Introduction aux sciences sociales : Quel est le but du cours ? Qu’est ce que la sociologie et le raisonnement sociologique : c’est la science de la société. A quelles conditions peut on produire un discours scientifique sur la société = vrai ? Besoin de passer par son histoire. Quelles sont les conditions historiques de l’émergence des sciences sociales ? Comment est apparu en Europe un discours sur la société qui se détache de toute idéologie (croyance ou dogmatisme) ? 2 grandes questions : Que signifie faire l’histoire des sciences sociales ? En chercher l’origine dire depuis quand elles existent. Certains estiment qu’elle commence avec la philosophie (mais laquelle ?). Dans ce cours on considère qu’on parle de sciences sociales à partir du moment où on a utilisé des méthodes positives (des techniques d’enquêtes et d’objectivation) pour produire des connaissances sérieuses sur le social = la moitié du XIX°. C’est donc une science récente. Etudier l’histoire dans le temps des questionnements de la sociologie = ses objets. Fait écho aux problèmes que la société rencontre. Soit parce que chercheurs étaient eux-mêmes concernés moralement et éthiquement et ont influencé leur discipline (c’étaient des citoyens sensibles) soit parce que les hommes politiques eux même se sont rendu compte qu’ils avaient besoin de ces techniques et ressources et qu’elles ont fondé l’action politique. Etudier la succession des théories, des conceptions, des paradigmes et modèles explicatifs manifestant la volonté de produire une théorie globale capable de comprendre la société. Que faut-il entendre par sciences sociales ? Définition (critiquable) : « Les sciences sociales sont les disciplines qui prennent en considération les activités humaines, leur forme d’organisation, et qui considère que l’explication des comportements humains ne se réduit pas uniquement aux intentions conscientes explicites des êtres humains. Ceux-ci sont pris en effet dans des conditions culturelles, économiques, démographiques et politiques qui les dépassent et donc ils ne maîtrisent pas toujours les effets ». = forme de déterminisme. Le libre arbitre et très très limité. Il y a des variables qui influencent les comportements. Plusieurs disciplines : sociologie, psycho-sociologie, anthropologie, sciences politique… Partie I Préambule théorique et méthodologique. Chapitre 1 : Quelque préambules. Est-ce vraiment une science ou une littérature savante ? Quelle différence ? Est-ce qu’on peut vraiment faire une science du social ? Quelle en serait la nature ? Sciences naturelles, question de méthode ? I) Un problème de définition : objet, méthode et but. 1) Le champ des sciences sociales et humaines. On entend par sciences humaines l’ensemble des sciences qui s’intéressent à l’homme. Elles se différencient des sciences sociales parce que ces dernières s’intéressent à l’homme mais dans leur comportement, leur manière d’être dans une dimension collective (pris dans des groupes). L’homme en tant que membre d’une société quoi. Définitions : La psychologie sociale. Elle s’intéresse aux comportements de la personne dans la mesure ou ils sont influencés par des variables sociales = en quoi le social influence le psychologiques, quels sont les liens entre expériences sociales et troubles psychiques ? L’ethnologie s’intéresse aux autres cultures que la culture occidentale = l’homme dans sa totalité, et sa diversité. L’anthropologie : s’intéresse à l’homme selon diverses approches ; L’Histoire : comprendre le passé des sociétés humaines. Ses apports sont importants, ils témoignent des dynamiques sociales passées. La géographie : espace homme. La démographie : sciences de la population (très ancienne). L’économie : la science des échanges (de biens ?). La science politique : étude de la hiérarchie des sociétés, le pouvoir et sa séparation. Linguistique : science éminemment sociale, du parler, du langage, enjeu social du discours. La sociologie : l’étude de l’homme, de sa vie en groupe société. Regard extérieur, point de vue du groupe et des déterminants. 1) La sociologie psychologie. La psychologie regarde le psychisme, l’intérieur de l’homme ≠ sociologie qui étudie l’homme de l’extérieur. Leur opposition n’est pour autant pas si massive que ça car elles ont le même objet. L’individu est immergé dans la société, on ne peut nier l’influence de cet extérieur. La psycho s’intéresse à des êtres éminemment sociaux. De même, la sociologie n’a pas d’existence dans l’individu, cette parti de l’homme irréductible, sa nature profonde qu’on ne peut pas toujours ramener au social. Il y a deux natures, psychologiques et sociales de l’homme. On ne peut pas aborder la dimension psy de l’homme en évacuant l’aspect social. Il faut admettre cette double nature. Ces deux disciplines ont le même objet mais pas le même regard sur lui = pas les mêmes méthodes ni les mêmes résultats. 1° opposition : la sociologie ne cherche pas être le médecin de la société, elle ne cherche pas à soigner. Le psy lui cherche à comprendre des pathologies en vue d’y remédier, de les guérir. 2° opposition : les différences du pt de vue des conceptions du biologique et de l’hérédité. Une certaine forme de discours ambiant ( moi) qui développe un discours sur les dons et les compétences qui se transmettraient de façon quasi héréditaire. Or, raisonner en terme de transmission biologique de don et dangereux pour la sociologie. Pour lui, les comportements complexes ne se transmettent pas biologiquement (cette notion pourrait servir de prétexte pour parler de déficience et des ≠ sociologiques). 1858-1917 : Emile Durkheim, père fondateur de la sociologie est le 1er à tenter de la différencier de la psychologie en montrant que la société s’impose à l’individu à travers la socialisation. 2) Objet des sciences sociales et ambition théorique. Le point de départ, le parti pris c’est de postuler que l’individu n’est pas isolé. Le but de la sociologie est de définir la matière des groupes et leur logique de transformation, leur pérennisation aussi. Au fond, à un moment donné on va avoir une vision cartographique de la société (comment les groupes se superposent et se côtoient). Comment ces groupes apparaissent, entretiennent des relations ? Est-ce qu’aujourd’hui on a une théorie globale capable d’expliquer la société ? Non, on a abandonné cette ambition. La sociologie est devenue plus rigoureuse, et moins idéologique (≠ siècle dernier). Exemple, le marxisme, théorie de l’historicité des sociétés tenant compte de plusieurs choses, avec comme variable les différents modes de production. Il est le premier à dire que le matériel domine l’idée, que les conditions économiques dominent les idéologies et les comportements (héritage de Hegel). « A chaque mode de production correspond un type de société » = un paradigme. C’est un système qui permet l’interprétation de toutes les relations, les créations humaines (parenté, arts …). La psychanalyse a voulu aussi créer son paradigme basé sur l’inconscient. 3) Définition de la sociologie. Elle est née au XIX° siècle après 2 évènements majeurs : L’ébranlement de l’Ancien Régime : la révolution français qui bouleverse la perception du social. Les conséquences de la Révolution Industrielle (transformation des villes, de l’économie, des classes sociales). Dans ses premiers pas elle est influencée par ces deux mouvements. Le nom sociologie vient d’Auguste Comte (1798-1857). Il crée ce mot en 1838 la « sociologie ». A la même époque, il y a d’autres expressions pour désigner les sciences de la société : « physique sociale » (Adolf Quételet 1796-1874). « physiologie sociale » de St Simon (1760-1825). Dans sa forme moderne, elle a été portée par Emile Durkheim. Il réfléchit l’objet et la forme. C’est lui qui a le premier cours dans une université portant le nom de sociologie. Pour lui, « le social s’explique par le social » on cherche la raison des phénomènes sociaux dans la société. La cause explicative des phénomènes sociaux n’est pas à expliquer par la psychologie des individus, transcendante, génétique ou spirituelle mais par la vie sociale propre aux individus. Autre idée : le propre de l’Homme c’est d’être un être éminemment social, il ne survit que parce qu’il tisse du lien social, qu’il forme des groupes + - ouvert, fermé etc. … Il y a aussi des animaux sociaux, mais l’homme ne se contente pas de vivre en collectivité, et comme les autres. Il produit du sens, des croyances, de la symbolique, du discours sur lui-même = de la société et surtout de la CULTURE. La sociologie repose sur une autre idée forte : l’homme est un héritier. C’est en vivant avec les autres que l’individu acquiert des attitudes, des façons de vivre, on ne réinvente pas tout. M. Mauss (18721950) dit « sont sociales toutes les manières d’agir et de penser que l’individu trouve préétablies et dont la transmission se fait le + généralement par la voie de l’éducation ». Cela ne signifie pas que la société n’évolue pas, ou qu’elle reste fidèle à elle-même. Il y a des changements, des modifications. La sociologie ne sépare par l’individu de la société. Elias dit « il est intellectuellement faux de vouloir séparer l’image de l’homme en deux : celle de l’homme en tant qu’individu et celle de l’homme en tant que société ». Même l’ermite est un être social, il est profondément social, il parle, il s’habille, il a été socialisé pour prendre la décision de se mettre en marge. Il existe une dimension sociale dans nos aspects les plus intimes, personnels qui nous détermine. Cependant tous les phénomènes collectifs ne sont pas sociaux, certains sont biologiques. L’ensemble des rapports entre individus ou groupes constituent la société (le monde social ou aussi appelé l’espace social). Dans la société, les rapports entre groupes engendrent le plus souvent des rapports de domination, de concurrence, de contrôles. Ces classes sociales ont des intérêts à défendre, soit en se rapprochant soit en s’éloignant du groupe. Par exemple le mariage stratégie matrimoniale. I) La sociologie et son objet. Le monde social peut être envisagé sous plusieurs angles, plusieurs objets ; Les rapports entre groupes sociaux => argent, pouvoir, etc. et les formes de légitimation de ces dominations Les institutions qui dictent des manières d’être, des comportements, ce qui encadre, contrôle et soutient les individus. Les croyances, les représentations, les symboles. Les processus d’intégration, de rejet, d’exclusion, la socialisation 1 fait social particulier, et ses changements au cours de l’histoire. La sociologie ne retient des causes et des variable que sociales, à partir d’hypothèses de constructions théoriques qu’on cherche à vérifier par un travail empirique de terrain. I) La démarche sociologique Comment le sociologue fait il pour ne pas projeter son propre jugement sur ce qu’il étudie ? Il doit mettre à distance tout qu’il croit savoir spontanément sur le sujet. Car tous les individus qu’il étudie lui ressemble et appartiennent à la société. Comment se débarrasser de cette subjectivité ? L’épistémologie = théorie de la science. Comment produit on de la connaissance ? Science = certain nombre de connaissance établies de manière critique, réflexive, méthodique. Paradigme = ensemble de concept, méthodes et théories, résultats, admis à un moment donné par les scientifiques d’une discipline. Méthode inductive : manière de faire de la science qui consiste à établir des principes généraux à partir d’énoncés singuliers établis empiriquement. C’est une montée en généralisation, partant de la constatation pour aller vers la construction d’une hypothèse générale. Ex : j’observe la fréquence de mauvais résultats scolaires dans une communauté donné et je pose comme hypothèse qu’il y a une relation entre résultats scolaires et mode de vie. Karl Popper (1902-1994) a produit une critique de l’inductivisme : pour lui, ce type de raisonnement peut mener à une conclusion fausse à partir de prémices vrais. Le fait que tous les cygnes connus jusqu’ici soit blancs ne signifie pas qu’il n’en existe pas de noirs. Tant qu’un modèle passe l’expérimentable, on peut dire qu’il est non falsifié mais pas vrai. La méthode hypothético-déductive : on part de la théorie vers les faits. Dans le social, on utilise les 2 procédures, 2 théories d’enquêtes : Les techniques quantitatives : statistiques et questionnaires Les techniques qualitatives : entretiens et enquêtes d’observation. L’usage de la technique ne garantie rien, il faut faire un travail sérieux pour se garantir l’objectivité. La sociologie doit se garder d’émettre un jugement de valeur. C’est une discipline positive non pas normative. Elle dit ce qui est par ce qui devrait être (à la différence de la philosophie ou d’un travailleur social). Pourquoi les sciences sociales sont ≠ des sciences de la nature. Les faits humains s’inscrivent dans un contexte spatio-temporel délimité, par d’universalité des phénomènes sociaux. Dans les phénomènes physiques je peux distinguer les effets et les causes. Dans les phénomènes humains il y a un énorme nombre de variable qui empêche d’être exhaustif. Pas de répétition spontanée des phénomènes sociaux ≠ expérience en laboratoire. Gaston Bachdard « l’objet de la science sociale doit être conquis, construit et constaté ». Conquis : rupture, pas de science dans savoir mettre à distance ce que je crois savoir. Construit : objet défini, avec un hypothèse. Constaté = verifié. La rupture, c’est que le chercheur se doit de réfléchir très sérieusement aux rapports qu’il entretient avec la subjectivité, avec ce qu’il apporte de lui-même dans son enquête. Distance nécessaire entre objet observateur. C’est une question fondamentale. Ethnocentrisme, considérer comme supérieur voire comme seule acceptable les valeurs et les normes de la société à laquelle on appartient. Quand un chercheur étudie un sujet, il doit se méfier de lui-même, mais aussi de ce que la société tend à penser et dire sur le sujet. Toujours dans ce III du Chapitre de préambule L’objet de la science doit être conquis, constaté et ??? Il faut réfléchir aux conditions de l’objectivation = la recherche de l’objectivité. C’est une injonction faite aux sociologues de prendre consciences de leurs propres valeurs et de ce qu’elles peuvent induire dans un travail de recherche. Cette posture n’est pas évidente. Il s’agit d’observer la réalité sociale sans préjugés, de manière neutre = déconstruction des définitions de langage courant, de la façon dont la société a traité ce sujet elle-même et m’a influencé. Je dois réfléchir a comment un problème est devenu un problème social, un problème dont la société s’inquiète : l’alcoolisme n’a pas toujours été considéré comme un problème social ni l’objet de campagne publique. Un travail de recherche quelque soit la discipline d’ailleurs, n’existe pas sans qu’il y ai formulation d’une problématique et d’hypothèses. La construction de l’objet passe par l’élaboration de ces éléments. Problématique = quel angle d’attaque va-t-on privilégié ? Il n’y a Aucune observation qui ne présuppose une problématique et des hypothèses qui la guident. Quelle partie de la réalité sociale veut-on étudier ? Les faits ne parlent pas d’eux même, on les fait parler à partir de constructions intellectuelles = hypothèses et problématique. La vérification par les faits, le travail de terrain. Il ne se fait pas au hasard, il ne s’improvise pas. Il s’organise à partir d’un certains nombre de techniques d’enquête (voir semaine précédente). Elles dépendent du type de question a valider. On les choisit suite à une reflexion sur le type de matériau dont on a besoin pour valider l’hypothèse. Technique quantitatives : estimation chiffrée, mesurée, comptabilisée d’une réalité sociale. Elle véhicule une représentation du sociale très particulière qui est que le social est conditionné par des variables explicatives. Les méthodes qualitatives : ce sont des techniques qui visent à restituer le sens que les individus donnent à ce qu’ils font, plus près du travail interprétatif que les acteurs font. On admet un autre point de vue sur le social, qui accepte plus la part d liberté de l’individu, la part de négociation individuelle. A travers les techniques, se jouent des combats de conception du social. Conclusion : 1) Nécessité de la mise à distance de l’objet étudié et d’un décentrement 2) Le fait social brut, est soumis à un travail technique d’étude, d’analyse, de construction 3) Le sociologue produit, pense et réfléchit son matériau. Le matériau est mis au service d’un corps d’hypothèse. Le choix de la technique d’enquête se fait en fonction des hypothèses ou de la lecture du social qu’on a en tête. Un mauvais usage des techniques induit une rechercher de piètre qualité. 4) La situation d’enquête en sciences sociales est difficile car elle n’est pas neutre. Elle interagit avec les résultats de l’enquête. Chapitre 2 : L’héritage grec Les véritables sciences sociales sont nées au XIX° mais si on veut comprendre comment au XIX cette discipline s’institutionnalise et se donne des normes de scientificité, il faut faire une genèse plus large et remonter jusqu’à l’antiquité. On y retrouve des penseurs, qui vont développer des réflexions, des pensées qui sont loin d e la sociologie mais pertinentes pour comprendre comment un regard désintéressé a apparu sur le social. I) Platon et la cité idéale. Environ 428av JC. et mort 347av JC. Platon développe une philosophie sociale principalement dans « La république ». Dans son ouvrage, on retiendra deux éléments : 1) Sa conception dichotomique de l’ordre sociale. C’est l’un des premier auteurs a développer une conception de la societé, une vision qui est antagoniste : pour lui, elle est divisée en deux classes. Bien avant Marc, il a posé le problème des classes sociales en termes d’affrontement. Les possédants = les riches Les non possédants = les pauvres En parallèle il fait une autre dichotomie : - les gouvernants - les gouvernés Dans l’histoire des idées, c’est une des premières visions bipolaires de la société et de sa stratification, de la hiérarchie sociale. Cette vision de la société avec les puissants et les dominés, d’un haut et d’un bas se retrouvera dans toute la pensée occidentale, comme un invariant de la pensée sociale, la plupart en synergie avec la pensée religieuse = la providence (les élus). Elle est à l’origine d’un certain nombre de mouvement sociaux politiques qui vont contester cet ordre social (nouveaux mouvements religieux, mouvement socialiste etc. … théorie de la lutte des classes de Marx). 1) Son esprit d’utopie Il est le premier de la philosophie occidentale à définir une société idéale, une république parfaite qui n’existe nulle part. Cette idée d’utopie va perdurer pendant des siècles et des siècles, elle est fondamentalement inscrite dans la culture occidentale. Quelles conditions pour cette parfaite république : Que les philosophes deviennent Roi et que les Rois deviennent philosophes : il faut des gouvernants instruits, maîtres de sagesse parce que leur fonction est de guider le peuple, la masse des citoyens qui eux sont pris dans des apparences, des trivialités terrestres. Pour Platon, sa république idéale reste profondément inégalitaire et il l’affirme. Elle est strictement hiérarchisée. Mais en plus il faut qu’elle soit stable, qu’elle se caractérise par un fort degré de stabilité = particulièrement bien intégrée. Chacun doit occuper la place et la fonction que la Nature lui a dévolu. Si chacun se satisfait de la position dans laquelle la Nature l’a mis, la société sera source d’efficacité et stable. De quoi est faite cette société inégalitaire : elle devrait comporter théoriquement trois classes. D’abord, les gardiens, les dirigeants, les magistrats, les éducateurs suprêmes de la cité, les guides. Ensuite, les auxiliaires, les guerriers qui assurent la défense de la société contre ses ennemis internes et externes. Les travailleurs : laboureurs, commerçants etc. … sur qui reposent la prospérité de la cité = la masse du peuple. Fondée sur le mythe des métaux selon lequel les hommes même si tous frères, ils ont tous une nature différente avec des dons particuliers (respectivement or, l’argent ou le bronze). C’est une manière de légitimer et de faire croire au principe de l’ordre social. Il faudra veiller à cette répartition. Il faut que chacun se sente justifiée à être excellent ou médiocre. Grâce aux croyances qu’on va transmettre, chacun va être justifié à accepter la place qu’il occupe dans la hiérarchie sociale. [Tous les tenants, les partisans défenseurs du maintien d’un certain système politique, les défenseurs des classements sociaux et de la nature des hiérarchies sociales n’ont fait que répéter les dires de Platon.] Cette élite est faite des meilleurs éléments, des meilleurs citoyens, les mieux formés, éduqués etc. … Elle doit justifier de qualités exceptionnelle car pour lui la société sera cohérente, pérenne si cette classe supérieure est elle-même stable et unitaire. Si culturellement elle fait preuve d’unité, d’harmonie, si elle ne montre pas de distensions alors il n’y aura pas de décadence, pas de changements et elle maintiendra sa domination qui est l’idéal de Justice pour Platon. La société est un tout cohérent et une république se doit dans ses élites d’être parfaite et stable. Pour lui, le mal c’est la pluralité. C’est la raison pour laquelle il veut former un communisme intégral = il faut que rien ne puisse perturber l’unité de la classe supérieur et donc il faut qu’il n’y ait aucune source de jalousie, tout ce qui peut faire envie. L’acquisition des biens devient quelque chose de négatif car elle est contraire à l’esprit d’unité. C’est la raison pour laquelle ils ne doivent pas travailler, ne pas être pris par des considérations matérielles telles que la production de biens. Ils doivent travailler au seul bien du collectif. Dans cette société idéale, pour les femmes de la classe supérieure. Elles devront recevoir la même éducation que les hommes, s’adonneront aux mêmes exercices, le même genre de vie, taches, fonctions que les hommes. Pour Platon, la différence des sexes ne justifient pas une différence d’aptitude. Le corollaire de cette égalité des sexes c’est qu’il veut abolir la famille comme une communauté privée et veut fonder une grande communauté des femmes et des enfants. Communauté élite, de sentiments, de dévotion à l’autorité de l’Etat, de la cité, avec l’idée que personne ne puisse se replier sur ses joies et ses douleurs privatives. Au fond, ce que Platon veut établir, c’est le bonheur de l’Etat en premier lieu, et pas celui des individus. Le social doit s’imposer à l’individu, au soi. I) Aristote. A) C’est l’autre philosophe de la Grèce antique qui a marqué l’Occident. Il a été pendant longtemps un grand disciple de Platon mais de manière générale c’est un anti-Platon par excellence. Platon est fondamentalement utopiste et idéaliste, qui considère que seul le monde des idées a de l’intérêt et pas les choses bassement humaines, réelles. C’est quelqu’un qui est passionné par le culte de l’unité, de l’harmonie sociale. Aristote est nettement plus réaliste dans sa posture philo. Il ne partage pas le culte des idées, il est plus préoccupé de logique, il n’a pas cette adhérence à l’abstraction, à l’au-delà. 1) Aristote dit qu’il faut considérer le réel, il faut étudier le monde de la Nature, le monde sensible dans lequel nous vivons et qu’il faut prendre en compte la diversité sociale politique, le pluralisme. Ce monde vrai, il s’agit de l’étudier et de le comprendre. 2) Il est très intéressé par la nature, l’essence des choses et des êtres. Quelle est la définition des êtres ou des animaux, qu’est ce qui fait qu’un H est un H ? Quelle est l’essence des choses ? Concernant l’H, il renvoie donc à sa caractéristique sociale 3) C’est un sceptique foncier, il ne croit pas à la réalisation d’une société parfaite Ce qui caractérise particulièrement l’h, c’est qu’il est doué de raison. Pour Aristote, c’est un animal doué de raison, et qui ne peut réaliser son essence et faire advenir sa véritable matière qu’en étant en compagnie de ses semblables. Il est fondamentalement un être social au sein d’une cité. C’est donc un animal foncement civique et politique. Deuxième chose : du fait qu’il est un animal politique, Aristote fait de la cité un fait de nature, comme la famille ou le village. Ce sont des unités antérieures à l’individu. La cité est pour lui antérieur aux parties. Pour Aristote, l’homme recherche deux choses, il est pris dans deux exigences ; Assurer ses besoins vitaux Réaliser son bonheur Seule la cité la mieux organisée est envisageable pour soutenir cette double exigence. Aristote est un des premiers philosophes à étudier quelle est la meilleure forme de gouvernement, la meilleure cité possible les meilleurs conditions pour que cette cité répondent aux attentes de l’homme. Cette meilleure forme dépend de la prise en compte des paramètres locaux : conditions démographique, géographique = le réel. On n’est pas dans la construction abstraite. Dans sa réflexion pour déterminer la meilleure forme de cité, il s’oppose à la communauté des biens proposée par Platon. Pour lui, cette communauté des biens risque de produire beaucoup plus de conflits que la possession personnelle. Cette CB est en mesure de générer plus de conflit que de paix sociale. De même, il est hostile à l’abolition de la famille parce qu’il dit qu’a force de supprimer les liens privatifs, les corps intermédiaires, on risque de produire d’indifférence que de sens de la cohésion. Autre idée importante : il est contre l’égalité des hommes et des femmes, pour lui c’est une idée tout à fait fausse parce qu’elle est en contradiction avec la Nature. Aristote affirme au cœur de sa philosophie : rien ne peut être bon et avantageux qui soit contraire à la Nature. Si la Nature a donné des caractères physiques et moraux différents aux hommes et aux femmes, il faut respecter cette hiérarchie naturelle. Selon lui il existe sur la terre des hommes qui présentent entre eux de très grandes différences, certains diffèrent peu des animaux et ont donc une infériorité naturelle. Pourquoi ne pas les utiliser des animaux domestiques, c’est conforme dans sa pensée à l’ordre naturel. Il est juste selon lui, dans l’intérêt de tous d’accepter cette vérité. Dans cette optique, les hiérarchies sociales ne font que refléter les hiérarchies naturelles. La nature conditionne le social. Cette philosophie sociale se perpétue jusqu’à aujourd’hui. Encore aujourd’hui il y a des gens qui affirment que les différences sociales sont basées sur la nature. Pourquoi cette conception est elle capable de créer autant de croyances, parce que derrière cette idée se cache l’argument de l’éternité : ca a toujours été comme ça et ça le sera toujours. Cette conception de l’ordre social reposant sur l’idée de Nature, d’éternité, invalide d’office toute critique sociale, ne laisse aucun espace à la critique, elle se base sur une forme d’évidence incontestable. On peut avoir la même chose, pas légitimée par la Nature mais on expliquera l’ordre social comme conforme à la volonté divine. Dans un instance méta sociale, on trouve un principe d’ordre social. Dans cette façon qu’Aristote a de penser l’ordre social, on a affaire à une pensée anti sociologique car il transcende le domaine des faits sociaux, il n’explique pas la société ni son fonctionnement par des variables liées à la société elle-même mais en faisant appel à un ordre, une légitimité, un principe explicatif au-delà des pensées humaines. C’est au XVII° siècle qu’on dissocie fondamentalement la hiérarchie naturelle et la hiérarchie sociale mouvement des lumières, idée d’égalité de tous les hommes, de droit naturel, d’hommes qui naissent et demeurent égaux. Lois qui organisent les rapports entres les hommes = artificielles et pas divines ou naturelles. Elles sont crées pour et par eux. La sociologie n’a pu apparaitre comme discours désintéressé sur le monde social que quand on se sera libéré des lectures naturalisantes ou religieuses du social et des hiérarchies. Petit à petit nait l’idée que les hommes ont des droits, qu’ils naissent égaux et que cela ne relève par forcément de la Nature. On se donne alors les moyens de penser les hiérarchies sociales comme des productions humaines et pas un fait religieux ou naturel. On contribue à un regard sociologique. Aristote est le premier philosophe qui développe une conception organiciste de la société = elle est l’équivalent d’un organisme, comme le corps humain. Elle est faite de différents groupes interagissant les uns avec les autres, ayant un rôle prédéfinis et assurent la bonne santé de la société. Cela renforce l’idée que chacun doit bien rester à sa place. Cette conception organiciste de la société sera reformulée et très à la mode au XIX° siècle. Les