Cours de Philosophie, Introduction - L`action littéraire

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Cours de Philosophie, Introduction
Il y a les cafés-philos, les universités populaires, les
livres-de-philosophie qui expliquent ce qu’est la
philosophie - mais cela suffit-il, à l’orée d’un voyage, de
ne se soucier que des "conditions de possibilité" de ce
voyage ? plutôt que de le faire ... Et si "la philosophie"
n’existait tout simplement pas ?
S’il y a problème avec "la" "philosophie", c’est que la
langue que nous utilisons nous propose des outils de
simplification. "La" évoque un lieu ou une unité. Et
l’usage de l’expression "la philosophie" laisse entendre
que quelque chose de tel, qui a un espace d’expression,
existe. Or, si une chose essentielle a été dite et répétée
dans des textes "philosophiques", c’est l’importance de
poser des questions sur les affirmations générales, ou
même les axiomes de la pensée, ou même encore les
fameux "préjugés". Qu’il y ait de "la philosophie", n’estce pas à démontrer plus qu’à montrer ? Pour montrer,
rien ne serait plus simple. Il suffit de se prendre par la
main, de franchir le seuil d’une librairie ou d’une
bibliothèque, et de se rendre au rayon. Les livres et les
auteurs vous attendent, pour que vous leur donniez vie...
Mais suffit-il qu’"on" me dise que j’ai à faire, là, avec de
"la philosophie" pour que ce soit vrai ? La encore, les
textes les plus importants nous apprennent à nous méfier
du "on" - mais nous apprennent-ils à nous méfier d’eux ?
Il est une antienne qui veut que "la philosophie" naisse
avec l’étonnement". Si nous récusons l’expression de "la
..." parce qu’elle n’est qu’une hypothèse, l’étonnement
n’est pas extérieur à nous, mais designe un phénomène
de conscience que nous connaissons. Nous nous
souvenons, tous, enfants, de nos "etonnements" :
pourquoi cela est, comme cela est... possible.
L’étonnement natif pour ce qui advient comme
conscience philosophique serait donc un étonnement
maximal devant de ce qui est, son être-autre par sa
radicale étrangeté. Mais n’est-ce pas étonnant un tel
étonnement ? Et à quoi mène un tel étonnement devant
tout, si ce n’est au silence ? "La philosophie", cela designe
t-il un espace de silence ? Les textes et les auteurs
bruissent de paroles à quelques mètres de nous, et si
nous ouvrons leurs livres, les pages ne sont pas blanches.
Ils parlent. Et parlent-ils de cet étonnement ? Et si au
contraire de la "publicité" faite à "la philosophie", ils
simulaient l’étonnement plus...
Avant de commencer à prendre le chemin de la pensée,
je me fixe donc sur ce premier constat, qui au moins vaut
pour moi-même : me méfier de ces beaux-parleurs,
comme je dois me méfier de moi-même. Car je
recherche des "vérités" remarquables et inconnues et pas
des "révélations" de la banalité - et qui sait si le monde
me cache ou réserve de telles vérités ?
Jean-Christophe Grellety – L'action Littéraire –
http://jeanchristophegrellety.typepad.com –
[email protected]
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