B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 CORRECTION T.D. 1 Introduction à l’économie réelle. Première séquence : Situation générale de l’économie mondiale en 2012. Objectif : mesurer le degré de compréhension des étudiants en ce qui concerne la situation économique mondiale actuelle, et celle de la France et de l’Europe en particulier. 1. Qu’appelle-t-on « crise des dettes souveraines » et quelles en sont les conséquences principales ? Le terme de « dette souveraine » désigne l’accumulation, dans certains pays de la zone euro, des déficits annuels du budget de l’Etat (un excès des dépenses par rapport aux recettes de l’Etat), déficits couverts par des emprunts matérialisés par des titres (essentiellement des obligations) représentatifs de sa dette : ces titres sont majoritairement acquis par des investisseurs institutionnels privés (banques, sociétés d’assurance, fonds de pension), et leur valeur inscrite à l’actif de leur bilan, dans leur portefeuille de créances. Le taux de ces emprunts est d’autant plus élevé que la solvabilité des Etats concernés (leur capacité à rembourser le principal et les intérêts de leur dette) est jugée faible. Parallèlement, lorsque cette capacité de remboursement est mise en doute, la valeur de ces titres sur le marché secondaire des capitaux baisse, avec plusieurs conséquences : leurs propriétaires ont tendance à s’en débarrasser, ce qui accélère encore la baisse de leur cours. la valeur de ces créances inscrite à l’actif du bilan des organisations qui les détiennent baisse, ces bilans sont déséquilibrés et ces organisations se retrouvent elles-mêmes en difficulté lorsqu’elles cherchent à emprunter. S’agissant de banques, celles-ci ont plus de mal à se refinancer sur le marché interbancaire des capitaux, sinon à des taux d’intérêt de plus en plus élevés, les prêteurs potentiels étant réticents à accepter en contrepartie des titres qui perdent de la valeur. Les banques concernées n’ont ainsi plus suffisamment de liquidités pour remplir leur rôle d’intermédiaire financier, et prêter à l’économie. C’est ainsi que la défiance envers les États se propage aux banques, provoquant une crise sur le marché interbancaire des capitaux qui pénalise leur refinancement, et conduit à une raréfaction du crédit et à un durcissement des conditions de financement des secteurs privés dans les pays les plus touchés par la crise : Grèce, mais aussi Espagne, Portugal, Italie. La crise se propage ainsi à l’ensemble de l’économie. Cette crise qui affecte un certain nombre d’économies de la zone euro menace l valeur même de l’euro sur le marché des changes. Pour enrayer cette crise de confiance dans l’euro, la Banque Centrale Européenne somme les Etats concernés de réduire par tous les moyens leurs déficits, ce qui a un effet récessif sur leurs économies, récession qui, parce qu’elle réduit mécaniquement les recettes fiscales, aggrave encore leur endettement. (Voir schéma en annexe 3) 2. Comment définit-on le PIB ? 1 Il s’agit du « Produit Intérieur Brut » d’un pays, c’est-à-dire : La valeur de la production totale d’un pays (qu’elle soit ou non vendue sur un marché : production marchande, non marchande et à compte propre), aux prix facturés par les producteurs, hors taxes : c’est ce que l’on appelle le « prix de base »… … Dont on déduit la valeur des consommations intermédiaires : on obtient alors la somme des valeurs ajoutées… TD1 Introduction à l’économie réelle. B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 A laquelle on rajoute la valeur des impôts prélevés sur les produits (TVA, taxes sur les produits du tabac et les alcools, droits de douane sur les produits importés) déduction faite des subventions sur les produits. On obtient le PIB « aux prix du marché », ou « prix d’acquisition », c’est-à-dire les prix réellement payés par l’acquéreur final. Exemple de Calcul du PIB de la France pour 2012 : P1 P11 P12 P13 P2 D21N Production (aux prix de base) Production marchande Production pour emploi final propre Autre production non marchande Moins Consommation intermédiaire = Somme des valeurs ajoutées Plus Impôts moins subventions sur les produits 3 699,4 3 038,8 229,0 431,6 -1 878,5 1820,9 = PIB (aux prix d’acquisition) 2 032,3 +211,4 En 2012, la valeur du PIB de la France s’élevait donc à 2032,3 Milliards d’euros (euros courants de l’année 2012). 3. « Resserrement des politiques monétaire et budgétaire » : en quoi consistent ces politiques ? Politique Budgétair restrictive : politique visant à réduire les déficits publics. Cette politique consiste essentiellement à accroître les recettes (augmentation des impôts) et à réduire les dépenses de l’Etat. On parle de politique de rigueur ou d’austérité. Elles ont pour effet de réduire la demande globale, et provoquent généralement un ralentissement de la croissance. Inversement, une politique budgétaire expansionniste, ou de relance, consistera à augmenter les dépenses publiques (en particulier les dépenses d’investissement, mais aussi les dépenses à caractère social, ou encore les salaires de agents de l’Etat) de manière à accroître une demande globale jugée trop faible, et favoriser ainsi la croissance. Politique Monétaire restrictive : politique visant à juguler une inflation jugée trop élevée ; cette politique passe essentiellement par une augmentation des taux d’intérêt directeurs de la Banque Centrale (taux auquel la Banque Centrale prête des liquidités aux banques (dites « de second ordre ») pour 24 heures – facilités permanentes de prêt, taux directeur « plafond » – et taux auquel la banque centrale rémunère les dépôts à 24 heures des banques – facilités permanentes de dépôt, taux directeur « plancher ». Ces deux taux constituent la fourchette à l’intérieur de laquelle s’inscrit le taux auquel les banques se prêtent mutuellement des liquidités, sur le marché interbancaire des capitaux. Il s’agit ici d’une politique monétaire restrictive. La hausse des taux d’intérêt contribue à ralentir ou à réduire la demande d’investissement et le crédit à la consommation, ce qui a pour effet, comme dans le cas d’une politique d’austérité, de ralentir la croissance. A l’inverse, une politique monétaire expansionniste passe essentiellement par une baisse des taux directeurs de la Banque centrale, ce qui facilite l’accès au crédit, favorise l’investissement et la consommation, et en finale la croissance. 4. Que signifie concrètement le « durcissement des conditions de crédit » ? Il s’agit des conditions auxquelles les banques accordent des crédits (à la consommation ou à l’investissement) aux agents économiques non financiers (ménages, entreprises collectivités territoriales pour l’essentiel). Montant et durée du prêt, garanties exigées par le prêteur. Taux d’intérêt (taux de base bancaire auquel s’ajoute la « prime de risque » calculée en fonction du risque d’insolvabilité de l’emprunteur. 2 TD1 Introduction à l’économie réelle. B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 Le « durcissement » se traduit par une sélection plus importante des bénéficiaires d’un prêt, des garanties exigées plus importantes, et des taux d’intérêt plus élevés. Cela conduit généralement à un « rationnement du crédit » 5. En 2012, le taux de croissance du PIB a été de 0,9% en Allemagne, et de 0,0% en France. Que signifient ces chiffres ? Par rapport au PIB de 2011, celui de 2012 a augmenté en volume de 0,9% en Allemagne et est resté stable en France. Le taux de croissance du PIB est toujours calculé « en volume », c’est-à-dire en euros constants de l’année de référence (ici l’année 2011), ou encore « aux prix de l’année 2011 », ce qui signifie que l’on a valorisé la production de 2012 aux prix de l’année 2011, sans tenir compte de l’inflation. En effet, l’augmentation de la richesse d’un pays (la « croissance ») ne peut se mesurer que par l’augmentation des quantités (des « volumes ») de biens et de services produits, et non pas de la valeur de la production. En effet, si le taux d’inflation est suffisamment élevé, le PIB en valeur peut avoir augmenté, alors même que les quantités produites ont diminué. 