexes, comme propagateurs et diagrammes de Feynman, Annexe F. Quantique. Page 16 Révision du 21/10/2016 UHQRUPDOLVDWLRQ WKpRULHV GH MDXJH %HDXFRXS G¶DXWUHV malheureusement, sont incapables de faire une démarcation claire entre intuition et formalisme ; ils deviennent inaccessibles au non-spécialiste. La théorie quantique des champs a commencé par O¶pOHFWURG\QDPLTXHTXDQWLTXHPDLVVRQGRPDLQHG¶DSSOLFDWLRQYLVH toute la physique des particules (électromagnétisme; interactions IDLEOHV HW IRUWHV WHQWDWLYHV G¶XQLILFDWLRQ HW UHQG FRPSWH GH OHXUs PpFDQLVPHVGHFUpDWLRQHWG¶DQQLKLODWLRQ $/¶pOHFWURG\QDPLTXHTXDQWLTXH Un guide essentiel pour en comprendre les cheminements est la UHFKHUFKHG¶XQHSUpVHQWDWLRQFRPSDWLEOHDYHFODUHODWLYLWpUHVWUHLQte. &¶HVWODGpPDUFKHGXlivre de S. Weinberg (voir les réf. de 5); nous LQVLVWHURQVVXUOHVTXHVWLRQVTX¶LOSRVH ,O Q¶HVW SDV LQXWLOH GH UDSSHOHU TXHOTXHV GRQQpHV PDWKpPDWLTXHV concernant le groupe propre de Lorentz, et celui de Poincaré, à la base des invariances de la relativité restreinte : La meilleure définition du premier est: SLC2 / Z2 où SLC2 est le groupe spécial (dét = 1) linéaire complexe à deux dimensions, et Z2 la matrice à deux éléments. SLC2 est un groupe de Lie compact à 6 générateurs, GRQWLOHVWLQWpUHVVDQWG¶pWXGLHUO¶DOJqEUHGH/LH: une transformation linéaire aisée de ses générateurs en deux matrices vectorielles à WURLVGLPHQVLRQVDHWESHUPHWG¶HQGpGXLUHOHVUHODWLRQVVLPSOHVD [ D LD E [ E LE D E &H Q¶HVW SDV XQ KDVDUG VL FHV équations rappellent les relations bien connues des rotations, car celles-ci forment un sous-groupe du groupe de Lorentz (du coup, toutes les formules de composition des rotations du type Clebsch-*RUGDQ V¶DSSOLTXHURQW /¶LQWpUrW GH FHWWH WUDQVIRUPDWLRQ HVWTX¶HOOHSHUPHWGHWURXYHUWRXWHVOes représentations irréductibles du groupe de Lorentz, en les reliant à des représentations tensorielles ou « spinorielles » de degrés variés (« spinorielle » correspond à des représentations « projectives » où on admet un Annexe F. Quantique. Page 17 Révision du 21/10/2016 facteur de phase - ici +1 ou -1); on touche par là aux célèbres DOJqEUHV GH &OLIIRUG HW DX[ UHODWLRQV G¶DQWL-commutation. Le JURXSH GH /RUHQW] Q¶HVW SDV FRPSDFW F¶HVW LQWXLWLI SRXU OHV « boosts ª GH FH IDLW LO Q¶DGPHW SDV GH UHSUpVHQWDWLRQ ILQLH unitaire; on travaille donc sur des champs, et non sur des fonctions G¶RQGHTXLGHYUDLHQWrWUHXQLWDLUHV Il existe un difféomorphisme qui plonge le groupe propre de Lorentz dans 0(l, 3, R) (le groupe pseudo-orthogonal de de Sitter, préservant la métrique lorentzienne); son image y est la composante FRQQH[H GH O¶XQLWp ; elle est encore équivalente au « sous-groupe orthochrone » caractérisé par Dét = 1, et /00 t 1 (cela correspond à ODSUpVHUYDWLRQGHO¶RULHQWDWLRQHWGHODIOqFKHGXWHPSV/HJURXSH de Lie généralisé, incluant renversements GXWHPSVRXGHO¶HVSDFH est isomorphe à 0(1, 3, R). Le groupe de Poincaré est le groupe de Lorentz étendu aux translations (produit semi-direct), qui conduira à la règle de transformation : '<= exp (-iaP.pP.