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PROJET DE CREATION D’UNE MONNAIE IVOIRIENNE
Choix stratégiques, institutionnels et techniques
Groupe de Réflexion pour l’Indépendance
Economique et Financière de la Côte d’Ivoire
(GRIEF-CI)
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Liste des membres du GRIEF-CI par ordre alphabétique
Nom et prénoms Fonctions Mails Contacts
téléphoniques
Bony Kacou Nathanaêl Expert monétaire,
philosophe,
politologue
05 32 87 90
07 47 32 43
DAGBO Godé Pierre Politologue,
Spécialiste des
sciences politiques,
ex-Directeur du
CEPICI
01 35 34 65
Dakoury Djahi Maurice Economiste, expert
en monnaie,
finances et
banques.
05 51 22 51
DEDY Séri Faustin Sociologue [email protected] 07 24 15 97
DEROU Jean Historien [email protected] 08 48 83 63
ECHIMANE Mozou
Vincent Economiste, expert
en monnaie 07 86 97 30
05 99 55 02
ESSO Loesse Jacques Statisticien,
Economiste 07 90 54 57
GBAKA J. Noël Juriste [email protected] 05 87 96 97
GBAKA Kouadio G. Economiste 07 26 50 47
KIGBAFORY Silué Economiste,
Politologue 08 37 42 36
KORE Gboyéré Adèle Doctorant,
Spécialiste en
micro-finance
03 59 96 58
KOUAME Kouassi
Franck Désiré Economiste, expert
en monnaie,
finances et
banques.
44 20 98 76
02 86 78 98
LOHOURIGNON Maurice Economiste, expert
en monnaie,
finances et
banques. Directeur
de l’aménagement
du territoire
(Primature)
07 88 86 26
SEHI Bi Tra Jamal Doctorant,
Spécialiste en
Développement
économique et
social
07 72 18 22
SOBIA Assiata Economiste [email protected] 07 00 72 91
WAUTTABOUNA
Ouattara Professeur agrégé,
Economiste, CAPEC
02 18 47 71
ZAKO Lobe Expert en finances
et banques. [email protected]
09 54 36 71
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Introduction
Le Groupe de Réflexion pour l’Indépendance Economique et Financière de la Côte
d’Ivoire (GRIEFCI), composé d’universitaires et de professionnels spécialistes des questions
économiques, monétaires, financières et bancaires, s’engage, par ce travail, à mener une
réflexion sur la souveraineté monétaire de la Côte d’Ivoire. Par cette contribution, il exhorte
les plus hautes autorités politiques incarnant la souveraineté de notre pays à prendre la
décision de la création d’une monnaie ivoirienne. Les circonstances actuelles militent en
faveur de l’acquisition par la Côte d’Ivoire de sa souveraineté monétaire.
De même qu’un pays souverain se dote d’un droit positif, d’une armée et de divers
symboles d’Etat (un drapeau, un hymne national et autres emblèmes), de même ce pays, sur la
base de sa souveraineté est fondé de battre sa monnaie.
La Côte d’Ivoire indépendante depuis 1960 partage avec sept (7) autres pays de
l’Afrique de l’Ouest, trois (3) institutions :
- Une monnaie, le Franc de la Communauté Financière Africain (FCFA) ;
- Une Banque Centrale, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest
(BCEAO) ;
- Et une Union Monétaire, l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA), devenue
depuis 1994, l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA)1.
Cette coopération faite sur la base de l’auto-limitation de sa souveraineté, génère des
externalités négatives empêchant la Côte d’Ivoire d’utiliser pleinement l’outil monétaire pour
promouvoir son développement économique et social.
Dans la perspective pour la Côte d’Ivoire de prendre en main son destin monétaire, il
apparaît approprié de s’interroger sur le concept de monnaie.
A- Du concept de la monnaie.
On ne peut envisager la création d’une monnaie sans connaître sa nature, sans s’initier à
sa logique conceptuelle, sans en maîtriser ses contours.
La définition de la monnaie à travers ses fonctions ne dévoile pas sa véritable nature.
C’est dans la nature de la monnaie, dans les conceptions que l’on en a, qu’on peut comprendre
les diverses mouvances de l’ordre monétaire. La quête de la « science » de la monnaie est un
impératif. Appréhendée conceptuellement la monnaie, c’est s’avancer sûrement dans la mise
en œuvre de la création d’une nouvelle monnaie. La monnaie dans son essence est valeur. La
monnaie ne joue pas le rôle de mesure de valeur, elle est cette mesure, elle est même valeur
vécue. C’est autour de son essence valeur que viennent se greffer l’ensemble de ses fonctions
et leurs articulations pour une structure économique et sociale donnée. En somme, la monnaie
donne corps à la valeur, elle apparaît essentiellement comme l’incarnation, la matérialisation
de la valeur.
1 Les pays membres de l’UEMOA sont aujourd’hui au nombre de huit (8) : le Sénégal, la Guinée Bisau, la Côte
d’Ivoire, le Togo, le Benin, le Niger, le Mali et le Burkina Faso.
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La monnaie bien collectif, réalité sociale fondée sur la foi (fiduciaire)
La monnaie, du fait qu’elle soit à la disposition d’un grand nombre d’usagers et non
réservée à un seul individu, est un bien collectif. Bien collectif particulier que le marché n
peut pourvoir, d’où l’intervention nécessaire de l’Etat pour le fournir. La monnaie est donc
par essence un bien « socio-politique ». La monnaie dépend d’une sorte de plébiscite
continuel auquel prend part toute la communauté. Le fait monétaire est une représentation
collective et que la monnaie est fiduciaire, c’est-à-dire fondée sur la foi.
