L`informatisation, un enjeu clé pour l`hôpital

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PHARMACEUTIQUES - MAI 2008
Comment se fait le choix des médicaments référencés
dans un hôpital ?
Tout passe par la COMEDIMS 2
, qui définit le « li-
vret thérapeutique » : cette liste de médicaments dispo-
nibles à l’hôpital évolue en fonction des besoins, des ré-
férentiels de bon usage du médicament, des arrêts de
commercialisation… Ce livret est local, car il dépend
des spécialités médicales exercées à l’hôpital et aussi des
habitudes de prescription. La COMEDIMS se réunit
au minimum trois fois par an. Pharmaciens et médecins
y sont représentés, ainsi que d’autres acteurs concer-
nés par les médicaments et les dispositifs médicaux et
des représentants des différentes instances de l’hôpital.
Comment se font les nouvelles inscriptions ?
Tout dépend de l’organisation mise en place. Par exemple,
à l’hôpital de Lisieux, la COMEDIMS a chargé un groupe
de travail d’étudier toute nouvelle demande de référence-
ment. Celle-ci émane obligatoirement d’un médecin, qui
doit remplir un dossier détaillé pour objectiver sa demande.
Le groupe de travail, qui a une plus grande réactivité que la
COMEDIMS (une réunion par mois), étudie la demande
et ses décisions sont validées par la COMEDIMS suivante.
Il peut ainsi décider, sur des arguments scientifiques et éco-
nomiques, d’inscrire une spécialité au livret, en définissant
d’éventuelles restrictions de prescription, par exemple en le
réservant à certaines indications précises. La COMEDIMS
peut également charger des groupes d’experts de revoir
l’ensemble de l’arsenal thérapeutique disponible pour trai-
ter une ou plusieurs pathologies. Cela arrive notamment à
l’occasion de l’arrivée de nouveaux médicaments qui remet-
tent en question la prise en charge médicale des patients.
Les regroupements d’hôpitaux ont-ils un impact sur les
prix des médicaments ?
L’hôpital est soumis au Code des marchés publics et lance
des appels d’offre pour la majeure partie des médicaments.
Leur durée, leur fréquence et leur contenu est variable en
fonction de la taille des hôpitaux. Ce type de procédure est
lourd d’un point de vue administratif, mais a l’avantage
de mettre les laboratoires en concurrence, même si elle est
limitée quand il n’existe pas de génériques. Malgré tout,
la COMEDIMS décide de l’allotissement et peut aussi,
sur des arguments scientifiques d’équivalence, mettre en
concurrence plusieurs molécules d’une même classe théra-
peutique (ex : les Héparines de bas Poids moléculaire). Les
petits hôpitaux qui, du fait de leurs volumes d’achat peu
importants, pouvaient faire des procédures adaptées et né-
gocier leurs prix, sont de plus en plus incités par les Agences
régionales d’hospitalisation (ARH) à mutualiser leurs pro-
cédures et à intégrer des groupements d’achat. C’est ce qui
s’est passé récemment dans la région Basse-Normandie
notre groupement va passer de 12 à plus de 30 hôpitaux !
Pour les médicaments hors T2A, un prix plafond est fixé par
L’informatisation,
un enjeu clé
pour l’hôpital
Sécurisation du circuit du médicament, suivi des
prescriptions, évolution du rôle du pharmacien :
Agnès Bobay-Madic, Docteur en pharmacie et présidente
de l’ADIPH 1, revient sur les enjeux de l’informatisation
à l’hôpital, en plein essor.
« LE RÔLE DU PHARMACIEN
HOSPITALIER VA ÉVOLUER
VERS LA PHARMACIE
CLINIQUE », ESTIME AGNÈS
BOBAY-MADIC, PRÉSIDENTE
DE L’ADIPH.
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MAI 2008 - PHARMACEUTIQUES
le CEPS3
et si l’hô-
pital achète
m o i n s c h e r
grâce à des vo-
lumes importants,
il récupère la moitié de
l’économie réalisée. Dans le
choix des médicaments, le prix est
important, bien sûr, mais c’est loin d’être le seul
critère. Pour un médicament, la qualité est même pri-
mordiale : le conditionnement unitaire est ainsi privilé-
gié, car il sécurise le circuit du médicament, et on prend
en compte dans le coût global tous les coûts annexes
qui concernent par exemple les conditions de livrai-
son, les dépannages en urgence et le coût d’utilisation...
