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« Les Yeux d’Anna »
Commande d’écriture du metteur en scène : Yamina Hachemi
Texte
Luc Tartar
Mise en scène
Yamina Hachemi
Théâtre Temps
Création
Saison 2009/2010
Projet soutenu par
La DMDTS-Ministère de la Culture dans le cadre du « compagnonnage auteur »
Et la DRAC-Ile de France Aide à la production dramatique
THEATRE TEMPS
– 64 rue Henri Barbusse – 93 130 – Noisy-le-Sec
Tél : 01 48 40 08 97 – 06 08 12 08 76
Luc Tartar - 5 rue Jean-Guy Labarbe - 94130 Nogent-sur-Marne
01 48 77 14 39 - 06 10 30 30 15
[email protected] - le site : www.luc-tartar.net
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Résumé des objectifs du metteur en scène de la compagnie
Les objectifs sont de travailler en étroite collaboration avec un auteur contemporain et
de faire naître, une œuvre écrite pour le théâtre, à partir d’une réflexion engagée
depuis 3 ans sur la condition féminine et les violences diverses faites aux femmes sous
couvert du poids des religions, des traditions et des conventions sociales.
Cette démarche s’inscrit dans le 3
ème
volet d’un projet commencé en 2005 par la création de
« La Peau Dure » d’après le roman de Raymond Guérin. Ce texte qui porte la parole de trois
femmes dans les années d’après-guerre nous avait conduit sur les chemins de la mémoire, à
l’aube les conditions de vies et les droits de la femme devaient peu à peu s’améliorer. A
l’issue de ce spectacle, des témoignages ont été recueillis auprès de la population féminine de
plusieurs régions. Dans un premier temps, ils ont fait l’objet de lectures publiques sous le titre
« Paroles de Femmes » en 2006/2007 à la Scène conventionnée « Les Bambous » de St
Benoît à l’Ile de la Réunion, à l’Equinoxe Scène Nationale de Châteauroux, au Théâtre de
Corbeil-Essonnes, et au Théâtre Le Nickel à Rambouillet. Puis dans un deuxième temps sur la
saison 2007/2008, j’ai choisi d’adapter et de réécrire pour le théâtre les témoignages qui
abordaient les violences diverses faites aux femmes sous le titre : « Eve, ma sœur Eve, ne
vois-tu rien venir ? ou Les légendes « ordinaires ».
J’ai demandé à Luc Tartar dont l’univers théâtral me semble proche du mien et qui a suivi par
ailleurs les étapes de mon travail, d’écrire une pièce.
Luc Tartar a été plus particulièrement sensible au témoignage d’une jeune fille de 16 ans qui
était présenté dans mon dernier spectacle.
A partir de l’adolescence confrontée à une société parfois cruelle, je demande à Luc Tartar
d’aborder à travers cette pièce plusieurs thématiques sur les « non-dits », « les frustrations »,
« l’intolérance », « la différence » et les violences physiques ou psychologiques qui en
découlent.
Yamina Hachemi
Résumé de la note d'intention par l'auteur
Je propose à Yamina Hachemi d’englober ces thèmes dans celui des
« sorcières
d’aujourd’hui »
. Depuis longtemps me taraude le désir d’interroger théâtralement ce retour à
l’ordre moral et à l’obscurantisme qui caractérise notre entrée dans le XXIème siècle.
Aujourd’hui encore, celui ou celle qui ne s’inscrit pas dans la norme, qui manifeste une
indépendance d’esprit et revendique sa liberté, se fait violemment prendre à partie. Ceux-là
sont souvent rabaissés par le groupe, par la masse, quand ils ne sont pas mutilés, défigurés ou
brûlés vifs. Les exemples ne manquent pas, d’ici ou d’ailleurs... Comme nous tous, mais plus
fortement encore, les adolescents sont confrontés à cette violence au quotidien. Grandir, c’est
se construire, c’est-à-dire choisir son camp : se noyer dans la masse ou cultiver sa différence.
