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Auteur(e): Martin Körner / AN
3 - XIXe et XXe siècles
Parmi les objectifs du gouvernement de la République helvétique figurait une réforme radicale de la monnaie.
Les Conseils législatifs définirent, le 19 mars 1799, une monnaie d'argent, le franc suisse, dont le poids de fin
était fixé à 1/37 du marc de Paris (244,752 g), soit 6,6149 g. Le rapport entre l'argent et l'or était alors de
1:15,359. Il subit ensuite de fortes fluctuations qui affectèrent le franc suisse comme d'autres monnaies. Sous
l'Helvétique, l'instabilité politique permanente ne permit pas à la réforme monétaire de s'imposer. Se référant
à l'acte de Médiation de février 1803, la Diète fixa, en août, la valeur du franc suisse à 1,5 nouveau franc
français exactement. Le nouveau franc suisse fut frappé sur la base de 6,77025 g d'argent fin, soit une
augmentation de 2,4%. Après la Restauration, dix-neuf cantons décidèrent d'adapter à nouveau le franc
suisse à la monnaie française; il fut ainsi ramené, en 1819, au poids de 6,665 g pour correspondre à 1,5 livre
tournois. Mais comme très peu de cantons observèrent la nouvelle réglementation, le chaos monétaire déjà
existant s'amplifia, même les alliances et concordats monétaires n'étant pas en mesure d'y remédier.
L'Etat fédéral réalisa enfin la réforme monétaire. La loi de 1850 s'en tint à une monnaie d'argent; pesant 5 g,
le franc suisse eut initialement un titre de 900/1000, donc un poids de fin de 4,5 g, ce qui représentait une
nouvelle dévaluation de 32%. On convint de frapper des pièces de 5 fr., 2 fr., 1 fr. et 0,50 fr. Cependant, le
rapport entre les productions mondiales d'or et d'argent se modifia après 1850. L'or vit son prix baisser
progressivement et chassa l'argent sur le marché monétaire (loi de Gresham). Afin de pallier la pénurie de
monnaies qui menaçait, la Suisse décida, en 1860, d'accepter les monnaies d'or françaises et sardes en tant
que moyen de paiement au cours de 1 g d'or pour 15,5 g d'argent. Elle passa ainsi au bimétallisme (or
dominant et argent). Vu l'évolution du rapport des prix, il fallut adapter le titre du franc suisse pour entraver
la fuite de l'argent. On le ramena à 800/1000, soit à 4 g de fin pour une pièce de 5 g, ce qui équivalait à une
dévaluation de 11%. Il en résulta des écarts entre les pays de la zone franc: en Belgique, le titre était de
900/1000, en France et en Italie de 835/1000. En 1865, la Belgique, la France, l'Italie et la Suisse fondèrent
l'Union monétaire latine qui avait pour but de rétablir la parité monétaire antérieure. La Suisse s'engagea à
améliorer la teneur en fin de ses monnaies d'argent: le titre devait passer à 835/1000 ou 4,175 g sur 5 g pour
les pièces de 1 fr. (5 g) et 2 fr. (10 g) et à 900/1000 ou 4,5 g sur 5 g pour la pièce de 5 fr. (25 g). En fait, la
réévaluation correspondait au renforcement de la pièce de 5 fr., soit 12,5%, car les pièces de valeur faciale
inférieure étaient déjà considérées comme des monnaies divisionnaires dont les valeurs matérielle et
monétaire différaient. Cette solution avait pour autre avantage d'éviter la refonte des très nombreuses pièces
de 1 et 2 fr. en circulation. La Suisse obtint un délai jusqu'en 1878 pour adapter sa frappe. Comme le traité de
l'Union prévoyait aussi une pièce d'or de cinq francs d'un poids de 1,6129 g et d'un titre de 900/1000, le franc
valait également 290,32 mg d'or fin. Le rapport entre l'argent et l'or était de 1:15,35. Dans les années 1870,
l'argent reprit le dessus dans la production mondiale de métaux précieux et son prix chuta; les frappes de
monnaies d'argent se multiplièrent, jusqu'à ce que les pays de l'Union s'entendent pour les suspendre, afin de
parer à une fuite de l'or. La cessation de la frappe de monnaies d'argent en novembre 1878 marqua le début,
en Suisse également, d'une période de "bimétallisme bancal". De cette manière, il fut au moins possible
d'éviter provisoirement une nouvelle évaluation du franc suisse. Le rapport entre l'argent et l'or continua
d'évoluer en faveur du second et atteignit 1:36,2 sur le marché de Londres en 1905, ce qui porta à plus de
90% la part de l'or dans les réserves métalliques des banques d'émission suisses. En dépit de l'évolution des
prix sur les marchés des métaux précieux, la Suisse ne changea pas la teneur en or ou en argent de la pièce
de 5 fr., base de sa monnaie. Mais avec le développement et le cours forcé des billets de banque, ce fut de
plus en plus la convertibilité en or qui garantissait la stabilité de la monnaie. Le passage de la politique
monétaire suisse à l'étalon-or s'amorça au cours des années 1920, notamment après la dissolution de l'Union
monétaire latine. Le pas décisif fut franchi avec la nouvelle loi fédérale sur la monnaie de 1931, qui définit
comme unité monétaire le franc à 290,32 mg d'or fin (9/31e). En 1929 déjà, la pièce d'argent de 5 fr. avait été