6. Taux de croissance du PIB en 2012 : Commentez les chiffres. A l’évidence, les pays émergents affichent une meilleure santé que les pays avancés : le taux de croissance moyen, pour les pays émergents répertoriés dans ce tableau, est de 4,1% (moyenne simple, non pondérée par la valeur respective des PIB de chaque pays). Trois pays se distinguent nettement des autres par leur forte croissance ( 4%) : la Chine (7,8%), l’Indonésie (6,2%) et l’Inde (4%). En comparaison, le taux de croissance moyen des pays avancés n’est que de 1,3%. Cette moyenne cache des situations variées : certains pays sont en récession (taux de croissance du PIB négatif : Italie, Espagne, Pays-Bas, Belgique), d’autres affichent des taux de croissance plus ou moins élevés : l’Australie arrive en tête avec 3,6%, suivie des Etats-Unis (2,2%), du Japon et de la Corée du Sud (2%). En Europe, les taux de croissance dépassent rarement 1%. Il est même négatif pour la Zone Euro dans son ensemble. Deuxième séquence : Les différentes approches du PIB. Objectif : mettre en évidence, à l’aide de ces trois approches, la manière dont fonctionne une économie : on produit (d’où provient le produit intérieur brut ? C’est l’approche « production ») ; les biens et services produits font l’objet de différents usages (comment a été utilisée la production ? C’est l’approche « utilisation ») ; la production et les échanges génèrent des revenus de différente nature (comment ont été distribués les revenus issus de la production ? C’est l’approche « répartition »). Commenter chacune des 3 approches proposées par le tableau, en définir les termes et indique le calcul permettant de retrouver la valeur du PIB. Répondre aux questions posées. 1. 2. 3. Approche Production : En ce qui concerne la production, on distingue : la production marchande, la production pour emploi final propre et la production non marchande. Définissez ces trois termes. Les branches d’activité recensées dans le tableau sont réparties en 3 grands secteurs : primaire, secondaire et tertiaire. Quelles branches appartiennent à quel secteur ? Le tableau indique la valeur ajoutée dégagée par chaque branche : comment calcule-t-on la valeur ajoutée ? Définissez ce que l’on appelle les « consommations intermédiaires ». Approche « Production » ou : d’où provient le PIB ? Production marchande Production pour emploi final propre 3 Production destinée à être vendue sur un marché à un prix supérieur à 50% des coûts de production. Elle concerne les biens ou services qu’une unité institutionnelle produit et conserve pour sa consommation finale ou sa formation brute de capital TD1 Introduction à l’économie réelle. B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique Autre production non marchande 2013-2014 fixe. Ces biens et services sont valorisés au prix de base des biens et services de même nature vendus sur le marché. Services proposés à titre gratuit ou à un prix couvrant moins de 50% des coûts de production. Produits par les Administrations Publiques (APU), ou les Institutions sans But Lucratif au Service des Ménages (ISBLSM), ces services répondent à une logique de besoins collectifs (santé, éducation, justice, défense nationale, aide sociale, assistance aux plus démunis, etc.). La production non marchande est valorisée à la somme des coûts de production. Le PIB résulte de la production des entreprises appartenant à différentes branches d’activité. Celles-ci regroupent les entreprises (ou les établissements d’une même entreprise) qui produisent la même catégorie de bien ou de service. Elles sont classées dans des « nomenclatures » d’activités et de produits (une activité = un produit). Les nomenclatures élaborées par l’INSEE (NAF 2008) comportent 5 niveaux d’agrégation : Niveau 5 : le plus détaillé, il recense 732 sous-classes d’activités, numérotées de 01 11Z à 99 00Z. Niveau 4 : les 732 sous-classes précédentes sont regroupées en 615 classes d’activités, numérotées de 01 00 à 99 00. Niveau 3 : les 615 classes précédentes sont regroupées en 272 groupes d’activités, numérotés de 01 1 à 99 00. Niveau 2 : les 272 groupes d’activités précédents sont agrégées en 88 divisions, numérotées de 01 à 99. Niveau 1 : à ce niveau d’agrégation, on distingue 21 sections d’activités, numérotées de A à U. Exemple : Dans quelles catégories est classé un viticulteur de la région bordelaise ? 01.21Z Culture de la vigne (sous-classe) 01.21 Culture de la vigne (classe) 01.2 Cultures permanentes (groupe) 01 Culture et production animale, chasse et services annexes (Division) A Agriculture, sylviculture et pêche (section) Enfin, la présentation au grand public recense 10 grandes branches d’activités, (voir tableau cidessus, approche « production », pour l’Allemagne) regroupées en 3 grands secteurs : Secteur primaire : Agriculture, Sylviculture, pêche (23,0 Mrds d’€, 1% de la VA totale) Secteur secondaire : Industrie, Bâtiment et travaux publics (722,3 Mrds d’€, 30,5%) Secteur tertiaire : de Commerce, transports, hôtellerie et restauration à Autres services (1619,3 Mrds d’€, 68,5%) Comme dans tous les pays avancés, le secteur tertiaire est prépondérant. A titre de comparaison : France 2011 : Branches - Valeur Ajoutée brute en 2011 Mrds d'€ % VA totale Agriculture, Sylviculture, Pêche 32,8 1,8 Industrie manufacturières, extractives et autres 224,6 12,6 Construction 110,1 6,2 Services principalement marchands 1017,2 56,9 Services non marchands 404,3 22,6 Total 1789,0 100,0 4 TD1 Introduction à l’économie réelle. Secteur Primaire Secondaire Tertiaire Total % VA totale 1,8 18,7 79,5 100,0 B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 Le tableau indique la valeur ajoutée (production aux prix de base, c’est-à-dire aux prix « sortie usine » facturé par le producteur, hors taxes, moins la valeur des consommations intermédiaires) de chaque branche d’activité. Consommation intermédiaire Valeur des biens et services transformés ou entièrement consommés au cours du processus de production. Matières premières, biens intermédiaires, et produits consommables (ex. : électricité) La somme des valeurs ajoutées a été en 2012 de 2364,6 Mrds d’€. Si on y ajoute les impôts nets de subventions sur les produits (279,3 Mrds), qui contribuent à augmenter le prix de vente à l’utilisateur final, on obtient le PIB aux prix du marché, ou aux prix d’acquisition (2643,9 Mrds). PIB = Production – consommations intermédiaires + Impôts nets de subventions sur les produits 2643,9 = 2364,6 + 279,3 Approche « Utilisations » ou : comment a été utilisée la production ? Une partie de la production est destinée à la consommation finale : Dépense de consommation finale Les dépenses de consommation finale sont le fait de trois secteurs institutionnels : les ménages (dépenses de consommation finale que les ménages financent sur leur propre revenu), Dépense de consommation finale des ménages Les produits font l’objet d’une consommation finale lorsqu’ils sortent définitivement du circuit de production et sont utilisés à la satisfaction des besoins individuels ou collectifs. Dépenses que les ménages financent sur leur budget propre. les Institutions sans but lucratif au service des ménages ou ISBLSM (valeur des services produits par ces institutions mais destinés à des individus, des ménages ou des groupes de ménages). et les Administrations publiques ou APU (valeur des biens et services produits par l’Etat, les organismes de sécurité sociale et les organisations qui en dépendent, les collectivités territoriales et les organismes qui en dépendent, et destinés aux ménages). On distingue deux catégories de dépenses : Dépense de consommation finale collective des APU Dépense de consommation finale individualisable des APU Dépenses des administrations publiques dont les bénéficiaires ne peuvent être précisément définis. (défense nationale, police…) Dépenses effectuées par les administrations publiques à destination d’individus ou de ménages, dont les bénéficiaires peuvent être identifiés et le montant perçu déterminé avec précision. par Dépense de consommation des ménages et consommations individualisables incluses dans la dépense de consommation finale des Administrations Publiques et des ISBLSM. Ex. : Education, transports