LA REFORME, LA CONTREREFORME
Les musiques qu'elles ont inspirées
II – Réforme extérieure et Contre-réforme
La réforme anglaise
Bien que la nature et les conditions soient tout à fait différentes de celles des réformes
appliquées en Allemagne et en France, la réforme anglaise ne peut être passée sous silence.
Henri VIII qui règne à l'époque où sont diffusées les idées nouvelles, n'est pas
insensible aux thèses de Luther, mais il n'en tire aucun parti dans l'immédiat.
On sait comment, dans l'espoir d'un hériter mâle, le roi d'Angleterre, négligeant les
interdits du pape, fut conduit à répudier Catherine d'Aragon qui ne lui avait donné qu'une
fille et comment il épousa Anne Boleyn. On sait aussi qu'il sut se soustraire à
l'excommunication et à l'interdit brandis par le pape en rompant avec Rome et en se
proclamant le chef de l’Église britannique.
Les réformes apportées par le roi ne seront évidemment pas sans conséquences sur la
musique religieuse. Mais appliquées davantage à l'organisation liturgique qu'aux dogmes,
elles ne provoqueront pas de grands bouleversements. Les compositeurs seront simplement
tenus d'user de la langue anglaise au lieu du latin et, plus tard, de pratiquer de nouvelles
formes musicales.
La difficulté majeure pour les musiciens consistera à s'adapter à l'instabilité affectant la
pratique religieuse. Après Henri VIII qui a imposé une autre conception du protestantisme,
son fils Édouard VII accentue la réforme dans l'église. Le court règne de 9 jours de Jeanne
Grey qui lui succède, sera vite oublié. En revanche le revirement opéré par Marie Tudor, la
demi-sœur d’Édouard VII sera mémorable : le retour au catholicisme est imposé et plus de
280 réformateurs engagés ou récalcitrants monteront au bûcher. Après son court règne de
cinq ans, sa demi-sœur cadette : Élisabeth Ière interdira le catholicisme et commencera à
structurer sérieusement la confession anglicane, cette autre voie du christianisme.
Les compositeurs, chanteurs et instrumentistes restent en place (par qui les remplacer
?). Mais il leur est demandé à chaque changement de se convertir, ce qu'ils feront en réalité
ou en apparence. En 1519, le « First Book of Common Prayer » (Premier Livre de la Prière
commune) fait autorité en fixant de façon définitive le cadre liturgique nouveau. Les
créateurs n'auront qu'à s'y conformer et produire des cantiques originaux, en particulier des
Psaumes.
Trois compositeurs appartenant à des générations distinctes illustrent cette période
musicalement remarquable, appelée non sans raison l'âge d'or anglais, une période qu'ouvre
John TAVERNER et qui culminera plus tard avec Henri PURCELL, une période enfin qui
ne se renouvellera malheureusement pas, sauf peut-être de nos jours avec Benjamin
BRITTEN.
L'essentiel de la carrière de John TAVERNER se déroule sous le règne d'Henri VIII
avant la rupture avec Rome. Son rôle consistera donc à enrichir le répertoire catholique de 8
Messes et de 23 Motets (œuvres composées sur un texte liturgique autre celui de l'ordinaire
de la messe).
Thomas TALLIS est certainement le maître de plus remarquable de la période de
trouble et d'hésitation dont il a été fait état. Compositeur et organiste il entre à la chapelle
royale où il servira successivement Édouard VI, Marie Tudor et Élisabeth Ière.
William BYRD, peut-être élève de TALLIS, en tout cas très lié avec son aîné, remplit