premiers sociologues et notamment Auguste Comte vont mobiliser cette conception et font un parallèle entre l’organisme social et l’organisme social : famille= cellule, groupe sociaux = tissus, l’Etat = cerveau. Même Durkheim utilise cette métaphore, c’est un invariant de la pensée sociologique du XIX° et même du XVIII° = lecture sociale très totalitaire : il faut remettre les choses à leur place, guérir, soigner = > théorie dangereuse A) Le pluralisme. Il n’y a pas dans l’abstrait de bon système politique. Il faut d’adapter, bidouiller des réponses valables ici ou là mais pas partout. La monarchie L’oligarchie (gouvernement de quelques uns) La démocratie (le gouvernement de tous) L’essentiel c’est d’éviter le pire des gouvernements : la tyrannie. Son sens de l’égalité, c’est l’égalité conforme à l’inégalité de la Nature. Il va adopter une démarche qui consiste à étudier la réalité telle qu’elle est, les hommes telles qu’ils sont, les régimes politiques = il fait preuve d’empirisme. Il est contre la conception platonicienne qui est que la communauté politique se doit d’être parfaite en termes d’homogénéité. Pour lui elle ne doit pas être un bloc, d’où sa conception pluraliste de la réalité politique. Il est contre tout ce qui abolit la diversité, car c’est ce qui garantit selon lui la force d’une cité, sa marge de liberté. Ce n’est pas la similitude mais la complémentarité, la diversité qui fait la force de la cité. Il se méfie des systèmes unitaires. Il a conduit son raisonnement a la lumière d’une étude comparative de plusieurs centaines de constitutions. On est dans une pensée normative ≠ sociologie. I) Esquisse de compréhension. Au fond Aristote se rend bien compte qu’il y a de la variabilité, de la diversité dans l’espace et le temps chez les hommes. Certains courants vont aller plus loin encore, et vont voir naitre l’idée que la vie sociale ne relève pas de la Nature mais de quelque chose de l’ordre de la convention humaine nommée « nomos ». La preuve que la vie sociale relève de la convention, c’est que les formes de l’organisation sociale, les croyances, les us et coutumes varient d’une culture à l’autre, d’une population à l’autre = pas d’uniformité ou d’universalité. Ils repèrent et théorisent que le monde de la Nature et le monde Social relèvent de deux catégories différentes. Il y a les lois qui relèvent de la Nature, immuables, sur lesquelles l’h n’a pas de prise et qu’il ne peut constater ou modestement transformer et il y a les Lois qui relèvent du monde social et que se donne les H pour régler leurs vies. Cette opposition NatureCulture sera énormément réactivée à la Renaissance. Les sophistes sont les premiers philosophes à pointer sur ce rapport convention-nature. Ce sont les premiers intellectuels de métiers, rompus à la rhétorique, l’art de bien parler. Ils font payer cher leur enseignement et c’est ce qui leur vaut des critiques acerbes de Platon et Aristote. Comme ils passaient de cité en cité pour polémiquer, rencontrer d’autres penseurs, il s se sont rendus compte de la variété du social et cela a aiguisé en eux le sens de la relativité des faits sociaux. Ces professeurs d’éloquence ont vécu au V° et au IV° siècle avant JC. On a très peu de fragments de ces sophistes, on ne les connait que par ceux qui les ont détestés et ont tout fait pour les condamner. On les a accusés de chercher la gloire en vendant des idées faciles, superficielles. Leur influence reste tout de même considérable. Ce sont les premiers intellectuels à être aussi intrépides, novateurs voire même inquiétants. Ils ont fait descendre la philosophie sur terre, ils ont fait de l’h leur question centrale. Protagoras disait que l’h est la mesure de toute chose. Ils sont les premiers promoteurs d’une conception humaniste de l’homme. Ils vont défendre que les hommes sont livrés à eux-mêmes soit les dieux ne les écoutent pas beaucoup. Cela va leur valoir des choses très graves et il faudra 2000 ans pour que leurs idées soient conçues comme possibles. Ils ont poussé le plus loin possible l’esprit du doute, de la remise en question des préétablis. En cela, ils sont des figures importantes en sociologie. Hegel voit même en eux les plus proches représentants des Lumières. Le sophiste le plus célèbre est du V°siècle avant JC : c’est Protagoras. Il est resté célèbre à travers son mythe d’Epiméthée. Il décide de ne pas déclarer des discours mais privilégie une forme littéraire particulière : la légende, le mythe. Celui-ci est symptomatique de leur façon d’envisager l’homme. Il était un temps ou les dieux avaient modelé les hommes dans la terre. Vint le moment d’appeler les espèces vivantes à réellement exister, de les faire naître. Ils confièrent à deux frères : Prométhée (celui qui réfléchit avant), et Epiméthée (celui qui réfléchit après coup) le soin de donner à chaque être des qualités nécessaire à leur survie. Epiméthée veut faire la chose seule, mais comme il est peut avisé, il les a donné à tous les animaux et quand le tour des hommes est venu il n’avait plus rien. Ils allaient mourir et se sont retrouvé sans défense. Prométhée, soucieux de réparer la boulette de son frangin décide de monter sur l’Olympe et de voler aux dieux leurs capacités dont la maîtrise du feu et la technique. Ce qu’il veut dire par là, c’est que l’homme est celui qui a été abandonné par les dieux, il a du apprendre à se faire tout seul. D’après Protagoras, les dieux se désintéressent des hommes s’ils existent. Il n’est même pas loin d’affirmer que ce sont les hommes eux même qui ont crée les dieux, et les conditions de leur sauvegarde. L’homme du fait qu’il est placé dans le silence des dieux est obligé d’être son propre Prométhée. Par la culture il s’en est sorti. Au fond Protagoras dit que l’homme ne peut compter que sur lui-même, sa tâche c’est de s’auto-éduquer. Les sociétés, les cultures, tout ce qui constitue l’environnement social et matériel de l’homme ne sont que l’œuvre, des créations de l’Homme lui-même. Il n’y a pas de norme universelle ou intemporelle qui pèse sur l’H ou puisse lui servir de modèle. Donc, la cité n’est pas un don des dieux. Les coutumes sont changeantes, elles ne sont pas immuables. La nature ne crée pas des citoyens mais des individus. Protagoras est un défenseur de l’agnosticisme : il met en critique toute la dimension religieuse. Ce débat sur l’artificialité de la vie sociale, comme arbitraire va être au fondement de la vie philosophique jusqu’à aujourd’hui. Les sophistes introduisent un débat qui aura une très longue actualité et qui va opposer dans la Grèce antique deux conceptions inconciliables de l’ordre social et du rapport homme/société : les conceptions de l’ordre social comme harmonie sociale, l’image d’une société comme étant conforme à un ordre naturel et les conceptions ou l’ont développe une image de la société comme étant un lieu de la relativité voire de l’arbitraire. Chapitre III : Des apports intellectuels majeurs. Les Grecs découvrent à leur manière le thème de la diversité des cultures et ce débat sur la relativité du sociale, sur la pluralité des cultures et de l’organisation du politique vont ré émerger au XVI° de façon majeure. C’est la Renaissance. Elle inaugure un nouvel humanisme : une nouvelle conception après la grande période médiévale ou l’on va développer la pensée de la condition humaine. Premier facteur : l’Occident à partir de cette période s’ouvre à de nouveaux mondes ≠ Moyen Age. C’est l’époque des grands voyages, qui font découvrir une planète totalement ignorée, de nouvelles humanités, d’autres moyens d’être humain. Ils ont été rendus possibles par un certain nombre de progrès techniques. Quelques exemples : Magellan, Colomb blablabla… Cela créer un débat notamment sur le statut des amérindiens : sont ils des êtres humains ou des animaux qui y ressemblent ? Deuxième facteur : on redécouvre la littérature la poésie et la philosophie antique qui avait été mise entre parenthèse par la tradition scolastique médiévale. Troisième facteur : cette soif de connaissance qui émerge à la Renaissance = la volonté d’apprendre, constitutive d’une forme de liberté d’esprit. Des penseurs veulent aller au-delà du communément acquis, ils ne s’en contentent pas. C’est l’émergence de communauté intellectuelle qui voyage, qui circulent… Cette circulation intellectuelle est aidée par l’invention de l’imprimerie. Quatrième facteur : la réforme protestante. C’est une révolution religieuse considérable lancée par Luther en 1517 dans un contexte d’effervescence anticléricale. Il y a une critique religieuse portée sur la richesse de l’Eglise, la corruption du Dogme… Cette réforme introduit le libre examen et la libre critique même des textes religieux. C’est une révolution sociale et religieuse. Elle autorise chaque fidèle à se faire l’interprète lui-même des textes bibliques et à devenir le prêtre de sa propre religion. Pour le protestantisme, la religion est strictement intime, de l’ordre de l’individu et pas de la communauté. Ils refusent toute médiation religieuse, c’est la naissance de l’individualisme. Elle sera à l’origine d’un processus d’intellectualisation : les protestants revendiquent un rapport modéré et personnel à la foi. Weber appelle cela le « désenchantement du monde » (by Lydie). C’est un début de laïcisation du monde (les défenseurs de la laïcité au XIX° sont tous protestants). Ils contribuent à faire de leur Dieu un dieu beaucoup moins facilement atteignable, beaucoup plus inaccessible aux prières et aux sacrements. Il n’est accessible que par un rapport d’intellectualisation sophistiqué. Cinquième facteur : c’est une révolution dans l’ordre cosmologique. La fin du géocentrisme et la découverte de l’héliocentrisme par Copernic. Deux autres vont prendre la relève : Kepler et Galilée. On peut caractériser la pensée de la Renaissance par 3 principes : C’est d’abord une forme de dépaysement dans l’Histoire, on se réapproprie l’héritage Antique et un dépaysement géographique. C’est une forme de décentrement. C’est le décentrement de l’humanité chrétienne par rapport à d’autres humanités de la Terre par rapport à l’univers. C’est une révolution plus globalement de l’esprit caractérisée par l’affirmation du libre examen et de la critique. Pourquoi cette volonté de savoir est elle révolutionnaire ? Vouloir comprendre le monde, la société ca a été pendant des siècles une démarche inutile voire même comme un sacrilège parce que pendant des siècles les penseurs ont réfléchit en pensant que la monde obéissait à un projet divin. Les choses de la nature ne pouvaient pas faire l’objet d’une réflexion. Toute nécessité de comprendre était forcement prise pour une contestation du Dogme. A partir de cette période émerge un changement d’attitude vis-à-vis de la connaissance et c’est dans ce cadre que l’on peut comprendre la volonté d’étudier non seulement la Nature mais aussi de soumettre le social à un examen critique objectif. I) De la Renaissance aux Lumières. L’histoire pré-disciplinaire des sciences sociale passe par un certain nombre d’étape que nous allons étudier. A) L’émergence de théories politico-séculières. La première de ces phases c’est l’émergence de conception moderne de l’Etat et du Droit. Le fait qu’historiquement des théories du Droit et de l’Etat apparaissent participe d’une réflexion sur le social. ON va voir apparaître à partir du XVI° siècle des théories politico-juridiques qui vont réfléchir d’une certaine façon sur le social. Elles vont être amenées en réfléchissant sur l’Etat à la question de qu’est ce que la société ? Ces théories vont tendre à légitimer une conception moderne de l’Etat. Il apparaît comme une institution souveraine, auquel le sujet doit se soumettre. C’est une institution impersonnelle, elle n’est plus la propriété du souverain. C’est une réflexion séculière sur la société, l’Etat, les rapports des individus. Un des premiers théoriciens de l’Etat modernes est Jean Bodin avec sa théorie de l’absolutisme à mettre en lien avec les évolutions politiques de l’époque. Elle a été portée par la noblesse d’Europe, ils veulent être les théoriciens de l’Etat, fonder des nouveaux pouvoirs qui justifient la primauté du Roi. Elle permet de légitimer la domestication des sujets, pour que le Roi soit absolu. Autre auteur : Machiavel. C’est le penseur important du politique (1469-1527). Il fait la promotion de la nécessaire scission du politique et du religieux. Il est témoin du processus d’autonomisation de la sphère étatique. Il va penser le politique dans le sens le réfléchir méthodiquement. Cf. Le Prince. Son projet au départ est très intéressé : il veut par ce livre justifier de son expérience dans les affaires d’Etat afin de gagner les faveurs des Médicis pour qu’ils le reprennent. Ce n’est pas un livre de philo politique mais bien de technique politique, de mécanique. Il veut élucider comment faire la conquête, conserver et accroitre le pouvoir. Il l’étudie avec un regard détaché, pragmatique. A quelles règles un prince doit il se conformer s’il veut réussir sa mission ? Ce livre est important parce qu’il opère une distinction fondamentale entre ce qui devrait être et ce qui est. Entre le prescriptif et le descriptif. Machiavel cherche à décrire des faits. Il est dans un rapport positif à la production intellectuelle. Autre courant déterminant : les théories économiques. B) L’avènement de théories économiques. Auteur : Antoine de Montchrestien. Il écrit un traité d’économie politique. Avec lui, la question de l’économie ne se réduit plus à la seule question des richesses produites par les maisons nobles. Au contraire, il a la volonté de penser l’économie dans un cadre plus global, d’en faire une question une chose publique. Il chercher à monter en généralité par rapport à l’étude des richesses. D’autres auteurs sont aussi à envisager : Cantillon et De Quesnay. Ils sont d’avantage connu parce qu’ils contribuent au fondement du libéralisme économique et d’une doctrine de l’ordre sociale. De Q. c’était le médecin de Louis XV, protégé de la Pompadour et a coté de ses activités de la cour il a dressé une théorie de l’économie. On estime que c’est le premier grand penseur de l’économie moderne. Il est sans aucun doute un des grands qui va poser les cadres de l’idéologie du libéralisme. C’est un physiocrate. La pensée physiocratique : Les physiocrates se caractérisaient par une opposition farouche au mercantilisme = la politique interventionniste de Colbert. Ils sont contre l’idée d’un Etat interventionniste. Pour les physiocrates il existe un ordre naturel qui a été voulu par Dieu et si les hommes veulent atteindre le bonheur, la réalisation de leur souhait il faut qu’il se conforme à ce dessein divin. Si les hommes respectent ça, non seulement ils pourront atteindre le bonheur mais la prospérité des nations sera assurée. Une société est d’autant plus parfaite qu’elle est reste et se développe dans le cadre des prescriptions naturelles. Cet ordre naturel tendra à un équilibre harmonieux pourvu que les individus soient laissés libres d’agir selon leur strict intérêt. Il faut donc respecter la liberté des individus et la propriété. Ce qu’il découvre e défend c’est cette idée que chaque individu est guidé par son intérêt personnel, et que l’intérêt de chacun s’accordera avec les intérêts de tous. Il en fait une théorie de l’ordre social. Il va énoncer un certain nombre de principes d’actions : « Il n’y a qu’à laisser faire ». Si vous laissez des individus libres d’agir comme ils veulent, ils vont réaliser spontanément l’ordre économique le meilleur et la société la plus parfaite. Au fond les seuls acteurs éco qu’il reconnait ce sont les individus. Sa théorie draine une conception de la vie en société. Il valorise l’idée du calcul individuel, et s’accroche à l’idée qu’on n’a pas besoin de volonté, de contrat social mais que l’intérêt se suffit à lui même. Pour cette économie, la société c’est le lieu des besoins et des intérêts, c’est le lieu de relations d’échanges. Si la société n’est que cela, elle ne peut pas être conçue comme le produit d’un contrat. Au fond, au contrat de Rousseau s’oppose le marché. C’est le substitut de ce que les philosophes pensent en termes de contrat. Le marché c’est l’instance fondamentale de la régulation du jeu social. Du même coup, avec ces théories économique, passe au premier plan l’économie devant le politique. Ils défendent une conception inégalitaire de la société, pour eux elles sont nécessaires et bénéfiques à chacun. Pour conclure sur les physiocrates, en termes de morale philosophique, plus besoin de vertus classiques, le seul intérêt tenant lieu de vertu. L’économie se substitue à la morale. A) Conclusion et anticipation. Trois stades peuvent être distingués dans l’histoire pré-disciplinaire de la société : les théories sociales séculières, dans les années 1730-1775 avec pour représentants éminents Montesquieu et Rousseau. Ils vont dire des choses très intéressantes du champ social. Au centre de leur travaux, il va y’avoir une vigilance, une curiosité sur un thème particulier : la différenciation et l’interdépendance sociale. Cette thématique est au cœur même de leurs travaux. Ils vont interroger de fait que la société n’est homogène mais faite de groupements distincts qui ne sont pas qu’un tout. Ils font du social un lieu de différenciation. On est vraiment dans une période de sécularisation : ils ne font pas appel à des motifs religieux. Deuxième stade : l’émergence d’une problématique scientifique appliquée au champ social. Il apparaît une volonté d’envisager plus scientifiquement le social. Cela se joue entre 1775 et 1814 avec une figure marquante : Condorcet. C’est la phase de scientifisation. Troisième étape : de 1814 à la moitié du XIX°, qui est la période pendant laquelle on va assister à l’émergence de véritables théories sociales et avec un semblant de mise en discipline. Non seulement on va avoir des théories plus construites qui mobilisent des techniques et des méthodes, mais on commence à se penser comme une discipline à part. Pour la France la figure marquante c’est Auguste Comte, pas tant pour ses analyses sociologiques mais parce qu’il est intransigeant dans cette idée que la science de la société se doit d’être une science. I) XVII et XVIII° siècles : la société comme contrat. Quelle était l’organisation des sociétés à ce moment là ? Elle reste une société traditionnelle, i-e communautaire dans son organisation (village) et religieuse dans son mode connaissance. Au niveau local, l’autorité revenait au plus ancien. Au niveau global, l’autorité émanait des institutions séculières (la noblesse et la monarchie) et des institutions religieuses. Il sera remis en cause par : La montée du rationalisme, d’une soif de connaissance et d’une envie de comprendre. La montée de l’individualisme. Le mouvement qui porte ces deux revendications c’est le mouvement des Lumières qui contribue à ébranler l’ordre social. Ils contestent les deux piliers essentiels de la société : La prédominance du collectif sur l’individu. La religion. Au nom de la raison il conteste cette omniprésence de la religion. L’homme devient un objet d’interrogation. D’où la passion de ces hommes pour toutes les sciences et les connaissances qui est à l’origine de l’encyclopédie. Le projet des encyclopédistes c’est en 17 tomes de faire un état des lieux de toutes les connaissances de manière systématisée. Deuxième variable : la Révolution française qui va contester cet ordre. Au cours de ces siècles on voit se développer des théories qui ont pour objectif de penser les liens entre les individus ; entre les individus l’autorité politique, le social. Elles sont restées sous le jargon du « Contrat social ». Ces théories défendent l’idée que les sociétés à l’origine sont fondées sur un contrat entre les individus, qui les relie. Ils sont autonomes et par nature libres et égaux. Il y a un consentement des individus à être ensemble. Ce qui veut dire que la société est un ordre artificiel, d’une création volontaire et non pas d’un phénomène naturel. Ils auraient crée un contrat, un pacte mutuel. Tous les penseurs du contrat vous disent que ce pacte initial a permis le passage de l’état de nature a l’état de culture. L’idée de contrat social se présente sous deux formes distinctes Le postulat de base de la pensée contractualiste c’est que la société civile, le monde social n’est pas un phénomène naturel mais une création volontaire et artificielle des hommes. C’est la conséquence de la volonté du vivre ensemble, de se mettre ensemble autour d’un pacte, d’une convention à partir de laquelle émerge les lois. C’est le moyen qu’ils se sont donné d’aller de l’état de nature à l’idée de culture. Il se présente sous deux formes différentes : le CS proprement dit, comme une convention entre des hommes enfin de ne pas se nuire les uns aux autres. Les théories qui vont envisager le CS comme uniquement un pacte d’association. Comme une convention que les hommes ont décidé d’établir pour ne pas se nuire les uns aux autres. C’est un pacte de protection. Dans ce pacte, les hommes renoncent à une partie de leurs droits naturels et obtiennent en échange des droits civils et de la protection. C’est une association de sécurité mutuelle. C’est un univers qui les sécurise et les protège. Les théories du contrat social qui vont plutôt s’intéresser au rapport gouvernant gouvernés. Celui qui est passé entre les gouvernés, la collectivité populaire et les autorités politiques, les gouvernants et les chefs. Avec cette idée que les chefs sont donc les personnes qui ont de l’autorité politique à une condition : de veiller à la sécurité des individus. Les gouvernés délèguent leur souveraineté et en contre partie reçoivent des droits civils. C’est un contrat de gouvernement, les auteurs se préoccupe tout particulièrement de la convention passée entre des gouvernés (peuple, citoyens) et des gouvernants (autorités). Les chefs vont avoir entre leurs mains une autorité légitimée, souveraine, à charge pour eux d’assurer certains devoirs notamment de veiller au bien public, collectif, et à la sécurité de tous. En contrepartie de cette mission de service public, les gouvernés s’engagent à obéir. Trois philosophes importants de ces théories : Thomas Hobbes, 1588-1679 « Le Léviathan » 1651. Sa pensée s’organise sur plusieurs points : Il critique systématiquement l’idée d’Aristote qui définit l’homme comme un animal politique, fait pour vivre en société par naissance. L’homme n’est pas par nature citoyen, il n’a pas d’intérêt à rechercher ses semblables sauf par pur intérêt. « l’homme est un loup pour l’homme ». La condition naturelle de l’homme c’est la guerre de tous contre tous et la Nature est le lieu de l’égalité dans la guerre, dans l’opposition. Tous les hommes convoitent les mêmes choses. C’est un été d’égoïsme. Le monde de la nature est le monde du plus fort, de l’égoïsme. C’est donc un équilibre instable, inconfortable et dangereux. Les positions qu’on occupe sont précaires. Personne n’est sure de dominer tout le temps. C’est parce qu’il y a cette guerre permanente, que les individus sont égoïstes et intéressé qu’on trouve le principe de la société civile. Les hommes veulent sortir de cet état misérable et le seul moyen c’est que chaque individu consente à se dessaisir d’une partie de ses droits, de sa puissance. Il le fait en renonçant ou en le transmettant à une autorité supérieure, à un souverain doté de tous les pouvoirs et de droit illimités, c’est le fameux Léviathan. Ce n’est pas seulement un roi mais la toute puissance publique. C’est la machine monstrueuse crée artificiellement par la volonté des hommes, c’est l’Etat. Ils se dépossèdent de leur égalité naturelle pour accéder à la paix. Au fondement de la société civile chez Hobbes il y a l’abandon à un souverain total, absolu. Autre philosophe : John Locke (1632-1704). Il est amené à réfléchir sur le politique, sur les origines et les finalités du gouvernement et est confronté à l’idée d’état de nature. C’est quelqu’un qui défend la révolution britannique qui a instauré la monarchie parlementaire. Elle limite dès cette époque là le droit du souverain en instituant des garanties contre l’arbitraire royal. Il écrit « Traité du gouvernement civil » 1690 dans lequel il condamne tous les absolutismes et développe sa réflexion philosophique sur l’autorité politique. Contrairement à Hobbes, Locke dit que l’état de nature c’est au contraire un état de paix et de liberté, d’égalité, régi par un droit naturel inné et naturel. L’homme chez Locke est originellement un être social. Cependant, rien ne garantit que toutes les personnes vont respecter ce droit et jouer le jeu. C’est pour ça que les hommes préfèrent quitter l’état de nature pour l’état civil et social. Dans cette optique d’être protégé et sécurisé, ils décident de confier à un gouvernement le droit de juger et de légiférer à la place du peuple. D’après Locke, le gouvernement civil c’est le dépositaire par excellence de la confiance des gouvernés. Le gouvernement est « responsable » de la confiance du peuple et respecte ces droits naturels et ces libertés en son nom. Il avancera d’ailleurs le droit de la résistance du peuple, de révolte si cette confiance a été abusée. - Troisième auteur : Rousseau 1712-1777. C’est LA figure emblématique des théoriciens du contrat ; c’est la théorie la plus aboutie et achevée et celle qui produit le plus d’effets politiques et pratiques. Premier ouvrage : « Le discours sur l’origine et le fondement de l’inégalité parmi les hommes » 1755. « Du contrat social ou principes du droit politique » 1762. Toute sa conception repose sur l’idée de la prédominance de l’individu et des droits qu’il a, naturels. Pour Rousseau les droits naturels sont la liberté qui est pour lui inaliénable, à aucun moment rien ne peut justifier qu’on porte atteinte à la liberté naturelle. Le deuxième droit c’est l’égalité. Par contre, il pointe tout de suite que l’ordre social lui ne vient pas de la Nature. Il est fondé sur des conventions. Le problème fondamental auquel est confronté Rousseau est exprimé par une phrase : « trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant. » Quelle est la meilleure société qui puissent rendre compatibles des règles de vie communes sans violer la liberté et l’égalité fondamentales et naturelle de l’homme ? Il va dans ses ouvrages traiter du pacte d’association ET du pacte de soumission. A la différence d’Hobbes, Rousseau dit que le peuple ne va pas donner une partie de la liberté à une super puissance au delà des individus, mais que la souveraineté réside précisément dans l’association, dans le corps social. Par le contrat pour Rousseau, chaque individu renonce à sa liberté et son égalité non pas pour se soumettre à un souverain mais pour se soumettre à la volonté générale, à la collectivité, au peuple. Le corps moral est collectif, il va gérer cette souveraineté. La volonté générale est la somme des volontés particulières. Le contrat chez Rousseau est conclu par des individus libres et égaux dans des termes où ils le demeurent et ou la seule supériorité reconnue est celle de la volonté générale. Mais on assiste à un renversement, un changement dans la philosophie de Rousseau. Au début il y avait une domination de l’individuel sur le social. Petit à petit, il en vient à affirmer la primauté du social sur l’individuel. Prédominance du collectif. C’est la société comme corps social qui a une prédominance sur les individus, qui s’impose à vous, de manière absolue aux volontés individuelles. Il faut arriver à se mettre sous le règne de la volonté générale. Au fond, cette grande association, communauté, est fraternel. Il développe une vision communautaire du social comme amitié des individus qui se sont mutuellement choisis : utopie fraternelle politique qui a beaucoup compté dans la politique française. Le véritable pacte social chez Rousseau c’est la réciprocité complète. C’est une lecture plus politiste. Il va valoriser le « nous » qui doit se donner à voir par une communication complète, une transparence réciproque des consciences. Il souhaite généraliser l’amitié fraternelle. C’est un véritable renversement. Il reste cependant défenseur de l’individualisme et notamment dans sa farouche promotion de la démocratie directe qui est un moyen de sauvegarder les droits inaliénables de l’individu. Pour Rousseau il n’ya a pas de vie sociale sans contrainte sociale. Le CS est un instrument de régulation sociale, les individus lui confient la tâche des les réguler. I) Un précurseur essentiel : Montesquieu. C’est le premier auteur qui a un projet qui ne renvoie plus à l’idée de la normativité, de la construction d’une société idéale mais à une construction positive, une étude rationnelle systématique des mœurs et des lois qui gouvernent les hommes afin de déterminer ce qui est et non