publics… Cette distinction permet d’évaluer les dépenses de consommation finale individuelle, ou consommation effective, des ménages : Consommation effective des ménages 5 Dépense de consommation des ménages et consommations individualisables incluses dans la dépense de consommation finale des Administrations Publiques et des ISBLSM. TD1 Introduction à l’économie réelle. B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique Une autre partie de la production est destinée à la formation brute de capital ou FBC. Celle-ci comprend : la formation brute de capital fixe ou FBCF : Acquisitions moins cessions d’actifs fixes réalisées par les producteurs résidents. Les actifs fixes sont les actifs corporels ou incorporels issus de processus de production et utilisés de façon répétée ou continue dans d’autres processus de production pendant au moins un an. Ex. : Biens d’équipement, véhicules d’entreprise… Ex. : Logiciels Formation brute de capital fixe (FBCF) Acquisitions nettes d'actifs fixes corporels Acquisitions nettes d'actifs fixes incorporels Les variations de stocks : Valeur des entrées en stocks diminuée de la valeur des sorties de stocks et des pertes courantes sur stocks. Variations des stocks Plus marginalement, les acquisitions (nettes de cessions) d’objets de valeur opérées par les ménages, Acquisitions nettes d'objets de valeur 2013-2014 Ex. : Essentiellement or, acquis par les ménages. Et les acquisitions (nettes de cessions) d’actifs non financiers non produits par les entreprises : Acquisitions nettes d'actifs non produits Acquisitions (nettes de cessions) de terrains et gisements, et acquisitions (nettes de cessions) d'actifs incorporels non produits, ess. des brevets d’invention. Une dernière partie de la production est destinée à l’exportation : on déduit de la valeur des exportations celles des importations de l’année (biens et services utilisés par l’économie mais produits par le Reste du Monde) pour obtenir le solde des échanges extérieurs. Exportations de biens et services Importations de biens et services Ensemble des biens et des services fournis par des résidents à des non-résidents, à titre onéreux ou gratuit. Ensemble des biens et des services fournis par des nonrésidents à des résidents, à titre onéreux ou gratuit. Le PIB est alors égal à la somme : Consommation finale + FBC + Solde des Echanges Extérieurs. Approche Utilisations Consommation finale des ménages + Consommation finale des APU + Formation Brute de Capital Fixe + Variations de Stocks Sous-total + Exportations Moins Importations PIB Valeur 1521,6 515,4 464,7 -9,4 2492,3 1362,6 - 1211,0 2643,9 On tire de cette dernière expression l’égalité Emplois-Ressources, toujours réalisée a postériori : Ressources Produit intérieur brut (PIB) + Importations Valeur 2643,9 1211,0 Total 6 3854,9 Utilisations finales Consommation finale des ménages + Consommation finale des APU + Formation Brute de Capital Fixe + Variations de Stocks + Exportations Total TD1 Introduction à l’économie réelle. Valeur 1521,6 515,4 464,7 -9,4 1362,6 3854,9 B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 PIB + Importations = CF + FBCF + Variations de stocks + Exportations Remarque : L’importance des échanges extérieurs permettent de mesurer la dépendance d’un pays vis-à-vis de l’extérieur. On peut mesurer cette dépendance à l’aide de trois ratios : Le taux d’ouverture du pays (Valeur des exportations / PIB) : il mesure la part exportée de sa production intérieure. Pour l’Allemagne en 2012, ce taux est de 51,5%, en France de 27,4% : la bonne santé de l’économie allemande est ainsi beaucoup plus dépendante de la demande extérieure que ce n’est le cas en France, ce qui explique qu’en 2009 par exemple, la récession dans les pays avancés et le ralentissement de la croissance dans les pays émergents aient provoqué une récession plus importante en Allemagne qu’en France. Le taux de pénétration (Valeur des importations / Demande intérieure brute) : il mesure a part de la demande intérieure d’un pays couverte par des importations. En 2012, ce taux était de 48,6%, en France de 29%. L’Allemagne importe pratiquement la moitié des biens et services nécessaires pour satisfaire sa demande intérieure. La majeure partie des importations concernent cependant des biens intermédiaires, c’est-à-dire des éléments d’un produit final fabriqués à moindre coût à l’étranger, réintroduits sur le territoire allemand pour y être assemblés. Le taux de couverture (des importations par les exportations) : on le calcule par le rapport Exportations / Importations. Allemagne 2012 : 112,5%, France 2012 : 92,5%. Un taux de couverture supérieur à 100% traduit l’existence d’un excédent des échanges extérieurs ; il correspond à un déficit lorsqu’il est inférieur à 100%. On mesure évidemment la compétitivité d’un pays dans les échanges mondiaux par l’importance de son excédent commercial : mais si un pays présente un excédent, cela signifie cependant qu’un ou plusieurs autres pays (avec lesquels il échange) présentent un déficit. Au niveau de la planète, la somme des excédents commerciaux des uns est strictement égale à la somme des déficits des autres. Le commerce mondial est un jeu à somme nulle… Comparaison France-Allemagne 2012 : Equilibre Emplois-Ressources Allemagne 2012 Eco. Nat. en Mrds d'€ courants RESSOURCES Valeur ajoutée brute/PIB Importations de biens et services Total EMPLOIS Dépense de consommation finale Formation brute de capital fixe Variations des stocks Acquisitions nettes d'objets de valeur Acquisitions nettes d'actifs non produits Exportations de biens et services Total 7 2 643,9 % de la DIB 1 211,0 48,6 3 854,9 % du PIB 2 037,0 77,0 464,7 17,6 -9,4 -0,4 0,0 0,0 0,0 0,0 1 362,6 51,5 3 854,9 TD1 Introduction à l’économie réelle. France 2012 Eco. Nat. 2032,3 % de la DIB 602,6 29,0 2634,9 % du PIB 1675,0 82,4 401,8 19,8 -0,1 0,0 0,7 0,0 0,0 0,0 557,6 27,4 2634,9 B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 Approche « Répartition » ou : comment ont été distribués les revenus issus de la production ? L’activité de production génère une masse de revenus d’égale valeur : le règlement des consommations intermédiaires rémunère les fournisseurs de biens et services nécessaires à la production ; la valeur ajoutée est alors partagée entre les participants directs ou indirects à la production, en cinq parts d’inégale valeur : La plus importante revient aux salariés (rémunération du travail), sous forme de salaires et de cotisations sociales, qui constituent pour les producteurs qui emploient des salariés le coût global du travail. Il faut considérer les cotisations sociales comme un salaire différé (puisqu’elles sont reversées aux ménages sous forme de prestations sociales). Salaires nets perçus par les salariés Cotisations sociales à la charge des salariés Salaires bruts (salaires négociés au moment de l’embauche et figurant sur le contrat de travail) Cotisations sociales à la charge des employeurs 8 Revenus du capital. Ils comprennent essentiellement les intérêts sur les emprunts contractés par les agents économiques, et les revenus de leur épargne, ainsi que les revenus distribués des sociétés (essentiellement les dividendes distribués par les Sociétés Anonymes et perçus par leurs actionnaires), les Bénéfices réinvestis d'Investissements Directs à l’Etranger, et les revenus des terrains et gisements. Les impôts sur la production et l’importation, rémunération de la participation directe de l’Etat à la production, en particulier sous la forme de la mise à disposition et de l’entretien d’infrastructures (routes, ports, aéroports, chemins de fer, lignes électriques, travaux publics divers), financement de la formation initiale (système scolaire et universitaire) ou continue, maintien de l’ordre et de la sécurité des transactions et autres fonctions régaliennes. Impôts sur la production et les importations (= coût global du travail pour les employeurs) Les revenus de la propriété et de l’entreprise (rémunération du capital) : Revenus de la propriété Rémunérations globales des salariés Perçus par les APU, ils comportent : Les Impôts sur les produits (essentiellement TVA, Taxes