Prise en charge de l`insuffisance cardiaque dans un CHU au Maroc

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Prise en charge de l’insuffisance cardiaque dans un CHU au
Maroc. A propos de 200 cas
I.Douay, D. Benchakroune, N. Charaf, A. Soufiani, N. Fellat, N. El Haithem, H. Benjelloun
Service de Cardiologie A – CHU Ibn SINA– Rabat
RESUME
Introduction : l’insuffisance cardiaque (l’IC) représente un problème de santé publique aussi bien dans
les pays développés que dans les pays émergeants. L’objectif de notre travail est d’étudier les
particularités épidémiologiques, cliniques et évolutives de l’IC dans un centre hospitalier marocain.
Méthodes : Etude rétrospective d’une série de 200 patients hospitalisés dans notre formation entre
décembre 2012 et janvier 2014.
Résultats : L’IC représente 25% des hospitalisations en cardiologie. La durée moyenne du séjour est de
13 ± 9 jours. L’âge moyen est de 57,7 ± 14,3 ans. Une prédominance masculine est notée avec un ratio
H/F = 1,2. Le principal facteur de risque cardio-vasculaire est l’hypertension artérielle (40%) suivie par
le tabac (30%) et le diabète (28%). La dyspnée est le symptôme principal rapporté dans 85% des cas. Le
tableau clinique est celui d’une IC gauche (64%), droite (19%), globale (21%), état de choc (7%). Parmi
les signes retrouvés sur l’ECG, une onde q de nécrose (42%), une arythmie complète par fibrillation
auriculaire (30%), une hypertrophie ventriculaire gauche (21%) et un bloc de branche gauche (19%). A
la radiographie du thorax, on objective une cardiomégalie (73%), des signes de surcharge pulmonaire
(60%) et un épanchement pleural (20%). La biologie montre des anomalies électrolytiques dans presque
un tiers des cas. Insuffisance rénale (35%), anémie (25%) et hyperuricémie (12%) sont également
retrouvés. Les peptides natriurétiques ont été dosés chez 4 patients seulement. A l’échocardiographie,
65% des ont une IC systolique et 35% une IC à fraction d’éjection préservée.110 patients ont bénéficié
d’une coronarographie qui a objectivé une atteinte coronaire dans 81% des cas. Les principales
étiologies retrouvées sont la cardiopathie ischémique (50%), les valvulopathies (20%), l’hypertension
artérielle (13%) et les cardiomyopathies (10%). Sur le plan thérapeutique, les médicaments les plus
utilisés sont les diurétiques (80%), les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (79%), les B-bloquants
(72%) et la Spironolactone (40 %). A leur sortie, 35% des patients reçoivent encore des diurétiques et
20% sont sous Spironolactone, de plus, les doses des autres médicaments sont souvent insuffisantes.
Parmi les patients atteints de coronaropathie, 20% sont revascularisés par pontage aorto-coronaire et
28% par angioplastie coronaire. 22% des patients ont bénéficié d’une chirurgie valvulaire. L’alcoolisation
septale a été réalisée chez 3 patients. La resynchronisation cardiaque est réalisée chez 9 patients et 3
ont bénéficié d’un défibrillateur automatique implantable en prévention secondaire. La transplantation
cardiaque a été réalisée chez un seul patient en France. La mortalité hospitalière est de 10%.
Discussion : Les caractéristiques principales de notre population sont l’âge relativement jeune, la
prédominance masculine, la cardiopathie ischémique au premier rang des étiologies suivie des
valvulopathies et la nette prédominance de l’IC systolique. Malgré les caractéristiques épidémiocliniques, notre présente série présente de nombreuses similitudes avec celles des registres européens
et américains. Sur le plan thérapeutique, et ce, malgré les recommandations codifiées de traitement de
l'IC, notre prise en charge est loin d'être optimale.
Conclusion : Cela doit nous inciter à traiter nos patients au mieux, et à mettre plus en œuvre les mesures
de prévention sans oublier la place importante de l’éducation thérapeutique.
Mots clés : insuffisance cardiaque, épidémiologie, étiologie, pronostic, traitement.
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