www.cadredesan
te.com
"Toute reproduction partielle ou totale de la présente publication est interdite sans l'autorisation de l'auteur et de son éditeur"
Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992
Hughes, le premier, énonce que l'activité professionnelle de n'importe qui doit être
étudiée comme un processus non seulement biographique, mais également
identitaire. Il dégage quatre principes fondateurs que Dubar et Tripier ont
synthétisé
s
:
1. Les groupes professionnels (occupational groups) sont des processus
d'interactions qui conduisent les membres d'une même activité de travail à s'auto
-
organis
er, à défendre leur autonomie et leur territoire et à se protéger de la
concurrence
;
2. La vie professionnelle est un processus biographique qui construit les iden
tités
tout au long du déroulement du cycle de vie, depuis l'entrée en activité jusqu'à la
retraite, en passant par les tournants de la vie (turning points)
;
3. Les
processus biographiques et les mécanismes d'interactions sont dans une
relation d'interdépendance
: la dynamique d'un groupe professionnel dépend des
trajectoires biographiques (careers) de ses membres, elles-
mêmes influencées par les
interactions existan
t entre eux et avec l'environnement
;
4. Les groupes professionnels cherchent à se faire reconnaître par leurs
partenaires en développant des rhétoriques profession
nelles et en recherchant des
protections légales. Certains y parviennent mieux que d'autres, grâce à leur position
dans la division morale du travail et à leur capacité à se coaliser. Mais tous aspirent à
obtenir un statut protecteur.
[9
]
La «
conversion professionnelle
» implique surtout d' (…) apprendre à gérer ce
décalage entre les «
modèles professionnels
» théoriques et un peu sacré
(saintly
models) et les «
réalités professionnelles
» faites de sales boulots (durty works), de
pratiques très «
terre à terre
» et de controverses, débats, divisions parmi le groupe
professionnel «
qui est segmenté en autant de sous
-
groupes qu'il existe d
e type de
pratiques, de spécialités.
[10
]
Pour rendre compte du jeu constant entre les professions et au sein de celles
-
ci, les
socio
logues interactionnistes ont également isolé plusieurs concepts.
Hughes évoque à ce titre licence (autorisation d'exercer) et mandate (obligation de
mission), notamment pour rendre compte de la distinction anglo
-
saxonne entre
professions et occupations.
Selon Hughes, tout emploi (occupations) entraîne une revendication, de la part de
chacun, d'être autorisé (Licence) à exercer certaines activités que d'autres ne
pourront pas exercer, à s'assurer d'une certaine sécurité d'emploi en limitant la
concurrence
; une fois cette autorisation acquise, chacun cherche à revendiquer une
mission (mandate), de manière à «
fixer ce qui la conduites spécifique des autres à
l'égard des domaines (matters) concernés par son travail
» (…) De ce fait licence et
mandate sont l'
objet de conflits, de luttes politiques entre groupes professionnels en
compétition pour la protection et la valorisation de leurs emplois.
[
11
]
Cependant, loin de n'envisager que les rapports des professions entre elles, la vision
interactionniste des professions met en question l'identité professionnelle collective.
A. Strauss tout particulièrement développe une réflexion sur les «
se
gments
professionnels
». En effet (…) son point de départ n'est pas l'unité communautaire
d'une profession, mais au contraire les «
conflit d'intérêts et de changements
». Il ne
définit pas une profession comme «
le partage d'une même identité ou de valeur
s
communes
» mais comme un conglomérat de segments en compétition et en