pas ce qui devrait être. Les lettres persanes et l’Esprit des lois. Les lettres : c’est un roman par lettres relatant le voyage en Europe et à Paris de deux persans de fantaisie. Il entreprend une critique en forme de réflexion sur la relativité des manières d’être homme. Il se pose en étranger lui-même et se remet en question. Les deux persans sot très surpris des usages et des coutumes françaises et de même les parisiens sont ils très surpris de les vor. Le message c’est l’universelle facticité du social. Les hommes sont ce qu’ils sont parce que les coutumes et les cultures FONT ce qu’ils sont. La posture nouvelle c’est de se penser comme étranger à lui-même, mettre en interrogation tout ce qui semble être une évidence. Il s’imagine un peu comme un ethnologue moderne. La naissance de la sociologie supposait cet auteur, ce moment négatif de l’ironie. Il a permit que plus tard il y ait un moment positif de la sociologie. C’est grâce à cette démarche littéraire ironique que se légitime petit à petit une démarche positive et déconstructrice. Pourquoi Montesquieu est porteur d’une connaissance du sociale ? Il est l’un des premiers à dire ce que le social n’est pas. Les choses sociales ne sont pas celles que l’on croit. Face aux choses des hommes il faut être méthodique, émettre des doutes et remettre en cause nos croyance et no évidences, nos représentations toutes faites. L’esprit des lois : il veut étudier les sociétés et trouver les déterminismes, les règles qui pèsent sur le fonctionnement des sociétés humaines. Elles sont soumises à des lois comme les faits de la Nature. Il veut mettre en évidence les lois qui pèsent sur la vie des hommes et l’organisation sociale, matérielle, politique et économique des sociétés. C’est la première fois qu’on voit apparaitre la loi comme « rapport s nécessaires qui dérivent de la nature des choses ». Il veut trouver les lois qui pèse sur l’organisation des sociétés humaines, rendre intelligible le monde social en mettant à nu les règles qui gouvernent les hommes. C’est parce qu’il y a des règles différentes, des manières de vivre différentes qu’on a des manières d’être humaines différentes. La diversité des modes de vie n’a rien à voir avec la fantaisie des hommes mais dépendent de règles choisies rationnellement. C’est un programme scientifique qu’il propose, sociologique. Il veut étudier les causes physiques et morales qui pèsent sur les hommes. La première d’entre elle c’est le milieu géographique : climat, nature du terrain. Ensuite les déterminations morales (traditions religion, culture, institutions sociales). Les caractéristiques démographiques aussi comptent, l’état économique, nature et mode de production des biens. Les modes et principes de gouvernement, les déterminations politiques. S’il y a une chose à retenir c’est d’abord cette volonté de mettre à nu les principes qui organisent nos société, évidemment pas avec les méthodes du XIX° ou d’aujourd’hui mais il admit que sans méthode on n’arrive à rien. Sans l’affirmer à 100%, il se désintéresse beaucoup de l’idée de changer du monde, il dissocie action et connaissance du monde. Exprimer les faits sociaux n’est pas vouloir les réformer. Evidemment il est resté très connu pour ce qu’il a dit et théorisé du gouvernement, qui sépare les pouvoirs, un gouvernement équilibré qui doit soutenir et réguler le social. Chapitre 4 : Vers une science nouvelle. Introduction. La sociologie au sens moderne du terme naît entre 1815 et 1918, au terme d’un long processus durant lequel elle se définit dans son objet, dans sa façon de se présenter comme une discipline universitaire. On a vu des grands auteurs : Hobbes, Locke, Rousseau, Montesquieu mais ce qui va surtout conditionner l’apparition de la sociologie ce sont des éléments de contexte. Ce qui va influencer son apparition dans cette période ce sont les caractéristiques nouvelles de la société française. LA sociologie moderne est plutôt la fille de bouleversements économique et sociaux que celle des grands auteurs. Les débuts du XIX° sont marqués par deux révolutions : la révolution industrielle et la révolution française. Leur point commun, c’est le sentiment de rupture qu’ils produisent dans la société, d’incapacité à comprendre et penser ce changement. On a plus les moyens intellectuels de penser ces évènements à la lumières des philosophies traditionnelles. C’est un sentiment de rupture qui fait naître la société. Les philosophes du XIX° se demande comment penser ce moment particulier de l’Histoire. Il nait d’abord de l’apparition sur le devant de la scène de nouvelles conceptions et institutions politiques, de nouvelles idéologies, de nouvelles pratiques politiques. Autre bouleversements ; de nouvelles représentations : parler de citoyen n’est pas la même chose que la société d’ordre et de sujet. Comment penser les rapports entre individus ? On parle de Nation aussi. Autre bouleversement ; l’apparition de zones industrielles basées sur des pratiques économiques nouvelles. Apparition du machinisme moderne. C’est le bouleversement du rapport entres les villes et les campagnes aussi. La culture de l’Ancien régime est du village, de la réciprocité et de la solidarité. Le monde du XIX° est urbain, la nature de la vie sociale est différente, plus superficielle, elle intègre différemment les individus. Autre bouleversement : l’émergence d’un prolétariat qui va s’entasser dans les faubourgs. Ce sont des phénomènes neufs, impensables, pas de grilles de lectures traditionnelles qui permettent de comprendre ces bouleversements. Sur la scène politique, intellectuelle apparaît alors une nouvelle thématique, un nouveau champ : la notion de problème social au sens où il va falloir une solution politique à ces problèmes. Notamment la délinquance, la promiscuité, la prostitution, l’alcoolisme etc. … Des problèmes nouveaux qui renvoient à une nouvelle organisation sociale politique, industrielle du pays. On a du mal à les penser dans le cadre de la philosophie du XVIII°. On est au cœur d’un changement civilisationnel. Il faut avoir un nouveau regard sur le social. A nouveaux problèmes nouvelle science, nouveau regard. La déstabilisation politique : les conséquences de la Révolution française. Sous l’Ancien Régime : société inégalitaire, du pouvoir héréditaire. Avec la RF, un nouvel ordre social émerge essentiellement porté par la bourgeoisie. Elle va contester l’Ancien Régime, au nom de sa suprématie économique d’ailleurs. Un tel épisode ne se clôt pas en une dizaine d’années. Cette société nouvelle ne peut pas s’installer facilement d’où l’instabilité politique du XIX° siècle. Deuxième symptôme : l’émergence d’idéologies antagonistes, de lectures sociales portées par des groupes sociaux différents : libérale, royalistes, conservateurs, solidaristes, révolutionnaires etc. … Multitude de façons concurrentes de penser la société. Certains sociologue et notamment A. Comte, Durkheim, St Simon vont défendre l’idée qu’il faut absolument travailler à fonder un ordre social et politique stable. Ces signes d’instabilité politique et sociale sont le symptôme d’une fragilité fondamentale des sociétés modernes. Il y a une pathologie sociale, il faut réguler tout ça. Tout ces auteurs cherchent à répondre à une question fondamentale « comment mettre fin à cette crise sociale ? ». Comment faire pour que les sociétés modernes soient plus stables, plus pacifiées. Les sociologues européens vont diverger sur la façon de répondre à cette question car tous n’accordent pas la même importance à l’utilité sociale de la sociologie. Ce qui oppose les auteurs c’est la part d’importance à accorder à la science dans l’action sociale et politique. Cela donne lieu à des courants : les interventionnistes qui considèrent que la sociologie doit produire de la connaissance mais doit contribuer à guérir ou soulager les problèmes de la société. Ils vont être portés par le positivisme d’A. Comte, de St Simon : la physiologie de la société sont des sciences mais aussi des armes pour remédier aux problèmes sociaux. C’est un usage intéressé de la connaissance scientifique. A l’autre extrémité : les neutralistes notamment porté en Allemagne par Max Weber, qui pense qu’en aucun cas la science ne doit servir de principe de légitimité à l’action politique. Et entre les deux, il y a la posture un peu ambigüe de Durkheim, qui dit que oui la science sociale sera le bras intellectuel de la république, mais plus tard, de manière nuancée, quand elle sera achevée et légitimée. Concernant la révolution industrielle. La France a diffusé au XVIII° et au XIX° est porteuse de nouvelles valeurs et les diffuse. Par contre, elle sera en retard et nettement sur la révolution industrielle (c’est la GB qui mène le jeu et est en avance). L’acte productif est donc d’un nouveau style. L’industrialisation s’installe et assez rapidement elle a des effets dévastateurs sur les populations laborieuses : la déqualification du geste artisanal, division du travail, on commence à penser rationnellement le monde du travail, exploitation forcenée des travailleurs (hommes femmes enfants), salaires de misère qui expliquent le travail des enfants d’ailleurs, naissance d’un prolétariat, qui lui par contre assez rapidement va commencer à bouger, à revendiquer et dont les autorités politiques auront de plus en plus en peur. Cette dégradation des conditions de vie du monde ouvrier, des plus pauvres exploités attire l’attention et très rapidement. Les premiers à s’en soucier sont les associations philanthropiques. Au nom de principes de charité et de morale religieuse vont avoir envie d’aider. A leur manière, intéressée, ils font émerger une science sociale. Deuxième mouvement : les socialistes qui vont réagir et étudier, ils en font la preuve de l’inhumanité du capitalisme. Troisième mouvement : les instances gouvernementales elles mêmes. Les politiques vont très vite payer des personnes pour leur faire des rapports sur la société française. Une partie du capitalisme français de l’époque sont conscient que cela va se retourner contre leur propre intérêt et vont commencer à réfléchir sur la misère sociale, soit pour mettre en place des politiques paternalistes soit pour payer des formes d’enquêtes. Grand mouvement d’enquête sociale. Son inconvénient étant qu’elle manque de méthode, de rigueur, de précision, mobilisant des faits qu’elle ne vérifie pas. On se contente de la parole du notable du coin sans se remettre en cause. Ils n’ont pas assez de distance critique avec leurs sources. Durkheim se construira contre l’enquête sociale d’ailleurs. L’autre inconvénient de l’enquête sociale, c’est qu’elle a beaucoup de liens avec les puissances politiques, l’objectivité est donc mise à mal. I) Auguste Comte (1798-1857) et le positivisme. Définition du positivisme : c’est une doctrine qui se réclame de la seule connaissance des faits de l’expérience scientifique et qui entend calquer le modèle des sciences du social sur le modèle des sciences de la Nature. Le scientisme en est quais synonyme, c’est la croyance en la vertu des sciences pour résoudre tous les maux. C’est l’idée que la science est le seul vrai savoir, le seul légitime. A. Comte est donc celui qui va vraiment être le premier à introduire l’étude du social dans la science. Il est le père fondateur de la sociologie. C’est le premier à avoir affirmé la nécessité d’une sociologie scientifique, il est au fondement du positivisme. Biographie Il est né à Montpellier, c’est un brillant élève qui intègre polytechnique à l’âge de seize ans. Son esprit de rébellion l’en fait virer. Il devient secrétaire de St Simon qui est une sorte de positivisme. C’est à son contact qu’il se forme au positivisme et se sensibilise aux problèmes sociaux et politiques de son époque. Parce qu’il est contestataire, qu’il a un esprit de rébellion, il n’obtiendra jamais d’emploi universitaire et aura une vie de misère, précaire. Ses principaux ouvrages sont « Cours de philosophie positive » et également « Discours sur l’esprit positif ». Il meurt à 59 ans sans avoir jamais eu aucune consécration intellectuelle mais étant très connu chez beaucoup d’intellectuels. Le brésil lui donnera sa consécration posthume en prenant une des citations comme devise officielle. « L’amour pour principe, l’ordre pour base, le progrès pour but ». C’est Comte qui invente le mot même de sociologie. Il sera à l’origine d’une sociologie holiste. Selon lui la première chose c’est qu’il faut accorder une place importante à l’observation Deuxième chose : par l’observation le scientifique se doit de mettre en relation les faits scientifiques entre eux. Troisième chose : je dois émettre des hypothèses sur les causes et les fondements de ces liens. Quatrième principe : il faut tester ces hypothèses, si elles sont vérifier j’en dégage des modèles explicatifs d’interprétation. Règle de méthode qui repose sur un rejet de tout principe métaphysique pour analyser les faits sociaux Le scientifique formule des hypothèses, construit des modèles et se contente des faits. Loi des 3 états qui l’a rendu célèbre => l’état des connaissances. L’état théologique. Dans cette étape de la connaissance on a tendance à expliquer les phénomènes sociaux ou naturels comme étant le produit de l’action directe d’agents surnaturels. L’état physique où l’on explique les phénomènes comme étant causé par des forces abstraites, des choses inexpliquées, des entités personnalisées. Par exemple au siècles des Lumières cette tendance à penser le Contrat Social, cette force qui relie ls hommes, il existerait des entités qui agirait et s’imposerait sur le déroulement d’un certain nombre de phénomènes. L’état positif : l’état abouti du processus de connaissance. On abandonne a rechercher l’essence et les causes primaires des choses pour se contenter de rechercher les lois qui pèsent sur les phénomènes. Dans l’âge positif, l’esprit l’humain abandonne l’idée du pourquoi pour aller vers le comment. Cette loi est selon Comte progressive, générale et elle touche tous les domaines de la connaissance, ils y seraient tous passé. Pour lui, il n’y a qu’une science qui n’a pas atteint cet objectif : la science des phénomènes sociaux. Son ambition à lui c’est de faire en sorte que la science sociale abandonne tout ce qui relève de la métaphysique et de la théologie. Il se propose de hiérarchiser et classifier les sciences : il les ordonne selon un ordre de complexité croissante et de généralité décroissante. Pour lui l’astronomie étudie les phénomènes les plus simples, abstraits et les plus éloignés de l’humanité, elle étudie des phénomènes qui influencent tous les autres phénomènes sans être influencés par eux. La physique sociale à l’opposé observe les phénomènes les plus concrets, les plus directement intéressants pour l’homme, découlant de tous les autres phénomènes du monde cosmologique mais sans influer sur eux. Pour Comte, la physique sociale est la science la plus complexe qui soit mais la plus générale. Cette science ne peut pas avoir uniquement une prétention encyclopédique mais doit avoir une utilité. En France donc dès les origines de la sociologie a une mission prophétique, elle ne peut pas se contenter d’avoir une posture de connaissance mais doit avoir une visée pratique qui conditionne l’action. « Science d’où prévoyance, prévoyance d’où action ». La physique sociale est bien la science des phénomènes sociaux. Du même coup la sociologie n’est pas de la psychologie ni de la biologie. Pourquoi c’est un holiciste : Pour lui la société n’est pas une somme d’individu, la société ne peut pas se réduire à une somme. Le social transcende la somme. C’est la part de la vie collective qiu s’impose à nous (holicisme donc car peu d’importance accordée à l’individu). Il compare la société à un corps humain dans lequel chaque organe social participe de l’équilibre du tout, à ‘intégration et au fonctionnement, au consensus coordonné et régulé. Il ne raisonne donc pas à partir d’individu mais de groupe. Pour lui la cellule de base de l’organisation du corps social c’est la famille. La science des phénomènes sociaux se doit de se concentrer sur deux grandes problématiques sociologiques : La statique sociale. Pour lui faire de la sociologie c’est étudier la statique. C’est la part de la physique sociale qui va s’intéresser à ce qui fait l’ordre, qui produit de la coexistence dans la société. C’est fondamentalement s’intéresser à ce qui fait le consensus. Il va falloir s’attacher aux déterminantes de l’ordre social : le pouvoir temporel, les savants, l’industriel… Pour Comte le consensus social, l’ordre « parfait » doit reposer sur un pouvoir spirituel qui vient donner du sens et réguler tout ca. Il ya des institutions qui participent à cet ordre. La dynamique sociale. Faire de la socio c’est étudier cette dynamique = les transformations sociales. Qu’est ce qui engendre du changement social ? Il pose les deux grandes questions de la sociologie. Il dit aussi que la sociologie se doit de réorganiser la société. Elle doit être réformée, réorganisée, sortir de la crise. Il faut entreprendre une réorganisation spirituelle de la société. Cela ne doit pas passer par lé théologie ni le libéralisme moderne, ni même aux réformateurs sociaux. Sa solution c’est que les savants doivent devenir des politiques. Trois critiques principales peuvent être émises : Son holisme. Ca laissera des marques dans l’histoire de la sociologie. Il a une vision totalitaire du social, la société comme un tout organisé qui s’impose à nous, parfaitement organisé et cohérent sur lequel on doit agir comme une machine. Sa vision impérialiste de la sociologie, comme une supra-discipline. Son obsession prophétique, cette idée que la science va permettre d’avoir des lendemains qui chantent, que grâce à la science l’humanité va devenir épanouie. C’est une « religion positiviste ». Malgré tout, Durkheim le considère comme un précurseur, comme la personne l’ayant le + influencé. Il est le premier a découvrir la spécificité du social, comme matière à part. Il insiste sur les problématiques de statique et de dynamique et est le premier à refuser toute interprétation biologisante ou psycho de la société. I) Le XIX ° : Alexis de Tocqueville 1805-1859. On est ici à l’antithèse. Son projet à lui c’est d’essayer de comprendre ce qui fait que les sociétés occidentales sont poussées inéluctablement dans une marche vers la démocratie. Comment expliquer cette substitution des sociétés démocratiques aux sociétés aristocratiques. Pendant des décennies il a été plus connu aux USA qu’en France, est considéré comme un auteur majeur. En France au contraire il a longtemps été oublié. Il n’est pas du tout intéressé par les phénomènes de prédominance du collectif sur l’individu. Face à A. Comte il n’a aucune place, aucune marge. Il défend une sociologie plus micro, plus proche des individus. En termes d’histoire institutionnel il est mis au ban. Quelques éléments de biographie : il est né en 1805 (dernière année de la République). Il est issu d’une très très vieille famille aristocratique de Normandie, très cultivée, très politique ayant une énorme responsabilité. Notamment son arrière grand père était ministre de Louis XVI : Malesherbes. Ce dernier avait de grandes conceptions libérales tout en défendant la monarchie. Il était soucieux d’être au plus près des revendications des philosophes. Il fut guillotiné. Il grandit donc dans une famille de rescapés, qui savent qu’ils ont sauvé leurs peaux de justesse, ayant une très forte nostalgie d’un temps passé. Il a un rapport intellectualiste avec son histoire familial et se rend compte qu’il vit dans un univers anachronique : y’aura pas de retour en arrière. Le mouvement de fond est là et il le sait, la société royaliste est finie. Il veut comprendre pourquoi. Son programme intellectuel s’inscrit dans cette curiosité adolescente. Il fait des études de Droit à Paris et est nommé ensuite Juge à Versailles en 1827. Il va faire la connaissance de Gustave de Beaumont et avec lui il part aux USA. Ce dernier est resté plutôt inconnu. En parallèle, il fait des études d’histoire et petit à petit rompt avec sa famille. Il est tiraillé entre une fidélité à son milieu d’origine et une clairvoyance intellectuelle qui fait qu’il ne les comprend plus. En 1830 il demande une mission officielle aux USA pour étudier leur système pénitencier. Ils vont tous les deux étudier les prisons américaines pour faire une comparaison avec le système français. En réalité, la raison d’être de ce voyage c’est de découvrir l’Amérique et sa démocratie. Il veut comprendre comment elle fonctionne, pourquoi cette démocratie américaine qui lui parait exemplaire n’a pas connu les dérives révolutionnaires. Il fait une étude de la modernité politique mais aussi il est un grand enquêteur de terrain. C’est l’une des premières figures d’enquêteur. Il va faire des interview, étudier de visu, se mettre in situ. Ils reviennent en Europe et Beaumont publie leur rapport sur les prisons. Tocqueville lui publie deux volumes : De la démocratie en Amérique. C’est un best-seller, il entre à l’Académie des sciences et à l’Académie française quelques années plus tard. Il devient député de sa région mais sans vouloir jamais se rattacher à des courants particulier. C’est un libéral convaincu et se met cependant toujours de ce coté là (centre gauche). Il deviendra président du Conseil général de la Manche, sera un député très actif : sur l’émancipation des esclaves aux Antilles, sur la réforme des prisons, mais sera toujours en faveur de la colonialisation. Au nom de son libéralisme il s’oppose aux journées révolutionnaires de Juin, il approuve la répression des ouvriers. Il sera emprisonné et finalement se retirera de la vie politique. Il consacrera la seconde moitié de sa vie à son second livre : l’Ancien régime et la Révolution. Il veut comprendre l’enchaînement des évènements révolutionnaires, l’origine de la RF et donc étudie la monarchie. Sa démarche globale consistera à toujours travailler sur des archives, des documents = il va à la source et ne se contente pas de lire des auteurs qui en ont déjà parlé. Il étudie de manière brute. Il meurt en 1859 au moment ou son œuvre est pas tout à fait achevée. « De la démocratie en Amérique » 1835. La question commune à ses deux œuvres c’est qu’est ce qui se joue entre démocratie et révolution. Il est obnubilé par une question centrale : les sociétés modernes. Qu’est ce que la modernité ? Pour lui, la société américaine est le prototype même de la société moderne. Fondée dès le départ de sa création sur la négation du principe d’aristocratie. Pourquoi la société USA est elle intéressante du point de vue socio : elle est l’exemple même de la société sociétaire. Il a l’intuition qu’à travers cette société on est dans une forme d’organisation qui n’est pas du même ordre que les sociétés communautaire européennes traditionnelles, du passé. Il veut mener une réflexion courante chez beaucoup d’auteurs de l’époque, aussi bien sur les conservateurs que les modernes : qu’en est-il du lien social dans ces sociétés modernes ? La nature du lien social dans les sociétés modernes Vs le lien social dans les sociétés communautaires anciennes. Qu’est ce que la démocratie, qu’elle en est la nature du lien individu-société dans ces deux types de sociétés ? On retrouve ces problématiques chez tous les auteurs de l’époque : Durkheim, Marx… On sait qu’on quitte les traditions traditionnelles pour des sociétés avec un autre type d’organisation, une autre manière d’être soi et de vivre ensemble. Le premier tome du livre est tourné vers le monde politique américain, ses institutions, ses lois et mœurs en relation avec la démocratie politique elle-même. Le deuxième tome est consacré à la société civile américaine, aux manières d’être américain. Il aborde la question de la démocratie en Amérique à travers d’autres sous questions : Quid de l’égalité dans une société démocratique ? De l’égalisation des conditions dans les démocraties ? La société américaine est traversée par un mouvement de fond qu’on pourrait qualifier d’égalisation des conditions sociales. C’est la moyennisation des sociétés, elles diminuent les inégalités d’une certaine façon. La question des rapports socio-économiques entre groupes ≠ castes Quid de la mobilité sociale et de la fluidité sociale dans ces sociétés démocratiques ? La démocratisation des sociétés a bien quelque chose à voir avec de plus grands mouvements de circulation des individus dans la hiérarchie sociale = mobilité sociale. Pour lui la démocratie est bien un régime qui est constitutive d’un rapprochement des conditions et de la « moyennisation ». Pourquoi donc est elle plus ouverte ? Premier élément de réponse : parce que ce sont des sociétés de citoyens, d’individus qui sont beaucoup plus fluides, plus mobiles. Les groupes sociaux peuvent beaucoup plus bouger parce qu’on est plus dans une logique héréditaire et d’ordre. Dans une société de castes, on ne peut pas déroger à son inscription initiale. Elle était organisée sur des relations personnelles, des rapports personnalisé et exclusif, non contractualisé. Avec la nouvelle société va naitre le contrat, entre citoyens égaux = change des rapports de reconnaissance, de soumission sociale et donc apporte de l’O². La relation personnalisée cède la place n démocratie à une relation contractualisée. Les différences d’emploi dans les sociétés démocratiques reposent sur des différences de compétences et de mérites et pas d’appartenance à un groupe social. Dans l’ancien régime, votre appartenance sociale est assignée de manière irréversible, alors que dans la modernité des sociétés démocratiques on est dans une société à statu acquis. Ce sont des sociétés d’individus, la société moderne donne le droit de dire « je ». C’est une société en mouvement, du libre examen, de libre conduite, qui s’oppose à tout ce qui faisait que dans l’Ancien Régime on n’était que sujet. Apparait l’individualisme, la rationalité, le contrat librement négocié, des principes organisationnels clairs et transparents pour tous. Au contraire, la vie sociale en aristocratie : Séparation absolue des groupes sociaux. Chaque groupe a sa propre hiérarchie interne. Reproduction de la domination, jamais à l’identique évidemment. Comment peut-elle perdurer ? Phénomène d’acceptation et de légitimation de cette domination. L’ordre naturel est « normal, voulu par dieu ». Comme Marx, il essaye de comprendre le phénomène d’acceptation de la dominance. Il y a un phénomène de croyance, de soumission volontaire. Pour t. cette égalisation des conditions est universelle, irréversible et inéluctable. Il trouve tout à fait ridicule et irraisonné tous les intellectuels conservateurs qui aspiraient à revenir en arrière. Pour autant il faut respecter le tempo de chaque société. Pour lui la révolution n’était même pas utile pour qu’on aille dans une société plus égalitaire ce serait fait naturellement (exemple des USA). Pourquoi les USA présente l’exemple d’une démocratie réussie, d’un équilibre entre égalité liberté. Causes historiques : Absence de révolution violente est expliquée par la culture puritaine. Les gens qui arrivent aux USA ne sont pas pauvres, ils étaient même souvent riches en Angleterre, All, Hollande mais voulaient vivre leur foi puritaine. Ils vont avoir un rapport au développement de leur pays particulier. Les protestants sont en gros ≠ catholicisme sont beaucoup plus tourné vers le présent et le futur. Culturellement ils sont très soucieux des questions économiques. Autres causes : institutionnelles. L’Amérique de son temps, se caractérise par une très forte décentralisation. Ils ont un attachement viscéral à la politique locale. L’identité des institutions religieuses. Elles sont locales, diverses et très importantes. Elles sont indépendantes viscéralement de l’Etat. Il y a tout de même une séparation de l’Eglise et de l’Etat. L’origine du pays est religieuse, les premiers migrants sont puritains. A la différence de l’Europe, en Amérique la religion est le fait du peuple et pas le fait de l’Etat ou des autorités. C’est une religion peu hiérarchisée. Le but des mouvements religieux est d’influencer sur la vie personnelle des gens. Ces Eglises sont compatibles avec la démocratie car elles ne cherchent pas à contrôler le politique. Il dit à sa manière que la religion doit être considérée comme la première des institutions politiques des américains. Christianisme = liberté. Religion Démocratie Activité économique vont de pair. Il est. Il est l’un des premiers penseurs à montrer qu’il n’y a pas de conflits entre modernité et religion. Esprit de liberté, d’association, d’appartenance à des groupes locaux. Une des premières choses qui le marque c’est l’importance des associations locales. Ces corps intermédiaires entre le corps politique et le civil calme le jeu. Le patriotisme est toujours présent mais non fanatique. Il y aune forte cohésion des opinions. Il modère cependant son enthousiasme scientifique. Le premier problème c’est le conformisme et le despotisme de la majorité en démocratie. Il y a deux aspects : la démocratie c’est par définition le règne de la majorité mais elle peut devenir dangereuse, tyrannique. La loi de la majorité peut devenir dangereuse quand elle prend la forme de l’opinion publique, commune. Il peut y’avoir du danger à l’opinion du plus grand nombre. Ce qui pose problème ce sont des logiques normalisatrices, nivellantes. Le vrai problème pour lui c’est la conformisme des opinions. 