sur les alcools et les produits du tabac) Les Impôts sur la production (comme Taxe d’apprentissage, taxes sur les salaires, taxe professionnelle, 1% formation, etc.) On en déduit les subventions versées aux agents économiques par les APU, pour calculer les recettes fiscales nettes perçues : Subventions sur les produits (Ex. : Subventions à l’agriculture, destinées à assurer un revenu décent aux agriculteurs qui vendent leur production aux prix du marché mondial, souvent inférieurs à leurs coûts de production (céréales en particulier). Subventions d'exploitation. L’amortissement du capital : il s’agit en comptabilité nationale d’une évaluation forfaitaire de la Consommation de Capital Fixe ou CCF, c’est-à-dire d’une estimation de l’usure du capital utilisée pendant l’année dans le processus de production. TD1 Introduction à l’économie réelle. B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique Consommation de capital fixe 2013-2014 Dépréciation subie par le capital fixe au cours de la période considérée par suite d’usure normale et d’obsolescence prévisible. Dans une économie ouverte sur l’extérieur, une partie des revenus primaires générés par la production est versée au Reste du Monde (sous forme de salaires, revenus de la propriété et de l’entreprise, impôts sur la production et l’importation), tandis que le pays perçoit lui-même des revenus primaires de même nature issus du Reste du Monde. Pour retrouver la valeur du PIB, il convient de réintégrer les revenus versés au Reste du Monde, et de déduire au contraire les revenus perçus du Reste du Monde, ce qui revient à déduire le solde des transferts de revenus primaires avec le Reste du Monde : (revenus perçus – revenus versés). D’où l’égalité suivante : Comparaison France – Allemagne 2012 : Allemagne France Approche Répartition Mrds d'€ Rémunérations salariales 1377,3 1 083,9 + Revenus de la propriété et de l’entreprise 644,0 432,2 + Impôts sur la production et l’importation 274,7 279,8 + Consommation de capital fixe 399,3 271,3 2 067,2 -51,4 -34,9 Sous-total 2695,3 Moins Solde des transferts de revenus avec le RDM PIB 2643,9 9 TD1 Introduction à l’économie réelle. 2032,3 B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 Troisième séquence : les contributions à la croissance du PIB. Objectif : identifier, après calcul des « contributions », le ou les agrégats qui ont favorisé la croissance d’un pays une année donnée, et a contrario, ceux qui ont freiné cette croissance. Ce diagnostic permet de mettre en évidence les forces et les faiblesses d’une économie, et de mettre au point des politiques adaptées. Le produit intérieur brut et ses composantes en volume aux prix de l'année précédente, chaînés, base 2005. 2006 Ressources Produit intérieur brut Importations Total 2007 2008 2009 2010 2011 2012 1 760,4 1 800,7 1 799,2 1 742,8 1 772,6 1 808,7 1 808,9 487,2 514,0 518,7 468,9 510,6 536,8 531,3 2 247,6 2 314,7 2 318,0 2 211,7 2 283,2 2 345,5 2 340,2 Emplois Dépenses de consommation finale Ménages Administrations publiques dont dépenses individualisables dont dépenses collectives Institutions sans but lucratif au service des ménages Formation brute de capital fixe Sociétés et entreprises individuelles non financières Sociétés et entreprises individuelles financières Administrations publiques Ménages hors entrepreneurs individuels Institutions sans but lucratif au service des ménages Acquisitions nettes de cessions d'objets de valeur Variation de stocks Exportations Total Demande intérieure 1 413,1 1 443,2 1 450,9 1 464,1 1 488,1 1 496,3 1 499,0 967,1 989,6 992,1 993,4 1 008,1 1 013,7 1 009,3 413,8 420,0 425,3 435,9 443,8 445,8 452,2 267,0 272,0 276,0 282,0 286,7 291,1 295,2 146,8 148,0 149,4 153,9 157,1 154,7 157,0 32,3 345,5 33,6 367,4 33,5 368,8 34,8 329,3 36,2 333,9 36,8 344,2 37,5 339,9 176,1 14,5 55,0 96,7 192,0 13,9 56,7 101,4 197,1 15,2 54,9 98,3 170,0 13,4 56,2 86,2 181,2 11,7 51,5 85,9 186,7 14,0 51,7 88,0 182,8 14,0 51,4 87,8 3,2 3,3 3,4 3,5 3,6 3,8 3,8 0,9 0,9 0,8 0,5 0,5 0,5 0,4 11,8 15,7 11,6 -9,2 -6,8 11,8 -3,5 476,3 487,5 485,9 427,0 467,5 492,7 504,4 2 247,6 2 314,7 2 318,0 2 211,7 2 283,2 2 345,5 2 340,2 1 771,3 1 827,2 1 832,0 1 784,7 1 815,7 1 852,8 1 835,8 Milliards d'euros 2005, Comptes Nationaux, INSEE, Juillet 2013 Pour calculer ces contributions, il faut d’abord calculer le taux de croissance en volume de chaque agrégat pour l’année t par rapport à l’année (t-1). On calcule ensuite le « coefficient pondérateur » de l’agrégat par le rapport de la valeur de cet agrégat en année (t-1) sur celle du PIB de l’année (t-1). Celui-ci indique le « poids » de chaque agrégat par rapport au PIB. Par exemple, en 2006, le coefficient pondérateur des dépenses de consommations des ménages est égal à 0,55069849 : cela signifie que la consommation des ménages représente l’équivalent de 55% du PIB. La contribution de l’agrégat à la croissance du PIB est égale au produit du taux de croissance (exprimé en %) et du coefficient pondérateur (en décimales). 𝑠𝑜𝑖𝑡 𝐴𝑛 − 𝐴𝑛−1 𝐴𝑛−1 ∗ ∗ 100 𝐴𝑛−1 𝑃𝐼𝐵𝑛−1 Les contributions à la croissance du PIB ont cependant été calculées à l’aide de la formule simplifiée, qui donne des valeurs plus précises. Elles ont été arrondies à la 2ème décimale : 𝑠𝑜𝑖𝑡 10 𝐴𝑛 − 𝐴𝑛−1 ∗ 100 𝑃𝐼𝐵𝑛−1 TD1 Introduction à l’économie réelle. B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 Valeur 2012 Valeur 2011 moins Valeur Contribution moins Valeur Contribution 2011 (Mrds 2012 (%) 2010 (Mrds 2011 (%) d'€) d'€) 0,2 0,01 36,10 2,04 PIB Dép.conso.fin. Ménages APU ISBLSM FBC FBCF ANOV Var.Stocks Solde Ech.Ext. Exports Imports 2,7 -4,4 6,4 0,7 0,15 -0,24 0,35 0,04 8,20 5,60 2,00 0,60 0,46 0,32 0,11 0,03 -19,7 -4,3 -0,1 -15,3 -1,09 -0,24 -0,01 -0,85 28,90 10,30 0,00 18,60 1,63 0,58 0,00 1,05 17,2 11,7 -5,5 0,95 0,65 -0,30 -1,00 25,20 26,20 -0,06 1,42 1,48 L’égalité Emplois-Ressources est toujours vérifiée a posteriori en valeurs absolues (valeurs en Mrds d’€). On montre qu’elle l’est aussi en termes de variations (en valeur) et de contributions à la croissance : PIB + Importations = CF + FBCF + ANOV + Variations de stocks + Exportations Soit pour l’année 2011 (en contributions): 2,0 + 1,5 = 0,5 + 0,6 + 0,0 + 1,0 + 1,4 3,5 = 3,5 Et pour l’année 2012 : 0,0 – 0,3 = 0,1 – 0,2 + 0,0 – 0,8 + 0,6 -0,3 = -0,3 Ou encore : PIB = CF + FBCF + ANOV + Variations de stocks + (Exportations – Importations) PIB = CF + FBCF + ANOV + Variations de stocks + Solde des échanges extérieurs Soit pour l’année 2011 : Et pour l’année 2012 : 2,0 = 0,5 + 0,6 + 0,0 + 1,0 + (1,4 – 1,5) 2,0 = 0,5 + 0,6 + 0,0 + 1,0 – 0,1 2,0 = 2,0 0,0 = 0,1 – 0,2 + 0,0 – 0,8 + (0,6 + 0,3) 0,0 = 0,1 – 0,2 + 0,0 – 0,8 + 0,9 0,0 = 0,0 Contributions à la croissance du PIB en 2011 et 2012 2.50 2.04 2.00 1.63 1.42 1.50 1.05 1.00 0.50 0.46 0.01 0.15 0.30 0.00 0.00 -0.50 -0.24 -0.24 -0.01 -1.00 -1.50 11 0.65 0.58 0.320.35 0.110.04 0.03 0.95 -0.06 -0.85 -1.09 -1.48 TD1 Introduction à l’économie réelle. 2012 2011 B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 Interprétation : a) Croissance du PIB : Entre 2011 et 2012, on observe un important ralentissement de la croissance : le taux de croissance du PIB est passé de 2,04% à 0,01% (ce qui correspond à une stagnation) en 1 an. b) Demande intérieure / Echanges extérieurs : Dans une économie ouverte sur l’extérieur, la croissance dépend d’une part du dynamisme de la demande intérieure, d’autre part de celui des échanges extérieurs, mesuré par leur solde (exportations moins importations). En 2011, les échanges extérieurs avaient contribué négativement à la croissance (-0,06 point de croissance du PIB, car si les importations ont augmenté moins vite que les exportations sur l’année, elles sont restées en valeur supérieures aux exportations : le solde des échanges extérieurs est resté négatif) ; cela a cependant été compensé par une contribution positive de la demande intérieure (0,46+1,63 = 2,09 points), essentiellement due à la reprise des investissements en capital fixe (+0,58 point) et à la reconstitution des stocks (+1,05 point). La contribution des dépenses de consommation finale s’est élevée à 0,46 point, et a été essentiellement portée par la