Crises et cycles - prepa eco carnot

C r i s e s e t c y c l e s
perspective historique XIX – XXe siècle
une relation forte avec le chapitre précédent et consécutif
Constat : existence d'un trend de croissance depuis la révolution industrielle
Mais irrégularités plus ou moins marquées (crise de 1929 et des fluctuations
significatives tout au long du trend de croissance)
Phénomènes structurels irréversibles (ou difficilement réversibles) doivent
être distingués des situations conjoncturelles:
◦garder à l'esprit que la croissance à long terme représente le phénomène
structurel et les crises apparaissent conjoncturelles
◦mais cette position sera à nuancer, car les crises comprennent des
dimensions structurelles et la probabilité de la croissance peut être
conjoncturelle
Trend : concerne l'évolution d'une valeur économique à très long terme (tendance
pluriséculaire)
Croissance : « augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues,
chacune de ces périodes comprenant plusieurs cycles , d'un indicateur de dimension,
pour une nation : le produit global net en termes réels » (F. Perroux)
◦un phénomène relativement stable (la croissance des Trente glorieuses pendant
trois décennies)
◦« le climat »
Conjoncture : « la conjoncture économique à un moment donné renvoie à
l'orientation et au degré de variation de l'ensemble des éléments de la vie
économique par rapport à un moment antérieur » (N. Kondratiev)
◦une logique de possibilité de changements de dynamique
◦« la météorologie »
◦« le tableau de bord » – Pierre Mauroy (premier ministre 1993)
Une représentation synthétique en matière de conjoncture, popularisé par Kaldor
dans le carré magique
◦un graphique à coordonnées polaires
◦ ←inflation, croissance, chômage, balance commerciale↑ → ↓
◦une situation satisfaisante ou pas – plus la superficie est grande et plus la forme
est parfaite, meilleure est la situation
◦plus la valeur est avantageuse, plus on s'éloigne de l'origine (une question de
performance)
Fluctuations : ensemble des mouvements de hausse et de baisse de l'activité
économique mesurés par la variation de quelques indicateurs, sans précision sur
le rythme et l'intensité des différents mouvements
◦une accélération ou dégradation par rapport au trend
◦un indicateur: la croissance et d'autres indicateurs à intégrer

Cycle : mouvement de l'économie alterné, récurrent, d'amplitude et de périodicité
relativement constantes
« Les cycles économiques sont un genre particulier de fluctuations que l’on peut observer
dans l’activité économique agrégée des nations dont l’organisation du travail repose
principalement sur l’entreprise privée.
Le cycle économique peut être défini comme un mouvement généralisé d’expansion
observable au même moment dans un très grand nombre d’activités, suivi d’un
mouvement généralisé similaire de récessions, de contractions et de reprises qui se
fusionnent pour entraîner l’économie dans une nouvelle phase d’expansion ; cette
séquence de changements et de mouvements est récurrente mais non périodique ; en
durée, les cycles varient de plus d’une année à dix ou douze années ; ils ne sont pas
divisibles en cycles plus courts ; ils possèdent leurs caractéristiques en propre »
A. Burns et W. Mitchell (le lendemain immédiat de la Seconde Guerre mondiale)
les dimensions cycliques peuvent se présenter dans un secteur
le cycle concerne toute l'économie et ne se limite pas à un secteur donné
croissance X expansion: la courte durée et essentiellement quantitative
des types de cycles différents nécessitent des approches analytiques
spécifiques
les cycles de Kitchin: géographiquement et historiquement datés (USA début du
XXe siècle) et dont la généralisation est problématique
Double question
◦Question de la crise : perturbation brutale du fonctionnement de l'économie
▪origine de la crise ? (les mécanismes explicatifs de la situation donnée)
▪nature de la crise ? (la manière dont la crise s'articule avec l'ensemble de
l'économie
un accident ou une inflexion pour une modification de la situation ou un
tournant majeur
un danger et une opportunité – cf. l'écriture chinoise)

crisis: le moment le plus aigu de la maladie, à partir du quel on va vers la
guérison ou vers la mort; un moment de basculement après un pic
la crise en analyse économique: élargissement à une dimension moins
conjoncturelle qui décrit moins le pic et s'intéresse plus à la dimension structurelle
(une crise des économie occidentales depuis 1973?)
La question du cycle
◦identification des cycles ?
◦explications du cycle, sa théorisation ?
La nécessité de passer du singulier au pluriel en permanence
La crise comme accident :
◦Fonctionnement de l'économie est marqué par l'équilibre, crise est liée à un choc
exogène
La crise comme dérèglement :
◦La dynamique de l'économie génère des perturbations qui conduisent à la crise
◦La crise peut alors apparaître à la fois comme une conséquence et un moyen
de résoudre ces perturbations
▪une crise presque inéluctable par la dynamique du fonctionnement de
l'économie:
les causes (le dérèglement progressif de l'économie)
la sortie de la crise (une solution aux perturbations, c'est par la crise
qu'un certain nombre de déséquilibres peuvent être résolues) (cf. doc. 1)
Croissance et crise dans la longue période :
◦Identification de dynamique de long terme articulant les questions de la
croissance et de la crise (les cycles de type Kondratiev)
◦croisement de la conjoncture et des crises – un point de vue temporel mais aussi
qualitatif (mutations structurelles)
La crise comme mutation :
◦Crise est le moment où les déséquilibres du fonctionnement économique ne
peuvent être résolus que par des mutations structurelles
◦Une transformation majeure du système économique après certain type de
crises
▪le système économique ne peut plus fonctionner comme avant
▪les « grandes crises »