<), et à la conservation des moments dans les diagrammes de Feynman. Le cheminement de Weinberg est schématiquement le suivant : moyennant une hypothèse de localitéLOSURXYHO¶LQYDULDQFHSDUle groupe de Poincaré de la « matrice S », unitaire, instrument fondamental du calcul des « sections efficaces » de diffusion, DX[TXHOOHVO¶REVHUYDWLRQDFFqGH2QVHVRXYLHQWTXHGHVPpWKRGHV G¶DSSUR[LPDWLRQ VXFFHVVLYHV FRQGXLVHQW j OD FpOqEUH IRUPXOH GH Dyson, schématisée par : S = T.exp>-L - dtV(t)@, où V est le WHUPHSHUWXUEDWHXUGHO¶KDPLOWRQLHQHW7exprime le « time-ordered product ». On détermine ensuite, pour chaque espèce de particules, selon que sa masse est nulle ou non, et selon son spin, la représentation irréductible du groupe de Lorentz-Poincaré qui lui convient, et on exprime son champ à partir des opérateurs de création-annihilation. Avec ± à la différence de la mécanique quantique- un nombre indéfini de particules, les représentations des relations canoniques Annexe F. Quantique. Page 18 Révision du 21/10/2016 de commutation ne sont plus toutes équivalentes, ce qui ± là encore ± pose des problèmes au réalisme. Un théorème de factorisation par amas (clusters), élimine les champs « non connectés » ; cette « localisation » permet de factoriser la matrice S et de montrer son analycité. La conjugaison de ce théorèmH DYHF O¶LQYDULDQFH GH Lorentz et la physique quantique SHUPHWjO¶DSSURFKHGH:HLQEHUJ de retrouver tout le formalisme de la théorie « conventionnelle ». Les deux approches arrivent ensuite dans un « esprit physique » aux célèbres diagrammes de Feynman, aux propagateurs.3 de Green, et aux intégrales de chemin. Celles-ci, proches des outils du PRXYHPHQW EURZQLHQ Q¶HQ RQW SDV OD ULJXHXU La renormalisation est possible (mais nous traiterons cette technique plus généralement en 2B). En passant, on a rendu compte de plusieurs données expérimentales fondamentales : la conservation des charges électriques O¶H[LVWHQFH GHV DQWL-particules ; les statistiques des bosons et des fermions; la masse nulle des photons; le théorème « CPT ». 2B. Les autres applications de la théorie quantique des champs. 4XDQG RQ GpSDVVH O¶pOHFWURG\QDPLTXH TXDQWLTXH GHV GLIILFXOWpV supplémentaires apparaissent. Plusieurs concepts mathématiques délicats jouent un rôle essentiel : Il faut évidemment définir correctement hamiltonien et lagrangien. On attache ensuite une grande importance aux symétries (cf. les développements généraux de 1-3). Les groupes 3 /¶pTXDWLRQIRQGDPHQWDOHGH'LUDFVDQVVHFRQGPHPEUH : (1/i (D. +Em) \ = 0), admet des solutions ondulatoires. Traiter des perturbations se ramène, au moins LQWXLWLYHPHQWjUpVRXGUHjO¶DLGHGHVSURSDJDWHXUVO¶pTXDWLRQDYHFVHFRQGPHPEUH Annexe F. Quantique. Page 19 Révision du 21/10/2016 G¶LQYDULDQFHGHVFRRUGRQQpHVVRQWUHPSODFpVSDUGHVJURXSHVGH Lie, généralement non-abéliens, qui représentent les symétries entre