consommation des ménages (+0,32 point de croissance), et plus marginalement par celle des dépenses de consommation finale des APU (+0,11 point). La situation s’est inversée en 2012, puisque cette année-là la demande intérieure a contribué négativement à la croissance du PIB (0,15-1,09 = -0,94 point de croissance), du fait : d’une part de la baisse des investissements des sociétés non financières (FBCF : -0,24 point de croissance par rapport à l’année précédente, due au ralentissement de la demande), aussi bien que des ménages (due au durcissement des conditions d’accès au crédit immobilier et des craintes des ménages quant à l’évolution à long terme de leur revenu) et des APU (pour des raisons de restrictions budgétaires), et d’autre part de la liquidation des stocks (contribution des variations de stocks : -0,85 point) à laquelle ont procédé les entreprises. La contribution des dépenses de consommation finale a été nettement plus faible qu’en 2011 (+0,15 point) car les dépenses de consommation des ménages ont diminué (-0,24 point), en raison de la baisse du pouvoir d’achat causée par la faible progression des revenus d’activité au regard de l’inflation, et par la mise en œuvre de différentes mesures de restriction budgétaire ; cela a été partiellement compensé par la progression des dépenses de consommation des APU (+0,35 point) essentiellement en raison d’une recrudescence des commandes militaires de l’Etat. L’augmentation des dépenses publiques de consommation a ainsi permis de limiter la baisse de la demande intérieure. Les échanges extérieurs, du fait de la réduction du déficit extérieur, ont au contraire contribué positivement (pour +0,95 point) à la croissance du PIB, bien que le commerce extérieur de la France se soit contracté. En effet, si l’augmentation des exportations a été deux fois plus faible (en valeur) qu’en 2011, leur relative bonne tenue en 2012 a constitué un soutien important à l’économie, conforté par la baisse des importations due à la dégradation de la demande intérieure. CROISSANCE du PIB Demande Intérieure Dépenses de consommation finale : Des ménages Des APU Des ISBLSM 12 Formation brute de capital : FBCF ANOV Variations de stocks TD1 Introduction à l’économie réelle. Echanges extérieurs Exportations moins Importations B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 Extrait de L’Economie Française, INSEE, juillet 2012. La forte dégradation de la conjoncture économique en zone euro en 2012 n’épargne pas la France, dont l’activité marque le pas. Le PIB est stable (0,0% de croissance en volume), après avoir progressé de 2,0 % en 2011 et de 1,7 % en 2010. En effet, les moteurs internes de la croissance calent. La consommation des ménages recule de 0,4 %, après une hausse de 0,5 % en 2011, en raison de la baisse du pouvoir d’achat (– 0,9 % en 2012 après + 0,7 % en 2011) causée par le faible dynamisme des revenus d’activité et par la mise en œuvre de différentes mesures de restriction budgétaire. L’investissement s’inscrit aussi en recul, de 1,2 %, après + 2,9 % en 2011. L’investissement des entreprises non financières (ENF) baisse notamment (– 2,1 %après + 3,1 %) du fait du retournement des perspectives d’activité, et les dépenses d’investissement des ménages et des administrations publiques (APU) s’inscrivent également en recul, de – 0,3 % et – 0,5 %, respectivement. En revanche, la demande intérieure est soutenue par la progression des dépenses de consommation des APU, qui accélèrent (+ 1,4 % après + 0,4 %) en raison du retour à la normale des livraisons militaires. Hors cette composante volatile, elles auraient progressé de 1,2 % après 1,3 % en 2011. Au total, la contribution de la demande intérieure finale hors stocks à la croissance du PIB s’élève à – 0,1 point, après + 1,0 point en 2011. Cette dégradation de la demande intérieure se traduit par un retournement marqué des importations, qui reculent de 1,1 % après + 5,1 % en 2011. Les exportations continuent de progresser, de 2,4 % après + 5,4 % : elles reculent à destination des pays de la zone euro à cause de la faiblesse de la demande dans ces pays, mais sont dynamiques vers le reste du monde. Cette relative bonne tenue des exportations en 2012 constitue un soutien important à l’économie : la contribution des échanges extérieurs à la croissance de l’activité s’élève ainsi à + 1,0 point. Enfin, un important mouvement de déstockage s’est amorcé au cours de l’année 2011, pesant sur la croissance de l’activité à hauteur de – 0,9 point en 2012. La stabilité du PIB recouvre un net recul de l’activité de l’industrie française (– 2,2 % pour la production après + 2,0 %) et une légère progression de celle des services marchands (+ 0,3 % pour la production après + 2,8 %). La production de services non marchands progresse de 1,2 %, après + 0,1 %, soutenue par les dépenses de consommation des APU. Comparer l’importance relative des différents agrégats en 2012, en calculant ce que chacun représente en % du PIB. Commenter. % 2011 100,0 29,7 Agrégats Produit intérieur brut Importations % 2012 100,0 82,7 56,0 24,6 16,1 8,6 2,0 19,7 19,0 10,3 0,8 2,9 4,9 0,2 0,0 0,7 27,2 Dépenses de consommation finale Ménages Administrations publiques dont dépenses individualisables dont dépenses collectives Institutions sans but lucratif au service des ménages Formation brute de capital (FBC) Formation brute de capital fixe FBCF) Sociétés et entreprises individuelles non financières Sociétés et entreprises individuelles financières Administrations publiques Ménages hors entreprises individuelles Institutions sans but lucratif au service des ménages Acquisitions nettes de cessions d'objets de valeur Variation de stocks Exportations 82,9 55,8 25,0 16,3 8,7 2,1 18,6 18,8 10,1 0,8 2,8 4,9 0,2 0,0 -0,2 27,9 -2,4 Solde des échanges extérieurs -1,5 29,4 En 2012, les dépenses de consommation finale représentaient 82,9% du PIB, dont 55,8% pour les seules dépenses à la charge des ménages, auxquelles s’ajoutent les services produits par les APU (santé, éducation, etc.) et les ISBLSM et consommés par les ménages (dépenses individualisables des APU, 16,3%, et des ISBLSM, 2,1% du PIB). La consommation effective des ménages représentait ainsi 74,2% (soit 13 TD1 Introduction à l’économie réelle. B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 pratiquement l’équivalent des ¾) du PIB. La demande de consommation des ménages est ainsi le principal moteur de la croissance. Elle conditionne aussi en grande partie la demande d’investissement des entreprises (sociétés non financières et entreprises individuelles : 10,1% du PIB) et des APU (2,8 % du PIB). L’investissement des ménages (hors EI) en logement représentait quant à lui 4,9% du PIB. Les variations de stocks (stocks fournisseurs et stocks clients, stocks du commerce et en-cours de production) sont comptabilisées dans la formation brute de capital, car elles constituent une immobilisation en capital. Elles représentaient une part relativement faible du PIB (l’équivalent de 0,4%), les entreprises produisant de plus en plus en flux tendus pour minimiser les coûts de stockage. Elles sont de nouveau négatives en 2012, ce qui correspond à une volonté de déstockage des entreprises, alors qu’elles étaient positives en 2011, la brève reprise de cette année-là ayant au contraire incité les entreprises à reconstituer leurs stocks. Seule ombre au tableau : le déficit des échanges extérieurs, qui représentait l’équivalent de 2,4% du PIB en 2011, et encore 1,5% du PIB en 2012, ce qui correspond à une réduction de ce déficit. La stagnation de la croissance en 2012 ayant été essentiellement imputable au ralentissement de la formation brute de capital, on note une diminution de la part de cet agrégat dans le PIB, qui induit symétriquement une hausse de la part des dépenses de consommation finale, confortée par la réduction du déficit des échanges extérieurs. Cette évolution est cohérente avec celle des contributions à la croissance entre les deux années, observée précédemment. 