1. LA CRISE COMME ACCIDENT
1.1. La crise résulte d’un choc exogène
1.1.1. Le modèle de base
Fonctionnement "naturel" de l'économie est marqué par la stabilité et l'équilibre
◦articulation avec l'analyse micro-économique – l'efficacité et la stabilité du
marché parfait
Crise apparaît comme le résultat d'une perturbation exogène ( le choc)
◦en quoi consistent ces chocs? (phénomène naturel, technologique, politique)
◦la manière dont le choc se répercute dans l'économie?
◦la sortie de crise: naturelle (absorption du choc) ou une intervention?
Analyse essentiellement d'origine libérale
1.1.2. Les crises agraires du 19ème siècle
Agriculture: secteur essentiel dans l'ancien régime économique
Crises frumentaires (froment = le blé et d'autres céréales) sont liées à des
difficultés dans le domaine agricole
◦rôle central des difficultés climatiques dans le déclenchement de la crise
Crise est une crise de sous-production (une offre insuffisante par rapport à la
demande) qui se caractérise par une forte hausse des prix
◦Hausse des prix agricoles entraîne une baisse du pouvoir d'achat
urbain et une transmission des difficultés au commerce et à
l'artisanat
Schéma:
Mauvaises récoltes (climat, guerres, …)
Insuffisance de l'offre agricole, donc hausse des prix des produits alimentaires
Disette et/ou famine
Pic de surmortalité
Hausse des prix agricoles et baisse de la demande rurale entraîne une crise de
surproduction dans l'artisanat et l'industrie
La crise de sous-production agricole génère une sur-production
artisanale et industrielle.
Des enjeux sociaux de la crise plurielle (mortalité).
Exemple de la crise pré-révolutionnaire en France (Ernest Labrousse –
historien, école des Annales)
◦Difficultés climatiques entre l'été 1788 et l'été 1789 entraînent une forte baisse
de la production de céréales et une montée des prix qui attise les tensions
sociales
▪les perturbations climatiques qui génèrent des difficultés dans le domaine

agricole sont un des facteurs qui permettent d'expliquer un certain nombre de
tensions
Identification de crises de ce type jusqu'au milieu du 19ème siècle (1829 – 1831 en
France, 1845 en Irlande)
Crise agraire serait caractéristique d'économies pré-industrielles et renvoie à une
agriculture faiblement productive qui ne permet pas d'affronter le climat
avec efficacité (trappe malthusienne)
Fin 2007- début 2008: flambée du cours des matières premières
notamment agricoles (causes: sécheresse en Australie, un des
exportateurs céréaliers mondiaux), des conséquences dans un certain
nombre de pays développés) (+ l'article de National Geographic)
Hiver 2000 – 2001: coupures du courant en Californie (Les Rocheuses et les
barrages – enchaînement de hiver peu neigeux et d'été sec – marge de
production hydraulique faible)
Discussions autour du caractère purement exogène de cette crise (Rosier – Dockès
in Rythmes économiques (1983)
◦relativiser le lien entre le climat et la production agricole – derrière la régularité
des cycles, rien ne permet de justifier dans la climatologie les
variations régulières
◦Période de croissance de la production agricole se manifeste par une baisse des
prix qui contribue à décourager la production
▪baisse des prix par la dynamique de la demande relativement inflexible face
au prix et à la production
▪la loi de King (Anglais de XVIIe siècle, constat de la chute des prix agricoles
lors de la production soutenue – le très faible excédent de l'offre sur la
demande se traduit par une chute marquée des prix →la crise du lait)
◦Retournement des prix peut être accentué par des comportements
spéculatifs
▪"accapareurs" - les lois de la Révolution contre les accapareurs
▪le caractère limité des logiques marchandes (le cloisonnement des
marchés ne permettra pas une corrélation marchande)
◦Pénurie et hausse des prix stimulent la production
◦Crise agraire ne serait pas seulement une fatalité mais renvoie à des
comportements économiques rationnels des acteurs et à un certain
état des marchés
▪ampleur limité et manque de concurrence
▪une crise agraire dans des périodes favorables est possible