les différentes particules. Les notions de dérivée covariante, de connexion, sont utilisées (la différence étant seulement que les physiciens emploient les termes de jauge et G¶invariance de jauge , là où les mathématiciens parlent de connexions et de symétries). Aux symétries sont associées des invariances. Dans les théories de jauge locale (où les symétries sont locales), extrêmement importantes, l¶RQ SHXW GpILQLU GH précieuses connexions. Pour les interactions correspondant à des groupes non-abéliens, des difficultés supplémentaires apparaissent pour traiter les diagrammes de Feynman, VXUPRQWpHV SDU O¶LQWURGXFWLRQ GH FKDPSV YLUWXHOV JKRVWV Des questions de topologie globale de ces variétés peuvent jouer un U{OH FRPPH GDQV O¶HIIHW %RKP-Aharonov, ou pour les monopôles magnétiques. Les symétries entre particules ne sont pas parfaites; les unifications de théories correspondent souvent à des brisures de symétrie O¶XQLILFDWLRQQHVHIDLWTX¶jGHVpQHUJLHVVXSpULHXUHVjXQ certain seuil; en deçà, il y a découplage). Un excellent exemple de brisure de symétrie HVWO¶XQLILFDWLRQGH O¶pOHFWURPDJQpWLVPH HW GHV LQWHUDFWLRQV IDLEOHV GDQV OD théorie électrofaible. Une difficulté importante était que le photon, porteur j O¶LQILQL GH O¶pOHFWURPDJQpWLVPH pWDLW VDQV PDVVH DORUV Tue les bosons, porteurs présumés GHO¶LQWeraction faible (dont la portée est limitée), devaient en avoir une. Plusieurs étapes ont été nécessaires : la théorie a postulé la nécessité de courants neutres (de neutrinos), ultérieurement (1973) mis en évidence ; les trois bosons de O¶LQWHUDFWLRQ ont été détectés (1993). IO IDOODLW DXVVL V¶DFFRPPRGHU G¶XQ WKpRUqPH G¶DSUqV OHTXHO le propagateur impliqué dans une brisure de symétrie doit être sans masse. Des mécanismes subtils, supposant une forme assez particulière de lagrangien, ont permis, en faisant intervenir le boson de Higgs, de donner de la masse à des Annexe F. Quantique. Page 20 Révision du 21/10/2016 bosons de jauge initialement sans masse. Le boson de Higgs a finalement (2012) été mis en évidence au CERN. Il faut maintenant dire un mot des problèmes de renormalisation. 3RXUTX¶XQHWKpRULHDLWXQVHQVSK\VLTXHLOIDXWTXHOHVJUDQGHXUV PHVXUDEOHV TX¶HOOH FDOFXOH VRLHQW ILQLHV 2U OHV GLDJUDPPHV GH Feynman donnent des quantités infinies GqV TX¶LOV FRQFHUQHQW GHV ERXFOHV F¶HVWj GLUH TXH GHV © self -interactions » sont introduites. Pour sortir de ce paradoxe, on a besoin de deux étapes. La première introduit un « cut-off », par exemple une limite supérieure à O¶pQHUJLH /D VHFRQGH IL[H XQH UqJOH GH GpSHQGDQFH GH TXHOTXHV paramètres du lagrangien, vLVDQWjFHTXHV¶LOVSDVVHQWjO¶LQILQLOHV fonctions mesurées restent finies. Le groupe de renormalisation est O¶RXWLOXWLOLVp VRXVODIRUPHG¶XQVHPL-groupe, il est aussi précieux GDQV O¶pWXGH GHV SKpQRPqQHV FULWLTXHV GH OD SK\VLTXH macroscopique ± voLUO¶DQQH[H*). Quand nos visées sont atteintes, on dit que la théorie est renormalisable, critère essentiel. On