Estimer les impacts environnementaux des systèmes
de production agricole par analyse de cycle
de vie avec les données du Réseau d'information
comptable agricole (RICA) français
Résumé
Ce travail explore les possibilite
´s d’e
´tablir certains indicateurs d’impacts environnementaux
dans la base de donne
´es technicoe
´conomiques du Re
´seau d’information comptable agricole
(RICA) franc¸ais. La me
´thode de l’analyse de cycle de vie est applique
´e pour estimer la
contribution des activite
´s agricoles au changement climatique et a
`l’utilisation d’e
´nergie non
renouvelable. L’he
´te
´roge
´ne
´ite
´observe
´esemblelie
´ea
`l’orientation productive des
exploitations et a
`leur localisation ge
´ographique. Les exploitations d’e
´levage, et notamment
les e
´levages bovins, contribuent le plus au changement climatique en raison de leurs
e
´missions e
´leve
´es de me
´thane ente
´rique. Les consommations d’e
´nergie non renouvelable
peuvent e
ˆtre relativement plus importantes dans certains syste
`mes spe
´cialise
´s en cultures
annuelles (notamment ce
´re
´ales et grandes cultures). Les exploitations mixtes, qu’elles se
consacrent a
`plusieurs espe
`ces d’animaux ou qu’elles associent e
´levage et productions
ve
´ge
´tales, se positionnent souvent comme les spe
´cialise
´es dont elles se rapprochent le plus.
A
`l’e
´chelle re
´gionale, une grande variabilite
´des indicateurs apparaı
ˆt. En conside
´rant les
exploitations spe
´cialise
´es en production de lait et celles spe
´cialise
´es en ce
´re
´ales, leurs
e
´missions directes de gaz a
`effet de serre et leurs consommations indirectes d’e
´nergie
pre
´dominent. Les exploitations spe
´cialise
´es en production de lait pre
´sentent une variabilite
´
interre
´gionale e
´leve
´e par hectare qui semble se re
´duire quand elle est conside
´re
´e par rapport
a
`la valeur de la production. Par contraste, la faible variabilite
´interre
´gionale par hectare des
exploitations spe
´cialise
´es en ce
´re
´ales s’accroı
ˆt quand elle est conside
´re
´e par rapport a
`la
production. L’e
´tude me
´rite certains approfondissements pour valider ces re
´sultats et pour
mieux comprendre les interactions au sein des syste
`mes de production agricoles qui
combinent le plus souvent plusieurs productions ve
´ge
´tales et/ou animales.
Mots cle
´s:agriculture ; analyse de cycle de vie ; base de donne
´es ; changement
climatique ; e
´nergie pour l’agriculture.
The
`mes : climat ; e
´conomie et de
´veloppement rural ; e
´nergie ; me
´thodes et outils ;
ressources naturelles et environnement.
Abstract
Estimating environmental impacts of agricultural systems with LCA using data from
the French Farm Accountancy Data Network (FADN)
This work developed environmental indicators from the economic and agricultural database
of Farm Accountancy Data Network (FADN). Two environmental impacts, climate change
and non-renewable energy use, were estimated from the database according to the life cycle
assessment (LCA) approach. The large variability observed seems to be linked to production
orientation and geographic location. Livestock production was strongly correlated with the
impact of climate change, particularly cattle production, due to its high emissions of enteric
methane. Farms specialized in cereals and cash crops showed high non-renewable energy
use, linked with intensive use of mineral fertilizers. Some mixed farm holdings, whether
Elisabeth Samson
1,2
Hayo M.G. Van der Werf
3,4
Pierre Dupraz
1,2
Jean-Franc¸ois Ruas
1,2
Michael S. Corson
3,4
1
Inra
UMR 1302 SMART
4, All
ee Adolphe Bobierre
35000 Rennes cedex
France
2
Agrocampus Ouest
UMR 1302 SMART
35000 Rennes
France
3
Inra
UMR 1069, Sol Agro et hydrosystème
spatialisation
65, rue de Saint-Brieuc
CS84215
35042 Rennes
France
4
Agrocampus Ouest
UMR 1069, Sol Agro et hydrosystème
spatialisation
65, rue de Saint-Brieuc
CS84215
35042 Rennes
France
Pour citer cet article : Samson E, Van der Werf HMG, Dupraz P, Ruas JF, Corson MS, 2012. Estimer
les impacts environnementaux des systèmes de production agricole par analyse de cycle de vie
avec les données du Réseau d'information comptable agricole (RICA) français. Cah Agric 21 :
