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critique, un blâme, une injure, à l’encontre d’un compagnon du prophète fait obligatoirement de son
auteur un contrevenant ? Et cela uniquement parce que compagnon du prophète.
Ce qui nous amène à penser que le statut de compagnon du prophète, tel qu’on nous l’a enseigné,
est en quelque sorte un statut équivalent à celui d’un prophète ! En effet, qui peut blâmer, à plus forte
raison, insulter un prophète et dire : « J’ai des bonnes raisons » ? Seul un fou ! Il en est, constatons-le, de
même pour un « compagnon », dès lors que vous osez dire que tel compagnon s’est trompé, a commis
une erreur, une transgression, a mal agi, etc. On se permet de jeter la suspicion sur votre foi et l’on
considère que si vous n’êtes pas Shiite, vous avez des tendances Shiite !
Cela tient, je pense, de l’enfermement sectaire dont nombre de personnes ont été victimes.
La grande différence entre l’islam et les courants issus de l’islam est que dans l’islam, il n’existe
pas d’enfermement théologique, bien au contraire : l’islam enjoint d’observer et d’écouter. Toutefois, si
l’on s’attache à un courant de pensée, les règles premières que l’on nous enseigne sont les suivantes : tout
le monde a tort sauf nous, il ne faut écouter que nous et personne d’autre, seuls nos savants ont raison, il
ne faut lire que les livres écrit par nos auteurs etc., ce qui bien sûr est grotesque. Ce visage n’est pas celui
de l’islam al hamdoulilhah.
Ainsi, pour être en harmonie avec la justice et l’idée que l’on se fera d’un critiqueur, d’un
« blâmer » ou d’un insulteur, nous sommes contraints d’abord d’étudier le statut des compagnons du
prophète. Après quoi, ou il en ressortira que toute attaque, si anodine soit-elle contre un des compagnons,
est formellement interdite, et ce de par la loi de l’islam, ce qui fera donc jurisprudence. Donc nous
n’aurons pas besoin d’aller plus loin et devrons appliquer ce verdict à celles et ceux qui agissent de la
sorte. Ou bien la loi permet la critique, le blâme et l’insulte, ce qui engendrera une brèche dans la
question : de ce fait, il nous appartiendra alors de ne pas reprocher leurs actes aux personnes qui agissent
de la sorte. Ce qui fera, là aussi, jurisprudence.
C’est donc la loi qui doit trancher.
Il est bien évident que la loi, ce n’est pas moi, ni même vous ou toute autre personne. C’est
pourquoi je vous invite à vous pencher sur les textes les plus sûrs, ceux de nos pieux et vénérables
rapporteurs. Après quoi, chacun pourra se faire une idée plus exacte sur la question, à l’abri de tout parti
pris ou sectarisme.
Il n’y aura donc ni bon ou mauvais savant : ce sont les textes, et les textes seuls qui vont nous
orienter.
À travers la question ici soulevée, nous étudierons aussi un autre point de divergence avec les
Shiites, celui du statut de Mourawiya, fils d’Abou Sofiane, lui-même fils de Harb.
Il ne s’agira pas bien sûr d’essayer de pénétrer dans le cœur des gens, en particulier celui de
Mourawiya, pour savoir s’il était un homme bon, pieux, intègre etc., Cela serait à la fois insensé et
impossible, de plus l’islam nous l’interdit. Cependant, nous allons exploiter des textes explicites,
rapporter par des pieux et honorables rapporteurs des sentences prophétiques. Nous laisserons donc,
comme je l’ai déjà dit, ces textes s’exprimer et s’exprimer seuls.
Ainsi, pour mieux comprendre la question des compagnons du prophète et des injures à l’encontre
de certains d’entre eux, nous allons évoquer les points suivants :
1)
Est-ce que la position Sunnite qui consiste à affirmer qu’un compagnon du prophète est
forcément un homme vénérable - ce qui implique qu’on lui doit obligatoirement le respect - est justifiée ?
3)
Est-ce que l’islam nous autorise la critique (constructive), le blâme à l’encontre des
compagnons ?