démontre la renormalisabilité pour toutes les théories ayant une invariance de jauge, et en particulier pour la théorie électrofaible. $ O¶LQYHUVH GH O¶pOHFWURG\QDPLTXH TXDQWLTXH R OD FRQVWDQWH GH structure fine est petite, les interactions fortes de la chromodynamique ne se prêtent pas à des calculs perturbatifs. Mais la chromodynamique bénéficie de sa liberté asymptotique (les interactions diminuent asymptotiquement quand les énergies augmentent), liberté constatée expérimentalement. On cherche alors à approximer la « vraie » théorie par une théorie effective de jauge, fondée sur un treillis fini ; on ajuste asymptotiquement O¶HQVHPEOe des paramètres, pour mieux aborder la théorie générale li mite : on peut, en principe, calculer par cette méthode la masse des hadrons, PDLVFHQµHVWSDVDFWXHOOHPHQWjODSRUWpHGHQRVRUGLQDWHXUV. Nous avons cité, en 4-4O¶LPSRUWDQWSUREOqPHQRQUpVROXDXMRXUG¶KXLGX « mass gap ». De grosses difficultés subsistent aussi pour Annexe F. Quantique. Page 21 Révision du 21/10/2016 comprendre le confinement des quarks (que les gros accélérateurs savent rompre). '¶DXWUHs chercheurs, plus orientés vers la rigueur mathématique4, ne se satisfont pas de la façon de traiter les infinis dans les calculs de perturbation. Ils prônent une théorie directe constructive (utilisant des algèbres locales G¶REVHUYDEOHV, donc appelée « AQFT »UHVSHFWDQWOHVUHODWLRQVG¶LQFHUWLWXGHFDSDEOHGe traiter toutes les théories de jauge, constatent que - V¶LOV VH OLPLWHQW j XQ espace-temps non physique de trois dimensions - ils obtiennent des résultats satisfaisants, et espèrent ± DSUqV EHDXFRXS G¶DQQpHV GH recherche ± aboutir à un résultat dans le cas de quatre dimensions. Dans ce genre de théories, les concepts de particule localisable et G¶LQWHUDFWLRQV HQWUH HOOHV GHYLHQQHQW HQFRUH SOXV GLIILFLOHV Subsistent aussi des théorèmes « no-go » (montrant des contradictions logiques).5 Le fossé entre les deux écoles est manifestement très profond. 3. La théorie (les théories) des cordes. 4 Cf. 2-1. 5 $LQVL VRXV UpVHUYH G¶K\SRWKqVHV QDWXUHOOHV GRQW FH TX¶LO DSSHOOH « localisabilité ªTX¶XQHSDUWLFXOHQHSXLVVHrWUHWURXYpHGDQVGHX[UpJLRQV sans recouvrement), D. Malament* a prouvé le théorème « no-go », TX¶XQH SDUWLFXOHDXQHSUREDELOLWpQXOOHG¶rWUHGDQVTXHOTXHSDUWLHGHO¶HVSDFHTXH O¶RQ FRQVLGqUH ! Remarquons que la notion très forte de localisabilité concerne concerne une seule particule (alors que la « localité », considérée en 5-2 V¶RSSRVH DX[ LQIOXHQFHV TXH SRXUUDLHQW H[HUFHU O¶XQH VXU O¶DXWUH deux particules éloignées). Il est difficile de rejeter une notion aussi « naturelle ». Mais la conserver et admettre le théorème démolit toute GXDOLWp FKDPSSDUWLFXOH HQ WKpRULH TXDQWLTXH GHV FKDPSV '¶DXWUHV spécialistes cherchent des échappatoires. Annexe F. Quantique. Page 22 Révision du 21/10/2016 Nous avons évoqué en 6-2A le rêve constant des physiciens de parvenir à une théorie unifiée. Leurs espoirs se