Voyage à Tokyo une élégante adaptation…
Mise en scène par Dorian Rossel au théâtre, Voyage à Tokyo est à l’origine un film datant des années 50 racontant l’histoire d’un couple de
retraités issu d’un milieu rural partis pour rendre visite à leurs enfants habitant Tokyo.
Du point de vue de l’histoire rien n’a été changé. Les scènes et les dialogues sont exactement comme dans le film, de quoi ne pas bouleverser
ceux connaissant bien l’histoire.
Dans l’aspect visuel, on ressentait une réelle inspiration japonaise dans les décors, les tenues, les accessoires et la musique. Ce qui était intéres-
sant, c’est la participation des comédiens avec des scènes où ils sont constamment en mouvement et d’autres où ils sont en train de discuter
simplement de choses de la vie quotidienne comme les enfants, le travail... C’est d’ailleurs dans ce genre de moments qu’on se laisse envahir
d’une tranquillité simple. On devient un élément de leur groupe. Le public réagit à quelques blagues. Le décor est assez sobre et fait penser à
des milieux modestes mais chaleureux. La musique jouée par des musiciens en direct était d’une certaine douceur dans les moments calmes
et plus rapide dans les scènes les plus mouvementées, elle accompagnait les dialogues. Cependant, elle empêchait parfois d’entendre ce que
disaient les comédiens mais rien de bien dérangeant.
Le jeu des comédiens reste très simple mais nous inspire une ambiance chaleureuse et familiale. Ils sont dans une autonomie complète car c’est
eux-mêmes qui changent les décors. Les musiciens se situant derrière le décor participaient aussi au changement et apparaissaient sur scène
pour jouer des rôles assez spéciaux.
La mise en scène est faite avec une certaine finesse introduisant des scènes émouvantes parmi les plus simples et même parfois comiques. Un
élément surprenant c’est d’avoir confié le rôle de l’épouse à un acteur masculin. Même si on ne comprend pas vraiment pourquoi on réussit tout
de même à oublier que la femme est jouée par un homme. Les tenues font bien référence à l’époque et à la situation des personnages : sobriété
et simplicité pour les hommes ; jupes ou robes fleuries pour les femmes hormis la mère portant le costume traditionnel japonais.
La cohérence du film est respectée même si l’on remarque quelques passages donnant un aspect plus moderne comme des petits élément du
décors où cette référence aux Temps modernes.
Cette pièce de théâtre est une fabuleuse histoire familiale avec des bons moments, parfois tristes et une leçon de vie en tant que parent. Belle
adaptation théâtrale de Dorian Rossel qui correspond parfaitement pour un public adulte.
Emilienne
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Et si nous partions en Voyage à Tokyo ?
Le 8 novembre 2016, nous sommes partis en Voyage à Tokyo, au théâtre de la Villette. Bizarre, penserez-vous. Non, nous n’étions pas à l’autre bout
du monde. Grâce à sa réadaptation du film d’Ozu de 1953, Dorian Rossel nous fait voyager tout en restant dans notre propre ville.
L’histoire présentée est celle d’un couple de retraités d’Onomichi (petite ville, à l’échelle du Japon, dans l’Est de la région de Chugoku, dans le sud)
venant à Tokyo pour revoir leurs enfants, qu’ils n’ont pas vu depuis bien longtemps. Malheureusement pour les personnes âgées, ils se rendent
vite compte que leurs enfants sont devenus indifférents, trop occupés par leur travail ou leurs propres enfants. Après une nuit dans une station
balnéaire, le couple âgé repart donc chez lui. De plus, le film étant un film japonais, le public s’attend à voir des acteurs asiatiques, mais il n’y
en a qu’un, le comédien jouant le rôle de l’homme âgé, Yoshi Oïda. Les acteurs avaient chacun une façon singulière de jouer. Le jeu est en totale
opposition avec le style de jeu européen : au lieu d’une exagération et de grands mouvements, typiquement occidental, ici, nous avons un style
d’acteurs calme et posé, typique du théâtre médiéval japonais.
Malheureusement, durant la pièce, le parc de la Villette a subit une panne d’électricité. Mais, comme on dit, the show must go on !, alors les
directeurs ont décidé de demander au public du premier rang d’éclairer la scène avec leur téléphone portable, ce qui a rendu, grâce à ce problème
technique, la pièce plus proche du spectateur, et l’a, en plus, rendu acteur (malgré lui ?)
Cette pièce, au décor inspiré du théâtre Kabuki ou No (deux formes de théâtre traditionnelles japonaises), tire aussi son style du cinéma ! En effet,
imitant les noirs, les coupures et autres fondus enchaînés, ce décor, bien qu’abstrait, représente à la perfection, l’identité de la pièce (et du film)
! Un mélange entre traditions et modernité, entre parents, et enfants.
J. Foret et R.Burnay
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