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MAI 2008 - PHARMACEUTIQUES
le CEPS3
et si l’hô-
pital achète
m o i n s c h e r
grâce à des vo-
lumes importants,
il récupère la moitié de
l’économie réalisée. Dans le
choix des médicaments, le prix est
important, bien sûr, mais c’est loin d’être le seul
critère. Pour un médicament, la qualité est même pri-
mordiale : le conditionnement unitaire est ainsi privilé-
gié, car il sécurise le circuit du médicament, et on prend
en compte dans le coût global tous les coûts annexes
qui concernent par exemple les conditions de livrai-
son, les dépannages en urgence et le coût d’utilisation...
Comment se déploient les systèmes d’information à
l’hôpital, notamment au regard du circuit du médica-
ment ?
Nous sommes en période de transition et l’informatisation ●
est en plein essor. Mais il existe des disparités énormes entre
hôpitaux : certains établissements sont bien avancés, tandis
que d’autres démarrent à peine. En outre, il n’y a pas un hô-
pital qui ait un système d’information identique à un autre.
Résultat, il est trop tard pour que les autorités puissent impo-
ser un modèle unique : chaque hôpital doit se débrouiller seul.
Selon moi, il faudra encore 10 ans pour que l’ensemble des
hôpitaux soient totalement informatisés, d’autant plus qu’on
est désormais dans une perspective d’informatisation de l’en-
semble de la production de soins : le dossier patient, le circuit
du médicament, sont autant de projets d’informatisation qui
ne doivent pas occulter une problématique globale de prise en
charge du patient. Il n’existe pour l’heure pas d’échéance glo-
bale pour la mise en place de l’informatisation, mais chaque
hôpital doit signer un Contrat de bon usage du médicament
(CBUM) qui l’engage notamment à informatiser son circuit
du médicament à plus ou moins long terme. La certifica-
tion des hôpitaux mise en place par la HAS, avec des échéan-
ciers à cinq ans et des rapports rendus publics, est également
un moteur essentiel dans la dynamique d’informatisation.
Quels sont les bénéfices attendus de l’informatisation pour
les médicaments ?
C’est d’abord la sécurisation du circuit du médicament ●
qui permettra de diminuer les erreurs qui concernent 8 à
20 % des médicaments administrés à l’hôpital. On estime
que 15 000 à 17 000 morts par an en France pourraient être
liées aux médicaments (effets indésirables + erreurs médica-
menteuses) : c’est plus que les accidents de la route ! Il s’agit
d’un vrai problème de santé publique. Pour moi, l’informati-
sation est aussi une vraie chance que le pharmacien hospita-
lier (PH) doit saisir. Elle va en effet lui permettre de se repo-
sitionner comme le spécialiste du médicament, de l’analyse
des ordonnances, du suivi du traitement et notamment des
effets indésirables, des adaptations de posologie, des interac-
tions médicamenteuses, mais aussi du conseil aux patients et à
l’équipe soignante… Je pense que grâce à l’informatisation et
à l’automatisation, le PH va pouvoir dégager du temps pour
aller dans les services et faire évoluer son rôle vers la pharmacie
clinique. L’autre enjeu de l’informatisation est économique,
car elle améliorera les performances du circuit et elle permet-
tra un meilleur suivi des prescriptions et de la consommation
de médicaments, ce qui présente un intérêt certain pour les
autorités de santé. Au final, chacun y trouvera son compte. n
Propos recueillis par Valérie Moulle
(1) Association pour le développement de l’internet en pharma-
cie hospitalière — ADIPH (www.adiph.org).
(2) Commission des médicaments et des dispositifs médicaux
stériles — COMEDIMS.
(3) Comité économique des produits de santé — CEPS.
Hôpital Dossier
L’ADIPH et ses objectifs.
L’ADIPH est une association loi 1901, à but non lu-
cratif, créée il y a une dizaine d’années. Elle regroupe
aujourd’hui environ 1 800 adhérents et affiche deux
objectifs essentiels : l’information et la formation, le
tout fondé sur les principes fondamentaux d’inter-
net : accès à tous, participation et libre expression
des acteurs, gratuité. Le fonctionnement repose sur
deux volets : d’un côté, le site internet, public (www.
adiph.org), avec partage de documents et mise en li-
gne de textes officiels (500 visites par jour environ),
et de l’autre, les listes de diffusion, privées et réser-
vées aux PH (3 000 messages échangés par an). Ces
listes, au nombre de cinq, permettent aux adhérents
de partager leurs expériences : le pharmacien pose
sa question aux autres adhérents qui peuvent lire les
messages et répondre à l’ensemble de la communauté.
Une des listes, créée en avril 2007, concerne les systè-
mes d’information. En un an, près de 300 messages y
ont été échangés, preuve que c’est un sujet d’actualité.
DR