D
epuis la création, en
1988, des Comités de
lutte contre les infec-
tions nosocomiales (CLIN), de
nombreuses mesures ont été
prises pour organiser la surveil-
lance et la prévention de ces infec-
tions inacceptables. Cela dit, on
constate que en France, 7 % à
10 % des patients hospitalisés
sont victimes d’une infection
nosocomiale. Les infections uri-
naires sont les plus fréquentes,
suivies par celles du site opéra-
toire, les pneumopathies et les
bactériémies/septicémies. Les
pneumopathies et les septicémies
sont associées au décès dans
30 % des cas, le plus souvent
dans un contexte de réanimation
et de traitements invasifs (cathé-
ters centraux, ventilation assistée
avec intubation). Rappelons égale-
ment l’importance des infections
virales nosocomiales, qui sont
transmises par contact (les mains)
ou par les gouttelettes provenant
des sécrétions
oropharyngées
(grippe, virus para-influenzae,
adénovirus, rhinovirus, rotavirus,
virus du groupe Herpes, cytomé-
galovirus).
Prévention
La réduction du risque infectieux
passe par des mesures d’hygiène
renforcées (lavage des mains,
emploi correct des matériels), qui
sous-entendent une bonne for-
mation des professionnels de
santé et l’évolution des compor-
tements. Elle exige également
des modifications organisation-
nelles pouvant garantir la rigueur
et l’impact des recommandations
sur les pratiques, ainsi qu’une
antibiothérapie préventive chez
les patients à haut risque d’infec-
tion nosocomiale. Plusieurs circu-
laires de 2000 et 2001 prévoient
l’information des patients au sujet
du risque nosocomial. Cette année,
une idée a fait son chemin : celle
de rendre publiques les
perfor-
mances de chaque hôpital dans
la prévention de ces infections.
Un tableau de bord
Un programme national pour la
période 2005-2008 a été récem-
ment lancé par le ministère de la
Santé, avec la mise en place d’un
tableau de bord de cinq indica-
teurs de qualité de soins dans
chaque établissement. Ce tableau
de bord est actuellement expéri-
menté dans 36 établissements.
Par ailleurs, un comité d’experts
vient d’être créé, le “Comité tech-
nique des infections nosoco-
miales et des infections liées aux
soins”.
Les experts mandatés par l’Institut
de veille sanitaire (IVS) ont pro-
posé plusieurs indicateurs qui
devraient figurer dans ce tableau
de bord, tels que :
– les moyens engagés par l’éta-
blissement de soins, traduits sous
forme de score (issu du rapport
d’activité annuel des CLIN) ;
– la consommation de solution
hydro-alcoolique et d’antibioti-
ques pour 1 000 jours d’hospita-
lisation ;
– le taux de certaines infections
postopératoires cibles par secteur
d’activité chirurgicale ;
– le taux de Staphylococcus
aureus résistant à la méticil-
line pour 1 000 jours d’hospitali-
sation (ce taux est considéré
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004
comme un bon reflet de la pré-
vention des infections manupor-
tées et de la pression de sélection
d’antibiotiques). La lutte contre le
développement de la résistance
bactérienne est l’une des priorités
en France comme dans d’autres
pays.
Définition
Il est à rappeler ce que sont les
infections nosocomiales. Une in-
fection est considérée comme
telle lorsqu’elle était absente au
moment de l’admission du pa-
tient. Lorsque l’état infectieux du
patient à l’admission est inconnu,
l’infection est classiquement consi
-
dérée comme nosocomiale si elle
apparaît après un délai de 48 heu-
res d’hospitalisation. Ce délai est
cependant assez artificiel et ne
doit pas être appliqué sans réfle-
xion. En effet, ces infections peu-
vent être directement liées aux
soins (infection sur cathéter...) ou
simplement survenir lors de l’hos-
pitalisation, indépendamment de
tout acte médical (épidémie de
grippe...).
On distingue plusieurs types d’in-
fections nosocomiales, qui relè-
vent de modes de transmission
différents : les infections d’origine
“endogène”, les infections d’ori-
gine “exogène”, les infections pro-
voquées par les micro-organis-
mes portés par le personnel, les
infections liées à la contamination
de l’environnement hospitalier
(eau, air, matériel, alimentation...).
Cependant, quel que soit son
mode de transmission, la surve-
nue d’une infection nosocomiale
est favorisée par la situation
médicale du patient, qui dépend
Infos ...
Techniques
de désinfection
des mains
La désinfection
hygiénique des mains
est obtenue par :
– le lavage
antiseptique des mains
qui s’effectue avec un
savon antiseptique.
Sa durée est d’au
moins 60 secondes,
et il doit être suivi d’un
séchage soigneux avec
un essuie-mains non
stérile à usage
unique ;
– l’antisepsie des
mains qui s’effectue
sur des mains non
souillées sur lesquelles
une solution
antiseptique hydro-
alcoolique est
appliquée.
L’application est
réalisée par frictions.
DOSSIER
26
>> DOSSIER
Chaque année, en France, il survient entre 600 000 et 1,1 million d’infections nosoco-
miales, qui concernent environ 800 000 patients hospitalisés, avec plus de 4 000 décès.
Parmi ces infections, 30 % seraient évitables. Les experts insistent sur la mise en place
de tableaux de bord qui permettent de comparer les hôpitaux selon la qualité de soins
et les moyens engagés en la matière.
Infections nosocomiales
Le risque zéro n’existe pas, mais...