248-57. doi : 10.1684/agr.2012.0581
Tirés à part : E. Samson
doi: 10.1684/agr.2012.0581
248 Cah Agric, vol. 21, n84, juillet-aou
ˆt 2012
Étude originale
Les exploitations agricoles font
l’objet d’incitations de plus en
plus fortes a
`« produire propre »
en adoptant des pratiques moins
agressives pour le milieu naturel et
qui n’affectent pas l’environnement
pour l’avenir. Ces incitations se tradui-
sent par la mise en œuvre de politiques
agricoles a
`l’e
´chelle europe
´enne ou
franc¸aise qui pre
´voient l’octroi de
subventions en contrepartie de prati-
ques agricoles respectueuses de
l’environnement. Par exemple, en
application du deuxie
`me pilier de la
Politique agricole commune (PAC), la
France attribue des aides agroenviron-
nementales aux e
´leveurs respectant
des pratiques limitant les e
´missions
polluantes. Pour mesurer l’efficacite
´du
dispositif au travers de ces pratiques,
les professionnels de la recherche sont
sollicite
´s et des projets visent a
`e
´laborer
des me
´thodes d’e
´valuation environne-
mentale (Bockstaller et al., 2008 ;
Turpin et al., 2009). Les travaux de
´crits
ici s’inscrivent dans ce contexte.
Ils visent a
`e
´valuer simultane
´ment
les performances e
´conomiques et
environnementales des exploitations
franc¸aises au travers de l’e
´chantillon
national du Re
´seau d’information
comptable agricole (RICA). A
`l’instar
d’entreprises similaires dans d’autres
pays de l’Union europe
´enne (UE)
(Dalgaard et al., 2004) ou d’expertises
de bases internationales (Mayo et
Sessa, 2010), cette e
´tude a pour objectif
d’estimer des variables de performan-
ces environnementales pour chaque
exploitation de l’e
´chantillon. En effet,
celui-ci pre
´sente l’avantage de repre
´-
senter a
`l’e
´chelle nationale l’ensemble
des situations rencontre
´es en agricul-
ture professionnelle. En comple
´ment
des analyses de cycle de vie (ACV) de
l’agriculture mene
´e sur des donne
´es
agre
´ge
´es, l’inte
´re
ˆt de notre approche
est d’explorer la variabilite
´interindivi-
duelle des performances e
´conomiques
et environnementales. Nous de
´crivons,
dans un premier temps, les principes
de l’ACV qui est aujourd’hui une
me
´thode de re
´fe
´rence pour estimer
les impacts environnementaux. Dans
un deuxie
`me temps, nous montrons
comment l’e
´chantillon du RICA, conc¸u
au de
´part dans un objectif d’e
´valuation
e
´conomique, peut aussi se pre
ˆter a
`
l’e
´laboration d’indicateurs estimant
l’impact environnemental des exploi-
tations. Dans la pre
´sente e
´tude de
cas, l’analyse est focalise
´e sur deux
impacts : sur le changement climatique
et sur la consommation e
´nerge
´tique.
Enfin, dans un troisie
`me temps, nous
pre
´sentons quelques caracte
´ristiques
environnementales des exploitations
franc¸aises de l’e
´chantillon RICA en les
conside
´rant selon la re
´gion et selon
l’orientation productive.
L'analyse de cycle
de vie, une méthode
d'analyse
environnementale
L’ACV est un cadre me
´thodologique
d’e
´valuation environnementale qui
fait l’objet de normes. Elle s’inte
´resse
aux impacts environnementaux d’un
produit ou d’un service en partant des
pre
´le
`vements de ressources naturelles
jusqu’aux e
´missions de substances
polluantes dans les diffe
´rents compar-
timents de l’environnement (sol, eau,
air) (Jolliet et al., 2010). L’ACV quantifie
les impacts potentiels d’un produit
depuis l’extraction des matie
`res pre-
mie
`res qui le composent jusqu’a
`sa fin
de vie, « du berceau a
`la tombe », en
passant par les e
´tapes de production,
de distribution et d’utilisation. La mise
en œuvre de l’ACV respecte quatre
e
´tapes :
la de
´finition des objectifs et du
champ de l’e
´tude ;
l’analyse de l’inventaire environne-
mental ;
l’e
´valuation des impacts ;
l’interpre
´tation des re
´sultats.
nition des objectifs
et du champ de l'étude
L’ACV vise a
`apporter une vision
globale des impacts ge
´ne
´re
´s durant
le cycle de vie de biens ou de services
dans une optique d’aide a
`la de
´cision
pour e
´clairer le choix de proce
´de
´s
alternatifs, pour organiser des filie
`res
de valorisation mais aussi pour de
´finir
des politiques publiques.