2° problème : le mouvement d’individualisation qui prend selon lui deux formes. D’abord, cela peut pousser au repli domestique et à la valorisation de la sphère privée, personnelle. Ce repli sur soi peut générer le désir de favoriser son épanouissement matériel et l’affaiblissement de la lutte pour la liberté par rapport à la passion pour l’égalité. On génère plus d’égalité que de liberté. Ensuite, les citoyens désertent la sphère publique => conséquence directe de l’individualisme. Enfin, l’état protecteur des despotiques. Les citoyens ressentent aussi le besoin d’être conduit et le risque en démocratie c’est de voir se développer un pouvoir politique trop centralisé, trop omnipotent et attentif aux besoins du peuple d’être conduit. L’interrogation qu’il met sur le système c’est qu’il décharge les citoyens d’une partie de leur responsabilité politique propre. L’Etat réduit un peu l’autonomie des citoyens. La suprématie de l’Etat un danger pour la liberté. Si l’Etat vous materne, vous risquez de réduire votre engagement dans le corps intermédiaire politique. D’autant plus que dans ce cadre là de l’Etat fédéral, il y’a moins d’intermédiaires. Son voyage lui permet de pointer les limites et les failles que la démocratisation des sociétés peut apporter. C’est un libéral philosophiquement et politiquement, il est fortement convaincu de ce qu’il voit émerger aux USA mais cela ne l’empêche pas de pointer des lacunes. Son discours est nuancé par l’existence de problèmes et de risques inhérents à la démocratie. C’est cette capacité à nuancer son discours qui prouve la neutralité de son travail sociologie. Les libéraux de tous siècles feront de Tocqueville un usage politique parce qu’il voit en lui un des premiers critiques de l’Etat providence. Le rapprochement des conditions est d’après Tocqueville une source potentielle de conflit, de désorganisation sociale. Il considère que c’est la frustration, la proximité sociale qui est plus un problème pour la démocratie que les inégalités en elles mêmes. Selon lui : la majorité des gens ne se sent pas offusquée de voir la jet set mener la grande vie mais s’inquiète plus de voir son voisin posséder plus que lui. La proximité sociale est bien plus productrice de conflits sociaux que l’inégalité absolue entre très riches et très pauvres. Le processus historique de rapprochement des conditions n’atténuerai pas les conflits mais en multiplierait au contraire les sources. Résumé sous forme de loi : plus l’égalité progresse, plus les inégalités apparaissent insupportables, plus la lutte contre les inégalités se poursuit ce qui entraîne toujours plus d’égalité donc toujours plus de conflits pour plus d’égalité : c’est ce qui l’appellera la passion pour l’égalité. Elle peut amplifier et exacerber les conflits sociaux. « Pourquoi les droits féodaux étaient devenus plus odieux pour le peuple de France que partout ailleurs ? Parce que précisément les droits féodaux étaient déjà assouplis, affaiblis. » Il en a dégagé une loi : « C’est lorsqu’un pouvoir despotique cherche à se libéraliser qu’il devient le plus vulnérable et qu’il doit à s’attendre à des révoltes ». L’Ancien régime et la révolution 1856. Il veut démontrer d’une part l’universalité de l’unification des conditions et à leur égalisation. D’autre part, il souhaite s’arrêter sur la singularité française qui se traduit par la brutalité des évènements politiques et cette tendance au despotisme des régimes politiques. Elle s’expliquerai par l’histoire de la France : Une centralisation très précoce. Pour lui la révolution n’est pas une rupture, elle se trouve en cohérence avec tout le passé du pays. Pour lui la révolution c’est la cristallisation d’une longue évolution qui a mené au rapprochement des conditions, à la quête d’égalité, de démocratie. La RF ne crée par la centralisation administrative, et la centralisation jacobine n’est que le prolongement d’une centralisation monarchique. Sa méthode : Elle se caractérise par un certain nombre de traits : C’est quelqu’un qui travaille en véritable chercheur, en ethnographe, mettant en place une véritable démarche. Il prend pour terrain d’enquête non pas une société passée mais une société moderne, une du « maintenant ». Il pense qu’il faut vivre in situ pour être mesure de comprendre et de restituer les phénomènes du processus démocratique. Il prend des notes et rédige des contenus à chacune de ses enquêtes sur tout. Il ne néglige pas les détails, note tout ce qu’il entend, ressent, constate… Il arrive à créer un rapport distancié avec son terrain, il n’est pas de ceux qui vont en dilettante construire une théorie globale, il a l’intuition qu’il doit être rigoureux même dans la restitution de ses impressions. C’est une méthode critique, précise. Il note toutes ses observations, écoute tout le monde sans parti pris. Quand il rencontre des gens il les pousse à approfondir leur pensée, prépare ses entretiens à l’avance. Il ne se contente de lire les bouquins des autres, et n’en voit pas la pertinence. Il retourne toujours à la source, au matériau brut. Il cherche a modéliser, à construire des concepts et typologiser ses idées. Il veut cumuler des observations, des notes, des constats, le faire le mieux possible avec rigueur en vue d’en dégager ce que Max Weber appellera des « types idéaux » = sa conception du lien social, de ce qu’est la démocratie etc. … A partir de constations empirique, il va monter en théorie et dégager des concepts. Il décrit, met à nue une institution ou des comportements, en retient les traits les plus saillants, les plus typiques et exemplaires, en construit un modèle, un type idéal (caricature). Ensuite il cherche à en trouver d’autres exemples dans d’autres sociétés, pour voir si ce modèle est valable dans d’autre catégorie de la vie sociale, d’où il tira un modèle idéal. Il veut ensuite comparer des types idéaux, dans des univers étrangers l’un à l’autre il chercher a retrouver des similitudes structurelles. Il sait qu’on peut dégager ainsi des significations dans le fonctionnement dans la société. Sa démarche analytique, sa façon de fonctionner c’est de repérer au sein d’une société, d’arriver à mettre à nu des sortes de modèles de comportement, de manière d’être, des structures similaires repérées dans différents aspects de la vie sociale. Tocqueville dit que la structure fondamentale de la société française, sa structure centrale, c’est « centralisation, cloisonnement, rigidité ». Ce caractère résumerait ce qu’était la société d’ancien régime mais aussi elle est inhérente à la société après la RF. Elle se retrouve même dans la société française d’après la révolution. T. sent bien qu’il faut travailler à repérer les structures fondamentales, comment elles sont portées par les individus et expliquer leur pérennité/transformation. Il ne se contente pas de dégager la cause initiale, la cause première qui pèse sur les phénomènes. Il ne se cantonne pas aux causes en amont, ce qui l’intéresse c’est la réalité de fait, telle qu’elle est. Marx lui est obsédé par les fondements de l’ordre social, les causes originales qui auraient pesé sur l’organisation sociale. T. est moins ambitieux est plus scientifique, plus rigoureux puisqu’il s’en tient à ce qu’il voit. C’est ce qui en fait un très grand innovateur et un sociologue moderne. Il cherche dans le social l’explication du social, il ne cherche pas les causes d’en du géographique, de l’économie etc. … Seul l’agencement du social l’intéresse. C’est quelqu’un qui a développé une démarche historique et comparative. C’est une sorte d’historien comparatiste. Il a comparé la France et l’Angleterre, sur un point : pourquoi n’ont-ils pas eu le même développement de l’agriculture au XVIII° (fin) et cela donne un exemple de sa méthode. La France : l’aristocratie française s’est laissé déposséder par la monarchie de tous ses pouvoirs. La centralisation = conquête du pouvoir par la monarchie ≠ aristocratie (cf la Fronde). Elle l’a fait pour garder ses privilèges, son honneur. Le roi leur donne une vie de cour, des privilèges, mais en échange ils perdent leur pouvoir et son domestiqués. L’aristocrate s’exclut du pouvoir et vit à la cour = il délaisse ses terres. Le pouvoir local n’ayant pas d’intérêt, il délaisse ses terres dans les mains de régisseurs incompétents. En Angleterre : la monarchie s’est maintenue et s’est développé en maintenant le pouvoir des aristocrates. Elle a donc su prendre la pleine propriété de ses terres et a un pouvoir local. La vie de cour n’a pas du tout la même importance et donc ils ont continué à développer leur agriculture, et aussi l’Industrie d’où le fait que la révolution industrielle commencera chez eux beaucoup plus tôt. Son cadre théorique. Quelle est sa théorie du social ? Que nous dit-il du lien individu société. Il développe un individualisme méthodologique, ou encore de « sociologie compréhensive ». D’abord dans ses analyses il met l’accent sur les individus, ce sont les individus qui font l’histoire et sont porteurs de la dynamique sociale. Les individus interagissent et produisent du social. Comment la somme des actions individuelles peuvent elle produire des logiques sociales. Chez lui, le comportement des individus est toujours rationnel, il n’est pas soumis à des choses inconscientes qui le dirige, mais ont des projets, des intérêts à faire ce qu’ils font. Les individus mettent en place des comportements qui cumulés auront des effets désirés ou involontaires. Il est soucieux de cette question entre intérêts individuels et effets collectifs agrégés. Le raisonnement de T consiste à rendre intelligible un comportement social à partir du sens que ce comportement a pour les individus, dans le cadre d’un type d’organisation sociale particulière. I) L’organicisme. Dans la 2ieme moitié du XIX°, on voit s’élaborer les fondements d’une sociologie scientifiques. Sur quoi repose cette conviction positiviste de pouvoir produire une science du social. Se défaire de toute recherche de causalité métaphysique, se défaire de rechercher l’essence des choses, pour mieux s’en tenir exclusivement aux faits constatés, aux régularités. L’organicisme c’est un mouvement d’auteurs qui mobilisent la métaphore biologique pour expliquer le fonctionnement de la société. Il regroupe plusieurs écoles donc deux très célèbres : Le darwinisme social L’évolutionnisme. Ces deux courants participent de ce mouvement d’ensemble, de ces deux écoles, celle qui reste célèbre très longtemps c’est l’évolutionnisme. Quel est le projet, au cœur de ces deux écoles ? Ce sont des penseurs qui veulent fonder une théorie, trouver la théorie qui permettrai de comprendre la loi universelle d’évolution des sociétés humaines ; Ils veulent compulser tout ce qu’on sait des sociétés humaines et leur projet c’est rendre homogène l’hétérogène, c’est ramener les différences humaines à une loi universelle. Ce courant affirme que des sociétés primitives vers les sociétés modernes on pourrait repérer la loi d’explication du passage d’un état à l’autre : ce serait un mouvement de complexification et une loi de différenciation fonctionnelle. = ce qui s’est passé pour les organismes vivants pareil. Ils appliquent les apports de la biologie à la sociologie, forme une analogie. La sociologie pour se donner de la consistance chercher du coté des disciplines parallèle, cela traduit les tendances d’une discipline à se chercher. Herbert Spencer. 1820-1903. C’est un autodidacte, pas du tout universitaire. C’est un personnage organiciste très important qui influencera toute la sociologie du XIX°. Il écrit : Principes de sociologie. La société est un organisme et pour la comprendre il faut mobiliser d’abord un modèle naturaliste. Il faut faire une analogie entre sciences de la nature et sciences de l’homme. Les institutions sociales sont du même ordre que les fonctions vitales du corps humain. Il va plus loin puisqu’il dit qu’il y a un appareil régulateur de la société : dans le corps humain c’est le système nerveux central, dans la société c’est le pouvoir central, l’Etat. Pour comprendre la société, j’ai besoin d’un modèle naturaliste mais également d’un modèle évolutionniste : les sociétés évoluent et de ce fait il faut repérer les lois d’évolutions des sociétés. Il établi une classification des sociétés en fonction d’un critère : le degré de complexification des sociétés. Il va distinguer les sociétés qu’il appelle « militaires », à forte coercition, et à l’opposé des sociétés « industrielles », à forte division du travail et libertés affirmées. Sa thèse évolutionniste, c’est que les sociétés humaines passeraient de l’homogène (société militaire) à l’hétérogène, du simple au complexe, au différencié, au coordonné, vers un agencement du social plus complexe. Quel est le modèle de l’évolution ? Quel est le Principe ? On tombe dans le domaine le plus ambigüe : la sélection des meilleurs. Dans la nature, la sélection naturelle ne laisse de place qu’aux plus aptes. Via la libre concurrence. La compétition, la concurrence, l’émulation serait source de progrès. Ils nous disent que toute contrainte qui pèse sur la concurrence limiterait le progrès social. Ils auront des formules très dures envers les plus pauvres évidemment. Il faut refuser l’assistance aux plus faibles parce que ca émousse leur volonté de se battre, ne pas mettre d’entrave à la libre activité sociale ou économique. Pour eux les aides et les contraintes qui pèsent sur le tissu social mènerait l’humanité à sa perte. Darwinisme social qui a mené à tous les dérapages idéologiques possibles (racisme etc. …). La sociologie a eu besoin, et il ne faut pas le nier, de ces théories là. Cette histoire révèle que la sociologie pour se constituer en discipline scientifique a eu tendance à aller ailleurs pour se justifier, pour se donner crédit et légitimité. Autre chose importante : cette obsession de dégager des lois générales. Ces thèses ont fait des dégâts parce qu’elles ont ralenti le mouvement d’autonomisation de la sociologie sciences. I) Marx et la lutte des classes. Soif de connaissance, de recensement. On veut connaitre pour déterminer l’action et mieux agir. Il y a des bouleversements sociaux depuis la révolution qui posent de nombreuses questions sociales : l’émergence du prolétariat. Il y a un sentiment d’urgence qui va rendre de plus en plus indispensable le désir de connaitre et de comprendre, d’intervenir ensuite. Tous ces faits vont servir d’argument à deux choses : Des lois de protection sociales, d’encadrement du monde du travail. L’Etat sent la nécessité d’intervenir. Volonté de connaitre d’expliquer. Au fond avec Marx, on veut chercher à décortiquer le principe régissant l’organisation des sociétés modernes. Face à cela, des mouvements de militants, de condamnation du système : le courant socialiste qui refuse plus ou moins l’individualisme libéral qui se met en place à cette époque là. Ce qui est important par rapport à l’émergence de ces mouvements contestataires c’est qu’ils ne sont pas désorganisés, ils ont pour but d’agir à partir d’un programme d’action, théorique et c’est ce que fait Marx. S’esquisse au XIX° une autre voie dans la construction du social, on ne cherche plus uniquement à cumuler des données ou des particularités statistiques, mais ce qui est fondamental c’est de trouver LE principe, la structure fondamentale qui explique l’état des sociétés modernes. On dépasse la démarche de Tocqueville et on passe à un degré supérieur de volonté, d’explication. L’apport essentiel de Marx réside précisément dans la construction d’un cadre et d’une méthode d’analyse du social. Son cadre à lui repose sur une certaine conception de la philosophie de l’Histoire. Pour lui, les sociétés humaines sont en devenir, elles ont un sens. Mode de production conditionne le mode de vie social, intellectuel et culturel. C’est leur être social qui détermine leur conscience. A un moment, les rapports se confrontent et donnent lieu à un conflit social. Marx fournit les bases de ce qu’on pourrait appeler une théorie de la dynamique du social, d’une lecture du social en termes de dynamique. Selon Marx, la société est composée de 3 états : Une infrastructure économique Une superstructure juridique et politique Des formes de conscience sociale. Il y a une détermination du premier étage qui s’impose au second etc…. il y a une détermination fondamentale de l’infrastructure éco sur tout le reste du social. L’organisation d’une société repose sur son organisation économique. Elle réside toujours sur l’état de son fonctionnement économique (le mode de production = les forces productives et les moyens de travail). Pour Marx, le mode de production conditionne l’ensemble de la vie sociale. Le mode de production est aussi une structure dynamique, en changement. Elle est faite de : Les forces productives et des moyens de travail, qui sont susceptibles de se développer, d’être plus ou moins complexes en fonction du contexte historique. L’état des rapports de production, i-e d’abord entre les hommes et les moyens de travail (les moyens de production), mais plus fondamentalement les rapports des hommes entre eux. Cela lie des groupes d’hommes entre eux, des groupes qui ont des intérêts en commun ou divergents = des classes. Ces rapports tendent à s’inscrire dans des règles juridiques qui les légitiment. Pourquoi constituent-ils une force dynamique qui a un effet durable sur la société ? La manufacture du XVI ° rassemble des ouvriers. Elle cherche à rationnaliser son processus de production, en organisant une division du travail. Cette division du travail va tendre à accroitre la capacité productive, mais pour augmenter sa production, elle a besoin d’ouvriers libres de s’embaucher comme ils l’entendent. Cela s’oppose fondamentalement a une structure locale de base : sociétés de corporation, où l’on n’est pas maitre de son destin ni de soi. C’est une contradiction « dialectique » entre des principes d’organisations contraires et elle sera au fondement de la révolution industrielle. La RI c’est la substitution d’un mode de production et d’une société capitaliste à un mode de production et une société féodale. On voit qu’il accorde un poids très important à la notion de contradiction. Et l’on voit déjà ici qu’il privilégie une approche dialectique des phénomènes, pour lui les phénomènes ne sont pas des structures fixes, ce qui l’intéresse c’est d’étudier le devenir des organisations, des rapports entre les hommes. Il veut saisir l’essence des mécanismes, les moments et les processus qui font que les choses sont en devenir = du matérialisme historique. Il veut non seulement voir ces phénomènes dialectiques mais aussi dire qu’il y a une détermination du tout par la sphère économique. Avec Marx, l’histoire rentre vraiment dans la sociologie. Il en fait un élément constitutif de la sociologie, il faut prendre en compte les logiques historiques. Il va être capable de produire une analyse des phénomènes qu’il a sous les yeux, les phénomènes du XIX° s’éclairent d’une nouvelle manière au regard de ses théories. Il explique le pourquoi et le comment du dénuement des plus pauvres. Il a une prétention a produire une théorie susceptible d’expliquer l’exploitation des plus faibles. Sa théorie : A son époque il constate qu’il existe des nouveaux rapports de production, qui sont des rapports de productions capitalistes. Ces rapports de production capitalistes exigent une main d’œuvre qui doit être très abondante, et non qualifiée. La machinisme qui va de pair exige des gestes peu qualifiés. D’où le fait qu’on recrute les femme se tles enfants. La misère ouvrière n’est pas une fatalité, c’est pas un accident, mais la conséquence d’une mutation économique fondamentale. Elle est inscrite dans le fonctionnement même du capitalisme, il engendre naturellement une exploitation forcené des plus pauvres. Pourquoi ? L’entrepreneur va faire du travail de l’ouvrier une marchandise qui coute nettement moins cher que ce qu’elle rapporte. La plus value c’est la différence entre la valeur crée par le salarié et la valeur qui lui est restituée sous forme de salaire. Pour dire autrement, la plus value c’est la valeur supplémentaire produite par le salarié que le capitaliste s’approprie gratuitement et légalement. La logique capitaliste c’est que l’entrepreneur doit retirer toujours plus de plus value au travail ouvrier ; Pour ca il a deux moyens : soit il prolonge la durée du temps de travail, soit il augmente l’intensité du travail (machinisme etc. …). Pour Marx, sur le long terme, il va y avoir une baisse tendancielle du profit qui oblige a exploiter toujours plus la classe ouvrière donc on va a toujours plus de prolétarisation. Les contradictions entre intérêts sont insurmontables et vont mener à la ruine du capitalisme et à son remplacement par un autre moyen de production. Au delà de cela, c’est aussi une théorie du militantisme, de la contestation politique. Eléments biographiques : c’est un fil d’avocat allemand, et son père porte lui quasiment tous les espoirs d’une patrie. Il fait des études en Droit et en Philosophie. Il est trop proche du mouvement d’Hegel (les jeunes hegeliens) qui lutte contre le despotisme prussien. La philosophie d’Hegel se caractérise par deux traits, deux dimensions : Il affirme que le moteur de l’Histoire, du monde, c’est le règne des idées. Pour Hegel, l’idée guide l’Histoire, guide le devenir historique. C’est pour cela qu’on le dit « idéaliste ». Il énonce le principe de la dialectique. Pour Hegel, toute réalité, tout phénomène est traversé de forces contradictoires. Ce sont ces luttes, ces forces contradictoires en confrontation qui provoquent le changement et le progrès. Mais très jeune, Marx remarque les limites de la pensée d’Hegel et rompt avec celle-ci sauf pour un principe : celui de la dialectique qu’il reprendra à sa matière. Pour lui, la rupture fondamentale, le changement issu de la dialectique ne peut avoir lieu que quand la partie la plus faible dans ce jeu des contradictions se renforce. Ex : histoire de la bourgeoisie, c’est bien sa lente montée en puissance qui amène à la RF. De même, il anticipe la lutte du prolétariat contre la bourgeoise avec l’espoir que le prolétariat va gagner en puissance et donner lieu à une révolution. Pour lui, le monde est un espace de luttes toujours au profit des forces les plus faibles au final. Sa philosophie est matérialiste qui s’oppose donc sur un point à celle d’Hegel. Il devient un journaliste (la Gazette rhénane). Cette revue va subir de nombreuses interdictions et censures à cause de ses attaques contre le dirigeant. Il s’exile, d’abord à Paris puis en Angleterre. Sa construction intellectuelle se complète à ce moment là, il y fait la majeure partie de son œuvre et rencontre Engels. Ce dernier est riche intellectuel, qui lui permet de survivre. Sa vie entière est consacrée à son œuvre : L’idéologie allemande (avec Engels);Le Manifeste du parti communiste (1848) ; 1850 : Les luttes de classes en France ; 1852 : Le 18 brumaire de Napoléon Bonaparte ; 1867 : Le Capital. (essentiellement publiée à titre posthume). Son œuvre est complexe et difficile à restituer, tout d’abord parce que sa pensée à énormément évolué, elle se modifie et se transforme au cours du temps.de plus, il aborde une multitude de domaines différents : philosophie, économie, sociologie… . Enfin, il y a une tension permanente dans ses textes entre analyses scientifique, volonté d’être objectif ET parti pris idéologique. Les apports importants du Marxisme : son analyse du capitalisme et l’affirmation du matérialise historique : le matériel et non l’idéal conditionne le devenir historique, le social est déterminé par les conditions matérielles. Tous ces éléments ont influencé les sciences sociales : Par une certaine représentation du sociale, une lecture matérialiste et déterministe du social. Il a laissé une méthode : l’holisme. Partir de l’organisation matérielle des sociétés. Des concepts : la classe sociale, il a conceptualisé la différenciation sociale, la notion d’idéologie, qu’est ce qu’un idéologie ? Autre concept : l’aliénation, l’aveuglement. Enfin, le concept d’Etat : d’un point de vue politique et social. Il n’en reste pas moins que Marx est resté important comme théoricien de l’action révolutionnaire. Qu’est ce que le « holisme marxiste » ? Il renverse le parti pris Hégelien : à l’inverse de Hegel qui dit que c’est le monde des idées qui conditionne le devenir historique, lui conteste en disant que c’est le matériel qui conditionne l’idéel. C’est une inversion du propos d’Hegel. On parlera à ce moment là de matérialisme. Sous ce matérialisme se dessine un déterminisme plutôt radical qui se traduit ainsi : d’une part, pour Marx, les individus sont totalement aveuglés par les rapports sociaux dans lesquels ils sont, qui leur échappent et les enferment et les aveuglent. Tout ce qui fait le monde social : les institutions, les productions matérielles et intellectuelles, n’est qu’un état de développement des formes productives. D’où son intérêt pour l’économie. Pour lui, la clé de voûte de tout système social c’est l’Etat de développement des forces productives. C’est un chercheur qui prétend décrire cette détermination. Décrire ces rapports sociaux, de quoi est faite une société, comment elle est organisée et régulée. Il souhaite construire une théorie du champ social. Architecture de l’édifice social pour Marx : c’est un édifice composé de plusieurs étages. La superstructure : l’ensemble des institutions juridiques, politiques, sociales, les idéologies, les manières de penser. Elle définit et organise la vie sociale. Sa fonction est « de protéger, reproduire les rapports sociaux existants, i-e défendre la classe des exploiteurs contre celle des exploités ». Cette super structure elle est elle-même déterminée par les rapports de production et varie en fonction. L’infrastructure : l’état de développement des forces productives, l’organisation économique à un moment T, l’état des rapports sociaux de productions. Définition « c’est l’ensemble des rapports s’imposant aux hommes et les unissant dans un ensemble social en tant qu’agent de production » C’est l’instance décisive du social, et elle est déterminée par l’aspect technique. En dessous encore, le mode de production. C’est la manière selon laquelle les individus gagnent leur vie, l’ensemble des forces productives matérielles. Pourquoi parle-on d’holisme méthodologique pour parler de la pensée de Marx, parce que d’abord il part toujours de la société, sa réflexion part toujours du niveau macro-social. C’est une lecture qui néglige les individus (≠ Tocqueville) et il fait des raisonnements qui sont toujours globaux, qui renvoie à du collectif et des structures. Quelques principes théoriques. Déterminisme et messianisme. Le déterminisme historique renvoie à l’idée que l’histoire est déterminée par des variables sociales, et messianisme renvoie au rôle de « messie » du prolétariat ? Pour lui, l’Humanité à travers des révolutions, des changements techniques, des évolutions, serait passé finalement d’un mode de production à un autre mode de production ‘esclavage, féodalisme). Mais pour Marx, le devenir de cette grammaire évolutive c’est d’atteindre un stade final supérieur, qui sera le communisme. Il développe une vision à la fois évolutionniste mais également téléologique. On va vers quelque chose qui sera foncièrement meilleur que maintenant. Le passage d’un mode de production à un autre mode de production se fait sous une double influence, sous la pression de deux éléments : Influence des changements techniques. Les forces sociales : la lutte des classes. Elle est le moteur de l’Histoire et du changement social parce qu’elle booste le passage d’un mode de production à l’autre. Chaque sociale a donc comme fonction historique de travailler à la meilleure défense de ses intérêts et à faire advenir un type de société correspondant aux demandes de cette classe en mouvement. Dans sa lecture globale, il y a une classe qui tient une place importante : le prolétariat. Pour Marx, c’est la classe qui devra prendre le pouvoir mais pas pour exploiter une autre classe, pour libérer l’humanité de toute exploitation. L’Humanité