En réalité, cette fonction sociale ne fonde pas sa valeur mais la confirme. Car après tout
c’est la société qui accepte la monnaie ou la rejette.
En somme, la monnaie est l’expression de l’unité et de la cohésion nationales
juridiquement, politiquement et militairement protégées.
De la définition de la monnaie.
S’il nous faut donner une définition de la monnaie, nous dirons que la monnaie est une
créance de la société sur le système bancaire. Elle donne droit à celui qui la détient, le droit de
pendre part au produit social. La monnaie objective la créance de la société sur le système
bancaire.
La monnaie, attribut de la souveraineté.
Au-delà de son essence d’être valeur, la monnaie est un pouvoir. C’est un attribut de la
souveraineté. Une souveraineté politique et juridique ne peut être forte et sans une
souveraineté monétaire. Car la monnaie constitue un véritable outil politique économique,
capable d’orienter et d’impulser le développement économique.
B- Le contexte politico-économique
Le Conseil des ministres de l’économie et des finances de l’UEMOA, réuni à Bissau, le
23 décembre 2010, refuse d’accepter en son sein des personnalités non nommées par M.
Alassane Ouattara, "le Président reconnu par la communauté internationale". A son tour, la
Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA du 22 janvier 2011 à Bamako
(Mali), entérine la décision de Bissau et pousse le Gouverneur de la BECEAO, l’ivoirien
Philippe Henry DAKOUY-TABLEY à la démission. Comme conséquence immédiate, la Côte
d’Ivoire se trouverait privée de toutes ses ressources financières gérées par la BCEAO, et par
la même occasion verrait ses avoirs extérieurs en devises du compte d’opération logé au
trésor français bloqué. Comme si cela ne suffisait pas, deux banques commerciales, filiales de
banques françaises de droit ivoirien, la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie
de Côte d’Ivoire (BICICI) et la Société Générale de Banque de Côte d’Ivoire (SGBCI)
ferment les portes le 16 et 17 février 2011, sans préavis sur injonction du gouvernement
français ; du coup, les déposants ivoiriens de ces banques sont privés de leur épargne créant
ainsi d’énormes préjudices.
Devant une telle adversité sans nom, tendant à asphyxier économiquement,
monétairement et financièrement la Côte d’Ivoire, celle-ci se voit dans l’obligation de réagir.
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Elle ne peut accepter que l’outil monétaire et l’organisation monétaire commune,
l’UEMOA dont elle est le membre le plus important, car représentant 40% du PIB de
L’union, soient utilisés pour désorganiser son économie, contrairement aux accords qui les
régissent. Elle est consciente que cette situation n’a pu être possible que par l’abandon de son
outil monétaire aux mains de la France, l’ex-puissance coloniale. Ceci nous renvoie à la
problématique suivante : la Côte d’Ivoire est-elle légitimement fondée de reprendre son
pouvoir régalien de battre monnaie ?
Le présent document de travail se propose alors d’analyser les principaux fondements
du droit à la souveraineté monétaire ivoirienne en allant des choix stratégiques (I) aux
dispositions techniques (III) en passant par les mesures institutionnelles (II).
I- CHOIX STRATEGIQUES
A- De la dénomination de la monnaie ivoirienne.
De l’Antiquité à nos jours, divers objets ont joué le rôle de monnaie parmi les quels le
poids à peser l’or. Il ne s’agit pas du poids effectif de la monnaie, mais du symbole
représentant le lingot d’or ou d’argent.
La plupart des civilisations ivoiriennes (Krou, Mandé, Akan et Gur) ont en commun des
pratiques monétaires traditionnelles basées sur l’or et l’argent.
Le choix du nom de la monnaie ivoirienne peut en outre pouvoir évoquer l’identité
nationale et l’or symbole universel de la richesse. Les propositions ci-après de dénomination
obéissent à l’une ou l’autre des axes d’exploration :
a) le DASIKA, composé de DASI (argent) bien connu chez les Gur, les Mandé et les
Krou d’une part, et de SIKA bien connu des peuples Akan pour désigner l’or, l’argent
et la richesse. L’avantage d’une telle proposition, c’est de valoriser les usages culturels
de notre pays en matière monétaire.
b) l’Ivor, composé du préfixe Iv en relation avec l’identité ivoirienne (Côte d’Ivoire)
et du suffixe Or représentant universel de la richesse qui destine la Côte d’Ivoire à la
prospérité.
c) l’Africor, un nom très évocateur dans une perspective d’intégration africaine.
B- Du régime de change
Les échanges internationaux de biens et services ou de capitaux nécessitent l’échange
de monnaie ou de devises. Le régime de change, ensemble de règles qui organisent les
échanges de monnaies entre elles, constitue un facteur important dans le choix stratégique.
La plupart des pays du monde font l’objet du régime de change flottant ou flexible au
détriment du régime de change fixe devenu inopérant depuis la fin du système de Bretton
Woods en 1971 et officiellement disparu en 1976 à la Conférence de Kingston en Jamaïque.
Le choix de la Côte d’Ivoire pourrait se porter sur le régime de change flottant ou
flexible. L’avantage d’un tel régime c’est de dispenser théoriquement la Banque Centrale de
Côte d’Ivoire d’intervenir sur le marché pour soutenir sa monnaie. L’équilibre extérieur se
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