Analyse de l'inventaire
environnemental
Les donne
´es d’inventaire pour l’ACV
sont constitue
´es de flux de matie
`res
(ressources mine
´rales) et d’e
´nergie
entrant dans le syste
`me e
´tudie
´et de
flux sortants. Des bases de donne
´es
d’inventaire de cycle de vie existent et
livestock-oriented or crop- and livestock-oriented, had impacts similar to those of the
specialized farming system which each of them resembled most. Impacts varied according to
geographic location in France. For farms specialized in cereals or dairy production, direct
greenhouse gas emissions and indirect energy consumption predominated. Impacts for
specialized dairy farms varied greatly per unit of agricultural area (hectares) but less per
1,000 euros of revenue. In contrast, impact variability for specialized cereal farms was lower
per hectare but considerably greater per 1,000 euros. Continuing the study will be useful for
improving methods and results of these farming systems. It will also be interesting to consider
more detailed methods to understand mixed crop-livestock farms, as these systems are
widespread.
Key words: agriculture; climate change; databases; energy for agriculture; life cycle
analysis.
Subjects: climate; economy and rural development; energy; natural resources and
environment; tools and methods.
249Cah Agric, vol. 21, n84, juillet-aou
ˆt 2012
sont disponibles mais ne sont pas
toujours suffisantes. Il est fre
´quemment
ne
´cessaire de les comple
´ter par le
recueil de donne
´es spe
´cifiques en lien
e
´troit avec le sujet de l’e
´tude soit par des
enque
ˆtes sur sites, soit par des recher-
ches bibliographiques ou la mise en
perspective d’e
´tudes ante
´rieures.
Évaluation des impacts
A
`partir des donne
´es d’inventaire, on
proce
`de a
`une e
´valuation des impacts
environnementaux gra
ˆce a
`des coef-
ficients pre
´e
´tablis (facteurs de carac-
te
´risation) permettant de calculer la
contribution de chaque flux aux divers
impacts environnementaux e
´tudie
´s.
En fonction de l’objet de l’e
´tude, les
impacts environnementaux couram-
ment retenus incluent le changement
climatique, l’acidification, l’eutrophi-
sation des milieux terrestre et aqua-
tique, la consommation d’e
´nergie non
renouvelable et l’occupation de terres.
Interprétation des résultats
L’interpre
´tation des re
´sultats est
conduite en lien e
´troit avec la de
´finition
des objectifs et du champ de l’e
´tude.
Pour exprimer les re
´sultats de l’analyse
et e
´tablir des comparaisons, on de
´finit
une unite
´fonctionnelle dont le ro
ˆle est
de quantifier la fonction remplie par les
produits e
´tudie
´s. La phase d’interpre
´ta-
tion re
´ve
`le les atouts et les faiblesses sur
le plan des impacts a
`chaque stade du
cycle de vie du produit et pour chacun
de ses composants. C’est aussi une
e
´tape qui se pre
ˆte a
`une hie
´rarchisation
des impacts potentiels et qui met en
lumie
`re les points critiques du syste
`me.
Une mise en œuvre
de l'analyse de cycle
de vie adaptée
à la base du Réseau
d'information
comptable agricole
français
Notre approche vise a
`quantifier
l’impact du changement climatique
re
´sultant des e
´missions de gaz a
`effet
de serre (GES) et les consommations
d’e
´nergie non renouvelable afin de
comparer des syste
`mes productifs du
RICA repre
´sentatifs de la structure
nationale de la production agricole
franc¸aise. Deux unite
´s fonctionnelles
sont retenues :
la surface agricole utile (SAU) d’une
exploitation (en hectares) ;
la valeur de la production d’une
exploitation (en euros).
Cette approche offre une double
lecture de l’efficacite
´environnemen-
tale de l’agriculture (Pradel, 2008). Les
impacts exprime
´s par rapport a
`la SAU
fournissent des e
´le
´ments de comparai-
son de la performance environnemen-
tale relativement a
`la « ressource terre »
qui intervient dans le processus de
production. Ils mesurent aussi la pres-
sion environnementale exerce
´e par
l’acte de production sur ce facteur.
