LA PARTICIPATION DES ASSURÉS AU FINANCEMENT DE LEURS DÉPENSES
DE SANTÉ : UNE CHARGE CROISSANTE, UNE PROTECTION MALADIE À REDÉFINIR
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A - Un désengagement croissant de l’assurance maladie,
parallèlement à la progression des affections
de longue durée
La part des dépenses financées par l’assurance maladie obligatoire de
base s’est stabilisée au prix de transferts de charges de plus de 6,5 Md€ vers
les ménages, qui ont compensé les dépenses supplémentaires liées au nombre
croissant de patients atteints d’une affection de longue durée (ALD).
1 - Une progression continue du coût des affections de longue
durée depuis 15 ans
La part de la population en ALD connaît une progression
particulièrement dynamique depuis la fin des années 1990. Pour le régime
général, elle est ainsi passée de 11,2 % des assurés en 1999 à 16,4 %
fin 2014 (9,8 millions de personnes).
Les patients en ALD présentent des dépenses remboursables plus de
6 fois supérieures en moyenne à celles des autres assurés. Ils bénéficient de
taux de remboursement moyens très supérieurs à ceux des autres assurés,
en raison non seulement de l’exonération du ticket modérateur dont ils
bénéficient pour les dépenses en rapport avec leur affection, mais aussi du
fait d’un recours plus fréquent à des soins ou à des produits mieux pris en
charge (hospitalisation et médicaments coûteux remboursés à 100 %).
Les affections de longue durée (ALD)
Le dispositif des ALD, créé en 1945, visait à permettre aux
personnes victimes de maladies longues et coûteuses d’accéder plus
facilement aux soins grâce à une exonération des tickets modérateurs.
Depuis 1987, cette dernière est réservée aux seuls soins en rapport avec
l’affection concernée.
L’admission en ALD se fait sur critères médicaux et après accord
d’un médecin conseil de l’assurance maladie. Les pathologies éligibles
figurent sur une liste établie par décret. 29 pathologies y sont aujourd’hui
mentionnées136. L’admission peut aussi être décidée au titre d’affections
« hors liste » : forme grave d'une maladie ou forme évolutive ou
invalidante d'une maladie grave, comportant un traitement prolongé d'une
durée supérieure à six mois et une thérapeutique particulièrement coûteuse
(« ALD 31 ») ; poly-pathologies entraînant un état pathologique invalidant
nécessitant des soins continus pendant au moins six mois (« ALD 32 »).
136 Les ALD les plus représentées dans la population sont le cancer, les diabètes,
l’hypertension artérielle sévère et les affections psychiatriques. Voir le chapitre V du
présent rapport : la prise en charge des affections de longue durée : une dynamique
non maîtrisée, une gestion médicalisée de la dépense à mettre en œuvre.
Sécurité sociale 2016 – septembre 2016
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