sera libérée de toute forme de servitude. Le prolétariat l’emportera. Qu’est ce que le communisme pour Marx ? C’est la société sans classe, sans Etat, sans exploiteur à protéger. Etape intermédiaire : la dictature du prolétariat. Deuxième concept important à envisager ; la notion de classe sociale. Marx a construit une sociologie des classes sociales. Leurs analyses lui permettent de produire des analyses concrètes du temps de son époque. Il raisonne sur une réalité tangible. Mais aussi, en réfléchissant sur les classes sociales, il produit une réflexion sur la différenciation sociale : sur quoi reposent les différences ? Une classe sociale, c’est une certaine position économique, une certaine position dans les rapports de production. Cette position est fondée sur la possession ou la non-possession des moyens de production. D’emblée, ce qu’il faut avoir en tête c’est que du même coup, qui dit classe sociale dit groupe marqué et pris dans un conflit social. La classe sociale n’est pas une entité ou une substance, c’est le rapport à quelqu’un d’autre et pour lui il est conflictuel (exploiteur/exploité). Au-delà de Marx, de manière générale, on entend par classe sociale un groupe qui possède des éléments communs (habitudes, façon de penser, modes de vie). Qui dit classe sociale dit également posséder des différences communes vis-à-vis des autres. C’est cette idée que derrière la classe il y a le sentiment d’appartenance, la conscience de former un groupe distinct au sein d’une hiérarchie sociale. Le problème théorique quand on parle de classe sociale en sociologie, n’est pas d’en donner une définition, ou un nombre précis, c’est la question des rapports qu’elles entretiennent. L’enjeu théorique c’est de savoir sur quoi elles s’opposent, comment elles s’affrontent. Autre notion : la stratification sociale, qui est très répandue. C’est un système de classification entre groupes, on cherche à établir un principe de classement pour les principes de différenciations qui existent dans les sociétés modernes. C’est admettre, que dans nos sociétés actuelles, il existe des richesses sociales qui circulent et qui se distribuent de manière inégale entre les individus et entre groupes. Quand on travaille en terme de stratification sociale, c’est chercher à déterminé comment ces richesse sociales (carnet d’adresse, scolaire, prestige, argent) circulent et se distribuent inégalement. Il y a une différence de fond entre raisonner en termes de classes sociales et de stratification sociale, on n’est pas dans la même sociologie. Parler en termes de stratification sociale c’est d’abord caractériser les groupes comme fait l’INSEE par exemple, en croisant plusieurs critères. Ces groupes (les CSP) sont caractérisée par le revenu, le statut professionnel, le prestige, le niveau d’étude toute sorte de variables. On va donc découper une grande variété de groupes en fonction de ces critères. Derrière cette réflexion, il y’a une lecture de la société très particulière. On pense que la société est faite d’un continuum de strates et des groupes, organisée sur les critères énoncés. Ca veut dire qu’il y a des passages entre les strates, ca n’est pas imperméable. Donc, la société est mobile, on admet la mobilité sociale, les individus sont considérés comme ayant la possibilité de passer d’une strate à l’autre. Les gens qui raisonnent ainsi, admettent que la société est quelque chose d’ouvert avec des groupes au frontières plutôt floues et qui autorisent les passages. La continuité progressive, le passage, s’opposent à la lecture Marxiste qui pense le conflit, la dichotomie fondamentale entre les groupes, la fixité des positions. Parler comme Marx, ca veut donc dire que les classes sont des groupes figés, en conflit, Marx voit la société comme organisée et tendue par le conflit. Parler en termes de classes sociales c’est admettre des relations de dominations, d’exploitation. Parler de classes sociales c’est postuler que les classes contribuent à la reproduction sociale. Il n’est pas l’inventeur des classes sociales et a évolué au cours du temps sur cette thématique. Ce qu’il faut retenir, c’est que pour lui fondamentalement parler en termes de classes sociales c’est admettre une dichotomie sociale fondamentale entre deux classes. Cette lecture bipolaire s’organise auteur de deux classes antagonistes : les bourgeois capitalistes face au prolétariat, aux salariés. Le seul critère qu’il retient encore une fois c’est la propriété du moyen de production. La conception des classes sociales de Marx est dite « réaliste », le seul critère qu’il retient pour déterminer l’appartenance de classe, c’est la possession des moyens de production et donc la position dans le système économique. Quel est l’inconvénient de cette nomenclature : on peut repérer plusieurs limites : Elle n’est que monocritère, et Max Weber voit bien que c’est plus compliqué que ça. Il est tenté de ramener les catégories sociales en deux groupes, et ça pose un problème. Il est très conscient que c’est schématique, que cela présente des limites. Il se pose lui-même la question : où situer la paysannerie ? Où situer les classes moyennes ? Il développe parfois la notion de « petite bourgeoisie ». Dans certains écrits, il introduit cette idée qui regroupe les paysans, les artisans et les commerçants. Ils sont proches de la bourgeoisie parce qu’ils sont propriétaires, mais sont proches du prolétariat par le travail routinier, direct… Le fait que ce modèle n’aide pas vraiment à penser la société actuelle. Il y a une multiplicité de groupes et de sous groupes dans nos sociétés, qui sont moins polarisées, vers une sorte de « moyennisation » qui rend difficile son analyse par les théories marxiennes. Marx a le sens de la relativité et sait que ce qu’il dit ne peut pas correspondre à toute réalité, que son modèle n’est qu’une tendance historique, il veut aider à décrypter mais relativise les cadres qu’il produit, et ses limites. Il est critique sur son outillage. Il dit parfois que y’a trois classes, puis il en repère huit (les grands propriétaires fonciers, la bourgoisie financière, industrielle, commerçante, petite, la classe paysanne, la classe prolétarienne, les bandits, les représentants idéologiques=les intellectuels) puis deux…. Il parle souvent de deux classes mais sa pensée est évolutive est ce serait le réduire à deux. Il peut y avoir des groupes importants mais ne forment pas forcément des classes parce qu’ils n’ont pas conscience d’eux même. Ils leur manquent une conscience de classe, notamment la paysannerie. Il dit que la paysannerie ne constituait pas une classe. Il dit autre principe que les classes ne sont pas homogènes à l’intérieur d’elles mêmes, elles peuvent donner à voir des fractions : des sous groupes à l’intérieur d’une classe qui peuvent avoir des intérêts divergents. Il dit que c’est bien beau de faire une théorie des classes sociales, mais il ne faut pas oublier qu’elles ne sont pas seules en jeu, il existe un instrument qui soutient ce jeu : l’Etat. C’est un instrument. Dans Misère de la philosophie, Marx fournit encore et complexifie son analyse des classes sociales et va aller au-delà de sa conception réaliste en distinguant deux éléments importants : La conscience de classe. C’est la conscience de l’unité de son groupe, le sens de la séparation, de former un « nous » face à l’adversité. C’est la classe en soi. C’est un certain sentiment de former un nous. L’organisation de classe : la conscience sociale de l’intérêt en commun et de la dynamique collective que cela peut produire. C’est la classe pour soi, la capacité de mobilisation. Une classe peut avoir conscience de soi sans s’organiser et se mobiliser. Autre concept : le concept d’aliénation et d’idéologie. Pour Marx, sa réflexion sur l’aliénation vient de ce que l’homme se réalise par le travail. Dans les sociétés capitalistes, le travail fait exister l’homme, il devient homme par le travail, mais le travail peut aliéner l’homme. Notamment dans les sociétés capitalistes. On est plus dans le compagnon membre d’une corporation, fier de son métier dont il est un peu le propriétaire. L’aliéné, l’ouvrier prolétaire ne s’appartient pas. Il est aliéné au sens ou il est étranger au produit de son travail. Deuxième dimension : l’ouvrier est aliéné parce qu’il est contraint par l’organisation du travail qui ne lui laisse aucune marge, aucune autonomie. Troisième élément, il est aliéné parce que l’ouvrier rentre en concurrence avec d’autres ouvriers, il est séparé de la communauté car même les relations entre ouvriers deviennent des luttes. C’est que la vie se réduit au travail, le travail est devenu le cœur même de la vie de l’ouvrier. La notion d’idéologie : par delà son analyse sociale, Marx est un grand théoricien de la fonction sociale de l’idéologie. C’est un critique de l’idéologie et un théoricien de l’idéologie dans la société. C’est quoi l’idéologie ? Une idéologie c’est une représentation déformée, biaisée, fausse de la réalité en science sociale. De fausses imaginations, de fausses croyances collectivement entretenues, des mystifications, produites par les groupes sociaux, par les hommes eux-mêmes. Une idéologie au sens large c’est une justification, des discours qui permettent d’argumenter pourquoi on vit de telle manière etc. …. La fonction sociale de l’idéologie c’est d’occulter la réalité, il ne peut pas y’avoir de rapport sociaux de production, de rapport de classe s’il n’y pas cette illusion, cette mystification. Il faut une sociologie de la fonction du symbolique dans les rapports sociaux. Elle peut être une arme au service de la classe dominante, elle produit une idéologie dominante capable de justifier sa domination. Exemple : la religion « opium du peuple ». Dans le cadre de sa réflexion sur l’idéologie, il est amené à rencontrer la question de l’Etat ? Pour lui, c’est un instrument au service de la classe dominante. Ce n’est pas toujours une force impartiale, qui défendrait l’intérêt général. Ce serait une instance ayant essentiellement pour finalité de protéger les dominants, il a été confisqué par ces catégories dominantes. C’est le bras armé, juridique, de la bourgeoisie, pour organiser la domination. C’est une agence idéologique par excellence. Elle produit de l’illusion et notamment en affirmant qu’il est au service de l’intérêt général. Il est amené aussi à s’intéresser au statut des créations intellectuelles. Les intellectuels seraient des producteurs de l’idéologie dominante permettant au plus dominants d’être ce qu’ils sont. Toutes les créations culturelles sont rangées dans la production bourgeoise, elles sont toujours en liaisons avec une classe sociale, et surtout la classe dominante. Faire de la sociologie c’est aussi comprendre ce travail de mystification. En quoi les hommes ont-ils des représentations mystifiantes de ce qu’ils sont ? Nous sommes voilés, aveuglés, parce que pris dans des rapports sociaux de production. Il développe deux idées importantes en termes de méthodes : Il faut faire une distinction fondamentale entre les conditions réelles d’existence des hommes et les représentations que les hommes s’en font. On ne juge pas une époque en fonction de la conscience qu’elle a d’elle-même. Les groupes sont ce qu’ils font et non ce qu’ils disent ou s’imaginent être. Finalement étudier c’est aussi dévoiler les illusions, mettre à nu nos croyances et saisir la réalité concrète derrière les discours, les idéologies, les croyances. Autre concept : la lutte des classes. Il y a des groupes qui sont dans des rapports de conflit parce qu’ils ne se situent pas dans les mêmes intérêts. La lutte des classes c’est cette opposition, ces rapports inégaux et fondamentalement divergents entre les groupes sociaux. Le moteur de l’Histoire chez Marx c’est le conflit donc la lutte des classes. L’issue en est fatale. Plus ca va, plus la polarisation des deux classes se renforcent. Les dominants sont toujours plus riches mais de moins en moins en nombreux, tandis que les propriétaires sont toujours plus pauvres et toujours plus nombreux et de plus en plus conscient. Ca va aboutir à la lutte finale, au conflit majeur qui va faire advenir l’Histoire. Cette utopie étant que on va atteindre une société qui, internée par la dictature du prolétariat, sera non conflictuelle, harmonieuse etc. …. Ce qui est compliqué, c’est que d’un coté il développe une théorie de la lutte des classes, et puis dans la phrase d’après il parle de ses souhaits et ses croyances et donc son idéologie. Sa sociologie des idéologies est pertinente, autant sa vision de l’Histoire est inacceptable pour un penseur actuel. D’abord, le sociologue actuelle n’a pas et n’est pas en mesure honnêtement de dire de quoi l’avenir sera fait. La sociologie n’a pas a donné un sens à l’Histoire. La vision historique de Marx repose sur une erreur théorique de fond : il est parti d’un raisonnement biaisé est faux dès le départ, de faire une analogie historique entre la civilisation de la montée en puissance de la bourgeoisie et celle du prolétariat. Il assimile la montée du prolétariat sous la bourgeoisie à celle de la bourgeoisie sous le féodal. Or, même sous l’Ancien régime, la bourgeoisie a un pouvoir économique, c’est une classe intermédiaire, porteuse d’une idéologie quand même entendue, elle a des intellectuels pour elle. Elle va donc se donner les moyens politiques du conquérir le pouvoir. Or, le prolétariat au XIX° siècle est une masse exploitée politiquement, économiquement, intellectuellement. Elle est dominée, ne possède aucun pouvoir et ne peut pas imposer sa vision du monde. La sociologie de Marx dans son rapport avec l’histoire des Sciences sociales. Marx appartient à l’histoire sociologique, mais jusqu’à la WWII il n’est pas considéré comme une sociologue. On le voit uniquement comme un théoricien d’une idéologie. Durkheim lui-même n’accorde aucune importance à la pensée marxiste, pour lui il y a des précurseurs qui l’ont formé, mais jamais il ne cite Marx. A partir des années 50 avec le déclin du Durkheimisme, on commence à l’étudier. Des mouvements structuralistes réapparaissent. Weber non plus n’envisage pas Marx comme un sociologue mais un théoricien du socialisme. Dans la sociologie américaine, il est resté quasiment tout le temps absent et rentrera dans les analyses sociologique dans les années 40-50 notamment par des sociologues noirs qui l’appliquent à la société américaine. Pour Marx, la sociologie c’est bien la science des rapports humains, c’est une science qui se caractérise par une double dimension : l’analyse des phénomènes de la société, mais c’est en même temps qui veut faire de la sociologie la sphère de la pratique sociale, de l’engagement (logos et praxis). Les faits sociaux pour Marx ne peuvent pas être compris indépendamment de la pratique sociale et historique. On peut connaitre le monde social en même temps que l’on change le monde social, il croit en la possibilité d’une très bonne connaissance du monde social qui permet en même temps à son changement. Avec lui, on est dans une connaissance pratique et révolutionnaire du sociale, un théorie c’est une théorie du monde social et de l’action sur le monde social. C’est lui qui va le plus loin dans l’unité de l’action et la réflexion. Au contraire, Durkheim et Weber disent que seule une connaissance à distance des faits sociaux permet la connaissance. Il faut étudier le social en envisageant une posture d’extériorité, on ne peut pas être objectif si on est pris dans la réalité qu’on observe. Pour résumer, toute l’ambigüité de la pensée de Marx c’est sa philosophie de l’Histoire, qui doit mener à la non organisation sociale, l’harmonie, la réconciliation et sa vision messianique révolutionnaire. Sa théorie n’est pas toujours facile à comprendre parce qu’on est au cœur de tensions entre ces paramètres. Il n’empêche que c’est le premier qui va aussi loin pour saisir les fondements de l’organisation des sociétés. Au fons, il arrive quand même à produire une théorie globale de l’organisation du social. Il va chercher à dégager un modèle théorique de la production du social, dans le sens que ce sont les hommes eux même pris dans des rapports qui construisent la société. Sans intervention divine ou quoi. Ce sont les hommes qui construisent le monde dans lequel ils vivent. Conclusion : il faut se rappeler qu’à travers sa théorie matérialiste de l’histoire et de l’économie, Marx cherche bien à restituer et comprendre à sa façon les fondements de l’ordre social = en ça, il doit être considéré comme un des fondateurs de la sociologie. Le marxisme au fond c’est quand même une théorie générale de la production du social, il considère qu’il faut partir des individus et de leur rapport pour comprendre comment le social se produit. Le fait qu’il refuse de mobiliser la transcendance, la biologie, l’âme des peuples, une espèce de conscience nationale est la preuve qu’il a la volonté de démontrer que ce sont les hommes pris dans des rapports particulier qui nous donne a voir la spécificité des rapports humains. Marx fait œuvre de sociologie parce qu’il rappelle que toute œuvre sociale est un artifice relatif, transitoire, les sociétés ne sont que le produit des rapports entre les groupes sociaux. La pensée de Marx est une construction théorique d’une grande puissance intellectuelle parce qu’elle a la prétention de mobiliser plusieurs dimensions de la vie sociale, voire toutes. C’est une construction proprement sociologique dans le sens que les faits sociaux s’expliquent par les faits sociaux. Il refuse de tomber dans la psychologisation et sa prétention c’est bien de décrire l’état d’une société à partir de ses rapports sociaux. C’est une construction fragile parce qu’elle repose sur un parti pris, un postulat indémontrable qui est que en dernière instance les forces matérielles conditionneraient toute la construction sociale. Il développe une démarche structuraliste, ce qui l’intéresse c’est de regarder le système dans sa totalité et pas ses parties qui constituent le système, ce qui l’intéresse se sont les relations entre les éléments et pas leur nature. La classe sociale en elle-même, en tant qu’entité singulière autonome ne l’intéresse pas, ce sont les relations entre les classes. C’est la lutte qui définit la classe, pas la classe qui définit la lutte. La notion fondamentale du conflit. Sa sociologie est conflictuelle, parce que pour lui la cohésion de la société, une des conditions de sa perpétuation c’est précisément l’existence du conflit. Paradoxalement, le conflit produit du social, parce qu’il met de l’ordre, définit des règles. Le conflit est constitutif de l’ordre social (≠Durkheim). Une partie des sociologues lui répondront que la conflit au contraire est générateur de désintégration sociale. I) Enquête de terrain et monographie On peut dire que le XIX° siècle est celui où l’on voit se mettre en place un puissant outil d’enquête social. Une volonté de rationnaliser et systématiser la façon d’observer le social = technique d’enquête. Suppose de la rigueur. Pour la première fois, s’opère une relative convergence entre trois éléments, séries de fait différents. Les intérêts étatiques du contrôle social. Au XIX°, l’Etat commence véritable à entrer dans des logiques de contrôle, d’encadrement et de gestion des populations. Ils leur faut donc des outils de contrôle, d’observation, de connaissance. Des préoccupations humanistes d’aide aux populations les plus défavorisées. Entreprises philanthropiques, qui eux aussi ont besoin de boîte à outils. Le fait que dans le champ intellectuel il y a une volonté de + en + marquée d’étudier avec rigueur, notamment avec des techniques mathématiques et rigoureuses, le social positivisme. Mobilise plusieurs acteurs : les administrations qui s’organisent, les bureaux d’assistance, les enquêtes lancées par des sociétés savantes, les associations philanthropiques. Deuxième catégories d’acteurs : les premières enquêtes s’appuient sur des observateurs privilégiés : les médecins, les prêtres, les magistrats, les enseignants etc. … . Les dames charitables ne vont pas enquêter elles mêmes mais distribuent des questionnaires aux notables locaux qui les renvoient sous forme de compte rendus. Le problème c’est que ces notables ont une certaine bonne volonté mais ne sont pas spécialistes. Les statistiques. Les stats se développent d’abord dans une perspective éminemment moralisatrice. On veut les améliorer parce qu’on veut comptabiliser la « dégradation générale des mœurs ». Au départ, la curiosité statistique repose sur une volonté de quantifier la normalité au sens morale du terme. Trois faits surtout sont étudiés : La criminalité La prostitution L’alcoolisme. Elles ont été inventées par Lambert Adolf Quételet, c’est un mathématicien belge qui crée tout le système statistique de la Belgique. Il va donner son nom à une unité de mesure. Il fonde la « revue statistique » dans laquelle il étudie toute sorte de statistiques et notamment au crime. Il observe que le nombre de crimes varie très peu d’une année sur l’autre. Il en déduit mathématiquement une loi de constance de la criminalité. Il permet donc de prévoir le nombre de crime. Durkheim est au courant de la mathématique sociale, il découvrira le même principe pour le suicide. Il est l’un des premiers à dire qu’un des caractéristiques fondamentales du social c’est sa régularité. La statistique a pour fonction de révéler des régularités, chercher les causes profonds qui pèsent sur ces régularités. La statistique doit chercher à caractériser l’homme moyen, un être fictif représentatif des variables sociales qui pèsent sur lui. On ne s’intéresse ni au cas particulier. Elle ne repère que la normalité régulière. Faire l’histoire des statistiques, c’est faire l’histoire de la façon dont l’Etat en a eu besoin et donc des institutions : les premiers grands recensements de la population apparaissent au XVIII° siècle et notamment dans les pays scandinaves. John Sinclair, écossais, qui en 1779 a lancé une enquête sociale via les paroisses, grâce à un questionnaire pour dénombrer le plus mathématiquement possible la population. Au XIX° siècle, ces procédures se spécialisent, se segmentent : criminelles, sociales, économiques, agricoles… et un certain nombre de sociétés savantes vont aussi chercher à améliorer l’outillage statistique. En France, la Société Française de Statistique Universelle est créée en 1829 (mouvement européen aussi). Cette époque se caractérise par une fois scientiste, positiviste dans les vertus de la mesure. Comme si dénombrer les phénomènes se suffisait. Cette période est marquée par le développement de l’outil statistique : questionnaire, façon de poser les questions. Au XIX° siècle se développe l’exploration sociale qui veut essayer de mener des études qualitatives fondée sur l’observation in situ. Cela va donner lieu à de très beaux portraits d’observation in situ. Docteur Villermé par exemple. C’est quelqu’un qui est très important, pour la prise de conscience qu’il va induire et pour sa méthode. Il est chargé par l’Académie des sciences morales et politiques d’une enquête afin d’étudier les conditions de vie et d’existence des ouvriers du textile, dans le Nord de la France. Son rapport : Tableaux de l’état physique et moral des ouvriers (…) 1840. Dans laquelle il décrit les conditions de travail et de logement des ouvriers de l’époque. C’est l’une des grandes études in situ, qui va choquer l’opinion. Autre : Frédérique Le Play 1806-1882. Même travers que Villermé qui est de pas toujours suffisamment faire la part des choses entre analyse et jugement de valeur. Ils oublient que faire de l’analyse et de l’observation suppose de mettre à distance ses préjugés et de ne pas tout confondre. C’est un ingénieur des mines qui va être à l’origine le fondateur d’une méthode systématique de recueil de donné. Il va créer une méthode de recueil des données. Cette méthode se qualifiant aujourd’hui d’étude monographique. C’est un ingénieur des mines, conseiller de Napoléon III. Il va être à l’origine d’un mouvement de réforme sociale qui existe encore + ou – la Société d’économie sociale. Il a donc une volonté réformiste qui se concrétise dans un projet politique. Il veut collecter des matériaux sociaux économiques sur le monde ouvrier. Il veut faire œuvre de recueil d’un certain nombre d’éléments descriptifs et écrit deux livres : Les ouvriers européens (1855) ; Les ouvriers des deux mondes. Treize tomes de monographie. Dans chaque monographie qu’il entreprend, pour un village ou un quartier, elles sont toujours structurées selon un même plan intangible. Systématicité dans la façon d’aborder la description du monde ouvrier. Les informations qu’il mobilise dans ce plan détaillé sont des informations très précises. Il se renseigne pour savoir combien ils gagnent, quel est leur logement, leur ustensiles etc. … Il est l’inventeur à travers cette manière de procéder de la codification, une logique d’observation qui permet la comparaison. Son problème comme celui de Villermé c’est que s’immisce dans ses analyses beaucoup de convictions idéologiques, de parti pris moraux. Il y aura à la fois un souci de description très fort, une volonté d’être rigoureux, des ordres donnés à ses informateurs, mais en même temps la mobilisation d’une doctrine morale, d’un vocabulaire non épuré, une idéologie moralisatrice qui nous laisse sur notre faim. Bilan : progrès indéniable, accumulation de plus en plus minutieuse d’observations, mais une conceptualisation faible. Un vocabulaire qui n’est pas critiquée, morale souvent mobilisée pour expliquer les phénomènes, faiblesse dans la capacité d’analyse objective. Jusqu’à Durkheim. Ils veulent de la rigueur mais ne se rendent pas compte que la qualité de leur travail est plombée par leur subjectivité et leur manque d’analyse. Partie III : La Constitution d’une discipline. A leur manière, les auteurs vus plus haut ont contribué à légitimer la démarche sociologique, son sous bassement idéologique, mais n’ont pas su engager le mouvement d’institutionnalisation de la discipline, dans le champ universitaire et scientifique. Introduction : ce travail de reconnaissance institutionnel a été différent en Allemagne et en France, et s’est révélé très conflictuel parce que les fondateurs ont du vaincre des oppositions politiques et provenant des autres champs disciplinaires dominant (philosophie, Lettres…). Troisième difficulté dans ce travail de reconnaissance, le fait que dans les deux traditions nationales on a affaire à une dimension de fondateurs, Durkheim et Weber, qui seront à l’origine d’école de pensée. Pour comprendre l’organisation de la sociologie française il faut prendre en considération plusieurs éléments : L’importance du contexte politique. Les luttes d’influence entre auteurs. Durkheim est considéré comme LE sociologue par excellence, fondateur de la sociologie moderne pour plusieurs raisons : Contrairement aux autres, il fait preuve dans ses analyses de rigueur et de méthode. Il énonce des problèmes sociaux problématisés, des idées innovantes. C’est lui qui a fait advenir la sociologie comme une véritable discipline scientifique. Il va faire de la sociologie une entreprise académique légitime. Il va faire rentrer la sociologie dans l’instance universitaire, il va contribuer à légitimer dans le cadre universitaire la sociologie. Avant Durkheim, la sociologie se fait systématiquement en dehors du monde académique et ne pouvait pas avoir de visibilité intellectuelle, ne pouvait pas avoir de prétention. Durkheim réussit là où Comte à échouer, il devient le premier professeur de sociologie, il est celui qui donne de la respectabilité, de la légitimité à la matière. Il est forcément nettement plus dangereux pour l’académie, il l’attaque de l’intérieur entre guillemets. Il est le premier sociologue de métier. Chapitre V : La sociologie du fait social, Emile Durkheim 1858-1917. I) Quelques repères biographiques. Durkheim à son apogée est l’incarnation exemplaire de l’universitaire de la III° république. Il faut l’imaginer posé, rigoureux, toujours sérieux. Il se sent convaincu d’être au service de son pays, qu’il a une mission, et notamment qu’en tant qu’enseignent il se voit charger d’une mission qui est de contribuer à former la jeunesse, à travailler à la transmission de nouvelles valeurs etc. … Il a une certaine rectitude morale, intellectuelle. C’est un universitaire, producteur d’œuvre, fondamentalement marqué par ça. Mais également par l’histoire mouvementée de son époque. Défaite de 1870, répression de la Commune et évidemment la guerre de 1914. Il est né à Epinal le 15 Avril 1858, d’une famille juive très traditionnelle, au sein d’un des plus vieilles familles juives de l’Est de la France et d’une des plus vieilles communautés juives de France (rabbins de père en fils). Famille fidèle aux