Celui-ci est ge
´ne
´ralement utilise
´par les
exploitations agricoles quelle que soit
leur orientation technicoe
´conomique.
Toutefois, pour certaines productions
agricoles, notamment celles qui ne
´ces-
sitent peu de surface au niveau de
l’exploitation (productions hors-sol
notamment), cette unite
´fonctionnelle
n’est pas bien adapte
´ea
`une compa-
raison des diffe
´rents syste
`mes. La
valeur de la production comme unite
´
fonctionnelle permet de comparer des
syste
`mes agricoles tre
`svarie
´s, depuis
les syste
`mes spe
´cialise
´s produisant un
seul produit jusqu’aux syste
`mes mixtes
associant plusieurs produits, qu’ils
soient ve
´ge
´taux, fourragers et/ou ani-
maux. Toutefois, la valeur de la pro-
duction ne permet pas de s’affranchir
de l’effet des marche
´s et des variations
des prix des produits agricoles. Ainsi,
pour atte
´nuer l’effet prix, les valeurs
d’impact pre
´sente
´es ci-dessous sont
base
´es sur des valeurs moyennes
annuelles observe
´es sur la pe
´riode
2002 a
`2007.
Il convient de signaler que notre
me
´thode entraı
ˆne un double comptage
partiel, en comptant en outre les
impacts des cultures, qui sont en partie
utilise
´es dans l’industrie de l’alimenta-
tion animale et sont donc e
´galement
conside
´re
´s comme impacts associe
´s
aux aliments consomme
´s par les e
´le-
vages. Ce double comptage est ine
´vi-
table, e
´tant donne
´les donne
´es
disponibles. Il faut noter que nos
calculs n’ont pas pour objectifs de faire
le bilan des impacts totaux au niveau
franc¸ais, mais pluto
ˆt d’estimer les
impacts des syste
`mes de production
repre
´sente
´s par les orientations techni-
coe
´conomiques des exploitations
(OTEX).
L’inventaire des e
´missions de GES
concerne les trois principaux gaz e
´mis
par l’activite
´agricole, le me
´thane
(CH
4
), le protoxyde d’azote (N
2
O)
et le dioxyde de carbone (CO
2
).
Le CH
4
est principalement e
´mis par
les animaux d’e
´levage et notamment
les ruminants lors des processus
biologiques (fermentation ente
´rique)
et lors de la gestion des de
´jections des
animaux, au stockage, au transport et a
`
l’e
´pandage. Le N
2
Oeste
´mis lors de la
gestion des de
´jections animales et a
`la
suite de l’e
´pandage des engrais mine
´-
raux. Le CO
2
est principalement e
´mis
par les agents e
´nerge
´tiques ne
´cessaires
au fonctionnement des installations et
des machines agricoles. Les e
´missions
indirectes ge
´ne
´re
´es lors de la produc-
tion et du transport des principaux
intrants de l’agriculture sont aussi prises
en compte. Il s’agit principalement de
CO
2
et de N
2
O. Dans notre approche,
le stockage/de
´stockage de carbone
dans les sols n’est pas inte
´gre
´en
re
´fe
´rence aux recommandations du
Groupement international pour l’e
´tude
du climat (GIEC) qui l’inte
`gre a
`une
e
´chelle nationale dans la cate
´gorie
« utilisation des terres, leur changement
et la fore
ˆt ». La base RICA permet
d’identifier l’utilisation des terres, mais
elle ne permet pas d’identifier les
parcelles de l’exploitation qui changent
d’affectation (des prairies qui devien-
nent cultures et vice versa). Ainsi, nous
n’avons donc conside
´re
´ni stockage
de C sous les prairies, ni de
´stockage
sous les cultures annuelles, faute
de pouvoir identifier les parcelles
concerne
´es (celles ayant subi un chan-
gement d’affectation).
Parmi les flux d’e
´nergie directe et
d’e
´nergie indirecte de l’activite
´agri-
cole, nous avons retenu l’utilisation des
carburants et combustibles, du gaz et
de l’e
´lectricite
´et l’e
´nergie indirecte
ne
´cessaire a
`la production et a
`la mise
a
`disposition des principaux intrants.