14 TD1 Introduction à l’économie réelle. B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 ANNEXE 1 : Définitions Code P1 Libellé opération Opérations sur Biens et services a) Production Production P11 Production marchande P12 Production pour emploi final propre P13 Autre production non marchande P2 Consommation intermédiaire P3 Dépense de consommation finale P32 Dépense de consommation finale collective P31 Dépense de consommation finale individuelle P4 Consommation finale effective = P3 P5 Formation Brute de Capital (FBC) P51 Formation brute de capital fixe (FBCF) P511 P512 Acquisitions nettes d'actifs fixes corporels Acquisitions nettes d'actifs fixes incorporels P52 Variations des stocks P53 Acquisitions nettes d'objets de valeur P6 Exportations de biens et services P7 Importations de biens et services Définition Production destinée à être vendue sur un marché à un prix supérieur à 50% des coûts de production. Elle concerne les biens ou services qu’une unité institutionnelle produit et conserve pour sa consommation finale ou sa formation brute de capital fixe. Ces biens et services sont valorisés au prix de base des biens et services de même nature vendus sur le marché. Services proposés à titre gratuit ou à un prix couvrant moins de 50% des coûts de production. Produits par les Administrations Publiques (APU), ou les Institutions sans But Lucratif au Service des Ménages (ISBLSM), ces services répondent à une logique de besoins collectifs (santé, éducation, justice, défense nationale, aide sociale, assistance aux plus démunis, etc.). La production non marchande est valorisée à la somme des coûts de production. Valeur des biens et services transformés ou entièrement consommés au cours du processus de production. Biens et services finaux destinés à satisfaire les besoins des individus, réellement ou virtuellement détruits au cours de l’acte de consommation. Dépenses des administrations publiques dont les bénéficiaires ne peuvent être précisément définis. (défense nationale, police…) Dépense de consommation des ménages et consommations individualisables incluses dans la dépense de consommation finale des Administrations Publiques et des ISBLSM. Elle comprend la FBCF, les variations de stocks, et les acquisitions nettes d’objets de valeur. Acquisitions moins cessions d’actifs fixes réalisées par les producteurs résidents. Les actifs fixes sont les actifs corporels ou incorporels issus de processus de production et utilisés de façon répétée ou continue dans d’autres processus de production pendant au moins un an. Ex. : Biens d’équipement, véhicules d’entreprise… Ex. : Logiciels Valeur des entrées en stocks diminuée de la valeur des sorties de stocks et des pertes courantes sur stocks. Ex. : Or, acquis par les ménages. Ensemble des biens et des services fournis par des résidents à des non-résidents, à titre onéreux ou gratuit. Ensemble des biens et des services fournis par des nonrésidents à des résidents, à titre onéreux ou gratuit. b) Opérations sur actifs nonfinanciers non produits K1 K2 K21 K22 15 Consommation de capital fixe Dépréciation subie par le capital fixe au cours de la période considérée par suite d’usure normale et d’obsolescence prévisible. Acquisitions nettes d'actifs non produits Acquisitions nettes de terrains et gisements Acq nettes d'actifs incorp. non produits Ex. : Brevets d’invention TD1 Introduction à l’économie réelle. B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 Opérations de répartition D1 Rémunération des salariés D11 D12 D2 Salaires et traitements Cotisations sociales employeurs Impôts sur la production et les importations D21 Impôts sur les produits D29 Impôts sur la production D3 Subventions D31 Subventions sur les produits D39 Subventions d'exploitation D4 Revenus de la propriété D41 D42 D43 D44 D45 Intérêts Revenus distribués des sociétés Bénéfices réinvestis d'IDE Revenus de la propriété attribués aux assurés Revenus des terrains et gisements D5 Impôts courants sur le revenu et le patrimoine D6 Opérations liées au financement de la protection sociale D61 Cotisations sociales D611 Cotisations sociales effectives D612 Cotisations sociales imputées D62 Prestations sociales autres que transferts. sociaux en nature D7 D71 Autres transferts courants Primes nettes d'assurance dommage D72 Indemnités d'assurance dommage D73 D74 D75 D9D D9C Transf. courants entre APU Coopération internationale courante Transferts courants divers Transferts en capital à payer Transferts en capital à recevoir 16 Elles comprennent les salaires bruts (cotisations sociales à la charge des salariés incluses) et les cotisations sociales à la charge des employeurs. Revenus du travail. Perçus par les APU TVA, Taxes sur les alcools et les produits du tabac essentiellement Taxe d’apprentissage, taxes sur les salaires, taxe professionnelle, Distribuées par les APU Ex. : Subventions à l’agriculture, destinées à assurer un revenu décent aux agriculteurs qui vendent leur production aux prix du marché mondial, souvent inférieurs à leurs coûts de production (céréales en particulier) Ils comprennent essentiellement les intérêts sur les emprunts (D41) contractés par les agents économiques, et sur leur épargne, ainsi que les dividendes distribués (D42) par les Sociétés Anonymes à leurs actionnaires. Revenus du capital. Il s’agit de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) et de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IS). Perçus par les APU. Perçues par les organismes de Protection Sociale (URSSAF) Contrepartie monétaire fictive de prestations sociales en nature. Ex. : Indemnités-maladie, indemnités-chômage, allocations familiales, pensions de retraite, allocationlogement, etc. Le remboursement par la SS des consultations médicales, ou des médicaments constitue en revanche une prestation sociale « en nature ». Primes payées par les assurés aux sociétés d’assurances. Indemnités versées aux assurés par les sociétés d’assurances lorsque le risque pour lequel ils se sont assurés est survenu. Ex. : aide au développement, versée d’Etat à Etat. TD1 Introduction à l’économie réelle. B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique ANNEXE 2 : 3 approches du PIB – Allemagne 2012 17 TD1 Introduction à l’économie réelle. 2013-2014 B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique Annexe 3 : La crise des dettes souveraines – Mécanismes principaux Accumulation des déficits budgétaires Multiplication des emprunts destinés à couvrir les déficits. Emission de titres de la dette publique Accroissement de la charge de la dette (principal et intérêts) L’Etat est-il jugé solvable ? Oui L’Etat trouve les financements nécessaires à des taux raisonnables Non Les taux d’intérêt des nouveaux emprunts sont de plus en plus élevés La valeur des titres représentatifs de la dette de l’Etat baisse sur le marché secondaire des capitaux Les investisseurs cherchent à se débarrasser de ces titres Le portefeuille de créances des détenteurs de titres perd de la valeur : leurs bilans sont déséquilibrés Les banques détentrices de ces titres ont des difficultés à se refinancer sur le marché interbancaire des capitaux (crise de confiance) Crise de la liquidité bancaire Raréfaction du crédit et durcissement des conditions de financement pour les entreprises et les ménages : impact négatif sur l’investissement et la consommation Pour éviter une crise de l’Euro, la BCE impose à l’Etat des politiques budgétaires restrictives (hausse des prélèvements obligatoires, baisse des dépenses publiques) Risque de récession 18 TD1 Introduction à l’économie réelle. 2013-2014 B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 Troisième séquence : Secteurs institutionnels et opérations. 1. 2. 