Les fondations de l’Islam : approche théologique et doctrinaire PROF CLAUDIO MONGE Université de Fribourg Faculté de Théologie AA. 2009-2010 XIII - LES CATEGORIES DE LA SUNNA Elle se compose en 3 catégories normatives : 1) La sunna orale ou Qawliya : Il s’agit de tous les dires de Mohammed, qu’on appelle les Hadith que le prophète à exprimé en différents lieux et sur une multitude de situations précises. Ex. : « pas de nuisance et pas de malfaisance ». La sunna Qawliya prend aussi en compte les paroles des compagnons du prophète, en lui conférant la teneur de sunna. Ex : « Le prophète nous a interdit de… » 2) La sunna de la pratique ou Fi’liya (la plus importante) Il s’agit de tous les actes que le prophète à accomplie en tant que musulman : les 5 piliers de l’Islam. C’est en effet la Sunna Fi’liya qui a fixé le nombre à 5, les prières quotidiennes, le nombre de rak’ats (un cycle dans la prière composé par inclinaison et prosternations), l’explication de la zakat (aumône), pour qui et quelle quantité payer. Elle nous explique le comment du pèlerinage (hajj). Ex. : Muhammed a dit : « Priez comme vous me voyez priez ! » ; concernant le hajj, les compagnons ont dit : « Gabriel a fait le hajj, le prophète a suivi et les compagnons ont fait comme le prophète ». 3) La sunna d’acquiescement ou Taqririya Quand un musulman fait une action et que le prophète SWS, n’a fait aucune remarque, cette action est considérée par son silence, comme une sunna du prophète. Elle est par conséquent une approbation du prophète. Où bien que l’acte s’est déroulé à son époque mais qu’il n’a pas jugé interdire ou changer. Ex. : deux compagnons avaient utilisé l’ablution sèche. L’un des deux, refit ses ablutions quand il se trouva à proximité. L’autre non. Le prophète a répondu à celui qui ne recommença pas ses ablutions : « tu as accomplis une sunna et ta prière reste valide» à l’autre compagnon, il lui dit : « tu as reçu deux fois la même récompense ». La Sunna non normative : 1) la Sunna Jibilliya ou coutumière. Elle n’est qu’informative. On la classe dans la nature humaine. On n’est pas obligé de suivre ces pratiques comme ce qu’a mangé le prophète, comment il s’est habillé… Certaines coutumes, répandus à l’époque du Prophète, sont antéislamique et le législateur n’a pas juger nécessaire de les changer, Ex. : L’excision, pratiquée actuellement encore au Soudan, en Egypte et surtout en Afrique, fait référence dans le Hadith du Khitâan ou du Khifadh. L’opération n’est, bien évidemment, absolument pas obligatoire. Les Ulémas sont unanimes (Ijmaa) pour affirmer que ces pratiques ne sont en rien islamiques. En 1996 un décret fut promulgué interdisant l’excision « Cette coutume néfaste qui n’est ni musulmane ni égyptienne » Ce décret reçu l’approbation du Sheikh d’Al Azhar, Mohamed Sayed Tantaoui. Les fondations de l’Islam : approche théologique et doctrinaire PROF CLAUDIO MONGE Université de Fribourg Faculté de Théologie AA. 2009-2010 2) La Sunna d’abandon ou Tarkiyya : elle impose d’abandonner l’interdit 3) La Sunna Khossosiya : Il y a aussi des pratiques que Seul le prophète a accompli comme le jeûne, jour et nuit. Le prophète dit : « Je jeûne jour et nuit car Dieu m’abreuve et me nourrit mais vous ne faîte pas comme moi » ; certains actes cultuels appartenant au prophète seul. Elle peut par conséquent, affirmer les jugements du Coran : « Les biens d’un musulman sont interdit, si ce n’est qu’avec son consentement formel. » Ce hadith confirme les paroles d’Allah : « Ô les croyants ! Que les uns d’entre vous ne mangent pas les biens des autres illégalement. » (Sourate IV, 29, dite « Les Femmes - Annissa ») Elle détaille les