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ContexteGénéral de l’Islam au Mali:
L’Islam est la plus grande religion pratiquée au Mali. Officiellement, on estime que plus de 90%
de la population est adepte de la religion de Mouhammad (saw).
Si l’on se réfère aux écrits d’Ahmad Baba de Tombouctou, grand érudit musulman qui, à cause
justement de ses vastes connaissances dans la théologie musulmane, a été enlevé par le
Sultan marocain El Mansour qui ne le libérera que 14 années plus tard, l’Islam a fait son entrée
très tôt dans le pays qui est l’actuel Mali. Ahmad Baba note même quand l’An 61 de l’Hégire, il
y existait 12 mosquées. Or, l’on sait que l’An 61 de l’Hégire est l’année du martyre de l’Imam Al
Houssaïn (a.s), petit-fils du Prophète Mouhammad (saw) et deuxième fils de l’Imam Ali Ibn Abi
Tôlib (a.s) et de la Noble Dame Fâtimata-Zahra (a.s). Bref, la religion musulmane est très
présente au Mali depuis les premiers temps de sa révélation et elle rythme quasiment la vie
quotidienne des gens (baptêmes, mariages, fêtes de fin de Ramadan et de Tabaski, etc.).
Traits Généraux :
L’Islam au Mali est donc une religion très vivante. Si hier elle était essentiellement animée par
des marabouts et leurs confréries, aujourd’hui ce sont des ‘’oulamas’’, la plupart de haut
niveau, même s’ils sont formés dans diverses écoles, qui lui assurent la vivacité. Ce qui fait qu’il
y a plusieurs écoles de pensée et de sectes qui se partagent l’échiquier de l’Islam. Cependant,
il faut noter que durant plusieurs siècles, c’est le rite malikite qui dominait dans les pratiques
religieuses. Cela se vérifie du Nord au Sud et d’Est en Ouest. Mais les trois derniers siècles ont
vu la prolifération de l’Islam des ‘’
Tariqas’’
qui sont essentiellement des voies du soufisme. Les principales voies soufies ou ‘’
Tariqas’’
en vogue dans le pays sont la ‘’
Tidjaniya’’
et la ‘’
Khadriya’’.
La première se réfère aux enseignements de Cheikh Ahmad Tidjani (un Algérien qui émigra au
Maroc où il a son mausolée dans la ville de Fès); la deuxième est
basée sur les enseignements de Cheikh Abdoul Khadr Jilani (un Iranien mort dans les environs
de Bagdad en Irak où il a son tombeau). Ces deux tendances de l’Islam sont très dynamiques
au Mali et dans les pays qui lui sont voisins, notamment au Sénégal, en Mauritanie, au Burkina
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Faso, au Niger, en Guinée-Conakry, etc.
Mais aujourd’hui- et cela depuis plus de 30 ans- le ‘’Wahhabisme’’ dont les enseignements
viennent de Mohammed Abdoul Wahhab, citoyen saoudien qui a été contemporain de Abdoul
Aziz Ibn A Saoud, le fondateur de l’actuel royaume d’Arabie Saoudite, y est très présent. En
effet, depuis au moins 40 ans, le ‘’
Wahhabisme’’
s’implante de plus en plus au Mali à un rythme soutenu. Son implantation rapide et vertigineuse
est favorisée par l’action conjuguée des Saoudiens et des autres monarchies du Golfe, tous
soucieux de son triomphe dans le monde et singulièrement en Afrique. Dans cette perspective,
il se trouve que le Mali est le pays le plus central de l’Afrique de l’Ouest et sert donc
opportunément de base-arrière au prosélytisme wahhabite. Le pays reçoit ainsi régulièrement
des missions de ‘’Dawa’’ (prédication islamique) venant de l’Arabie Saoudite, du Pakistan, etc.
Sur place, il y a des militants wahhabites qui consacrent beaucoup d’efforts et de temps à la
propagation de cette voie. En un mot, cette tendance est très particulière dans le pays.
Particularités du ‘’Wahhabisme au Mali
Plusieurs traits différencient le ‘’wahhabisme’’ des autres tendances islamiques au Mali. Les
Wahhabites reconnaissent comme authentiques seulement six livres qui sont: Boukhari,
Muslim, Ibn Madja, Abou Daouda, Nessayi, Tirmizzi. Toutefois, ils puisent pêle-mêle dans
d’autres ouvrages qui abondent dans le sens des livres cités. Ainsi, ils font allégeance absolue,
voire aveugle, aux thèses de gens comme Ibn Tayyimiya, Albani, Ibn Baaz,
Tantawi, etc.