3. L’élaboration des tableaux précédents passe par plusieurs étapes : collecte des informations élémentaires auprès des agents économiques. Ces informations étant extrêmement nombreuses, les deux étapes suivantes sont indispensables : classements de ces informations en fonction du secteur institutionnel concerné, et pour chaque secteur institutionnel, classement des informations collectées en fonction de la nature de l’opération. Quels sont les secteurs institutionnels retenus ? Quelles sont les différentes opérations effectuées par ces acteurs ? Un secteur institutionnel regroupe les agents économiques qui ont la même fonction principale et disposent des mêmes ressources principales. On distingue ainsi : Secteur Les Sociétés non-financières (SNF) Les Ménages Les Sociétés financières (SF) Institutions de crédit et assimilées Sociétés d’assurances Les Administrations publiques (APU) Les Institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) Le Reste du Monde (RdM) 19 Fonction principale Produire des biens et des services non financiers vendus sur un marché, à un prix couvrant au moins 50% des coûts de production Consommer, et, produire des biens et des services non financiers marchands (entrepreneurs individuels), ou non (par exemple production de services domestiques par les ménages ordinaires). Elles comprennent les institutions de crédit et les sociétés d’assurance. Ressources principales Vente de la production. Financer, c.a.d. collecter, transformer et répartir les disponibilités financières. Mettre en rapport les agents à capacité de financement (prêteurs) avec les agents à besoin de financement (emprunteurs). Fonds provenant des engagements contractés : Dépôts à vue, à terme, bons de caisse, obligations… La rémunération des services d’intermédiation financière se fait par prélèvement d’intérêts, commissions et agios. Rémunération du travail (essentiellement salaires) et revenus du patrimoine. Transferts effectués par les autres secteurs. Produit de la vente de leur production (entrepreneurs individuels. Assurer, c.a.d. transformer les risques individuels en risques collectifs (= Primes d’assurances contractuelles, mutualisation des risques) en cotisations volontaires des assurés. garantissant le paiement d’une indemnité, proportionnelle au niveau de couverture choisi, en cas de réalisation d’un dommage (logique assurantielle). Produire des services non marchands destinés aux ménages ou à la collectivité. Effectuer des opérations de répartition de revenu (mutualisation des risques, logique de redistribution verticale – ex. : ménages aisés vers ménages modestes – et horizontale – ex. : bien-portants vers malades, célibataires vers familles…-). Montant des prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales obligatoires) effectués sur les autres secteurs. Produire des services non marchands Montant des contributions volontaires destinés à des groupes de particuliers des ménages et versements effectués ou des ménages. par les administrations publiques. Secteur institutionnel fictif créé pour regrouper les opérations entre unités résidentes et unités non résidentes. Les sociétés non financières comprennent : les sociétés et les quasi-sociétés privées (ex. : succursales d’entreprises étrangères en France). TD1 Introduction à l’économie réelle. B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 Les sociétés et quasi-sociétés publiques de grande taille, dont la fonction est de produire des biens et des services vendus sur un marché (ex. : Régie Renault, La Poste, France Telecom). Les grandes entreprises nationales (EDF, SNCF, RATP). Les offices publics d’HLM, les sociétés d’économie mixte, les régies, les syndicats communaux, les établissements pour handicapés…. Les organismes privés sans but lucratif au service des entreprises (le MEDEF et autres syndicats patronaux), les organismes privés dont le produit des ventes au public couvre au moins 50% de leurs coûts de production, les comités d’entreprise, les CROUS… Le secteur des ménages rassemble : les ménages ordinaires. les personnes physiques vivant dans des ménages collectifs (maisons de retraite, foyers pour travailleurs, maisons d’arrêt…). les entrepreneurs individuels, dont le statut juridique ne distingue pas le patrimoine professionnel du patrimoine privé. Le secteur des sociétés financières inclut : les établissements de crédit bancaire et assimilés : Banque de France, Fonds de stabilisation des changes, banques recevant du public des dépôts à moins de deux ans, caisses d’épargne et de prévoyance, Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), sociétés financières et institutions financières spécialisées. Les Organismes de placements collectifs (OPC) qui comprennent : les Organismes de Placements Collectifs en Valeurs Mobilières (OPCVM : Sociétés d’investissement à capital fixe, SICAF, ou à capital variable, SICAV, et Fonds Communs de Placements, FCP) ; Sociétés Civiles de Placements Immobiliers (SCPI). Les entreprises d’assurances (distincts des organismes publics de protection sociale, classés dans le secteur des Administrations publiques) : Organismes d’assurances-dommages, ou d’assurance-vie, mutuelles complémentaires (auxquelles l’adhésion n’est pas obligatoire), Fonds de pensions. Les auxiliaires financiers et d’assurances : courtiers d’assurances ou de crédit, conseillers en placements, bourses de valeurs mobilières ou de placements, sociétés d’émissions de titres. Le secteur des Administrations Publiques comprend : L’Etat et les autres administrations centrales. Les administrations publiques locales : régionales, départementales, municipales, et les organismes qui en dépendent (bureaux d’aide sociale, crèches, écoles, lycées et collèges…). Les administrations de Sécurité Sociale : régimes publics d’assurance sociale et les organismes qui en dépendent (hôpitaux publics, cliniques privées sous contrat, œuvres sociales intégrées aux organismes de sécurité sociale), mutuelles auxquelles l’adhésion est obligatoire (MNEF ou SMEBA par exemple pour les étudiants), régimes directs d’employeurs (mineurs, SNCF). Les entreprises publiques dont la production est cédée à un prix ne couvrant pas 50% des coûts de production. Dans le secteur des ISBLSM on classe enfin : les cultes, les syndicats de travailleurs, les partis politiques, les fondations à caractère humanitaire, plus généralement toutes les associations Loi 1901. Le secteur du Reste du Monde rassemble l’ensemble des agents économiques non résidents avec lesquels les agents des 5 secteurs institutionnels précédents entrent en relation dans le cadre de leurs échanges, quelle que soit le secteur institutionnel auquel ils appartiennent. Les opérations : On distingue 4 groupes d’opérations : les opérations sur biens et services, désignées dans les comptes des secteurs institutionnels par la lettre P, pour les opérations concernant la production et l’utilisation de ces B & S, Les opérations de répartition, désignées par la lettre D. les opérations en capital (acquisitions d’actifs non-financiers non produits, et consommation de capital fixe) désignées par la lettre K, associées aux opérations sur B & S. Les opérations financières, désignées par la lettre F. Le tableau (tiré du Tableau Economique d’Ensemble pour l’année 2012, INSEE, juillet 2013) présente les trois premières catégories d’opérations. 20 TD1 Introduction à l’économie réelle. B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 Les opérations sur Biens et Services décrivent l’origine des biens et services disponibles sur le marché intérieur, et la manière dont ils sont utilisés par les agents économiques. A. En ressources, elles enregistrent la production intérieure et les importations de B & S. B. En emplois, elles enregistrent : d’une part les consommations intermédiaires intégrées dans le processus de production, ce qui permet de calculer la valeur ajoutée par les agents producteurs (valeur de la production moins celle des consommations intermédiaires). d’autre part aussi les dépenses de consommation finale des agents (ménages, APU et ISBLSM), réparties en dépenses de CF individuelle et collective : La consommation finale : Définitions Dépenses de consommation des ménages Dépenses de consommation des ménages Dépenses de consommation finale totales Dép. des ISBLSM Dépenses des APU Consommation effective des ménages Dép. des ISBLSM Dép. individualisables Dép. collectives Dép. collectives APU Elles concernent par ailleurs la formation brute de capital, où l’on distingue la Formation brute de capital fixe (acquisitions d’actifs corporels et incorporels), les variations de stocks et les acquisitions nettes d’objets de valeur par les ménages : La formation brute de capital : Définitions Formation brute