exigences de conduites de vie, traditionnelle, rectitude morale. Il était tout destiné à suivre la tradition familiale et à devenir rabbin. Dans ses années d’adolescence, il a abandonné la foi de ses pairs et la tradition religieuse. Il demeurera de toute façon très lié à ce passé familiale, mais en tant que sociologue il sera toujours interpellé par le fait religieux et la fonction religieuse dans la société. Il va devenir agnostique, mais autant la religion comme phénomène sociale l’intéressera. Il perd la foi et la pratique parce qu’il n’est pas satisfait des réponses apportées par la tradition. Il est très curieux et on assiste à un déplacement de cette curiosité, de la métaphysique à la politique et au social. Derrière la question de la foi, c’est celle de la place de l’homme dans la société qu’il se posait. D’abord il est obsédé par la question de l’ordre social, de la pauvreté, du travail. Il est aussi frappé par la défaite de 1870 (il est lorrain). La Commune elle aussi est symptomatique d’un problème d’intégration sociale. Il décide de devenir enseignant parce que pour lui c’est participer d’une mission civique, d’une tâche sociale. C’est contribuer à libérer et émanciper et socialiser et intégrer. Il veut répondre aux demandes et relever l’esprit public de son temps. Ils veulent tous participer à soigner la société, relever, réformer socialement et intellectuellement le pays. Pour devenir enseignent il a suivi le profil type : khâgne, ENS en philosophie, et aura comme camarade normalien un grande partie de l’élite politique et intellectuelle de son temps, et notamment Jean Jaurès. Ils deviendront très amis et échangeront beaucoup. La lecture de l’œuvre d’Auguste Comte le transforme, c’est son choc intellectuel. Il part une année en Allemagne, pour étudier parce qu’à cette époque elle a un monde intellectuel très moderne, une université très moderne. Ce n’est pas qu’un lieu de certification mais aussi un lieu de recherche et de séminaire. Il revient pour un poste à l’université de Bordeaux pour un poste de pédagogie de sciences sociales. Même si on emploie par le terme de sociologie, c’est la 1ere fois qu’elle est enseignée. Il reste 15 ans à Bordeaux et c’est là qu’il crée ses principales œuvres : De la division du travail social. Etude sur l’organisation des sociétés supérieures (1893); Les règles de la méthode sociologique (1895) ; Le suicide, étude de sociologie (1897). Il fonde dans cette même ville et une revue : l’Année sociologique. C’est la première revue disciplinaire académique, c’est un outil politique aussi, pour convaincre et transmettre les idées. C’est dans cette ville qu’il vit l’affaire Dreyfus. Il est témoin de la haine antisémite, et réagit « humainement » en se mobilisant pour Dreyfus, et un des fondateurs de la Ligue des droits de l’Homme, un des premiers à se positionner en tant qu’intellectuel. Il écrira d’ailleurs un livre sur « qu’est ce qu’un intellectuel ». En 1902, il quitte Bordeaux pour une consécration institutionnelle à Paris, à la Sorbonne, où il est nommé sur une chaire de sciences de l’éducation et en 1913 sciences de l’éducation ET de sociologie. Il faudra attendre en 1932 pour qu’un professeur ait une matière dite de « sociologie » uniquement. Il écrit en 1912, Les formes élémentaires de la vie religieuse. Les années parisiennes sont celle de participation à des colloques, des séminaires pour faire vivre la sociologie. Il devient un intellectuel très important, conseiller de Jean Jaurès, du ministère de l’éducation pour les convaincre de réorganiser et de structurer le système d’enseignement pour le rendre plus intégrateur. Il est important de faire comprendre que la réforme universitaire est le moyen de régénérer la république. Il y a un enjeu politique. Il a un fils : André, sociolinguiste, qui meurt en 1915 et donc après ça, Durkheim se laisse un peu mourir. Il a perdu aussi une grande illusion, la foi que la civilisation gagne en progrès ≠ WWI. II) Le contexte politique social et religieux de la III ° République. La question sociale est toujours d’actualité. On se rend bien compte que l’industrialisation fait apparaitre une société nouvelle. Les intellectuelles pointent une montée de l’individualisme aux deux sens du terme : égoïsme et montée en revendication d’autonomie de l’individu face au groupe, relâchement du lien social. Effondrement des croyances. Crise de la forme de sociabilité traditionnelle, on ne fait pas société de la même façon, les groupes se transforment, et la manière d’être dans les groupes aussi. Paramètre plus politique : la vague nationaliste qui se développe suite à 1870, l’esprit revanchard. La quête pour consolider la III° République, arrêter l’instabilité politique. Au fond, les républicains sont des bourgeois progressistes qui rêvent de stabilité politique. Que faire pour que ce régime se consolide, se légitime ? Quand les républicains gagnent, ce qui leur manque c’est la légitimité, les monarchistes gardent leur influence. La force politique particulièrement importance au gouvernement sociologie, c’est une partie des républicain qui est représentée par les radicaux. Ils défendent un certain nombre de valeurs : solidarité sociale, réforme sociale, libéralisme au sens politique, instruction publique, la laïcité. Les radicaux ont besoin d’un appui intellectuel, de théoriciens qui formalisent le programme radical. Ils vont le trouver en partie dans l’école Durkheimienne. Elle va être le bras intellectuel des radicaux, parce qu’elle porte ce qu’on appelle un holisme moralisateur. Durkheim est homme qui a une certaine idée de la société, qui pense qu’il faut absolument renforcer l’intégration sociale en France, elle est malade du fait d’une faiblesse de l’intégration sociale, il faut travailler à raffermir les sentiments collectifs. Il faut régénérer le corps social, fonder une morale des temps nouveaux. Il croit d’un point de vue théorique que la société est capable d’exercer une saine influence et détermination des individus. Son holisme moralisateur rejoint parfaitement les radicaux lorsqu’ils disent que grâce à l’école, à l’éducation, on pourra changer la société et recréer du tissu social. Durkheim est le fondateur de la sociologie de l’école. Il préconise comme les radicaux une socialisation scolaire, qui doit être capable de répandre une morale républicaine, une morale laïque dans le cadre de l’école publique. L’école doit arracher l’enfant à son milieu familial, le socialiser dans une grande enceinte neutre et rationnelle, ce qui rencontre parfaitement le point de vue des radicaux. En disant ça, il apporte une caution intellectuelle aux dirigeants de l’époque. Durkheim pour fonder une morale des temps nouveaux, capable de raffermir le ciment collectif, dit qu’il faut avoir à disposition une science nouvelle. Il lui faut des outils scientifiques et théoriques nouveaux. I) La naissance de la sociologie scientifique. Son activité (à Durkheim) se caractérise par un double projet : Etablir la sociologie comme discipline rigoureuse et autonome avec une vocation à être la Reine mère des sciences sociales. User des connaissances de cette discipline pour créer un nouveau système capable d’assurer la cohésion des sociétés. Il est obnubilé par une idée, que les sociétés modernes sont potentiellement anomiques. L’anomie c’est l’affaiblissement du lien social, du degré de cohésion sociale. Volonté d’être à la fois théoricien et acteur de la réforme. Il est capable de faire des études positives et en même temps mettre en place une action sur le monde social. Il est le continuateur en cela d’A.Comte. La vocation de la sociologie c’est donc d’étudier le monde social et de le réformer. Il a une conception très particulière du monde social en tant que théoricien. Pour lui l’action politique se devra de participer à fonder une société plus intégrée, plus cohérente, plus consensuelle. Il a derrière tout ca une conception communautaire du lien social. Elle repose sur les groupes et la prégnance des groupes. Pourquoi : pour lui, les sociétés modernes ont comme problème fondamental ce qu’on appelle aujourd’hui une tendance à l’individualisation du lien social. Le degré d’intégration social est moindre, les individus s’autonomisent de leurs groupes, prégnance de l’individuel sur le collectifs. Chez Durkheim, cette émancipation historique des individus, ce droit à exister par soi même et dire Je, il voit d’emblée que cela pose un problème. Malgré les avantages, le problème de fond c’est la question de la cohésion sociale : pas de ciment si on est dans une société des individus. (Elias). L’individu a des angoisses et est victime de la solitude. Les sociétés modernes produisent du malheur, il faut étudier les raisons de ce malheur. Durkheim a une sociologie qui nous interpelle autour de cette question : en quoi la société moderne, le passage a la modernité s’accompagne d’un processus d’affaiblissement où de diminution du lien social. Pour lui, une société ne se constitue et ne se maintient que si au contraire la solidarité entre les individus est soudée. Il a une lecture très communautaire du lien social. La notion de cohésion présente deux dimensions dans la sociologie Durkheimienne : Elle est une aspiration morale, c’est SA philosophie sociale. Dans son modèle, dans son humanisme, il ne considère une société que si elle est avant tout organisée autour de formes de solidarité. En même temps, elle est au cœur même de l’objet de la sociologie. La question centrale c’est pourquoi des individus qui ne se connaissent pas, ne se ressemble pas arrivent à faire une société. C’est cette coïncidence entre sa conception d’une discipline et sa conception de l’ordre moral qui fait que sa sociologie est aussi cohérente. Pourtant contradiction inhérente : comment peut on concilier la recherche objective, une posture désintéressée ET le caractère éminemment politique, puisque pour Durkheim la sociologie doit aider à régénérer le tissu social. Cette question est indépassable, et il n’en trouvera pas la clé. Il y a un aspect dans la sociologie de Durkheim qu’on pourrait résumer sous le terme de militantisme sociologique. Il va faire œuvre de propagande, il va la porter pour faire reconnaitre et institutionnaliser sa discipline. Cet impérialisme sociologique se voit dans les sujets d’étude sociologique. Il sait qu’il doit convaincre à la fois ses paires mais aussi un grand public, cultivé. Il doit trouver un sujet d’enquête qui à travers ses réponses lui permettent de prouver la pertinence de la sociologie. L’histoire de la sociologie c’est aussi l’histoire des stratégies intellectuelles. Il a besoin de démontrer le sérieux de ses écrits, l’utilité de sa discipline et qu’elle n’est pas réductible à la psychologie ou toute autre discipline. Son étude sur le suicide est à ce titre le plus stratégique. Il l’a choisi parce qu’on n’attend pas le sociologue sur ce genre de sujet. Ca n’est pas « légitime ». Il veut montrer à travers un cas limite de comportement individuel, qu’il s’agit aussi d’un phénomène social. Le phénomène le plus individuel qui soit est traversé en réalité par des déterminismes collectifs. Ce texte est important parce qu’il veut montrer qu’il y a des causes sociales qui pèsent sur ce comportement. Son sujet est stratégique pour deux raisons : A travers la question du suicide, le questionnement de fond sur le rapport individu/société se pose. Il va démontrer qu’il y a une prégnance du collectif et que ce phénomène ne relève pas de la pure individualité. A coté de ses livres, il a aussi sa revue, une arme stratégique intellectuelle. C’est le bras armé de son école de pensée. Il veut montrer que la sociologie avec un champ de recherche, un objet, une méthode et des techniques d’enquête. Quel est l’objet des sciences sociales ? Au départ, il dit que la science sociale a un objet qui lui est propre : étude de la réalité sociale et des faits sociaux. Cet objet est irréductible à tout ordre de phénomène. La sociologie ne s’intéresse qu’aux phénomènes qui se produisent dans chaque société, que ceux qui sont le produit de la société. S’il n’y avait pas de société, il n’y aurait pas ces phénomènes. La sociologie a un objet irréductible. Les règles de la méthode sociologiques. 3 dimensions des faits sociaux : Le caractère d’extériorité des faits sociaux par rapport aux individus. Les faits sociaux durent à travers le temps alors que les individus disparaissent. Le fait que les institutions étaient avant nous et vont perdurer prouvent que les faits sociaux sont extérieures à la conscience individuelle. Le caractère de coercition/contrainte. Les faits sociaux exercent sur les individus des contraintes, qui s’imposent. Sa présence se reconnait « soit à l’existence de quelques sanctions déterminées, soit à la résistance que le fait oppose à toute entreprise individuelle qui tente à lui faire violence. Les faits sociaux sont donc différents des faits collectifs. Faits sociaux = je peux repérer l’influence du social, les faits collectifs ne sont pas nécessairement sociaux (phénomènes purement physiques par exemple type nécessité de se nourrir). Durkheim en arrive à définir ce qu’est la sociologie : c’est donc la science des faits sociaux. Qu’est ce qu’un fait social ? « Les faits sociaux sont des manières d’agir, de penser et de sentir, extérieurs à l’individu, et qui sont doués d’un pouvoir de coercition en vertu duquel ils s’imposent à lui. » « Toute manière de faire, fixée ou non, susceptibles d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure ». La contrainte n’est pas de type physique, pas quelque chose qui semble nécessairement comme une contrainte. On croit faire des choix libres alors qu’ils sont déterminés. Il y a une ambivalence liée à la contrainte. La contrainte ou la pression n’est pas uniquement le contrôle que la société exerce chez nous et notre volonté, c’est aussi une obligation morale à se conformer à des normes, à des règles auxquelles consentent les individus. La société est à la fois extérieure à nous et en nous. Les faits sociaux sont des phénomènes irréductibles. On ne peut pas expliquer le fait social par autre chose que le social, on en l’explique pas par du biologique ou de la psychologie. Les faits sociaux doivent être considérés comme naturels et la société comme naturelle. Il ne veut pas dire par là qu’il y aurait un caractère naturel du social, mais que les faits sociaux peuvent être étudiés par, une méthode scientifique comme les faits naturels. On peur leur appliquer les mêmes règles de méthodes, d’objectivation. La posture méthodologique de Durkheim. Si les faits sociaux sont irréductibles à tous autres faits, c’est déjà une première règle : les faits sociaux ne peuvent être expliqués que par des faits sociaux. Le social en tant que tel doit s’expliquer par le social. Deuxième élément ; quand on fait la sociologie, on se doit d’étudier à la fois les fonctions et les causes des phénomènes sociaux. Causes = mettre à nu les variables qui pèse sur les phénomènes. Les fonctions sont à découvrir dans le but social que le phénomène poursuit. Troisième chose : Il faut considérer les faits sociaux comme des choses. Cela signifie que qu’il faut avoir la même attitude que l’esprit a envers les choses incompréhensibles, il faut objectiver, mettre à distance le phénomène social qu’on étudie. Considérer que les phénomènes sociaux sont des inconnues, qu’on n’interprète pas en fonction de ce qu’on croit savoir. IL faut en sociologie savoir écarter systématiquement les prénotions. Toute entreprise sociologique repose sur la capacité à s’interdire de mobiliser dans l’analyse les idées préconçues. Il ne faut pas prendre les prénotions pour des catégories construites (ce n’est pas parce que tout le monde dit « c’est ça la pauvreté » que c’est un fait sociologique). Exemple de prénotion contre lequel Durkheim a tenté de s’immuniser c’est un certains nombres de jugements de valeurs qui feraient de certains phénomènes des anormalités, des phénomènes pathologiques : suicide, crime… Ce n’est pas parce qu’ils sont contraires à l’ordre moral qu’ils sont anormaux ou pathologiques : ils sont dans la société et sont des réalités statistiques. Ils sont « normaux » au sens statistiques. A partir du moment ou il ya production de norme il y a déviance. Autre exemple de lutte contre les prénotions : une bonne manière de lutter c’est de donner une définition la plus objective possible du fait étudié. Exemple encore, le crime. Le crime n’est jamais étudié en Sciences sociales pour la nature de l’acte, mais plutôt ce que la société fait de l’étiquetage et de la répression. « Le crime est l’acte réprouvé comme tel par la société », il le définit au travers de la capacité de la société à y réagir. Il ne définit jamais la déviance de manière absolue mais de manière relative et normative. Usage des statistiques. D. a une lecture très déterministe du social. Il n’a pas idée de l’intérêt des entretiens et pour lui le seul outil du sociologue c’est la statistique. Cela permet de saisir et de mesurer des faits sociaux dans leur globalité. Cela permet sur le modèle des sciences de la nature de repérer des régularités = le déplacement des cas individuel. Il y a une contrainte sur les individus. Pour le suicide, les statistiques vont lui permettre de révéler, de justifier de la pertinence de la sociologie. Il repère que la courbe des suicides dans une société est régulière, et que si les causes des suicides étaient individuelles, pourquoi mathématiquement en terme de probabilité la courbe serait régulière ? Elle devrait être décousue, aléatoire. La Division sociale du Travail D’une manière globale c’est un livre qui ramène à des questions fondamentales. Elles sont quasi obsessives chez lui : Par quel mécanisme les individus sont ils intégrés à la société ? Comment les activités des hommes sont elles compatibles avec le social ? Comment se construit le lien social ? ≠ autonomes ? Question majeure : le lien social. Il fait l’hypothèse qu’il existe une relation entre la nature du lien social (la solidarité sociale) et la division du travail. De quoi sont faites nos sociétés ? Pour comprendre nos sociétés, il existerait un lien entre la nature du lein et les sociétés à division du travail. Pour lui le travail n’est pas qu’un facteur économique, il renvoie fondamentalement au fonctionnement de la société, c’est une instance d’intégration sociale parce qu’elle vous lie, vous place dans des situations, des réciprocités. Pour étudier le lien social, il va faire le choix de l’étudier à travers le Droit. Le lien social ne se voit pas dans la rue, ce sont des concepts. La forme du lien social selon lui peut se donner à voir selon la forme du Droit. Il prend comme indicateur du lien social, le droit et la forme du droit. Il déduit deux types de sociétés, deux types de solidarité et d’organisation sociale donc deux types de Droit. Les sociétés à solidarité mécanique, et les sociétés à solidarité organique. La solidarité mécanique comme forme d’intégration social se donne à voir dans certaines société, où les individus diffèrent très peu, il n’y a pas de place pour la pensée individuelle, pour dire je, pour s’émanciper du groupe. C’est donc une solidarité particulière où l’intégration est forte par similitude. Il y a une conscience collective très forte, vous obligeant à être le porteur du groupe. La conscience étant directement commune, tout écart à la norme se traduira par une réaction collective massive du corps social. La forme du droit dans se type de société serait en quelque sort la loi du Talion, ultra répressif. Deuxième forme de solidarité : la solidarité organique. Elle prédomine dans les sociétés industrielles. Le consensus, l’intégration sociale à lieu parce que précisément les individus sont différents. La société est pérenne parce que les individus sont différenciés, qu’ils ont des rôles individualisés et qu’il y a une intégration, une complémentarité et une interdépendance. Pour Durkheim, les sociétés collectivistes sont les premières sociétés humaines, où chacun se ressemble. L’individu est le produit de la société. L’individu nait de la société et non pas l’inverse. Pour lui finalement les sociétés à solidarité organiques sont les sociétés « modernes », i-e à forte différenciation sociale et division du travail. Pour lui, la différenciation sociale est la condition sine qua non des libertés fondamentales. Quand la conscience collective est trop massive, les libertés individuelles sont impossibles. Il a une lecture normée de la société. Ce qui en découle, d’un point de vue moral et sociologique, Durkheim s’oppose en même temps à l’individualisme. Oui à l’émancipation de l’individu mais en même temps il s’oppose à l’individualisme comme tendance naturelle des hommes. L’idéal c’est la coopération, l’altruisme… Comment peut on expliqué la Division du travail ? Il pointe l’augmentation du volume des sociétés, du nombre d’individu. L’augmentation de la densité matérielle des sociétés = le nombre d’habitant sur une surface donnée. L’augmentation des échanges, de la communication, plus il y en a plus les individus rentrent dans des réseaux et plus la différenciation sociale pourra se produire. C’est bien l’état du social qui explique les changements sociaux. Problèmes : L’individu n’est pas forcément plus satisfait de son sort, il y a du suicide et du malheur. Comment maintenant de la cohésion sociale si l’ont dans des sociétés différenciées, spécialisées ? En allégeant les règles collectives ne risque t’on pas la désintégration du lien social ? Dans des sociétés moins collectives, risque de désintégration collective du lien social. Provoque de la désintégration collective et la montée de l’individualisme. Il le résume sous le terme d’anomie : moins intégrer les gens, moins socialiser les individus, moins les souder puisqu’est affirmée la primauté de l’individu. Le lien social dans les sociétés modernes ne peut plus être mécanique, il ne peut plus découler de la proximité spatiale. Ce risque a été perçu par tous les sociologues de l’époque. Sa solution est claire, si la société naturellement produit pas naturelle de l’intégration, c’est au politique de le faire. Il faut donc qu’on arrive à renforcer les institutions, à renforcer le lien social. C’est son projet politique. On doit trouver les moyens par le jeu institutionnel de renforcer le lien social puisqu’il s’amenuise historiquement. Action volontaire de la société sur elle-même selon trois axes : Fonder un système de valeur rigoureux. Un système qui serait républicain et laïque (religion = dissensions sociales), partagé par tous, universellement. Le programme de la socialisation. Pour lui, si on veut re fabriquer de l’intégration sociale il faut que la socialisation des enfants soit forte et notamment scolaire. Les instances traditionnelles de socialisations des enfants sont insuffisantes et inadaptées. 1) la famille n’est pas bien. Elle socialise au particularisme, contre l’extérieur ce qui est un danger 2) l’Eglise elle aussi manque de consensus. L’école est l’institution parce que précisément sa fonction sera d’arracher l’enfant à sa famille (l’enfant est considéré comme une cire molle, par de lecture psychologisante de l’enfant). On doit faire entrer les enfants dans ce nouveau régime social. L’instituteur doit avoir un rôle moral. L’enfant devra apprendre à accepter son futur rôle social ( ≠ révolution). C’est par l’acceptation de la contrainte qu’on arrive à penser la contrainte et qu’on peut s’émanciper. Les structures professionnelles sont fortement favorables à l’intégration parce qu’elle encadre la vie sociale : syndicats, corporation doivent être encouragés car ils dépassionnent, encadrent la vie professionnelle. Le suicide. C’est un ouvrage marquant pour la sociologie. Il nous dit que les individus dans les sociétés modernes ne sont pas nécessairement plus heureux que ceux des sociétés à solidarité mécanique. Deuxième chose : augmentation du nombre de suicide. Cette augmentation à la fin du XIX° des taux de suicide dans les sociétés modernes c’est la preuve que ces sociétés sont malades, qu’elles présentent des traits pathologiques, que le lien social est malade. Ce livre est à rattaché à son projet social et politique. Ce livre est stratégique pour Durkheim : il aborde la question de fond de la relation entre l’individu société ; il est inattendu de traiter du suicide et il veut démontrer qu’il y a des causes sociales qui pèsent sur le phénomène, que le suicide est un bon objet pour appliquer ses règles méthodologiques ; il y a différentes formes de suicide et notamment il y a une part des suicides qui s’expliquent par le relâchement du lien social, parce qu’il y a un problème au niveau du degré d’intégration sociale. Sa définition du suicide : « on appelle suicide tout cas de mort qui résulte directement ou indirectement d’un acte positif ou négatif accompli par la victime elle-même et qu’elle savait devoir produire ce résultat. » C’est un exemple de rigueur et de méthode parce que : Il a passé du temps à construire, déconstruire des définitions. Il va passer à la moulinette toute les explications de l’époque pour le suicide. En faisant une critique mathématique, il montre que ces explications ne collent pas. Il a éliminé toutes les explications pseudo scientifiques qu’on mettait à l’époque pour expliquer le suicide (thèses de psychopathologie, thèses de l’hérédité, ou encore théorie de l’imitation, ou influence du climat). Ces thèses ne collent pas avec ses statistiques. Il va démontrer que le suicide est un fait social en montrant des régularités. Il fait des calculs et pose des constats. En faisant ses calculs il obtient un taux social du suicide, et les chiffres lui apparaissent sous un autre jour (quand il fait des pourcentages). Il observe une constante des taux de suicide à court terme dans chaque pays européen. Tous les pays européens sont confrontés à une augmentation notable des taux de suicide, qui maintient les écarts entre les pays. Il va nous dire que chaque société « est prédisposée à livrer un contingent déterminé de morts volontaires ». Il met en évidence un certain nombre de corrélations (état de dépendance ou d’indépendance de deux variables) statistiques. Le taux de suicide augmente avec l’âge (reste vrai aujourd’hui), il est supérieur chez les hommes que chez les femmes. A son époque il constate qu’on se suicide plus à Paris qu’en province, on se suicide plus en début de semaine qu’en fin de semaine. Le suicide croit avec la durée du jour. Les protestants : ce sont les religieux qui se suicident le plus, les catholiques ensuite et les juifs sont ceux qui se suicident le moins. Il va croiser ces taux de suicides avec d’autres variables pour obtenir des coefficients de préservation : probabilité de se suicider ou pas selon la catégorie. Le taux de suicides des époux avec enfants est inférieur de 2,9 fois celui des célibataires. Ces personnes sont socialement immunisées contre le suicide. La famille offre la plus grande immunité, comme si le fait d’avoir la responsabilité de personnes est le meilleur rempart contre l’acte du suicide. Le fait d’être pris dans cette micro société, dans des responsabilités, des réciprocités, vous protège socialement. Il a l’intuition donc que le suicide a bien avoir avec la question de la régulation sociale, donc il va organiser l’analyse des suicides en fonction soit de l’intégration sociale soit de la régulation sociales. Intégration sociale = Une société est d’autant plus intégrée que les individus sont soudés par des liens sociaux qu’on qualifie de liens horizontaux. Liens forts et nombreux : liens de sociabilité (plaisir de l’entre soi), les liens amicaux, les liens familiaux, les liens professionnels, et les liens associatifs. L’insee fait régulièrement des enquêtes pour mesurer l’intégration sociale. Le capital sociale qui se fait autour de l’amour est plus intégrateur que l’amitié, elle-même plus intégratrice que les liens de politesse. Le lien social c’est un réseau de relation qui vous donne des obligations, qui vous oblige dans une réciprocité. Un peu comme la loi du don contre don : je reçois et je rends. Il y a tout de même un petit aléa dans la règle de l’échange. Je demande aux individus de me prêter attention et en échange je dois faire attention à eux, c’est pour ça qu’on parle de lien horizontal, c’est réciproque. C’est à travers ça qu’on maintient du lien social. On s’est rendu compte que le chômage est par contre pour les familles populaires se traduit par un mouvement de repli de la famille sur elle-même. => Robert Castel dit qu’il n’est pas très judicieux de parler du couple intégration- exclusion mais de affiliationdésaffiliation. La régulation sociale : désigne l’ensemble des moyens par lesquels le groupe ou la société rend conforme et prévisible le comportement de