Il faut noter que les Wahhabites sont au Mali les seuls adeptes de l’Islam à s’opposer à la
mention des Ahloul Baït (a.s) qui sont les Imams (a.s) de la descendance purifiée de
Mouhammad (saw). Pour eux, ceux qui suivent les Ahloul Baït (a.s) sont des gens égarés. Ils
font tout pour faire plutôt la promotion des ‘’Sahabas’’ (les compagnons du Prophète béni).
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Au Mali, ils ont, à ce jour, le plus grand nombre de mosquées et de médersas et ils continuent
d’en construire partout. Il n’y a pratiquement pas une seule localité malienne où ils sont
absents.
Pour les Wahhabites, tous les autres musulmans sont des égarés qu’il faut soit réformer, ou
éliminer s’il le faut. C’est pourquoi, dans leurs prêches, ils attaquent agressivement tout le
monde. Or, on sait qu’ils sont très organisés, notamment sur le plan financier. Ils élaborent
toujours des stratégies et mènent conséquemment des offensives en direction, singulièrement,
des jeunes, élèves et étudiants en particulier.
Historique du chiisme au Mali
Des chercheurs ont pu attester ces derniers temps que les anciens manuscrits islamiques bien
connus de Tombouctou font mention de la connaissance du chiisme dans le vieux Soudan
français (actuel Mali). Un travail important attend donc d’être mené à ce niveau.
Toutefois, l’intérêt actuel des Maliens pour le chiisme date du triomphe de la Révolution
islamique en Iran en 1979. Les érudits ont pu, à travers d’anciens textes qu’ils possédaient,
établir le bien fondé de l’existence historique des 12 Imams de la Sainte Famille de
Mouhammad (saw). Puis, des esprits éclairés continuent d’apporter des preuves qui attestent
qu’à l’origine les ancêtres des Maliens pratiquaient plutôt le chiisme avant qu’ils ne soient
submergés par les flots du soufisme et autres écoles.
D’après tous les recoupements, l’arrivée du chiisme actif, tel qu’on le connaît aujourd’hui au
Mali, date de la rencontre, en 1986-1987, entre Cheick Moussa Gaoussa Traoré, alors jeune
théologien formé à la médersa ‘’El Hilal’’ de Missira (Bamako), et un diplomate iranien du nom
de Hassan Hambraze, qui était le chargé d’affaires de son pays à Bamako. Celui-ci est le fils
d’un grand érudit iranien et était lui-même versé dans les sciences islamiques. Les deux
hommes auront des entretiens et des débats fréquents sur divers sujets islamiques, qui se
prolongeaient le plus souvent tard dans la nuit. Un groupe finit par s’élargir et comprendra
notamment, outre Moussa Gaoussou Traoré, Mohammed Diabaté, Youssouf Diallo, Abdoul
Salam Maïga, Idriss Traoré, Adam Sangaré, Ahmad Traoré, Idriss Tangara, Mohamed
Abdramane Traoré, Daoud Diakité, Doucouré. Puis, des régions viendront Moulaye Diarra,
Cheick Sidi Amar Cheick Diarra, Thierno Baro, Ibrahim Samaké, etc.
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Arrivera alors au Mali, en 1987- 1988, Seyyed Ayatollah Mouhammad Taghî Tabrizi Tabatabaï
qui choisira les dix premiers étudiants maliens à aller étudier au Ghana. Par les bons soins
donc du chargé d’Affaires iranien, Son Excellence Hassan Hambraze, ce premier groupe
d’étudiants maliens se rendront en 1988 au Ghana où existait un Centre d’études islamiques
dans la voie des Ahloul Baït (as), c’est-à-dire la première Ecole chiite en Afrique de l’Ouest. Un
deuxième groupe suivra en 1989. Après deux à trois années de formation, un premier
contingent de ceux qui ont été au Ghana est envoyé en 1991 dans les ‘’Haouzas’’ en Iran,
notamment dans la sainte ville de Qom. Il sera suivi par un deuxième en 1993.
Cependant, il faut retenir qu’avant que les jeunes Maliens aillent étudier au Ghana, plusieurs
missionnaires iraniens sont venus prêcher le chiisme au Mali. Ainsi, Houdjatoul Mouhammad Al
Falazadeh de Qom y a effectué des séjours en 1985 et en 1986. Puis, en 1986 et 1987, un
groupe iranien de lecteurs du saint Coran a pu révéler plusieurs aspects méconnus du chiisme
grâce à Monsieur Ali Koloko Diallo (ancien Ambassadeur malien au Maroc, décédé en 1988).
