Note de l’auteur!
!
Azyadé Bascunana m’a parlé de sa grand-mère, du lien privilégié qu’elle
avait avec elle, et de la promesse qu’elle lui avait faite, avant sa mort, de
disperser ses cendres en Algérie. Promesse qu’elle n’a, à l’heure où
j’écris, jamais pu honorer.
C’est le point de départ de notre projet, cette « impossibilité ». Nos
échanges se sont fait plus nombreux, sous formes d’entretiens et de
questionnaires. Il s’agissait de reconvoquer des souvenirs intimes,
anciens ou plus récents, joyeux ou plus douloureux.
Une fois cette matière accumulée, je suis parti en écriture. Je dis
« partir » comme on dit partir en voyage car l’écriture c’est opérer un
déplacement.
En tant qu’auteur, j’aime travailler sur le réel, tel qui peut m’être raconté.
J’aime partir de ce réel et le distiller dans le texte sans qu’on sache au
final ce qui est vrai de ce qui est inventé. Et dans le texte, il y a cette
tension entre le vrai et le faux qui amène à s’interroger sur ces deux
notions dans le sens où la mémoire transforme nos souvenirs et les
éloigne parfois de ce qu’on croit être la réalité.
Quand ce réel appartient à l’acteur qui va le jouer, cela est d’autant plus
intéressant car on parvient à créer chez lui un état de trouble. Un trouble
produit par la reconnaissance des éléments de sa propre histoire qui
sont réinventés par la langue d’un autre.
De cet écart naitra le jeu, où plutôt l’angle sous lequel sera abordé le jeu.
Les souvenirs des nombreux étés où je rentrais « au bled », comme on
le disait dans ma jeunesse, m’ont beaucoup servi pour reconvoquer
l’ambiance et l’atmosphère de l’Algérie des années 90 où les gens
vivaient dans un climat particulier étant donné les nombreux
enlèvements et meurtres qui sévissaient dans le pays.
Mais ce sont des souvenirs de l’enfant fasciné qui irriguent également le
texte. Le souvenir des taxis jaunes, du corps des femmes, etc…
Pour finir, je voulais que ce texte pose clairement la question du théâtre.
Qu’est-ce que nous faisons quand nous montons sur un plateau ?
En tant qu’auteur, mais également d’acteur et metteur en scène, j’ai
souhaité que cette interrogation passe par l’écriture.