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INTRODUCTION
Dans « the Africa competitiveness Report 2004 », publié par le World Economic Forum, le
classement n’a retenu que 25 pays africains considérés comme les plus compétitifs(growth
competitiveness index), au regard des facteurs générateurs d’une croissance durable et qui
mettent l’accent sur l’environnement macroéconomique(macroeconomic environment
index), la qualité des institutions publiques(public institutions index), le niveau de la
technologie et des infrastructures(technology index). Dans ce classement, on ne retrouve que
dix pays pétroliers et miniers(Botswana, Afrique du Sud, Namibie, Ghana, Algérie, Nigéria,
Zambie, Cameroun, Angola et Tchad) dont à peine trois d’Afrique centrale. Ainsi les deux
Congo, le Gabon et la Guinée Equatoriale n’ont même pas été retenus par le World Economic
Forum. Le Botswana arrive en tête de ce classement parmi les pays africains(mais 36
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sur 102
économies du monde examinées dans le Global competitiveness Report 2004), car il a
progressé dans tous les domaines, notamment la qualité de ses services publics, sauf dans
l’innovation, la Tunisie se classe 2
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parmi les 25 pour les mêmes raisons que le Botswana et
dispose d’une bonne marge de progression dans le domaine de la technologie et des
infrastructures. L’Afrique du Sud se classe 3
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, car ce pays domine tous les pays du Continent
en matière de technologie et d’infrastructures. On constate ainsi que la compétitivité et donc
l’attractivité des économies à l’échelle mondiale découlent largement du rôle économique de
l’Etat. En conséquence, ce papier vise à répondre à la question de savoir si l’intervention
économique de l’Etat reste pertinente aujourd’hui dans les PVD, d’Afrique surtout, en vue de
l’attractivité du territoire via notamment le développement des infrastructures économiques et
sociales(IES), ainsi que la promotion du capital social qui suppose la bonne qualité des
institutions. On montrera sur la base de l’approche conceptuelle et contradictoire de « l’Etat
développeur » versus « l’Etat prédateur », dans les PVD que l’expérience réussie des pays
émergents d’Asie de l’Est qui ont fondé leurs performances économiques sur une vision
stratégique du développement résultant de la conception institutionnaliste de l’Etat,
s’expliquerait à titre principal par un fort interventionniste économique de l’Etat, via surtout
la modernisation des IES ainsi que la promotion du capital social, d’où une forte attractivité
du territoire de ces pays en termes d’ IDE notamment, dans les secteurs porteurs pour les
multinationales, à savoir le secteur manufacturier et les services. Ceci s’est traduit par un
comportement de type « Etat capitaliste développeur » à l’inverse de la conception néo-
utilitaire de l’Etat qui caractérise la majorité des pays miniers et pétroliers d’Afrique. Il en est
résulté un faible développement des IES ainsi que le faible niveau de capital social et la très
faible diversification sectorielle de leur économie, du fait du comportement type « Etat
prédateur » et rentier. Dès lors, le territoire de ces pays reste peu attractif vis-à-vis des IDE
pour les secteurs porteurs, les Multinationales n’y étant attirées, pour l’essentiel, que par le
secteur des industries extractives, spécialement les matières primaires stratégiques (pétrole,
diamant, or, coltan, uranium)
Au plan méthodologique, notre étude se réfère à la littérature disponible, en particulier la
Nouvelle Economie Géographique (NEG) sur l’attractivité du territoire en liaison avec
l’intervention économique de l’Etat ; l’attractivité du territoire étant appréhendée au sens
large comme la capacité d’un territoire à attirer et maintenir des ressources, qu’elles soient
humaines, financières ou technologiques. Une étude économétrique tente d’expliquer la
dynamique de l’IDE par les variables liées au développement des IES, à travers une
comparaison entre les pays émergents d’Asie de l’Est et d’Afrique australe d’une part, et de
l’autre, les pays pétroliers et miniers d’Afrique centrale. Notre hypothèse de recherche
consiste à soutenir qu’un territoire est d’autant plus attractif vis-à-vis des IDE que ceux-ci
sont affectés à des secteurs diversifiés et porteurs grâce notamment au rôle de l’Etat