jugements cités globalement par la parole divine : La sunna légifère un jugement dont le Coran ne parlerait pas. Enfin, Elle peut interpréter les versets. Pour illustrer cette dernière partie, la plus importante, le cas de l’interprétation du verset 34 de la Sourate IV « An nissa » (les femmes) : On traduit généralement « les hommes ont autorité sur les femmes à raison de ce que Dieu les avantage sur elles, et il incombe de ce fait de faire dépenses sur leurs bien. Réciproquement, les bonnes épouses sont dévotieuses et gardent dans l’absence ce que Dieu sauvegarde. Celles de qui vous craignez l’insoumission, faites-leur la morale, désertez leur couche, battez-les. Mais une fois ramenée à l’obéissance, ne leur cherchez pas prétexte. Dieu est Auguste et grand ». C’est un glissement de sens que de traduire Qawamun par « autorité » qui a ici un sens plus large. Il se traduit plus justement comme « assumer » ou « subvenir au besoin de » sousentendu : « la protection, les besoins des femmes ». En ce qui concerne Fadhribuhuna, « battre », certains exégètes l’ont traduit de l’arabe originel qui signifie : afficher votre différent, ayez une attitude ferme » en vue d’une médiation par exemple avant d’en arriver au divorce. Cela se confirme par le verset suivant : « Si vous craignez la division entre époux, commettez un arbitre de la famille, un arbitre de celle de l’épouse. S’ils veulent un raccommodement, Dieu les y fasse réussir. Dieu est Connaissant, Informé ». Malheureusement par une lecture plus littérale du verset, d’autres exégèses disent : « Le mari peut être amené dans les cas les plus extrêmes et les plus graves, à donner une tape (en dehors du visage) sans faire de mal pour lui signifier sa colère. (Abderrahman Elyoussouf, Prof. De religion). Hadith s’approchant de cette interprétation : D’après Ibn Abbas qui fut interrogé pour le sens de « idrubuhunna » (frappez-les), il répondit : « Bi essiwâki wa nahwih » avec le Siwak (petit bâton qui a la taille d’un stylo) et ce qui est du même genre. C’est l’impact même du geste et non la force de celui-ci. Ces savants disent que si le coup donné laisse la moindre trace, le talion s’impose. Quoi qu’il en soit, la pratique de battre sa femme était une coutume de la Mecque. Elle fut interdite après l’Hégire à Médine, ce qui provoqua de graves troubles sociaux à la Les fondations de l’Islam : approche théologique et doctrinaire PROF CLAUDIO MONGE Université de Fribourg Faculté de Théologie AA. 2009-2010 veille de la bataille d’Ohod. Le temps n’était pas aux troubles. Ce verset ci-dessus interdit cette pratique. Les savants se basent sur un hadith du prophète : « Le meilleur d’entre vous, ne frappe pas sa femme. » Conclusions : A l’état actuel des choses, un Sunnite est contraint de suivre la Sunna. Seule outil nécessaire pour approcher le Coran à sa compréhension quant à la pratique de l’Islam. Y déroger serait perçu comme une infidélité à la communauté musulmane. Aussi, certains passages restent néanmoins ambigus, quand on essaye de l’affronter à la lumière de notre civilisation occidentale. Il est donc de notre responsabilité si on souhaite exercer l’Ijtihad, (effort d’interprétation) « dans la voie de Dieu », d’avoir une connaissance solide en sciences islamiques, seul rempart à l‘obscurantisme. Seul moyen de contrer nombre d’interprétations abusives qui forcent une lecture littérale du texte coranique et qui fait préjudice à toute la communauté musulmane. Je finirai par citer ce que le prophète Mohammed (SWS) a énoncé : « Ce qui est bon pour tous les musulmans est bon également pour Allah, et ma communauté ne tombera jamais d’accord sur une erreur ».