ses membres. Par quel mécanisme ? La socialisation. C’est le processus d’intégration et d’incorporation des normes et des valeurs sociales. C’est un processus par lequel on incorpore également des rôles et des statuts. Autre processus dans la société qui permet de faire de la régulation sociale : les mécanismes de contrôle social. Toutes les institutions qui visent à surveiller, réprimer, sanctionner les actes délictueux. Quelqu’un qui commet un acte délictueux ; l’acte est désigné puis sanctionné. Amont = socialisation, Aval = sanction morale ou judiciaire. Dès l’enfance et tout au long de notre vie sociale on est placé sous le regard des autres, le poids de ce regard a pour résultat l’intégration de règles. Socialisation primaire, dans l’enfance portée par trois groupes : la famille, l’école, le groupe des paires. Aujourd’hui aussi les médias. La socialisation secondaire a lieu au sortir de l’enfance, et puis la socialisation des adultes. Cela a pour résultat final de maintenant chacun dans la norme. Statut social : c’est ce que de part ma position dans la structure sociale je peux ou je dois attendre des autres à mon égard. Le rôle social : ce que de part ma position dans la structure sociale, les autres peuvent ou doivent attendre de moi. Le lien social est ici vertical : c’est le groupe qui exerce une contrainte sur l’individu. Durkheim repère plusieurs formes de suicide : Le suicide altruiste. C’est d’après lui, le suicide par excès d’intégration social, pas trop plein d’intégration sociale. Il concerne des individus qui sont tellement bien intégré à leur groupe que si le groupe connait un revers, une destinée dramatique ils sont incapables d’y résister. C’est le suicide propre à des individus qui ont très, trop bien intériorisé les règles : les kamikazes, le militaire qui pour sauver l’honneur de son régiment sait qu’il va à la mort. C’est quelqu’un qui a trop bien intériorisé les valeurs de son groupe. Le suicide des femmes à la mort de leur mari, du serviteur sans son maître. La contrainte sociale est tellement forte que finalement le suicide devient un devoir (la ballade de Narayama). Le suicide égoïste. Il serait lié, enfin varierai inversement au degré d’intégration de la société. C’est un suicide qui serait lié à la faiblesse de l’intégration sociale. Pour Durkheim, c’est un suicide qui apparait par excès d’individuation. C’est un suicide qui apparait chez des personnes qui sont livrées à elles mêmes par manque d’autorité intégratrice. Elles sont peu intégrées socialement. Exemple : le célibataire qui se suicide plus que l’homme marié. La femme marié se suicide moins que l’homme marié, parce que c’était beaucoup difficile pour elles de s’occuper d’elles mêmes toutes seules. Le protestant qui se suicide plus que les autres : la religion est plus libre, fait injonction de se faire sa propre religion = on est plus seul. Le suicide anomique. Il relève de l’absence de frein aux passions, de dégoûts et de la déception face aux ambitions déçues : lorsqu’un individu a plein d’aspirations individuelles mais il vit dans une société qui ne les régule pas. Les aspirations sont étendues à l’infini en période de faste, mais la réalité est telle qu’on ne peut pas les satisfaire. Il y a une disproportion entre les espoirs et la réalité, et cette tension pourrait aboutir au suicide. Le suicide fataliste. C’est le suicide opposé au suicide anomique. Il résulte d’une trop forte régulation sociale. Il apparait chez des individus qui ont l’impression de vivre dans des cadres ou la discipline du groupe est oppressive, ou l’individu est brimé. Selon lui : les mariés trop jeunes, la femme mariée sans enfant (critique sociale à l’égard de son infertilité) par exemple. Il repère les suicides en fonction de deux variables : soit l’intégration soit la régulation sociale. Si l’on prend la variable intégration sociale, on soit le suicide égoïste (pas assez d’intégration sociale) ou le suicide altruiste (excès d’intégration sociale). Si on regarde l’intégration sociale, on a soit le suicide anomique (manque de régulation), soit le suicide fataliste (excès de régulation sociale). Ce sont plus des types idéaux que des concepts rigides, il y a des cas où des suicides ont des origines mixtes. Il rappelle : Que le suicide est un fait répandu, donc normal au sens sociologique, il existe, il est là. Sa progression est trop rapide dans les sociétés modernes. La répression ne peut pas suffire. La loi peut pas réveiller la sensibilité morale. L’éducation ? Elle ne peut pas suffire parce que l’école est l’image, le reflet de la société, elle ne peut pas s’imposer. La seule manière d’y remédier est de redonner aux groupes sociaux plus de consistance pour qu’ils tiennent l’individu et que l’individu tienne à eux. Il faut travailler à ce que les institutions encadrent l’individu, créent de la solidarité. Il faut que la politique ait du sens pour les individus, la remettre à la hauteur des hommes. La famille : elle pourrait être une instance qui protège les individus, mais il a des doutes sur le long terme. Il pointe, perçoit des phénomènes de grande ampleur : conjugalisation de la famille. Elle se réduit en nombre et se régule sur l’affectif. Pendant des siècles, les personnes étaient liées à la famille par des intérêts matériels. L’affectif en famille est un fait historique du XIX°. Au XIX°, la famille se privatise, devient plus affective mais du même coup elle se fragilise, parce que l’affectif est nettement moins intégrateur que le bien matériel. Un lien conjugal basé sur l’affectif est plus précaire qu’un lien basé sur la nécessité matérielle. C’est la raison pour laquelle il était contre le divorce, il ne voulait pas contribuer à précariser cette cellule du lien social. La famille selon lui est de moins en moins une instance d’intégration sociale, elle se précarise du fait de la montée en puissance du lien affectif. Autrefois l’individu était au service de sa famille, désormais la famille est au service de l’individu. La religion : elle ôte la liberté de pensée des individus, n’est pas assez intégratrice. Toutes les institutions traditionnelles ne pouvant remédier au suicide, il faut en inventer de nouvelles. Pour lui, celle qui fonctionnerait ce serait le lien professionnel, il défend une sorte de corporatisme moral. Les limites du travail de Durkheim : on ne peut pas nier que certains de son texte ont vieilli, et peuvent être critiqués aujourd’hui. Pour autant, de nombreux travaux statistiques d’aujourd’hui confirment les mêmes tendances. Le jour de la semaine ou les femmes se suicident le moins tombent historiquement le jour où les enfants n’ont pas école : le jeudi ou le mercredi. Cela confirme une des principales découvertes de Durkheim : le rôle de la situation social. Le mariage protège les hommes et la famille protège les femmes. Cette permanence risque d’être affectée par des nouvelles tendances : la désinstitutionalisation du mariage, de la famille…. Nous interpelle. Cela va-t-il avoir un impact sur le suicide ? Va-t-elle moins protéger ? Durkheim a négligé un autre facteur : le lien professionnel, alors que l’on sait que la hausse du taux de suicide est en raison inverse de la hiérarchie sociale. Plus vous avez une position dominante, moins vous vous suicidez. Le suicide des ouvriers dépassent largement le suicide des cadres. Globalement, le lien entre niveau d’intégration et suicide peut être appliqué pour étudier d’autre paramètre : on pourrait mettre en évidence la relation entre intégration sociale et crime et délit. Les crimes et délits augmente avec le manque d’intégration sociale, sauf pour les crimes et délits financiers. 1ere critique des thèses de Durkheim : la confiance excessive qu’il apporte aux matériaux statistiques de son époque. Il ne critique pas suffisamment les sources statistiques qu’il utilise. Elles sont grossières et il ne les discute pas. On mesurait de manière très aléatoire ce phénomène, on n’était pas dans des procédures de collectes méthodiques, rigoureuses. Ca pourrait remettre en cause son œuvre. Autre paramètre : les suicides à l’époque étaient souvent cachés par les familles, pour des raisons religieuses notamment (réprobation morale des catholiques envers le suicide : pas le droit d’être enterré dans un cimetière chrétiens, ou alors aux marges). Les familles essayaient de s’arranger avec les médecins et les gendarmes pour cacher le suicide. Ca peut jouer encore une fois sur la réalité des chiffres, même s’ils étaient globalement bons. La définition du suicide varie selon les sociétés et les époques donc les comparaisons internationales peuvent être hasardeuses. Dernière limite : les statistiques varient à l’intérieur même d’un pays selon les sources : judiciaire, médicales…Une partie de son analyse portait sur des stats incertaines. Pour autant, ses thèses ont été vérifiées par la suite. 2eme critique : l’oubli parfois des effets de structure. Un effet de structure c’est : une valeur observée peut subir un biais du fait de la structure spécifique à l’ensemble dans lequel elle s’inscrit. Il faut donc établir des comparaisons à structure constante. Les protestants se suicident plus, mais est ce a cause de la religion, ou le fait qu’ils sont majoritairement urbains et que l’urbain produit plus de suicide ? C’est une variable cachée, il en a parfois oublié. 3° critique : il a parfois des explications ambigües voire même qui s’oppose. Il veut tellement prouver sa thèse qu’il en arrive à avoir des argumentaires qui peuvent paraître contradictoire. Notamment lorsqu’il explique le suicide par des variables religieuses. Quand il explique que les protestants se suicident plus, il dit qu’il faut se mettre à la place du croyant. Il mobilise une méthode individualisante alors que dans son livre il défend une méthode objectiviste et pas individualisante. Il part du principe que la présence d’un clergé organisé est une preuve de la cohésion, de l’intégration de la société, or on peut penser que l’incapacité des croyants à s’organiser par eux-mêmes est au contraire une preuve de manque de cohésion. Il ne peut pas basculer d’un cadre théorique à l’autre comme ça. 4° critique, de fond, le fait que il accorde peut d’importance aux individus. Il a une perspective très déterministe, très holiste, et aujourd’hui quand on étudie le suicide on mobilise plus de paramètres individualisant, la trajectoire individuelle, les apports de la psychologie. I) La postérité du Durkheimisme. Comment va évoluer l’école française de sociologie après la mort du maître ? Le Durkheimisme va être dominant en France à peu près jusqu’aux années 50. Quelques membres de cette école : Célestin Bouglé. 1870-1940. Il refuse que la sociologie s’enferme sur elle-même et qu’elle ignore les apports des autres sciences sociales. Il refuse aussi une forme de sociologisme exacerbé, porté par Durkheim. On ne peut pas négliger les consciences individuelles, ce qui se passe du point de vue des individus. Il refuse d’établir des lois du monde social, critique du disciple, il refuse que la sociologie ait pour finalité d’établir les lois du monde social, elle devrait plutôt être la science des tendances, des influences. Il refuse de chercher les causes uniques, les lois qui pèseraient sur les phénomènes. Il refuse d’adhérer à l’idée d’une prédominance absolue de la société sur l’individu. Il va prendre ses distances avec le maître, la pensée Durkheimienne sera mise à la critique, re contextualisée. Marcel Mauss, théoricien « du fait social total » 1872-1950. C’est un des ethnologues dont les apports sont très importants. C’est le neveu de Durkheim. Il est donc issu intellectuelle, culturellement du même univers que son oncle. Il connait un itinéraire intellectuel semblable, mais à sa différence il fait des études de sociologie, de philosophie mais reste connu pour ses travaux d’ethnologie. Il est plus ethnologue que sociologue, et il est nettement plus engagé politiquement. Ce n’est pas enquêteur de terrain, ca reste un ethnologue de bibliothèque, il travaille sur les carnets d’observations des autres (prises par les étudiants par exemple). Première grande thématique : les techniques du corps. La façon dont les hommes utilisent leur corps, comment la culture façonne les corps. C’est LE théoricien qui montre que la façon dont on utilise le corps relève du culturel, que des manières sont apprises, des façons de se vêtir qui sont liés à des effets de socialisation, des apprentissages. C’est « l’habitus » : Le corps est un pur produit social intériorisé, « l’ethos ». Il montre qu’à travers les techniques du corps se discutent le biologique, le psychologique et le sociologique. Le corps est au cœur des influences de la nature, du psychologique et du culturel. La façon de penser le corps l’esprit par exemple est profondément culturelle. Deuxième thématique : le don. C’est LE théoricien de la fonction sociale du don et du contre don. Ce qui l’intéresse c’est les formes archaïques du contrat et de l’échange, derrière une interrogation sur la fonction sociale du contrat, des prestations économiques, du don, il cherche à saisir la nature du lien social. Il va remonter aux formes les plus archaïques du contrat et de l’échange que sont le don et le contre don dans les communautés les plus « primitives ». Il va étudier le fameux « potlatch » c’est une règle d’échange qui régissait les indiens du N.Amérique. Dans le potlatch, les indiens passent leur temps à s’échanger toute sorte de chose. Mais ce n’est pas un échange rationnel, on échange avec des aspects destructeurs, on soumet l’autre dans une obligation de rendre. Au fond il nous parle de systèmes de prestations sociales totales, qui sont des prestations collectives entre groupes. Pourquoi ces échanges entre tribus constituent un fait social total ? Ces règles d’échange renvoient à toute l’organisation sociale de ces groupes. Ce qui l’intéresse c’est le marché avant les marchants, les contrats avant les règles économique, qu’est ce que le contrat avant les marchants, la monnaie…de quoi sont faites les formes archaïques de l’échange ? Il veut montrer que c’est un système de prestations mutuelles qu’on peut caractériser sous deux traits. L’échange se fait sous forme de don obligé, c’est comment entre des communautés ils passent leur temps à faire circuler toute sorte de chose qui place l’autre dans l’obligation de rendre le cadeau reçu. 2° caractéristique : le caractère collectif et global de ces prestations. Ce sont des groupes, des personnes morales qui s’échangent des choses. Et pas uniquement des biens, mais aussi des politesses, des danses, des rites, des femmes. Ils passent leur temps à échanger toute sorte de chose. C’est un auteur qui veut analyser les formes archaïques et primitives du contrat, essayé de comprendre la fonction sociale de l’échange dans les sociétés humaines. Il fait l’hypothèse en étudiant le potlatch des « systèmes de prestations totales ». Ces prestations sont éminemment collectives. Elles n’ont de sens que parce qu’elles sont portées par la société, c’est la raison pour laquelle il parle de phénomènes sociaux totaux. C’est un phénomène qui renvoie dans son fonctionnement à des dimensions juridiques, morales, religieuses. Ce système de prestations, en quoi consiste t’il ? Il repère deux traits : l’échange se fait sous la forme de don obligé, obligation de donner, de recevoir, de rendre la cadeau reçu. Deuxième caractéristique, le caractère collectif et globale : ce sont des groupes qui échangent, des fractions de groupe mais jamais un individu. On n’échange pas exclusivement des biens, ou des richesses, mais également des politesses, des danses, des rites, des services, des femmes… Principe : l’important ici que Mauss développe ce n’est pas la chose échangée en elle-même, pas son utilité, mais le fait même d’échanger qui est un lien par définition. Dans ces circuits d’échanges, dans ces systèmes d’obligations réciproques se joue le lien social fondamental. Une partie de la vie sociale échappe au rationalisme tel que l’occidental peut l’avoir en tête, pas seulement l’univers de l’utilité, de l’économie, mais aussi et avant tout du rituel, du religieux et du mythe. Ces peuples accumulaient, épargnaient pour dépenser, pour soumettre l’autre, l’obliger. On est au cœur même du fondement de la vie social. Halbwachs 1870-1945. Cet auteur, premier élément, est le plus grand continuateur de Durkheim même s’il n’est pas dans le refus de la critique, il est aussi dans le renouvellement. Il s’est intéressé à une multitude de sociologies : urbaines, économiques, démographiques, il étudie les classes sociales et la fonction de la mémoire et des fonctionnements de la mémoire dans les sociétés. C’est une socialiste, arrêté par la Gestapo et est mort en déportation. Il est fondateur de la morphologie sociale : une partie de la sociologie qui a pour objet les structures physiques des groupes, des sociétés, des populations ; comment une population se répartir dans l’espace, évolue quant à sa natalité, sa nuptialité etc. = faire le lien entre les caractéristiques sociales et morphologiques du groupe. Il a donc défendu l’usage des statistiques, indispensables. Il est allé à l’école de Chicago, et influencé par leur étude approfondie de la ville, a appliqué la morphologie urbaine en France. Il est resté célèbre également pour l’étude et l’analyse des classes sociales, question des principes de hiérarchisation des sociétés. Il développe une démarche assez culturaliste, et scrute toutes les données de l’époque : budgets des familles, comment se répartissent les dépenses, niveaux de vie, mode de vie et entreprend des analyses comparatives entre les groupes. Pour lui, les classes sociales sont les cadres les plus importants des sociétés modernes, elles déterminent fondamentalement les activités des hommes, leurs représentations, leur psychologie. La classe est une instance de socialisation, il ne peut pas y avoir de classe sans conscience de classe, sans capacité à se voir de la même manière, qui pérennise le groupe. Il développe un modèle focal de la stratification sociale. Pour lui, les classes sociales se définissent par leur distance ou au contraire leur proximité au foyer central des valeurs des sociétés à laquelle elles appartiennent. Le foyer central est le lieu ou se produisent les valeurs, ou s’élabore les activités les plus légitimes, l’idéologie dominante. La classe dominante c’est celle qui est au plus près de ce foyer central, et a la main mise sur la production de ce foyer. Une position sera d’autant plus basse qu’elle sera éloignée de ce foyer de chaleur. Autre thématique qu’il a développée : la fonction de la remémoration de la société, la fonction sociale de la mémoire collective. Les sociétés ont besoin de se rappeler et aussi d’oublier. Une société saine est capable d’oublier mais aussi de se rappeler, en élaborant des cadres pour cela. Qu’est ce qu’une société décide de retenir ou de passer sous silence ? On ne conserve pas la mémoire comme telle, on la reconstruit en permanence en fonction du présent, les mémoires sont fondamentalement sociales. Le travail de mémoire est toujours un travail de sélection. Il a élaboré une théorie sociale de la remémoration. C’est un ciment collectif, un moyen de se retrouver. L’histoire de la sociologie française c’est l’histoire des distances progressive qu’elle prend vis-à-vis de Durkheim. Même ceux qui ont prolongé son œuvre s’en sont petit à petit éloignés. On peut dire qu’à partir des années 50 en France, on peut parler d’une relative fin du Durkheimisme. La domination durkheimienne en France va prendre fin à partir des 50’s. La sociologie française au lendemain de la WWII ? C’est une période de reconstruction pour la discipline. Le régime de Vichy a brisé institutionnellement et à l’université la sociologie française, elle a brisé ses attaches parce que pour Vichy la sociologie a été étiquetée comme un lobby socialiste et maçonnique. Elle a participé à la déchéance de la France. Les chaires de sociologie dans les universités ont été supprimées très tôt. Elle aussi été réorientée pour aider le régime, le peu de sciences sociales qui restait a servi ses programmes (dénatalité…). Pendant la guerre, beaucoup de sociologues vont disparaitre, soit en émigrant aux USA, en entrant dans la clandestinité, ou en étant déportés etc. …. L’après guerre est aussi une période de réorientation : les véritables continuateurs du Durkheimisme sont morts ou presque, il faut bien relancer la machine pour autant. L’E tat décide de mettre en place une politique de recherche sociologique : en 45 Institut national des recherches démographiques, et en 46 l’INSEE. Malgré ce programme de reconstruction, il n’y a plus d’école dominante de sociologie après guerre. Le marxisme ne rentre pas dans l’université, le durkheimisme est contesté. Pas de cohérence d’école Dans les années 50 il y aura des grands noms de la sociologie tout de même : G. Gurvitch, 1894-1965, spécialistes des classes sociales, G. Friedman 1902-1977, sociologie française du travail, R. Aron, 1905-1983 qui fait entrer la sociologie à l’université et critique sévère et sérieux du Durkheimisme, Jean Stœtzel, 1910-1987, qui introduit les sondages d’opinion en France et crée l’IFOP. Dans les années 60/70 ce sont des grandes années, où s’imposent des traditions de recherches toujours d’actualité : l’école de Bourdieu et d’un certain holisme, R. Boudon fondateur de l’individualisme méthodologique, puis d’autres courant, mais en gros le champ de la sociologie s’organise autour de ces deux traditions opposées. Dans les 80’s, on assiste au déclin des théories holistes, marxistes et structuralistes en sciences sociales. On veut prendre de plus en plus en compte les acteurs, soit à travers des approches strictement individualistes, soit on va avoir la lecture de Bourdieu holistique mais qui prend d’avantage en compte la perspective des acteurs. Dans les 80’s, à coté de Durkheim on mobilise Weber, Elias… qui n’ont pas la même lecture. Déjà critique de sa conception positiviste de la science, sa théorie macro déterministe et son plaidoyer pour la méthode quantitative. Chapitre ;;; sur weber I) Le contexte sociopolitique et la querelle des méthodes. L’unité de l’Allemagne est relativement récente. Les valeurs montantes chez les intellectuels doivent être utiles à la puissance allemande. En Allemagne, les sciences sociales n’ont pas été ignorées comme en France, on parle la bas de sciences historiques ou de sciences de la culture, et c’est un débat très dynamiques dans les universités. La meilleure illustration de ce dynamisme c’est la querelle des méthodes. C’est un débat qui anime philosophes et historiens sur la critique de la raison historique. C’est un débat sur le statut des sciences historiques, sur comment obtenir une science objective, peut on étudier ces sciences comme celles de la nature ? Ce débat sera très important. Dans le cadre de ce débat, des intellectuels opposent et cherchent à expliquer les sciences de la Nature aux sciences historiques. Un de ces intellectuel, c’est Wilhelm Dilthey en 1883, il va opposer, théoriser l’opposition entre sciences historiques et sciences de la nature, et va s’organiser autour d’une seconde opposition entre comprendre et expliquer. L’opposition entre sciences historiques et naturelles se calque sur l’opposition entre la posture de comprendre et d’expliquer. Nous expliquons la Nature et nous comprenons la vie psychique. Pour lui, les sciences de la Nature doivent appeler un type de raisonnement particulier. Elles sont de l’ordre de l’explication, on applique un raisonnement en termes d’explication. On doit privilégier une démarche causale. On cherche les lois qui déterminent les phénomènes naturels. De l’autre coté, les sciences de l’esprit, qui d’après lui doivent reposer sur un autre type de raisonnement, la compréhension. C’est l’interprétation de la vie psychique, sur l’interprétation. Il y aura toujours une part d’incertitude, parce que les individus sont autonomes, parce qu’ils ont une volonté personnelle, et qu’on ne pourra jamais totalement restituer ce qui motive les individus. Il veut définir la spécificité des sciences de la culture et légitimer le fait que faire de ces sciences c’est travailler autour de cette posture de compréhension. Pour comprendre ce projet, il faut connaitre certains éléments C’est quelqu’un qui rejette absolument les perspectives positivistes, notamment l’analyse à la mode en France. Il refuse d’assimiler les phénomènes sociaux à des phénomènes naturels. Pour lui, les individus possèdent une marge de liberté, ont une capacité à raisonner et il rejette l’idée que la sociologie puisse étudier les mêmes outils, les mêmes méthodes que les sciences de la nature. C’est une critique en bloc du positivisme de Comte, le Durkheimisme déterministe et le matérialisme historique de Marx. Dilthey et ses amis sont confrontés à la question : comment faire vivre cette démarche de compréhension ? Ils veulent essayer de donner un contenu à la démarche compréhensive, la faire vivre. Cela repose sur un fait essentiel : la subjectivité du sent de l’action humaine ( ?). Ils ne sont pas aussi obsédés par leur propre autonomie. La sociologie allemande : n’a pas la même symbiose avec le pouvoir politique qu’en France. Le contexte universitaire n’est obsédé par leur autonomie. Weber est certes un auteur important, mais il n’a pas la prépondérance de Durkheim, il n’a pas créée une école des plus dominantes. I) Des auteurs essentiels : Ferdinand Tönnies, 1855-1936 et Goerg Simmel. Aron propose une distinction du champ sociologique allemand, en deux camps, de catégories, de sensibilités sociologiques. La sociologie « historique » : les allemands ont beaucoup impulsé la sociologie qui s’intéresse à l’évolution des sociétés dans leur singularité. La sociologie « systématique » : c’est une sociologie qui elle s’intéresse plutôt au social en tant que tel, à l’essence du social, les formes de groupements, la nature du vivre ensemble en société. La sociologie historique : elle regroupe un certain nombre d’auteurs : Karl Mannheim, 1893-1947 ; Josef Schumpeter 1883-1950, spécialiste de l’histoire économique. Autre auteur : Verner Sombart 1863-1941, sur les déterminants culturels et sociaux du capitalisme. La sociologie systématique : premier auteur très important : Ferdinand Tönnies, il a fait toute sa carrière à l’université, son œuvre la plus connue c’est Communautés et sociétés considéré comme un traité de sociologie très important. Il y distingue deux états des relations sociales, de types de genre de relations sociales. L’état de communauté : une communauté pour Tönnies se caractérise par des relations fortement affectives, ou les relations sont faites de proximité. La communauté est un type de société plutôt villageoise, avec des relations fortement intégratrices. Deuxième état : de société qui caractérise des configurations sociales où les relations sont plus formelles, plus artificielles, moins engageantes personnellement, plus détachées, fondées d’avantage sur la poursuite de l’intérêt individuel. Il nous dessine un schéma d’évolution des sociétés humaines, au départ essentiellement communautaires qui tendraient vers un tat de société. A cause : de l’industrialisation, l’essor des activités rationnelles, le développement des échanges etc. … C’est une vision qui traduit le passage d’une société du simple et de l’affectif au détachement et au complexe. Autre auteur : G. Simmel. 