L’inventaire des e
´missions de GES et
des consommations d’e
´nergie s’arre
ˆte a
`
la sortie de l’exploitation, la phase aval
de transformation des produits agrico-
les n’e
´tant pas inte
´gre
´ea
`l’analyse.
L’e
´valuation des impacts des GES
s’appuie sur les facteurs d’e
´mission
et des facteurs de caracte
´risation
250 Cah Agric, vol. 21, n84, juillet-aou
ˆt 2012
re
´gulie
`rement actualise
´s par les experts
gra
ˆce a
`l’acquisition de donne
´es de plus
en plus pre
´cises. Les valeurs de re
´fe
´-
rence des e
´missions de CH
4
et de N
2
O
des surfaces cultive
´es sont celles
du GIEC. Le N
2
Oe
´mis suite a
`l’e
´pan-
dage d’engrais mine
´raux et les e
´mis-
sions lie
´es aux processus biologiques
s’accompagnant d’e
´changes de gaz
entre le sol et ses composants sont
e
´value
´s (IPCC, 2006b). Les e
´missions
de CH
4
et de N
2
O des diffe
´rentes
cate
´gories d’e
´levages sont inspire
´es
de la me
´thode applique
´e en France
par le Centre interprofessionnel d’e
´tu-
des de la pollution atmosphe
´rique
(CITEPA, 2010) en cohe
´rence avec
la me
´thode dite du tiers 2 du GIEC
(IPCC, 2006a). Les facteurs annuels
d’e
´missions sont applique
´s aux effectifs
moyens des diffe
´rentes cate
´gories
d’animaux pre
´sents sur chaque exploi-
tation de la base RICA (40 cate
´gories
structure
´es selon l’espe
`ce, l’a
ˆge, la
destination) en tenant compte de
diffe
´rents processus. Par exemple,
pour le CH
4
, nous estimons les e
´mis-
sions lors de la fermentation ente
´ri-
que, les e
´missions lors du stockage
des effluents dans les ba
ˆtiments d’e
´le-
vages et dans les aires de stockage, lors
du transport et de l’e
´pandage et lors des
pe
´riodes de pa
ˆturage. Pour le N
2
O, les
quantite
´s annuelles de gaz e
´mises lors
du stockage des effluents dans les
ba
ˆtiments d’e
´levage et dans les fosses
de stockage, lors du transport et de
l’e
´pandage sur les sols sont inte
´gre
´es.
Les utilisations des ressources e
´nerge
´-
tiques et les e
´missions de CO
2
par les
intrants se re
´fe
`rent a
`la base de donne
´es
BUWAL (1996) et a
`des donne
´es
internes de l’Institut national de la
recherche agronomique (Inra). Dans
la base RICA, seules sont enregistre
´es
les de
´penses d’engrais et d’aliments
achete
´s. Les entre
´es d’azote (N) par les
engrais et les aliments achete
´ssont
estime
´es par un mode
`le e
´conome
´-
trique. A
`titre d’exemple, les entre
´es
de Npar les engrais sont estime
´es
par le mode
`le (1) en s’appuyant sur
des informations a
`l’e
´chelle de
´parte-
mentale (Agreste, statistique agricole
annuelle et Union des industries de la
fertilisation [Unifa]).
Neng = Sk × exp (aNk + bkp Cp) +un(1)
Neng : unite
´s fertilisantes Nen kilo-
gramme ;
S
k
: surface de chaque culture k;
0
5
10
15
20
25
30
35
40
céréales
réales-gdes cult.
fruits-lég-fleurs-vin
bovins-lait
bovins-viande
bovins-lait-viande
ovins-caprins
granivores
polyculture
polyelevage-herbivores
polyelevage-granivores
gdes cult-herbi
autres combi.
T.éq. CO2/ha de SAU
Figure 2. Émissions de gaz à effet de serre (GES) selon l'orientation technique des fermes, en t. éq CO
2
/
ha de surface agricole utile (SAU).
Figure 2. Greenhouse gas (GG) emissions according to farm orientations, in ton eq CO
2
/ha of agricultural area.
Le trait vertical mesure la distance entre le premier et le troisième quartile de la modalit
e, le point repr
esentant la valeur
moyenne.
céréales
céréales-gdes cult.
fruits-lég-fleurs-vin
bovins-lait
bovins-viande
bovins-lait-viande
ovins-caprins
granivores
polyculture
polyélevage-herbi.
polyélevage-grani.
gdes-cult-herbi
autres combi.