concentrent actuellement sur les théories de cordes. Sont-HOOHV O¶REMHW G¶XQ engouement passager (dans notre monde médiatisé et soumis à O¶DUJHQW OHV FKHUFKHXUV GRLYHQW Srendre rang bien avant réussite confirmée) ? Représentent-HOOHVDXFRQWUDLUHO¶DPRUFHG¶XQHWKpRULH révolutionnaire, unifiant définitivement relativité générale et SK\VLTXH GHV SDUWLFXOHV" 3HUVRQQH QH SHXW OH GLUH DXMRXUG¶KXL VXUWRXWSDVPRLTXLQ¶DLSDV fait le même effort de compréhension GH FHV WKpRULHV GLIILFLOHV TXH GDQV G¶DXWUHV GRPDLQHV -H PH contenterai donc de quelques indications. 2Q D YX XQ SHX SOXV KDXW TXH EHDXFRXS G¶DSSOLFDWLRQV GH OD théorie quantique des champs se heurtent à des infinis, que même des techniques sophistiquées de « renormalisation » ne parviennent pas à éliminer. Les débuts de la théorie des cordes ont suivi la remarque mathématique que des symétries faisaient disparaître ces infinis dans certains espaces à dix dimensions. '¶RO¶LGpHUHSULVHj Kaluza-.OHLQ HW G¶LQWURGXLUH GHV GLPHQVLRQV supplémentaires (6 = 10 - 4) GHO¶HVSDFH-temps, invisibles parce que repliées et de taille infime (comparable ± fort naturellement - à la longueur de Planck). Les espaces correspondant prendraient la IRUPH G¶XQH © variété kählérienne compacte de première classe de Chern ». Dans cet espace abstrait vibreraient des cordes à une dimension circulaire compacte (à leur excitations non linéaires de « solitons » correspondraient des « branes » à plusieurs dimensions). A chacun de leurs modes de vibration correspondrait une classe de particules; un mode particulier permettrait de définir un graviton, interPpGLDLUH REOLJp G¶XQH WKpRULH TXDQWLTXH GH OD gravitation. Les photons, vibrations ouvertes, ne pourraient se GpSODFHUTXHGDQVOHVWURLVGLPHQVLRQVGHO¶HVSDFHWUDGLWLRQQHO&HFL rendrait les autres dimensions inaccessibles à notre expérience (sauf SRXUGHVHIIHWVJUDYLWDWLRQQHOVGRQWRQVDLWTX¶LOVVRQWH[WUrPHPHQW IDLEOHVjO¶pFKHOOHGes particules). Annexe F. Quantique. Page 23 Révision du 21/10/2016 De telles théories sont séduisantes sous beaucoup de points de vue : elles sont les seules à unifier théorie quantique et relativité générale ; quand elles sont théories des supercordes, elles recourent aussi à la supersymétrie6 ; abandonnant la notion de particule ponctuelle, elles peuvent régler les problèmes de renormalisation ; elles rendent compte de la dualité électricité//magnétisme. Elles laissent enfin espérer que les quatre forces fondamentales SRXUUDLHQWV¶XQLILHUDX[DOHQWRXUVGe la longueur de Planck. /HVSRLQWVQpJDWLIVWLHQQHQWjOHXUH[WUrPHFRPSOH[LWp/¶DSSDUHLO PDWKpPDWLTXHVXSSRVHXQHFRQQDLVVDQFHDXMRXUG¶KXLLQFHUWDLQHGH la topologie de ces espaces difficiles, avec leurs « trous ». Cinq YDULDQWHV V¶DIIURntent (des dualités subtiles, mais essentielles, VHPEOHQWOHVUHOLHUGDQVOHFDGUHG¶XQHHQFRUHP\VWpULHXVH© théorie M ») ; mais elles se ramifient, quand on veut préciser, en un nombre astronomique de solutions possibles. Des calculs pratiques ne