Comment se déploient les systèmes d’information à
l’hôpital, notamment au regard du circuit du médica-
ment ?
Nous sommes en période de transition et l’informatisation
est en plein essor. Mais il existe des disparités énormes entre
pitaux : certains établissements sont bien avans, tandis
que d’autres démarrent à peine. En outre, il n’y a pas un -
pital qui ait un système d’information identique à un autre.
Résultat, il est trop tard pour que les autorités puissent impo-
ser un modèle unique : chaque hôpital doit se débrouiller seul.
Selon moi, il faudra encore 10 ans pour que l’ensemble des
pitaux soient totalement informatis, d’autant plus qu’on
est désormais dans une perspective d’informatisation de l’en-
semble de la production de soins : le dossier patient, le circuit
dudicament, sont autant de projets d’informatisation qui
ne doivent pas occulter une probmatique globale de prise en
charge du patient. Il n’existe pour l’heure pas d’échéance glo-
bale pour la mise en place de l’informatisation, mais chaque
pital doit signer un Contrat de bon usage du médicament
(CBUM) qui l’engage notamment à informatiser son circuit
du médicament à plus ou moins long terme. La certifica-
tion des hôpitaux mise en place par la HAS, avec des échéan-
ciers à cinq ans et des rapports rendus publics, est également
un moteur essentiel dans la dynamique d’informatisation.
Quels sont les bénéfices attendus de l’informatisation pour
les médicaments ?
C’est d’abord la curisation du circuit du dicament
qui permettra de diminuer les erreurs qui concernent 8 à
20 % des médicaments administrés à l’hôpital. On estime
que 15 000 à 17 000 morts par an en France pourraient être
liées aux médicaments (effets indésirables + erreurs médica-
menteuses) : c’est plus que les accidents de la route ! Il s’agit
d’un vrai problème de santé publique. Pour moi, l’informati-
sation est aussi une vraie chance que le pharmacien hospita-
lier (PH) doit saisir. Elle va en effet lui permettre de se repo-
sitionner comme le spécialiste du médicament, de l’analyse
des ordonnances, du suivi du traitement et notamment des
effets indésirables, des adaptations de posologie, des interac-
tions dicamenteuses, mais aussi du conseil aux patients et à
l’équipe soignante… Je pense que gce à l’informatisation et
à l’automatisation, le PH va pouvoir dégager du temps pour
aller dans les services et faire évoluer son le vers la pharmacie
clinique. L’autre enjeu de l’informatisation est économique,
car elle améliorera les performances du circuit et elle permet-
tra un meilleur suivi des prescriptions et de la consommation
de dicaments, ce qui présente un int certain pour les
autorités de santé. Au final, chacun y trouvera son compte. n
Propos recueillis par Valérie Moulle
(1) Association pour le développement de l’internet en pharma-
cie hospitalière — ADIPH (www.adiph.org).
(2) Commission des médicaments et des dispositifs médicaux
stériles — COMEDIMS.
(3) Comité économique des produits de santé — CEPS.
Hôpital Dossier
L’ADIPH et ses objectifs.
L’ADIPH est une association loi 1901, à but non lu-
cratif, créée il y a une dizaine d’années. Elle regroupe
aujourd’hui environ 1 800 adhérents et affiche deux
objectifs essentiels : l’information et la formation, le
tout fondé sur les principes fondamentaux d’inter-
net : accès à tous, participation et libre expression
des acteurs, gratuité. Le fonctionnement repose sur
deux volets : d’un côté, le site internet, public (www.
adiph.org), avec partage de documents et mise en li-
gne de textes officiels (500 visites par jour environ),
et de l’autre, les listes de diffusion, privées et réser-
vées aux PH (3 000 messages échangés par an). Ces
listes, au nombre de cinq, permettent aux adhérents
de partager leurs expériences : le pharmacien pose
sa question aux autres adhérents qui peuvent lire les
messages et répondre à l’ensemble de la communauté.
Une des listes, créée en avril 2007, concerne les systè-
mes d’information. En un an, près de 300 messages y
ont été échangés, preuve que c’est un sujet d’actualité.
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