Kg éq.CO2/1 000 euros produits
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Figure 1. Émissions de gaz à effet de serre (GES) selon l'orientation technique des fermes, en kg éq CO
2
/
1 000 euros de production.
Figure 1. Greenhouse gas (GG) emissions according to farm orientation, in kg eq. CO
2
/1,000 euros of
production.
Le trait vertical mesure la distance entre le premier et le troisième quartile de la modalit
e, le point repr
esentant la valeur
moyenne.
251Cah Agric, vol. 21, n84, juillet-aou
ˆt 2012
C
p
: effectif d’animaux de cate
´gorie p;
a
Nk
et b
kp
: parame
`tres estime
´s;
u
n
: terme d’erreur.
Utilise
´en projection dans la base
RICA, le mode
`le fournit une estima-
tion des entre
´es de Npour chaque
exploitation et en extrapolant, une
estimation nationale. Pour respecter
une cohe
´rence avec les donne
´es
nationales, un redressement indivi-
duel est ope
´re
´. L’indicateur d’impact
changement climatique s’exprime
en tonnes d’e
´missions d’e
´quivalent
CO
2
a
`l’horizon de 100 ans en appli-
quant le potentiel de re
´chauffe-
ment global fpour chaque GES
(f= 1 pour le CO
2
,f= 25 pour le
CH
4
et f=298pourle N
2
O [CITEPA,
2010]). L’utilisation d’e
´nergie non
renouvelable est estime
´eenme
´gajou-
les (MJ).
La phase d’interpre
´tation base
´e sur la
comparaison de syste
`mes tre
`s varie
´s
peut e
ˆtre riche d’enseignements. Le
classement des syste
`mes de produc-
tion agricole selon les deux angles
d’approche (la SAU et la valeur de
la production) met l’accent sur les
atouts et les contraintes qui pe
`sent sur
certains syste
`mes de production agri-
cole dans la perspective d’une e
´volu-
tion re
´glementaire de plus en plus
contraignante.
Des impacts
environnementaux
variant fortement
avec l'orientation
productive
Dans la base RICA, chaque exploita-
tion agricole est identifie
´e par son
orientation productive. Celle-ci est
de
´finie par la part plus ou moins
grande des cate
´gories de produits
constituant sa production globale.
Ainsi, une des nomenclatures de
l’OTEX comprend 17 modalite
´s repre
´-
sentant les diffe
´rentes combinaisons
productives couramment rencontre
´es
dans les exploitations franc¸aises
(Agreste, 2009). La nomenclature per-
met d’identifier les exploitations tre
`s
spe
´cialise
´es et celles qualifie
´es de
mixtes. Ces dernie
`res associent deux
ou plusieurs produits agricoles parti-
cipant dans des proportions notables a
`
la formation de la marge brute.
L’estimation actuelle regroupe les
orientations maraı
ˆchage, fleurs et
horticulture, fruits et vins.
Relativement a
`la valeur produite, les
productions bovines, et notamment la
production de bovins-viande sont
parmi les plus e
´mettrices de GES
(figure 1). Relativement a
`la surface
de l’unite
´de production, les granivo-
res e
´mettent en moyenne six fois plus
de GES que les autres OTEX (figure 2).
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
céréales
céréales-gdes cult.
fruits-lég-fleurs-vin
bovins-lait
bovins-viande
bovins-lait-viande
ovins-caprins
granivores
polyculture
polyélevage-herbi.
polyélevage-grani.
gdes-cult-herbi
autres combi.
MJ/1 000 euros produit
Figure 3. Utilisation d'énergie non renouvelable en MJ/1 000 euros de production en fonction de
l'orientation technique des fermes.
Figure 3. Non-renewable energy use in MJ/1,000 euros of production according to farm orientation.
MJ/ha de SAU
0
20 000
40 000
60 000
80 000
100 000
120 000
Céréales
céréales-gdes cult.
fruits-lég-vins-fleurs
bovins-lait
bovins-viande
bovins-lait-viande
ovins-caprins
granivores
polyculture
polyélevage-herbi
polyélevage-grani
gdes-cul-herbi
autres-combi
Figure 4. Utilisation d'énergie non renouvelable en MJ/ha de surface agricole utile (SAU) en fonction de
l'orientation technique des fermes.
Figure 4. Non-renewable energy use in MJ/ha of agricultural area according to farm orientation.
252 Cah Agric, vol. 21, n84, juillet-aou
ˆt 2012
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