2Pathologie des glandes salivaires
DOSSIER
LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 25 l N° 860 l DU 18 AU 22 AVRIL 2011
longueur, structure musculaire péricanalaire fai-
sant office de sphincter sur la papille).
Les sténoses canalaires peuvent être congéni-
tales ou acquises dans le cadre d’inflammations
répétées mais l’étiopathogénie est, là encore, non
élucidée.
À la phase initiale, les accidents mécaniques pré-
dominent, sous forme d’une tuméfaction unilaté-
rale d’une glande salivaire, douloureuse ou non,
survenant le plus souvent pendant ou juste au
décours du repas, et régressant spontanément en
quelques minutes ou quelques heures avec
l’émission d’un flot de salive. Dans la grande
majorité des cas, l’impossibilité des calculs à
s’évacuer spontanément par le canal excréteur
principal conduit à des épisodes rétentionnels à
répétition, voire à des accidents inflammatoires et/
ou infectieux de gravité et d’extension variables
(whartonite, périwhartonite, submandibulite,
péri-submandibulite pour la glande submandibu-
laire d’une part ; sténonite, cellulite génienne,
parotidite pour la glande parotide d’autre part) ;
parfois, l’infection peut s’étendre et menacer le
pronostic vital lors d’épisodes septiques majeurs
(abcès cervicaux, cellulite cervicale sans ou avec
extension médiastinale).
La répétition des accidents inflammatoires peut
conduire à un tableau de submandibulite ou de
parotidite chronique avec une glande qui devient
scléreuse, atrophique, ferme, parfois dure, et d’al-
lure pseudo-tumorale, notamment au niveau sub-
mandibulaire. La survenue de tels événements
grève le pronostic et rend plus difficile les possibi-
lités thérapeutiques. Il est donc important de pou-
voir faire le diagnostic d’accident mécanique
(rétentionnel) à la phase initiale. La clinique, asso-
ciée à une imagerie orientée, prend alors toute son
importance.
DIAGNOSTIC CLINIQUE
L’interrogatoire recherche la notion de tuméfac-
tion intermittente d’une glande salivaire, doulou-
reuse (colique salivaire) ou non (hernie salivaire),
et précise son caractère uni-, bilatéral ou à bas-
cule, sa rythmicité par rapport au repas, sa durée
et son mode de résolution. La fréquence et l’an-
cienneté des symptômes doivent être appréciées
de même que le retentissement éventuel sur la
vie sociale et professionnelle du patient.
Une sensation de sécheresse buccale et/ou ocu-
laire, des douleurs articulaires inflammatoires,
des lésions dermatologiques doivent également
être recherchées, car elles peuvent orienter vers
une affection inflammatoire systémique : syn-
drome de Sjögren primitif (encadré 2), connecti-
vites, sarcoïdose, etc. La présence de tels symp-
tômes justifie la réalisation d’une biopsie des
glandes salivaires accessoires et un bilan immu-
nologique de principe.
Un cas particulier : la parotidite récidivante de
l’enfant (ou parotidite récurrente juvénile), carac-
térisée par des épisodes de gonflements paroti-
diens, volontiers inflammatoires et à bascule, le
plus souvent non rythmés par les repas et évoluant
sur plusieurs jours ; l’étiopathogénie et la prise en
charge de cette affection sont encore discutées.
L’examen du cou est bien souvent normal en
dehors d’une sensibilité de la glande atteinte, car
généralement le patient vient consulter après la
phase aiguë. L’examen de la peau située en regard
de l’aire salivaire concernée peut éventuellement
révéler des signes d’inflammation.
L’examen endobuccal est l’étape essentielle. Les
orifices des canaux de Sténon et Wharton doivent
être examinés et on notera leur caractère inflam-
matoire ou non, la présence de débris muqueux,
voire de pus franc. La quantité et l’aspect de la
salive à l’ostium du canal après massage de la
glande sont également appréciés. La palpation
bidigitale du plancher buccal et/ou de la région
jugale recherche une tuméfaction dure, localisée,
« roulant » sous le doigt qui signe la présence d’un
calcul. Des foyers infectieux dentaires associés
peuvent favoriser la survenue de poussées inflam-
matoires et/ou infectieuses et sont systématique-
ment recherchés.
2. Sialadénite ourlienne*
✔
C’est la plus fréquente des affections salivaires virales. L’agent
causal est un paramyxovirus à ARN (transmission par contact direct
et par les gouttelettes de salive). L’infection est endémique en zone
tempérée, mais se manifeste surtout en hiver et au printemps.
Il existe un pic d’incidence avant l’âge de 5 ans. Les complications
sont trois fois plus fréquentes chez le garçon. L’incubation
silencieuse dure de 18 à 21 jours.
✔
La manifestation clinique la plus fréquente est la parotidite.
L’invasion est de courte durée (24 à 48 heures) : phase de grande
contagiosité, s’accompagnant de fièvre avec bradycardie relative,
malaise, douleur provoquée lors de la palpation de la parotide,
otalgie, sécheresse buccale, et rougeur autour de l’ostium du canal
de Sténon. La période d’état est celle de la parotidite : douleur
pré-auriculaire irradiant vers l’oreille et aggravée par la mastication.
La tuméfaction parotidienne, d’abord unilatérale, comble le sillon
rétromandibulaire et soulève le lobule de l’oreille ; elle est rénitente,
très sensible et se bilatéralise en 2 à 3 jours. La guérison se fait
en une dizaine de jours.
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Complications : méningites lymphocytaires aiguës, orchite,
pancréatite, encéphalite, ovarite, thyroïdite, atteinte des nerfs
crâniens (surdité, cécité), myocardite.
✔
La vaccination est recommandée à partir de l’âge de 12 mois
(rougeole-rubéole-oreillons : RRO).
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Il existe d’autres sialadénites virales à Myxovirus influenzæ,
entérovirus ou Epstein-Barr virus (mononucléose infectieuse).
* Duflo S, Zanaret M. Pathologies des glandes salivaires. Rev Prat 2010;60. Mise
à jour octobre 2010 (version Internet).