Pascal Picq Pascal Picq est un paléoanthropologue français, maître de conférences au Collège de France et y est associé au professeur Yves Coppens ( un des découvreurs des restes de l'australopithèque Lucy, dans les années 1970 en Ethiopie). Il est l'auteur de plusieurs ouvrages et articles scientifiques sur de la question de « Qu'est-ce que l'humain ? ». Il cherche surtout à trouver ce qu'est le propre de l'espèce humaine : « Le propre de l'humain n'est-il pas justement de se poser cette question : Qu'est-ce que l'humain ? Est-ce ce sens propre à notre espèce Homo sapiens ? Dans ce cas, les autres hommes, dits préhistoriques, étaient-ils des humains ? » Picq répond à sa propre interrogation en affirmant que : « L'humain est bien une invention des hommes (...). Homo sapiens n'est pas humain de fait. Il a inventé l'humain et il lui reste à devenir humain, ce qui sera fait lorsqu'il regardera le monde qui l'entoure avec humanité. » Pour Pascal Picq, il importe de différencier l'homme de l'humain. Les questions que se pose Picq font référence à de grands débats entre spécialistes du comportement dit animal, sur la question de la continuité ou de la discontinuité entre l'animal, l'homme ou l'humain. Yves Coppens et une réplique du crâne de Lucy chantier de fouilles archéologiques sur le site d'Hadar en Ethiopie : découverte de l'australopithecus afarensis Lucy Biographie Pascal Picq est né le 22 janvier 1954 à Bois-Colombes. À cette époque, ses parents sont maraîchers.Son père se reconvertit dans le transport routier et sa mère va travailler en usine. Élève peu doué pour les matières classiques et surtout passionné par le sport, il effectue ses études secondaires dans le lycée technique d'Argenteuil et obtient son bac E (Mathématiques et techniques). Il s’oriente initialement vers les études de physique à l'université. Au cours de l'année de sa licence, il rencontre les professeurs Bernard Vandermeersch et Yves Coppens qui le font s’orienter vers la paléoanthropologie. Après un DEA de paléontologie des vertébrés et de paléontologie humaine et une thèse sur l'articulation temporo-mandibulaire des hominidés, il obtient son doctorat en 1983. Ses études se poursuivent aux États-Unis à l'université Duke où il devient chercheur associé et enseignant en anatomie. Il rencontre alors sa femme et rentre en France avec elle et leurs deux premiers enfants en 1991 et devient maître de conférence au Collège de France, attaché à la chaire de Paléoanthropologie et Préhistoire du professeur Yves Coppens, position qu'il occupe de nombreuses années avant de devenir responsable de l'unité de paléoanthropologie et d'anatomie fonctionnelle (UPAF). Qu'est-ce que l'homme ? Picq distingue l'homme en tant qu'espèce animale de l'humain en tant que concept philosophique. L'homme appartient à l'ordre des primates, terme qui signifie « les premiers ». On doit cette classification à Carl von Linné - considéré comme le fondateur des sciences naturelles - dans l'édition de 1758 de la Systématique naturelle ou Systema Naturea. Picq conçoit que notre espèce fait partie du genre Homo, dans la famille des hominidés qui se trouve elle-même dans la superfamille des hominoïdes ; eux-mêmes classés dans l'infrastructure des anthropoïdes; au sein des primates ; c'est-à-dire parmi les Archonta, autrement dit « Les chefs ». Selon Picq, c'est à partir de ce moment et en grande partie à cause de l'influence de Thomas Huxley et de Charles Darwin que les chimpanzés et les gorilles se retrouvent classés plus près des hommes que des singes. Il devenait problématique de ne pas créer « une classe à part » pour les hommes. D'un côté les spécialistes insistent sur un caractère jugé à l'époque exclusivement humain : la bipédie. De l'autre on s’axe sur les caractéristiques psychologiques. Toujours selon Picq : « (...)les évolutionnistes s’efforcent de réserver une place à part à l'homme, étant entendu que si son corps à évolué, il reste que ce qui fait l'humain échappe aux lois de l'évolution. » À partir des années 1970, on compare le