Deux adolescents (la jeune fille et son meilleur ami, tous deux en marge du groupe) et de
nombreux adultes, pour ce qui pourrait être un fait divers et que je veux transcender par la
langue, dans une pièce sur le thème de la différence (des êtres, des sexes…) et celui de la
liberté, avec en toile de fond ce heurt schizophrène entre l’étalage obscène et la valorisation
des corps et le repli frileux orchestré par des religions toutes puissantes, choc qui fait le lit de
l’obscurantisme et de l’ostracisme et ouvre la voie aux pires débordements. Une question
lancinante va m’accompagner sur le chemin de l’écriture : Qui sont les sorcières du XXIème
siècle ?
Luc Tartar
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Mon écriture :
Mon écriture est née d’une fréquentation gourmande des plateaux de théâtre.
J’ai commencé par être comédien (je le suis encore) et puis j’ai eu envie d’aller
faire un tour du côté de la langue elle-même. Je n’en suis pas encore revenu.
Pas à pas je m’aventure dans un théâtre qui n’est ni réaliste, ni psychologique.
Je plonge mes personnages dans un univers décalé dans lequel les repères se
dérobent. Je travaille sur le cauchemar, sur le surgissement dans le quotidien du
burlesque et de l’innommable, c’est à dire de la poésie et de l’émotion. C’est un
théâtre de la déglingue, tour à tour lapidaire et hémorragique, dédale de cris et
de fous rires, dans lequel circule une urgence absolue, celle de dire ce monde
d’aujourd’hui qui nous échappe en même temps qu’il nous traverse de part en
part.
Luc Tartar
Théâtre de l’Est Parisien,
programme de saison 2004-2005.
4
Sorcières parce que différentes ?
Elles sont les boucs émissaires,
Les victimes expiatoires des malheurs
du temps
Elles sont dénoncées par la rumeur
publique
(le « bruit commun » au Moyen Age)
Leurs procès sont expéditifs et leurs
exécutions publiques
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Le thème : sorcières et obscurantisme
d’aujourd’hui
Aujourd’hui encore, celui ou celle qui
ne s’inscrit pas dans la norme, qui
manifeste une indépendance d’esprit et
revendique sa liberté, se fait violemment
prendre à partie. Ceux-là sont souvent
rabaissés par le groupe, par la masse,
quand ils ne sont pas mutilés, défigurés
ou brûlés vifs. Les exemples ne
manquent pas, d’ici ou d’ailleurs, la télé
nous les sert chaque soir sur un plateau.
On dira que la domination fait partie
intégrante de la nature humaine et que
cette volonté de pouvoir (de contrôle, de
mainmise sur l’Autre) est probablement
exacerbée par la crise économique, les
interdits religieux et le retour à l’ordre
moral. Brutaliser, c’est soumettre. Au
pays des droits de l’homme, il apparaît
urgent d’interroger notre généreuse
devise « Liberté, Egalité, Fraternité », si
souvent rudoyée. Comme nous tous,
mais plus fortement encore, les
adolescents sont confrontés à cette
violence au quotidien. Grandir, c’est se
construire, c’est à dire choisir son
camp : se noyer dans la masse ou
cultiver sa différence.
Deux adolescents (la jeune fille et son
meilleur ami, tous deux en marge du
groupe) et de nombreux adultes, pour ce
qui pourrait être un fait divers et que je
veux transcender par la langue, dans une
pièce sur le thème de la différence (des
êtres, des sexes…) et celui de la liberté,
avec en toile de fond ce heurt
schizophrène entre l’étalage obscène et
la valorisation des corps et le repli
frileux orchestré par des religions toutes
puissantes, choc qui fait le lit de
l’obscurantisme et de l’ostracisme et
ouvre la voie aux pires débordements.
Une question lancinante va
m’accompagner sur le chemin de
l’écriture :
Qui sont les sorcières du XXIème
siècle ? Luc Tartar
Avril 2008
Obscurantisme :
Attitude d’opposition à l’instruction, à la raison et
au progrès.
Larousse, 2003
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