peuvent être actuellePHQW HQYLVDJpV PrPH V¶LOV GHYHQDLHQW possibles, leur vérification normale se ferait à des énergies inaccessibles, sauf à recourir à de subtiles et difficiles expériences LQGLUHFWHV (QILQ FHV WKpRULHV Q¶H[SOLTXHQW SDV SOXV OD IOqFKH GX temps que la physique quantique « traditionnelle ». Personnellement, je reste perplexe sur les coïncidences qui font retenir les dix dimensions. Pour le nombre D de dimensions, les équations du champ contiennent un terme en (D ± H[WUrPHPHQW JrQDQW HW O¶RQ V¶HQ GpEDUUDVVH HQ SRVDQW TXH ' FH Q¶HVW SDV WUqV ORLQ G¶XQ SULQFLSH DQWKURSLTXHHWRQVDLWTXHMHQHO¶DLPHJXqUHFI12-2) ! /¶DEstraction du réel microscopique de la physique quantique ( cf. 5-2) devient extrême pour les théories de cordes : espace, temps, énergie, charge électrique et ± on vient de le voir ± espèces de particules dérivent de ces cordes premières et des variétés abstraites 6 'DQV O¶HVSDFH-temps à quatre dimensions, la super-V\PpWULH D O¶LQWpUrW GH GLVSRVHU G¶XQ JURXSH assez évident de symétrie. Annexe F. Quantique. Page 24 Révision du 21/10/2016 GDQV OHVTXHOOHV HOOHV pYROXHQW $ O¶pFKHOOH VL IDLEOH GHV FRUGHV RQ SHXWHQYLVDJHUTXHO¶HVSDFH-temps doit lui aussi quantifié. On trouvera jO¶DQQH[H* quelques indications sur la théorie de la gravitation quantique à boucles, concurrente. Questions ouvertes. F1. 'X IDLW GH OD GLVFUpWLVDWLRQ GHV QLYHDX[ G¶pQHUJLH les espaces de Hilbert de la physique quantique sont-ils tous de dimension dénombrable ? Oui ? Du coup, même dans une optique constructiviste, on peut démontrer, moyennant O¶D[LRPH GH FKRL[ GpQRPEUDEOH TX¶LOV RQW XQH EDVH FI annexe K). Je comprends que tous les Hilbert à base dénombrable sont isomorphes (mais selon les problèmes considérés, on y introduit des opérateurs différents). F2. Un état pur est-il « objectif ? Pour W. Unruh, un état qui apparaît pur à un détecteur au repos, apparaîtra mélangé à un détecteur accéléré. Y a-t-il eu des expériences à ce sujet ? F3 Long exposé de la question : La solution rigoureuse de la quantifiFDWLRQ GH O¶DWRPH G¶K\GURJqQH D pWp QRXV O¶DYRQV GLW HQ 5-1, un immense succès de la physique quantique. Elle a bénéficié de conditions extrêmement favorables : O¶H[LVWHQFHG¶un potentiel central permet de diviser les difficultés RQIL[HG¶DERUG les moments cinétiques par leur quantification habituelle RQQ¶D plus enVXLWHHQFHTXLFRQFHUQHODIRQFWLRQSURSUHUDGLDOHTX¶XQH équation GLIIpUHQWLHOOHVLPSOHDXOLHXG¶une équation aux dérivées partielles compliquée) ; des considérations de comportement Annexe F. Quantique. Page 25 Révision du 21/10/2016 asymptotique de ses solutions aux faibles et grandes distances imposent la quantification GH O¶pQHUJLH ; la IRQFWLRQ G¶RQGH spatiale est calculée. Pour les atomes plus complexes, puis pour les molécules, des calculs approchés des énergies et des schémas de configurations spatiales seront élaborés par des méthodes semi-empiriques, évoquées en 7-2C. Je clarifierai