quement indésirable nous conduit inéluctablement à l`idée que ceux

publicité
Société Française de Génétique
quement indésirable nous conduit
inéluctablement à l'idée que ceux
qui sont socialement indésirables
so n t aussi anormaux, et que les
causes en sont les mêmes. On dit
bien qu'il y a des gènes de l'alcoolis­
m e , de la dépendance e nvers la
drogue, de la pulsion criminelle et
de la pauvreté. Mais, si les causes des
anomalies individuelles et sociales
sont les mêmes, elles relèvent des
mêmes traitements. Et si ils ne mar­
chent pas, qu'est-ce qui va marcher ?
Le danger de la manie qui consiste à
interpréter en termes de biologie
moléculaire des maladies i ndivi­
duelles et des problèmes sociaux est
que la génétique moléculaire ne peut
pas offrir, en tous cas pas beaucoup
mieux que la théorie infectieuse des
maladies, de possibilité d'éradication
de la douleur, de la souffrance et de
la mort. Elle peut, tout au mieux,
nous permettre d'échanger un type
de cancer contre un autre. Le pro­
blème n'est pas que des centaines de
millions soient dépensés pour le pro­
jet << génome humain ''· Ce n 'est pas
le projet lui-même qui est en cause,
mais la symptomatique d'une explica­
tion unique des désordres, des mala­
dies et de la mort. Le vrai problème
est que, comme conséquence d'une
vaste promesse qui ne peut être
tenue, il va en résulter un grand
cynisme à l'encontre de la science, et
finalement, de la raison. Les gens
vont-ils alors en revenir à extirper les
yeux ? •
JEAN TAVLITZKI
Jean Tavlitzki vient de nous quitter à l'âge de 74 ans.
Il commence, en 1 949, sa carrière scientifique de généticien à l'Institut de
Biologie Physico-Chimique, dans le domaine de la génétique de la levure,
sous la direction du Pr. Boris Ephrussi. Ce travail débouche, en 1 958, sur
sa thèse de Doctorat ès Sciences intitulée << Recherche génétique et physio­
logique sur le métabolisme de la Co-carboxylase chez des souches de Sac­
charomyces œrevisiae exigeant la thiamine ».
Il rejoint ensuite le groupe du Pr. Marianne Manago. En 1 960, il quitte son
poste de chercheur au CNRS pour occuper les fonctions de professeur de
génétique à l'Université de Paris ; il y montera un laboratoire de recherche
à ce qui deviendra plus tard l'Institut Jacques-Monod. Il étudie alors la dif­
férenciation cellulaire du champignon du genre Ustilago cynodontis du
chiendent.
C'est à partir de cette époque qu'il se penche sur la didactique de l'ensei­
gnement de la biologie et de la génétique dans notre pays. Aussi, à partir
de 1 982, exerce-t-il une haute responsabilité dans les commissions d'ensei­
gnement au Ministère de l'Enseignement Supérieur et occupe-t-il la fonc­
tion de conseiller scientifique à la Cité des Sciences et de l'Industrie de la
Villette.
L'aboutissement en est : la réforme de l'enseignement de la biologie au ly­
cée, la réalisation d'un merveilleux film didactique « le Code génétique » ,
une bande dessinée <da vie c'est féérique ou La formule magique , éditée
en 1984, et de nombreuses cassettes sur douze clefs pour la Biologie en
1985.
Jean Tavlitzki a initié, il y a déjà un quart de siècle, les << Rencontres de Mé­
ribel ,, où de jeunes et de moins jeunes chercheurs et enseignants discu­
tent, d'une manière pluridisciplinaire, des concepts et idées nouvelles
dans le domaine de la biologie d'aujourd'hui.
Sa passion pour l'art et la manière d'enseigner la biologie et la génétique,
en particulier, a été communiquée à tous ses élèves u niversitaires qui ont
essaimé dans l'enseignement et la recherche. Ainsi, sa mémoire, son mes­
sage continueront-ils à guider de nombreuses générations d'enseignants et
de chercheurs en France.
Animé par sa passion d'enseignant, Jean Tavlitzki était aussi un gentilhom­
me, amoureux de l'art, de la culture, de la musique pour flûte traversière.
Marc Fellous
R.L. Lewontin
Professeur à l 'Université Harvard,
Museum of comparative zoology, Har­
vard University, 26 Oxford Street, Cam­
bridge, MA 02138, États-Unis.
m/s 11 ' 5, vol. I l , mai 95
v
Téléchargement