C’est aussi par son intermédiaire que l’Ayatollah Khomeini a pu adresser une lettre à Cheick
Sidi Modibo Kane Diallo, leader religieux de la localité de Dilly, lettre qui a été remise à celui-ci
par Son Excellence Hassan Hambraze. Cela a eu pour conséquence la conversion au chiisme
de Cheick Abba Ali Diallo qui faisait auprès de Cheick Sidi Modibo Kane Diallo figure de ‘’cadi’’.
Depuis, Cheick Abba Ali Diallo, avec un courage extraordinaire, continue à appeler dans tout le
cercle de Nara les fidèles à faire plutôt allégeance aux Ahloul Baït (as). En 1992- 1993, Cheick
Thani lance les prémisses d’une école chiite au Mali. Le terrain est ainsi préparé.
En 1996, les premiers reviennent de l’Iran. Un Centre culturel islamique d’Iran ouvre ses portes
à Bamako à la faveur de la rentrée scolaire 1996- 1997 avec Mohammed Hakim Ilahi comme
Directeur. Les jeunes Maliens en deviennent les premiers professeurs. Telle est la brève
historique du chiisme au Mali.
Développement
Depuis, l’Ecole Ahloul Baït (as) continue de s’implanter au Mali. Elle connaît un développement
régulier. A la base de sa progression, se trouvent des hommes et des femmes qui y sacrifient
beaucoup de temps et d’énergie.
L’on citera, pêle-mêle, Mohammed Diabaté (qui sera plus tard connu sous le nom de Abou
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Dja’afar) est le premier à produire des cassettes de ‘’tafsir’’ du saint Coran selon l’Ecole des
Ahloul Baït (as). Il multipliera les prêches et les débats et s’impose comme un leader religieux
de premier ordre. Moussa Gaoussou Traoré, celui par qui tout est arrivé, fera preuve d’un grand
activisme. Grand débateur, il prêche partout où besoin est. Il initiera même un journal qu’il
distribuera dans les mosquées, écoles coraniques et autres médersas). Quand Cheick Idriss
Traoré rentre de l’Iran après neuf années d’études à la ‘’Haouza’’ de Qom, il multipliera les
prêches sur les places publiques, dans les mosquées et sur les antennes des radios dites
libres. Avec son très haut niveau intellectuel et sa maîtrise autant de l’Arabe que du Bambara
(langue nationale), il devient vite un prédicateur très écouté et très sollicité.
A partir de l’année 2003, des initiatives collectives sont prises pour créer un cadre de
concertation pour les chiites du Mali. Ces initiatives aboutiront à la création de l’Association
Ahlul Bayt Mali dont Cheick Idriss Traoré devient le Président à l’unanimité. Cette Association
s’implante dans le pays légalement. Elle a aujourd’hui un siège national, avec des
démembrements dans les circonscriptions administratives du pays. Elle fait plusieurs œuvres
tendant à véhiculer partout le message du chiisme.
Une Association pour les femmes est également née sous le nom de ‘’Association Fatimatou-
Zahara’’. Sa présidente est Hawaw Touré. Elle est animée par des femmes qui ont un très bon
niveau théologique. On citera notamment, outre Hawaw Touré, Mariam Coulibaly, Adjaratou
Bagayako, etc. Ces femmes commémorent les évènements relatifs à la vie des Infaillibles de la
Sainte Famille prophétique.
Toujours dans le cadre du développement du chiisme au Mali, un journaliste du nom de
Amadou Diallo crée un périodique chiite en Français qu’il appellera ‘’La Sakina’’ et dont il
assume la direction. Ce journal contient 8 pages en format A3; sa première et sa dernière
pages sont en couleur. A ce jour, 18 numéros sont parus. Le même Amadou Diallo créera en
septembre 2011 une AGENCE DE COMMUNICATION ET DE SERVICES DE L’ISLAM
dénommée ‘’Djannatou Ahlil Baït (as)- Espace Imam Houssaïn (as)’’. Cette AGENCE, qui est
implantée dans le quartier de Sébénikoro (Bamako) qui est un fief wahhabite, a vocation à
répandre le chiisme dans tout le Mali par les moyens modernes de la communication et par la
célébration de tous les évènements qui concernent la vie des Ahloul Baït (as).
Au niveau de l’Université de Bamako est née l’Association des étudiants chiites du Mali. Cette
Association a choisi comme Président d’honneur Monsieur Amadou Diallo de ‘’Djannatou Ahlil
Baït…’’. Elle tient des réunions mensuelles le premier dimanche de chaque mois. Ses membres
participent grandement aux activités de l’AGENCE ‘’Djannatou Ahlil Baït (as)…’’.
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