la question qui me préoccupe par une comparaison avec la physique classique. Dans celle-ci, une fois posée O¶pTXDWLRQGHEDVHHWGpILQLHVOHVIRUFHVOHV\VWqPHG¶pTXDWLRQV différentiel apparaît. Même si sa solution, exacte ou même numérique, peut dépasser les possibilités humaines, on sait que ± sauf cas exceptionnels ± elle existe (ce savoir est une forme du déterminisme, cf. 2-1). En physique et chimie quantiques, qui nous dit que, dans les approximations nécessaires, les fondamentales quantifications soient prouvées, plutôt TX¶DVVXPpHV dans les hypothèses de calcul ? Par exemple, je me demande si les considérations de comportement asymptotique du paragraphe précédent, qui ont fourni une bonne SUHXYH GH OD TXDQWLILFDWLRQ GH O¶DWRPH G¶K\GURJqQH VRQW aisément généralisables à des cas (les molécules) où le potentiel central unique a disparu. En particulier, la preuve mathématique GH O¶H[LVWHQFH G¶XQH TXDQWLILFDWLRQ GLVFRQWLQXH SRXU O¶pQHUJLH survit-HOOHjODPpWKRGHG¶DSSUR[LPDWLRQ ? F4. Le statut du temps en physique quantique ne me semble pas clair. Est-il une observable ? Non ? F5. Le spin est un moment cinétique. En mécanique classique, il y a un théorème de conservation du moment cinétique ± global, mais dans un espace limité. Dans des expériences de type EPR, deux particules intriquées ont leurs spins toujours opposés, et GRQF LO DUULYH TXH OH VSLQ GH FKDFXQH G¶HOOHV WUqs ORLQ O¶XQH GH O¶DXWUH HVW SURMHWp immédiatement dans une direction. 1¶\ D-t-il Annexe F. Quantique. Page 26 Révision du 21/10/2016 pas par là une violation (dans une conception relativiste) du théorème de conservation ? Non (M. Serrero). F74XHOHVWO¶LQWpUrWGHODWKpRULHGHVJURXSHVTXDQWLTXHV ? F8. Toute la théorie quantique des champs repose sur O¶pTXDWLRQ K\SHUEROLTXH GH .OHLQ-Gordon. Est-elle bien étudiée par les mathématiciens ? En particulier, y a-t-il des FRQGLWLRQV FODLUHV G¶H[LVWHQFH G¶XQH IRQFWLRQ GH *UHHQ ? Si oui, ces conditions sont-elles vérifiées dans les situations concrètes de la théorie quantique des champs? Id. pour O¶pTXDWLRQGH'LUDFSOXVFRPSOH[HPDLVGXSUHPLHURUGUH F11. Théories des cordes (ou supercordes). Y a-t-il un lien entre la longueur de Planck et la dimension critique des cordes ? (dimension qui ne semble la dépasser que de 10 ou 100). Est-il vrai que la théorie des cordes « parfaite » devrait prédire les valeurs de toutes les constantes fondamentales ? Peut-RQ GLUH XQ PRW GX VWDWXW GH O¶HVSDFH-temps dans de telles théories ? Est-LO H[DFW TX¶LO IDXW UHQRQFHU j OH YRLU FRPPH XQ continu infiniment divisible ? F12. (= question C117KpRULHVGHO¶LQIODWLRQ Peut-RQH[SOLTXHUOHVPpFDQLVPHVGHO¶LQIODWLRQSDUXQUHFRXUVDX[ théories classiques des particules ? Annexe F. Quantique. Page 27 Révision du 21/10/2016 F14. 1RXV O¶DYRQV YX O¶LQcomplétude de la physique quantique V¶HQWHQGXVXHOOHPHQWDXVHQVTX¶LOQ¶\DSDVGHYDULDEOHVFDFKpHV Pour P. Mittelstaedt, une théorie complète serait une théorie qui couvrirait aussi bien le microscopique que les appareils de mesure macroscopiques. Y a-t-il un lien entre ces deux définitions ? Non ? F15. On dit que dans un supraconducteur, la résistance est nulle. 