
Restitution du Congrès de l’ESA 2015 3
sain n’est pas visible au-delà de
la plèvre. En revanche, en cas
de lésion, l’augmentation de tis-
su qui résulte de l’inflammation
locale tend à créer des artefacts
visibles à l’échographie. Ces
artefacts sont examinés dans
les 12 cadrans pulmonaires
prédéfinis et sont quantifiés
graduellement en allant de la
« queue de comète » simple à la
consolidation alvéolaire franche
et l’hépatisation du poumon. Le
score de LUS (Lung Ultrasound
Score) résulte de cette étude et
définit la gravité de l’atteinte pul-
monaire.
En parallèle, l’analyse du glisse-
ment pleural permet de détecter
les pneumothorax, et la visua-
lisation de la course diaphrag-
matique permet de prédire une
paralysie associée.
Les indications de l’échogra-
phie pleuro-pulmonaire sont au-
jourd’hui larges. Elle permet de
détecter l’aération pulmonaire
au décours d’un traitement anti-
biotique dans les pneumopa-
thies infectieuses (Bouhemad
et al, CCM, 2010), de monito-
rer l’effet de la Pression Expi-
ratoire Positive (PEP) et d’en
définir la « best PEP » dans les
SDRA (Rouby et al, AJRCCM,
2011), d’éliminer un pneumo-
thorax (Lichtenstein et al, Int
Care Med, 1999), et d’orienter
un diagnostic vers une patholo-
gie infectieuse ou de surcharge.
1. A propos du monitorage
Le réglage des paramètres
de ventilation chez un patient
sédaté repose principalement
sur l’hématose et les diffé-
rentes variables mesurées par
le respirateur. L’objectif de ces
modifications est d’améliorer
les échanges gazeux dans les
zones atteintes, tout en limitant
les lésions associées à un excès
de pression et de volume exercé
par cette ventilation dans les
zones saines. Cependant, la pro-
blématique essentielle réside
dans le fait que la plupart des
lésions pulmonaires concerne
une partie seulement du paren-
chyme tandis que la pression et
les volumes délivrés sont répar-
tis de manière homogène dans
l’ensemble du poumon.
Ainsi, alors que la pratique
usuelle de la ventilation s’inté-
resse à la globalité du paren-
chyme pulmonaire chez les
patients en défaillance respira-
toire aiguë, la place d’un sup-
port d’imagerie permet de mieux
considérer les différentes hété-
rogénéités parenchymateuses,
et d’adapter les paramètres
du ventilateur à l’étendue des
lésions observées. Cette image-
rie est également intéressante
pour le suivi de l’évolutivité de
l’atteinte pulmonaire.
Quelles modalités d’imagerie
sont les plus adaptées en réa-
nimation, dans ce contexte ?
La radiographie standard et la
tomodensitométrie (TDM) sont
les examens les plus fréquem-
ment utilisés, mais elles com-
portent toutes deux des limita-
tions qui réduisent leur utilité.
Alors que la première est peu
sensible chez un patient ventilé
et alité (Xirouchaki et al, Int Care
Med, 2011), la TDM, gold stan-
dard de l’imagerie pulmonaire,
expose à des risques non négli-
geables liés d’une part au trans-
port du malade et d’autre part
aux radiations émises (Beck-
man et al, Int Care Med 2004),
ce qui ne permet pas son utili-
sation répétée en routine. Les
techniques d’imagerie telles
que la tomographie par impé-
dance électrique, bien que très
intéressantes dans les modèles
de SDRA expérimentaux (Wolf
et al, Crit Care Med, 2013), sont
en cours d’évaluation pour la
routine clinique.
L’échographie pleuro-pulmo-
naire s’affranchit de ces li-
mites : facile d’utilisation, non
irradiante, reproductible et avec
une courbe d’apprentissage ra-
pide, sa performance est supé-
rieure à celle de la radiographie
standard ou de l’auscultation
(Lichtenstein et al, Anesthesio-
logy, 2004). Le principe repose
sur les propriétés physiques
des ultrasons. Ceux-ci ne tra-
versant pas un milieu rempli de
gaz, le parenchyme pulmonaire
Partie 1 : La ventilation en anesthesie-reanimation