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années 1960 et la préférence pour le mariage endogame. En Chine, dans une campagne du
sud-est (Jiangxi), si les parents restent les principaux organisateurs des mariages de leurs
enfants à travers les fonds qui y sont engagés, on peut cependant noter un développement de
« mariages libres » caractérisés par l’établissement d’une relation amoureuse entre deux
jeunes de façon indépendante. Aux Philippines, le processus de cour très élaboré de la société
des Mangyan Patag est peu à peu remplacé par de nouvelles formes de relations entre les
jeunes, qui sont à la fois plus directes (rencontres au cinéma) et simplifiées (par exemple
l’emploi des SMS remplace celui des poèmes déclamés autrefois pendant la cour …).
3. Questions, perspectives et conclusions
La description et l’historique des faits de mariages ont permis d’établir la diversité des
pratiques et l’impossibilité de la mise au jour d’un système de mariage commun entre les
sociétés étudiées. Cela n’empêche pas de se demander dans quelle mesure on peut mettre au
jour une cohérence d’un développement « moderne » des relations sociales engagées dans les
rapports d’amour, de cour et de mariage. En effet, les jeunes semblent plus autonomes en
matière de choix des conjoints et les parents sont moins présents, notamment au Japon. Même
en Chine où existait autrefois seulement le mariage arrangé, les jeunes ont gagné la liberté de
refuser des conjoints qui ne leur plaisent pas et d’établir eux mêmes des relations libres avec
des conjoints potentiels. Chez les Mangyan Patag aux Philippines, les parents s’éloignent
aussi, leur contrôle est moins fort, et les relations entre jeunes sont plus rapides, ont lieu plus
tôt qu’autrefois et amènent plus fréquemment à des grossesses. Ces relations sociales
nouvelles, plus libres, sont-elles le signe d’une transformation moderne de ces sociétés ? Ces
nouvelles formes de relations sont-elles porteuses d’un individualisme où la valeur va
dorénavant à l’affaiblissement des contrôles sociaux traditionnels et à l’établissement de
relations plus éloignées (Japon), plus ouvertes (Chine), plus précoces et directes
(Philippines) ? Parallèlement, comment les sociétés éduquent-elles à une relation amoureuse
et conjugale plus centrée sur des histoires individuelles singulières ?
Depuis le congrès, les intervenants continuent leur travail de prospection de ces
questions et se réunissent régulièrement pour avancer leur réflexion collective. Les
intervenants de cet atelier ont en outre étendu leur collaboration scientifique aux membres
d’un autre atelier du 4ème congrès intitulé « Quelques expressions et représentations de
l’amour en Asie et dans le Pacifique ». Il a aussi permis une rencontre avec deux doctorants
sinologues qui travaillent sur des thèmes proches. Le congrès a ainsi été l’occasion de réunir