2QO¶H[SOLTXHSDUODFRQVWLWXWLRQGHSDLUHVG¶pOHFWURQVREpLVVDQWj la statistique de Bose-Einstein, se comportant comme un HQVHPEOH XQLTXH 9X O¶LPPHQVLWp GX QRPEUH 1 GH WHOOHV SDLUHV peut-on parler de résistance nulle, plutôt que de « inférieure à tel seuil », à préciser ? Que dirait-on si des expériences « méso » permettaient de beaucoup diminuer N ? Mêmes questions pour la YLVFRVLWp GH O¶pWDW VXSHUIOXLGH Cf. R. Laughlin, prix Nobel de physique ³7KHYLVFRVLW\RIVXSHUIOXLGKHOLXPLVQRWMXVWVPDOOEXW exacWO\ ]HUR´ Comment discerner du cas où elle est trop petite pour être observable par nos appareils de mesure actuels ? M. 6HUUHUR UHPDUTXH TXH PrPH O¶KRUL]RQWDOLWp GH OD SHQWH G¶XQ diagramme P,V pour une transition de phase liquide-YDSHXU Q¶HVW absolue que si la « règle des phases » est vraie. F16. &RPPHQW V¶H[HUFHQW OHV IRUFHV GH JUDYLWDWLRQ HQWUH XQH particule et une anti-particule ? F17. Dans un article important (1986), J. Bell avait remarqué que, si O¶RQ DGPHW TXH WRXV OHV UpIpUHQWLHOV GH /RUHQW] sont équivalents, les expériences EPR impliquent que le temps peut aussi aller à reculons, et proposait de sortir de cette difficulté en rejetant cette équivalence. Inversement, dans mon chapitre 2, MH VXJJqUH TXH OD FRVPRORJLH PRGHUQH Q¶D SDV totalement aEDQGRQQp O¶idée de référentiel absolu Cf. ma question E1. Annexe F. Quantique. Page 28 Révision du 21/10/2016 Notons aussi que /HJJHWW GDQV O¶RXYUDJH FROOHFWLI © Elegance and Enigma », p 175), préfère accepter le temps à rebours (retrospective causation), plutôt que de renoncer à la localité ou à cette forPHGHUpDOLVPHG¶DSUqVODTXHOOHles expériences non faites auraient un résultat. Où en est-on réellement ? Références VXSSOpPHQWDLUHVGHO¶DQQH[H Aspect, A. (2007), To be or not to be local, in Nature- 446p. 866-867. $OLUHHQPrPHWHPSVTX¶XQDXWUHDUWLFOHS875 de Gröblacher et als : An experimental test of non-local realism. %HOO-GDQV³7KHJKRVWLQWKHDWRP´HG'DYLHV5 Article profond ! Bouwmeester et als, Observation of three_Photon GHZ Entanglement, in Phys Rev Letter. 82. P1345-1349. Collins, G. Supersymmetric QC, in Physics Today, 3-95, p. 17-20. Conway, J. et Kochen, S. The Free Will Theorem, in Found of Phys, 36 (2006), p. 1441-1473. Décohérence quantique, séminaire Poincaré. 2005. Elegance and Enigma, (2011), ed Schlosshauer. Springer. Ellis, B. (1966), Basic Concepts of Measurement. Cambridge. Foundations of Measurement, (1971), Krantz, D. Luce, R. Suppes, P. Tversky, A. eds. Ghirardi-Rimini-Weber (1985), in Quantum Probability and Applications. Springer. Hanson, R. Arxiv. 24-8-2015. Annexe F. Quantique. Page 29 Révision du 21/10/2016 Hilverson, H. (2006), Algebraic Quantum Field Theory. arXiv:math-ph/0602036v1. Lundeen. 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