de capital (FBC) Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) Variations de stocks ANOV* + ANANFNP** *ANOV : Acquisitions nettes d’objets de valeur. **ANANFNP : Acquisitions nettes d’actifs non-financiers non produits 21 Elles enregistrent enfin les exportations de B & S à destination du Reste du Monde. TD1 Introduction à l’économie réelle. B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 Les opérations de répartition décrivent, quant à elles, comment, et sous quelle forme, les revenus issus de la production et des échanges ont été répartis entre les agents économiques résidents. Il s’agit ici de répartir les revenus générés par la production, c'est-à-dire, au niveau de l’ensemble de l’économie, le Revenu National Net (réparti entre les agents économiques résidents sous forme de revenus de différente nature). Celui-ci est égal au PIB … …dont, premièrement, on déduit la consommation de capital fixe (CCF) de l’année, c’est-à-dire la valeur estimée de l’usure du capital productif au cours du processus de production, …et auquel, deuxièmement, on ajoute le solde (positif ou négatif, selon les années) des transferts de revenus primaires en provenance de – ou en direction du – Reste du Monde. En résumé : Produit Intérieur Brut (PIB) Moins Consommation de capital fixe (CCF) Plus Solde des Transferts de revenus primaires entre le pays et le Reste du Monde (soit : Transferts de revenus primaires du Reste du Monde vers le Pays Moins Transferts de revenus primaires du Pays vers le Reste du Monde) = Revenu National Net (RNN) La répartition du Revenu National Net se fait à deux niveaux : On appelle répartition primaire la distribution des revenus aux agents économiques qui ont directement participé à la production de richesses : ils constituent le revenu primaire de ces agents. salaires et traitements bruts et cotisations sociales à la charge des employeurs pour les salariés des entreprises : c’est la rémunération du travail, sans lequel il ne pourrait y avoir production. Il faut considérer les cotisations sociales comme un salaire différé (puisqu’elles sont reversées aux ménages sous forme de prestations sociales). On rappelle que les salaires et traitements bruts comprennent les salaires et traitements nets, et les cotisations sociales à la charge des salariés. Salaires et traitements bruts et cotisations sociales à la charge des employeurs constituent pour les producteurs qui emploient des salariés le coût global du travail. Impôts liés à la production, qui constituent la rémunération de l’Etat et des Administrations publiques, contrepartie des services et des infrastructures que ces derniers mettent à la disposition de l’appareil productif. On en déduit les subventions d’exploitation reversées par les APU aux entreprises. Les impôts liés à la production comprennent pour l’essentiel, la taxe professionnelle, la taxe d’apprentissage, la taxe sur les salaires, la taxe de participation des employeurs au financement de la formation professionnelle continue, etc. Ces impôts s’ajoutent aux impôts sur les produits prélevés sur l’acquéreur (TVA, taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP), taxes sur l’alcool et les produits du tabac). Revenus de la propriété et de l’entreprise, qui constituent la rémunération des apporteurs de capitaux, essentiellement les intérêts des dépôts et des prêts, et les dividendes et parts de bénéfices versées aux actionnaires des Sociétés Anonymes, et aux associés des autres types de sociétés ; s’y ajoutent les bénéfices réinvestis tirés des investissements directs à l’étranger, les revenus de la propriété attribués aux assurés par les Entreprises d’Assurances, et les revenus des terrains et gisements. On appelle de même répartition secondaire ou redistribution : celle qui est effectuée par le biais des opérations d’assurances-dommages : versement de primes d’une part (des assurés aux entreprises d’assurances) et d’indemnités (des Entreprises d’assurances aux assurés ayant subi un dommage pour lequel ils se sont assurés). Les opérations d’assurance-vie – du fait de leur caractère de placement financier – sont classées dans les opérations financières. celle qui est effectuée pour l’essentiel par les Administrations Publiques : prélèvement d’impôts sur le revenu et le patrimoine – essentiellement l’impôt sur le revenu des personnes physiques, l’IRPP, et 22 TD1 Introduction à l’économie réelle. B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 2013-2014 l’impôt sur les bénéfices des sociétés, l’IS – ; prélèvement de cotisations sociales (salariales et patronales) sur les ménages, dont la contrepartie est le versement de prestations sociales en nature ou en espèces aux ménages, autres transferts courants entre APU et coopération internationale. A ces différents transferts, s’ajoutent de façon marginale des transferts en capital (aides à l’investissement, et impôts sur le capital essentiellement). A l’issue de la répartition secondaire, chaque agent dispose d’un revenu disponible brut, principalement consacré à la Consommation Finale (pour les ménages, les Administrations Publiques et les Institutions Sans But Lucratif au Service des Ménages) et à la Formation Brute de Capital (pour tous les secteurs). Si, à l’issue des opérations sur B & S et des opérations de répartition, sur l’année, les emplois (dépenses) d’ un secteur institutionnel donné ont excédé ses ressources (revenus), le secteur présente un besoin en financement : il a dû emprunter pour équilibrer ses comptes. Il présente une capacité de financement dans le cas contraire (il a pu prêter aux autres secteurs présentant des besoins en financement). Pour l’ensemble de l’économie, la somme algébrique des capacités ou des besoins en financement des 5 secteurs institutionnels résidents peut être : Positive : dans ce cas, le pays présente une capacité nette de financement à laquelle correspond un besoin en financement de même valeur du Reste du Monde. Le pays a été créancier de l’extérieur. Négative : dans ce cas, le pays présente un besoin net en financement auquel correspond une capacité de financement de même valeur du Reste du Monde. Le pays a été débiteur de l’extérieur. Les opérations financières concernent l’ensemble des opérations portant sur des actifs ou des passifs financiers. La plupart sont la contrepartie monétaire d’une opération sur biens et services ou d’une opération de répartition. Certaines sont cependant purement financières (prêts, émissions ou cessions de titres). Elles indiquent comment, et avec quels instruments s’est effectué le financement des agents économiques, en d’autres termes comment les besoins en financement des uns ont été couverts par les capacités en financement des autres, par l’intermédiaire des institutions financières (« financement intermédié »), ou sans leur intermédiaire (« financement de marché »). Le tableau des opérations financières enregistre en emplois les flux nets de créances et en ressources les flux nets de dettes de chaque secteur, classés en ordre décroissant de liquidité et selon la nature des actifs (monétaires ou non monétaires) utilisés dans les opérations de financement : Moyens de paiement internationaux (or, devises, DTS) Moyens de paiement en euros Autres liquidités Titres du marché monétaire Obligations Actions et autres participations Prêts à court terme Prêts à moyen et long terme Réserves techniques des entreprises d’assurances. Actifs monétaires Actifs non monétaires Sur l’ensemble de l’économie, - Un solde positif des opérations financières des 5 secteurs d’agents résidents correspond à un solde négatif pour le Reste du Monde, et inversement. - Le solde des opérations financières des 5 secteurs d’agents résidents est strictement égal à la capacité (ou au besoin en financement selon le cas) dégagé(e) par ces mêmes secteurs à l’issue des opérations sur biens et services et des opérations de répartition. On a donc un équilibre entre les opérations de la « sphère réelle » de l’économie et celles de la « sphère financière ». 23 TD1 Introduction à l’économie réelle. B. Engelhardt-Bitrian Economie Politique 24 TD1 Introduction à l’économie réelle. 2013-2014