de comprendre un interlocuteur qui ne maîtrise pas bien le français.
De l’autre côté de la porte, Alain Baptiste, généraliste à Faulquemont, fait « de la
bobologie », comme on dit dans le métier. « On a très peu de pathologies graves,
nous soignons des choses simples à remettre dans un contexte , explique le
médecin bénévole. On se débrouille avec un stock de médicaments géré par une
pharmacienne et on y arrive. On peut soigner un peu de tout mais on va au plus
urgent. Avec dix médicaments, nous traitons tout le monde. » Si le médecin estime
que des soins plus lourds sont nécessaires, le patient est orienté vers la Pass, la
Permanence d’accès aux soins de santé, à l’hôpital de Mercy. Avec, pour sésame,
un précieux ticket de bus que « mes collègues vont arracher aux TCRM ».
Ce matin-là, Alain Baptiste a devant lui un couple kosovar, à la rue depuis un an.
Leurs quatre enfants sont placés dans un foyer de Metz. Outre « un grand stress
post-traumatique suite à une agression dans leur pays », la mère souffre de
problèmes dermatologiques liés à leurs conditions de vie. Le docteur explique au
couple comment utiliser ce spray pour les vêtements et ces médicaments pour les
démangeaisons. Pendant ce temps, Malika Tounsi, infirmière et responsable de
mission à Metz, décrypte un document du tribunal pour enfants.
Puis arrivent deux hommes. L’un souffre depuis deux semaines de migraine,
l’empêchant de trouver le sommeil. Il est déjà venu, il a un dossier. « C’est comme
en ville, commente le médecin, tout le monde a son dossier. Ce n’est pas encore
informatisé mais ça va venir. » Après auscultation, l’homme aux maux de tête
repart avec un analgésique.
Une femme âgée avec son cabas et son sac de couchage fait son entrée. Elle
souffre d’une hernie au ventre. « Elle aurait besoin d’une intervention , explique
Alain Baptiste. Comme ce n’est pas urgent, les urgences ne la prennent pas.
Comme elle n’a pas de couverture sociale, elle ne peut pas être admise en
chirurgie. »
Le médecin et l’infirmière s’intéressent au quotidien de cette femme qui, la nuit,
dort dans une voiture avec son fils. Lors des échanges, le ton monte, la femme
tourne les talons, claque la porte. « Elle a du caractère , sourit Malika Tounsi. Elle
ne comprend pas qu’il est nécessaire qu’elle se fasse connaître auprès du 115. Je
ne peux pas appeler pour elle, c’est elle qui doit le faire. Ensuite, je pourrai lui
trouver une chambre et, en parallèle, je pourrai la faire soigner. » De retour dans la
salle de consultations, Malika Tounsi la met en garde : « Vous ne comprenez pas
ce que je veux vous dire, ne vous énervez pas ! » L’infirmière compose le numéro
de téléphone d’un traducteur qui joue les intermédiaires.
La matinée de consultations est terminée. Il est bientôt midi. Dehors, d’autres
cabossés de la vie attendent que les portes s’ouvrent, cette fois-ci pour se
restaurer à la table de l’abbé Pierre.
Cécile PERROT.
Metz et environs | Metz : Militants de l’accès aux soins des plus démunis
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