matériel génétique afin d'établir des relations entre les espèces. Picq affirme en ce sens qu' « Aujourd'hui, la famille des hominidés se compose des grands singes africains : gorilles, chimpanzés, bonobos et hommes. C'est tout simplement que nos origines sont africaines. » Pour Picq il est clair que le terme « Homme » correspond à l'espèce à laquelle nous appartenons. Le propre de l'homme En découvrant que les plus anciens outils n'ont peut-être pas été produits par l'homme mais par un australopithèque, il a fallu admettre que le premier artisan de la préhistoire n'était peut-être pas un homme. Des critères se retrouvent à la fois chez l'homme et chez d'autres espèces animales : * la bipédie *l'usage et la création d'outils *les comportement guerriers *les interdits sexuels *la vie sociale *la chasse et le partage de la nourriture *la sexualité *la politique, la morale et le mensonge *l'agression et la réconciliation *la communication symbolique *la conscience de soi *les rires et pleurs. Ce ne sont donc pas ces critères qui définissent le propre de l'homme puisque nous les partageons avec d'autres animaux. Ce que nous avons longtemps cru qui nous différenciait des autres animaux est en fait lié à la façon avec laquelle nous avons regardé le monde qui nous entoure. Pour répondre à la question du propre de l'homme, Picq défend l'idée selon laquelle les Homo sapiens sont en quête d'humanité : « Les origines de notre espèce Homo sapiens sont certainement africaines et remontent à 200 000 ans. Mais une révolution considérable arrive, portée par certaines populations d'Homo sapiens : la révolution symbolique, avec l'art qui apparaît sous toutes ses formes - musique, gravure, peinture, sculpture, sans oublier les parures et mobilier funéraire. » Définition de l'humain Par conséquent, pour Picq, l'humain est loin d'être une évidence. L'humanité devient alors chez Picq un idéal philosophique qui permet d'affirmer que certains comportements que peut adopter l'homme en tant qu'espèce, puissent être qualifiés d'« inhumains ». L'humain est donc pour Picq, une invention de notre espèce animale. D'après les études actuelles dans son domaine de recherche Picq peut affirmer que l'homme n'a pas toujours été ou voulu être humain. Il dit à ce sujet « Je ne pense pas que les premiers hommes, quelque part en Afrique vers 3 millions d'années, s’interrogeaient sur leur condition humaine en descendant chaque matin de leur arbre et avant de partir quérir quelquescharognes dans les savanes arborées. » 3 Approche concurrente Il existe une approche importante actuellement qui ne va pas du tout dans la même direction que celle de Picq. Il s’agit de la thèse de la coévolution entre gènes et culture (theory of gene-culture coevolution) proposée par Edward Osborne Wilson. En effet selon Picq l'évolution biologique a précédé l'évolution culturelle, tandis que chez Wilson, l'hypothèse centrale est que les comportements sociaux sont dans toutes les espèces modelés par la sélection naturelle, y compris la nôtre. Ce que sous-tend cette position, c'est que l'évolution génétique est ce qui permet la culture. Publications d'ouvrages pour la jeunesse La vie des gorilles et des chimpanzés, illustrations de Véronique Ageorges, Paris, Nathan, « Monde en poche », 1992. (ISBN 2-09-204530-X) Lucy et les premiers hominidés, illustrations de Véronique Ageorges, Paris, Nathan, « Monde en poche », 1993. (ISBN 2-09-204543-1) Lucy et son temps, dir. artistique par Nicole Verrechia, Paris, Fontaine-Mango, « Regard d'aujourd'hui », 1996. (ISBN 2-9106-3595-3) Cro-Magnon & nous, direction artistique par Michel Coudeyre, Paris, Mango jeunesse, « Regard d'aujourd'hui », 2000 (ISBN 2-7404-1087-5) La préhistoire, illustrations de Jean-Denis Pendanx, Paris, Mango jeunesse, « Regard junior », 2001. (ISBN 2-7404-1180-4) Darwin et l'évolution expliqués à nos petits-enfants, Paris, Seuil poche, 2009 (ISBN 2-0209-9061-X) Les origines de l'homme expliquées à nos petits-enfants, Paris, Seuil poche, 2010 (ISBN 2-0209-91605[à vérifier : ISBN invalide])