1858-1918, c’est un universitaire surtout à Berlin et à Strasbourg, c’est un philosophe de formation mais qui par les détours de ses questionnements s’interroge de plus en plus sur les sciences sociales. Il va définir l’objet de la sociologie, son programme méthodologique. Pour lui, la sociologie c’est la discipline qui va s’intéresser à la vie sociale dans ses dimensions les plus microscopiques, la plus locale. Ce qui l’intéresse c’est les actions, les interactions, la coopération, celle de la vie ordinaire, de tous les jours. La sociologie c’est l’étude des actions réciproques, de la coopération et l’étude des formes sociales. Les formes sociales : les structures sociales qui formalisent, canalisent et encadrent les actions individuelles (par exemple la société de Cour qui dicte et invente des manières d’être), les formes sociales comme cristallisations des règles du jeu que les individus s’approprient pour donner sens à leurs relations. C’est quelqu’un qui critique les thèses positivistes, refuse la posture qui consiste à dire qu’on peut « dire les choses telles qu’elles se sont passées », il s’intéresse au travail d’interprétation des évènements, le sens que les individus donnent à ce qu’ils font, les processus mentaux, psychiques. On est au cœur du social se fabriquant, à hauteur d’homme. Dans la sociologie de Simmel, les phénomènes sociaux sont relativement individuels et indéterminés, relativement car il ne peut nier l’influence extérieure. Il y a une part irréductible de l’autonomie des acteurs. Il défend une théorie de la liberté des acteurs. L’environnement n’est jamais en soit totalement déterminant. Il n’y a pas de loi de l’histoire qui pèse sur les individus. Il faut être plus près des expériences interprétatives. L’objet de la sociologie, c’est l’étude des actions réciproques, des interactions, la trame sociale la plus micro, le social le plus ordinaire, en train de s’inventer, le superficiel. Que sont les formes sociales ? Ce sont les configurations cristallisées du social, des règles du jeu qui encadrent les actions individuelles : rituels de politesses… Elles résultent des comportements des individus, mais elles vont en retour s’imposer aux acteurs. Il arrive un moment où elles acquièrent une autonomie. Il a travaillé sur la mode : le souci de se distinguer, se différencier, pur individualisme moderne, mais en même temps la mode véhicule des distinctions de classes, on utilise la mode pour marquer des grandes différences. C’est un exemple même de forme sociale. La société, c’est avant tout des hommes. Lui c’est le social de l’invention. Il va connaitre un énorme succès en Allemagne aura une grande notoriété aux USA. Il est obnubilé par le monde de la ville, le monde urbain. En ville vous êtes obligés d’être indifférent à la différence, c’est le monde des apparences. Une partie de l’ordre social est éphémère, reste dans l’ordre de la superficialité. La sociologie américaine est une sociologie urbaine, et ils feront un grand usage de l’œuvre de Simmel à ce sujet. Weber : C’est un sociologue qui s’inscrit dans les deux tendances de la sociologie allemande. Sociologie systématique : il est fondateur de la sociologie compréhensive. Et historique parce qu’il a étudié le rapport entre l’économie et la religion dans une perspective historique. I) Biographie de Max Weber. Il est né le 21 Avril 1864, d’un père protestant industriel et député, devient docteur en Droit mais s’intéresse en parallèle à la question sociale. Il va être obligé de quitter l’enseignement, et a les moyens financiers de voyager à travers l’Europe. Il aurait aimé être un homme politique, mais ne fut qu’un savant et parfois journaliste. Il a comme idées : il milite pour la grandeur du Reich, tout en étant attaché au libéralisme. Ce serait un genre de national-libéral, met la grandeur de la nation allemande au dessus de tout, mais est très attaché aux libertés. Il a une culture encyclopédique, ce qu’il produit c’est une sociologie du droit, historique, religieuse, économique… II) Posture méthodologique et définition de la sociologie selon Max Weber On peut dire que la méthode Wébérienne se réduit à une expression : comprendre et par là expliquer. Le programme wébérien : il veut faire de la sociologie une discipline qui repose sur une démarche très abstraite, théorique, mais obnubilé par l’étude empirique, des faits historiques, par une science au plus près des faits à observer et à noter. Son programme c’est l’étude des singularités avec toujours un souci de monter en généralité. Dans Economie et société, publié en 1922 à titre posthume, il définit la sociologie ainsi : « Nous appelons sociologie une science qui se propose de comprendre par interprétation l’activité sociale, et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets. Nous entendons par activité un comportement humain quand et pour autant que l’agent ou les agents lui communique un sens subjectif. Et par activité sociale, l’activité qui d’après son sens visé par l’agent ou les agents, se rapporte aux comportements d’autrui par rapport auxquels s’oriente son déroulement. » C’est donc une science qui doit procéder par compréhension et par interprétation, explication. Avec ce programme, on est très loin du projet Durkheimien. On peut caractériser le projet Wébérien par 3 grandes idées : Une démarche anti déterministe et anti positiviste. Durkheim lui, s’intéresse aux faits sociaux, aux faits collectifs extérieurs et contraignants. Weber s’intéresse à l’activité sociale, le fait qu’on fait quelque chose en rapport, en adéquation, en relation avec le comportement d’autrui. Il s’intéresse aux actions, aux relations interindividuelles, aux réactions interindividuelles. Avec Weber on est au cœur d’une sociologie qui accorde une place prépondérante à l’individu et à son autonomie. Il a une aversion de tous les concepts collectifs, toutes les expressions déterminisme, matérialisme historique = berk. Il existe bien des causes qui pèsent sur les comportements mais elles ne sont jamais suffisantes, elles sont partielles. C’est donc une sociologie individualiste. Le sens que l’ont donne à ce que l’on fait se détermine en fonction de nos intentions et des attentes des autres. C’est aussi une sociologie qu’on dira rationaliste ; parce que pour Weber l’individu est quand même un petit acteur, un stratège, qui combine moyens et fin. L’individu est capable de raisonnement, de peser le pour et le contre, d’évaluer, de calculer, il n’est pas à 100% rationnel, mais tout de même en partie. On dit de weber qu’il est le défenseur, le porteur d’un courant sociologique toujours présent ; l’individualisme méthodologique, porté par Simmel, Tocqueville ou en France G. Tarde. La sociologue doit comprendre les intentions que les individus donnent à leurs actions, il faut étudier les contraintes et les situations qui pèsent, dans lesquelles s’inscrivent ces actions. Le phénomène d’agrégation des comportements constitue par effet émergent le tout social. Ce qui l’intéresse c’est l’agrégation des phénomènes individuels qui en bout de chaîne donne naissance à un phénomène social. Pour lui, la trame de la vie sociale ce sont des individus qui posent des actions, qui sont capable de raisonner, de se situer les uns par rapport aux autres, et ce qui l’intéresse ce sont les effets émergents, le phénomène collectif à la fin de l’addition des phénomènes individuels. Exemple : la façon dont Weber parle des classes sociales. Weber veut entreprendre une théorie des modes de formation des groupes dans une société. A travers l’analyse de l’organisation et de la hiérarchisation sociale, il veut analyser la distribution et la circulation du pouvoir dans les sociétés contemporaines. Il distingue deux genres de groupes, de catégories : il repère d’abord les « classes sociales ». Pour lui, la class sociales renvoie uniquement à la distribution du pouvoir économique. Il y oppose les groupes de statut. Il y fait intervenir le prestige, le symbolique. Ce sont des groupes qui se différencie non pas sur du capital économique mais sur du prestige, on est dans l’ordre du symbolique. Pour lui, réduire les relations sociales à l’économie c’est passer à coté de cette dimension. Chaque ordre fonctionne selon sa propre logique, les deux principes de hiérarchisation ne se confondent pas. Le mec au sommet du prestige n’est pas forcément celui au sommet de l’ordre économique. Parfois, cela coïncide, et certaines personnes ont le capital économique et celui du prestige très élevé. Mais certains ont un fort capital symbolique sans être forcément très riches. Pour lui, les classes ne sont que des regroupements d’individus qui ont comme point commun leur condition économique. Ils ont la même propension à accéder aux même biens et revenus. Pour Weber, il repère quatre classes sociales : les travailleurs manuels, la petite bourgeoisie, les cols blancs, et les classes privilégiées soit par la propriété soit par l’éducation. Les classes ne sont définies que par des caractéristiques objectives. Du même coup, cette collection d’individus n’a pas de sentiment commun d’appartenance, une identité commune. Les classes sociales ne sont pas mobilisables. Il ne peut pas y avoir de conscience de classe. Pour les groupes de statut : au contraire il repose sur un critère subjectif, chaque groupe de statut est défini par un degré d’honneur, de prestige, ils ont des intérêts communs, s’apprécient, partagent les mêmes valeurs, ils se reconnaissent. Ils ont des aspirations particulières, des communautés de sentiments. Les groupes de statut peuvent mettre ne mouvement des stratégies qui peuvent consister en l’entre soi etc. …. Le groupe de statut est intéressant parce que Weber a saisi que la stratification sociale est plus complexe que ce qu’avait prévu Marx, il n’y a pas que le critère économique. Chez Weber, il y a plusieurs principes de hiérarchisation des groupes sociaux, les classements peuvent très bien ne pas se recouper. Les classes sociales ne sont que des collections d’individus. La question de la distribution du pouvoir, autre qu’économique, n’est pas la même logique que celle de Marx. La démarche compréhensive et les types idéaux. Comprendre chez Weber c’est d’une certaine manière se mettre à la place de l’acteur, mobiliser de l’empathie comme capacité à être au plus près du vécu des individus. C’est chercher à faire une saisie de l’introspection des individus. A partir de là, Weber développe un outil qui est le type idéal comme outil qui permet de mettre en forme, de théoriser, modéliser le sens subjectif que les individus donnent à ce qu’ils font. L’idéal type, c’est une construction intellectuelle qui consiste à reconstruire dans un modèle théorique le sens que les individus donnent à leur activité, c’est une reconstruction stylisée dans laquelle il va monter en caricature les points les plus saillants qui ressortent lorsqu’il étudie un phénomène. C’est une sorte de caricature, un modèle qui résumerait les manières qu’ont les individus d’être engagés dans certaines choses. Quand il parle de la figure du puritain, « le puritain » est un type idéal. Il monte en généraliser et pote à l’extrême les caractéristiques des gens. C’est une généralisation toujours construite intelligemment. Objectivité et rapport aux valeurs. Ce qui est commun à Durkheim et Weber c’est une commune volonté de construire un discours savant, objectif sur le monde social. Cela passe par une rupture avec les prénotions, une mise à distance de l’objet étudié, et par l’usage des méthodes les plus objectivantes d’après lui = les statistiques. Cela passe par une vigilance constante du sociologue à l’égard des valeurs. Le chercheur en sciences sociales doit fortement s’interroger sur ce qui le pousse à choisir ce sujet, à l’étudier. Il accorde une valeur prépondérante aux jugements de valeurs auxquels le sociologue est confronté. Deuxième point commun : l’attachement à utiliser différentes sources documentaires pour pouvoir produire des connaissances. Tout objet de recherche doit être au cœur de la réflexion du sociologue. Ce que le sociologue projette sur l’objet de son étude est central. Il y a une tension permanente entre les valeurs du sociologue et les valeurs scientifiques. S’il n’y a pas cette tension, c’est que l’on ne s’en rend pas compte et donc c’est mauvais I) Rationalisation et domination. Œuvres de Weber que l’on va étudier : L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1905) et Economie et Société (1922). L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. Il commence son œuvre par une question : « à quel enchainement de circonstances doit-on imputer l’apparition dans la civilisation occidentale et uniquement dans celle-ci, de phénomènes culturels du moins nous aimons a le penser on revêtu une portée universelle. » La question qui se pose fondamentalement, c’est comment peut on expliquer la rationalisation du monde occidental à partir du XV° / XVI° siècle ? Il va se donner un angle d’attaque, un indicateur qui est la réforme protestante. L’hypothèse qu’il fait, c’est qu’étudier le protestantisme c’est une bonne manière de comprendre les processus de rationalisaiton du monde occidental. Qu’est ce que le protestantisme ? En quoi participe-t-il de ce mouvement historique de rationalisation ? Plus globalement, en quoi la réforme protestante a-t-elle à voir avec la forme de rationalisme moderne par excellence : le capitalisme ? Quel rôle pour le capitalisme dans la formation du monde moderne ? Comment les formes religieuses peuvent elles influer sur l’organisation économique ? D’après lui, il y aurait des affinités, entre des formes de croyances religieuses et l’éthique du capitalisme. L’œuvre est volontairement à l’opposé de l’œuvre de Marx. Marx pense que ce sont des conditions matérielles qui font émerger le capitalisme (matérialisme) alors même que Weber veut prouver que cela repose sur du symbolique, des valeurs. Il constate avec quelques statistiques qu’en Allemagne, le pouvoir capitaliste est aux mains des protestants, et que dans les sociétés catholiques le capitalisme est plus lent. C’est ce qui lui a donné cette idée. Weber développe dans son analyse un concept, qu’il appelle « l’ascétisme séculier ». Pour Weber, l’ascétisme séculier est la caractéristique primordiale du protestantisme. C’est la transposition de la discipline monastique, religieuse, au monde d’ici bas, au monde le plus ordinaire, et notamment aux affaires économique. La réforme de Luther introduit quelque chose de très nouveau par rapport au catholicisme : dans le christianisme traditionnel, le devoir du chrétien c’est de se détacher du monde bassement mortel, Luther dit que le devoir du chrétien au contraire, sa véritable vocation c’est non pas de vivre l’idéal chrétien en dehors du monde mais dans le monde, dans les activités et la vie quotidienne. Luther va nous dire que le véritable défi pour le chrétien c’est mener une vie monastique mais parmi les hommes. Dans le mouvement protestant, il y a plusieurs sous écoles. Il y a un mouvement religieux très particulier : la réforme calviniste. Calvin va pousser au maximum la théorie plus tôt, il va le plus loin possible dans l’ascétisme séculier, dans le puritanisme. Cela se résume dans son « dogme de la prédestination ». Le dieu de Calvin est injoignable, trop éloigné. Idée développée par la théologie calviniste, que dieu de toute l’éternité aurait décidé qui seraient les élus, qui seraient les damnés, il aurait attribué à chacun d’entre nous un destin. Le croyant d’une part ne sais pas s’il est élu ou damné, et d’autre part, peu importe ce que vous ferez sur terre, ça ne change rien. Le croyant se trouve dans une solitude extrême, une angoisse suffocante. Nul prédicateur ne peut vous rassurer, car le prédicateur est uniquement quelqu’un qui connaît plus les textes que les autres (pasteur…). La chose que l’on peut faire, c’est passer son temps à s’auto scruter, s’auto analyser pour voir si l’on est dans la bonne obéissance au respect des commandements. Aucun moyen magique n’est en mesure de réconforter les croyants. Il veut comprendre pourquoi les premiers capitalistes ont été des protestants. Il y avait déjà de l’avidité, la recherche du profit, mais ce qui va distinguer le capitalisme des puritains, c’est qu’ils vont se mettre à gagner de l’argent avec méthode, rigueur, règles. Avant il n’y avait pas cette rationalité. Ce que les puritains apportent au capitalisme c’est la recherche du profit toujours renouvelé mais dans une entreprise, rationnelle, systématique, rigoureuse : la rentabilité. Culturellement, les catholiques se méfient de l’argent, ils valorisent la pauvreté plus que le travail. On valorise plus la charité que l’épargne, la dépense ostentatoire plutôt que l’investissement, le riche dans le monde catholique donne de l’argent au monastère, se fait construire une belle tombe, mais ne réinvestit pas. Dans le monde catholique, condamnation formelle du prêt à intérêts. Du coté protestant, le salut est indépendant des hommes. Votre destin est scellé, ou est lié à l’intensité de votre foi (quand on n’est pas calviniste, sinon, y’a rien à faire). Le calviniste est confronté à cette question existentielle : suis-je un élu ? Ils se disent donc, que s’ils réussissent financièrement, s’ils ont un succès dans leur travail et leur activité temporelle alors c’est un signe de leur élection. Ils seront tentés de croire que le succès professionnel est du à un signe de Dieu, ils vont percevoir cette réussite comme peut être un signe de leur élection. Encore faut il que se signe se reproduise : si on gagne de l’argent, qu’on réinvestit, que la réussite est toujours au rendez vous, c’est une nouvelle preuve que l’on est élu. Grâce à la réussite économique, les puritains vont gagner la certitude qu’ils sont du coté des élus. La vocation, est un devoir, un vocation est une manière de glorifier dieu. Si l’on réussit, c’est qu’on est à la hauteur de notre devoir. On n’a pas à gaspiller les dons que Dieu nous a faits : les protestants valorisent le goût de l’épargne. L’austérité du train de vie les caractérise, ils ont une vie très austère, des mœurs ascètes. Autre valeur : la conscience professionnelle, condamnation de la charité. Le fait que l’entrepreneur donne et créer de l’emploi, ça, c’est valorisé. Ou est le lien avec le capitalisme ? L e protestant, c’est quelqu’un nous dit Weber qui a une éthique de vie des plus rationnelles, il y a un habitus très codifié, régenté. Il faut donc apprendre à s’autogouverner, se contenir. Mais ils mélangent tout : éthique de vie, éthique économique, débit crédit en argent et auprès de Dieu. Ils pensent à rationaliser leur vie personnelle et finalement rationaliser leur économie. Les types idéaux : tout comportement humain auquel l’agent attribue un sens subjectif. Il repère quatre types d’actions, de types idéaux : L’action rationnelle en finalité, qu’il appelle également action rationnelle par rapport à un but. C’est quand l’individu a un objectif, un but en tête et va mobiliser des moyens logiques pour atteindre son objectif = la démarche scientifique. L’action rationnelle en valeur, qui comme son nom l’indique, l’individu agit en conformité avec des exigences morales, avec des valeurs qu’il a intégré, avec un sens du devoir. Exemple : le capitaine qui décide de couler avec son navire, ou le puritain qui s’interdit de profiter de la vie et des jouissances terrestres par rapport à un système de valeurs qu’il a intégré. L’action traditionnelle, comme son nom l’indique, c’est le fait d’obéir à des coutumes qui sont au fond votre seconde nature, par coutume on fait des choses ; Weber est le sociologue de la relation sociale. Nous désignons par relation sociale, le comportement de plusieurs individus, (…) celui des uns serait sur celui des autres et s’oriente en conséquence. Ce concept l’amène à réfléchir aux types d’accord qui peuvent lier les individus entre eux et qui les pousse à vivre ensemble. Il conçoit deux types de relations entre individus, ou autrement « d’ordre social », la communalisation qui repose sur un lien social traditionnel, fait de proximité et relativement affectif. Cela renvoie à des sociétés de type communautaire, à solidarité mécanique (= Durkheim). Deuxième type d’ordre social : la sociation. Elle repose sur un lien social fait du plus grande impersonnalité, plus grande distance, moins grande affectivité, une relation plus intéressée, moins chaleureuse. Cela pourrait renvoyer à la notion de société de Toënnies, ou de solidarité organique de Durkheim. Weber fait comme tous ses contemporains, il cherche à repérer les formes de relations sociales les grandes évolutions quant à la manière du vivre ensemble, et au fond c’est la même chose pour tous. Les relations sociales ne sont pas équilibrées, c’est le constat de départ, il y a des individus qui sot plutôt en mesure de dominer et d’autre d’obéir. Ces relation de supériorité peuvent résulter soit de l’usage de la force physique (du « pouvoir » dit weber), ou encore si elles peuvent résulter au contraire d’une relation légitime, i-e qu’on est d’accord pour obéir ( il parlera alors de « domination). Weber distingue le pouvoir/la puissance d’un coté, et le pouvoir/la domination de l’autre. Comment définit-il le pouvoir ? Le pouvoir ou la puissance c’est la chance/la probabilité de trouver des personnes prêtes à obéir. C’est la capacité de A d’obliger B à faire quelque chose que spontanément il n’aurait pas fait/ ne vous aurait pas donné. « la chance de trouver des personnes déterminables prêtes à obéir à un ordre de contenu déterminé ». ici, la domination est donc un pouvoir légitime, on est dans l’obligation acceptée ; il distingue trois formes de légitimation, trois fondements de légitimité : La domination à caractère traditionnel : elle repose sur la sainteté de tradition, qui ont toujours été là, valable, les autorités vont mobiliser les forces de la tradition pour obtenir l’obéissance. On obéit parce que ça a toujours été comme ça. La domination à caractère charismatique, vous vous soumettez au caractère extraordinaire, sacré, héroïque du personnage ; le chef mobilise un trait lié à ses qualités oratoires, héroïque, ou à sa vertu religieuse… c’est la domination du leader politique, du prophète… A la différence de la forme précédente, elle ne peut pas survivre à la mort du chef. Quand le maître meurt, on codifie, on institutionnalise son message, on canonise sa parole, on rationalise son enseignement, on parle alors de « routinisation du charisme » (Weber). La domination à caractère rationnel : On la trouve principalement dans les sociétés contemporaines, modernes, elle repose sur une rationalisation des rapports/relations personnels. Les relations personnelles peuvent être régies de plus en plus par des principes abstraits qui s’imposent à tous le monde. On consent à obéir à des règlements, des droits, des codes qui représentent la légalité, impersonnelles. Dans Economie et société, il continue à étudier le capitalisme. Pour Weber, le capitalisme est une illustration du processus de rationalisation à l’œuvre dans les sociétés modernes parce que précisément l’activité capitaliste c’est l’organisation rationnelle de l’activité économique. C’est la recherche du profit, une entreprise continue rationnelle orientée autour du critère de la rentabilité. D’après lui, trois raisons ont rendu possible l’émergence de la rationalisation économique : Historiquement, notamment chez les puritains, on assiste à la séparation du ménage et de l’entreprise. Pendant des siècles, l’atelier, la boutique était confondue juridiquement parlant avec le ménage. Pas de distinction entre la propriété personnelle et la propriété de l’entreprise. Il y aura avec le capitalisme une séparation juridique du ménage et de l’entreprise ; La naissance de la comptabilité. Troisième facteur essentiel, la naissance et l’organisation d’un travail libre. Naissance d’une bourgeoisie, d’un prolétariat capable de travailler librement. Le capitalisme participe de la rationalisation du monde moderne, comme dans le domaine politique et administratif où l’on assiste à la même chose : naissance des Etats, avec un appareil d’Etat, une administration régie rationnellement, bureaucratie, conseiller d’Etats, juristes d’Etats etc…. Deuxième espace qui donne à voir ce processus de rationalisation : la science qui apprait à partir du XVI° siècle ; rigueur, méthode… Troisième univers où l’on voit de la rationalisation : le monde des arts D’abord, en musique, avec la rationalité harmonique. Rien de plus rationnel qu’une partition. Mais aussi en architecture, en art avec la perspective. Chez Weber, cette notion de rationalisation est associée à deux autres termes : la notion d’intellectualisation, synonyme de rapport intellectualiste au monde, penser le monde d’un manière non religieuse, et 2° notion : le désenchantement du monde. Petit à petit, il y aura de moins en moins de puissances mystérieuses dans le monde, la modernité c’est l’expulsion de Dieu du monde. Pour lui, le protestantisme a tué Dieu, l’antithèse même de la religion ; capacité de l’homme à influer sur sa vie, diminution de la fatalité divine. Ces processus de désenchantement d’après Weber ne rendent pas les hommes plus raisonnables pour autant, pas nécessairement plus heureux ni plus vertueux. Pourquoi ? L’homme moderne est par définition insatisfait. Il est persuadé que demain sera toujours meilleur qu’aujourd’hui, donc si demain est meilleur, la mort et la vie perdent de leur intensité, elle n’a pas de sens. Et ce, d’autant plus qu’il n’y a plus de puissance magique. C’est un monde désensorcelé, dépoétisé. La science ne répond pas à la question de fond. La modernité peut très bien s’accompagner de nouvelles recherches religieuses pour donner du sens. Histoire de la sociologie (V2) Constitution scientifique de la sociologie, mais également les problématiques politiques de la sociologie. Savoir ce qui différentie une théorie d’une notion. Ce qu’est un paradigme. On revient sur la pensée scientifique. La sociologie est une discipline à prétention scientifique, elle essaye de rationaliser les connaissances à la fois de phénomènes qui n’ont pas les mêmes degrés d’invariance dans les sciences de la nature. C’est justement ce protocole que l’on va étudier. Révisions : Auguste Comte (1798-1857) met en place les trois étapes théoriques, tout d’abord l’état théologique, l’état métaphysique – phénomènes sont des œuvres de cause et de force abstrait et l’état scientifique (le stade positif) – renvoi à la recherche rationnelle de loi pour expliquer les phénomènes. Ce qu’il constate c’est qu’il n’y a pas encore de sciences pour expliquer les phénomènes sociaux, il le déplore, qui sont celui les plus complexes, donc il a la volonté de fonder la physique sociale, c’est-à-dire une démarche d’étude des phénomènes sociaux au même titre que la physique étudie les phénomènes physiques. Il y a une analogie avec les sciences de la nature, dès la constitution de la sociologie. On a les sciences de la nature qui s’appuie sur les corps inorganisé comme la biologie, la physique, la chimie et on a la physique sociale qui s’intéresse aux corps organisés comme la société. Il y a très vite ce mimétisme avec les sciences de la nature. Il dit qu’un phénomène physiologique se comprend que si on ignore sa fonction dans l’organisme. De la même manière un phénomène social doit se rapporter à la société tout entière. Cette analogie nous fait penser à Durkheim. Par la suite, la sociologie va se substituer à la physique sociale. La sociologie est « l’étude positive de l’ensemble des lois fondamentales propres aux phénomènes sociaux ». Dès le départ il y a aussi la sociologie qui s’intègre dans un contexte politique et social. Tout le monde connait quelque chose sur la société, que ce soit la nôtre ou une autre. On peut également s’appuyer sur son observation ou par les médias. La démarche rationnelle se repose sur trois points : - L’utilisation de la pensée abstraite, à travers la constitution des théories. Elle vise à théoriser nos connaissances du social. Lorsqu’on théorie on élabore une hypothèse. Exercice d’une démarche empirique à travers des enquêtes quantitatives ou qualitatives. On confronte son résonnement à la réalité. Expérimentation dans les sciences dures ou l’observation. Exercice d’un regard critique. On met en doute tous les savoirs qui ont été produit sur le sujet que l’on étudie. Les sciences de la nature veulent élaborer des lois. On fait appel à un mode de vie abstrait pour un mode de vie concret, on tombe dans le vif du sujet. Le savoir repose sur une théorisation. La théorie signifie selon Raymond Boudon un ensemble de propositions faisant système d’où il est possible de tirer des conséquences justiciable d’une confrontation avec des données de l’observation. Plus précisément, face à un phénomène, il s’agit de construire une hypothèse et on va confronter cette hypothèse aux faits observés. La théorie par Pierre Ansart est un système structuré d’hypothèses à visé explicative. Une hypothèse est une explication provisoire qui doit être soumise au contrôle soit de l’expérience, soit soumise au contrôle de l’observation si on est dans les sciences humaines. C’est une supposition vers lequel le chercheur oriente son travail. C’est un outil intellectuel. En science humaines on confronte les hypothèses à l’observation et soit on les confirme, soit on les infirme. Si on est rigoureux, les hypothèses sont partiellement confirmer. Dans tous les cas on est dans la démarche rationnelle, dans la rationalisation des connaissances, pas dans le même degré que les sciences de la nature, la raison est que l’objet de la sociologie est mouvant, changeant, qui évoluent (dimension évolutive) en linguistique, psychologie enfin comme la plupart des sciences humaines, et les contre rendu explicatifs dépendent des points de vue des chercheurs, il n’y a pas d’objectivité complète en sciences humaines, on parle de démarches objectivantes, on essaye d’être le plus objectif possible. La sociologie ne peut que se contenter de copier la rationalité formelle des sciences de la nature. On parle d’objectivation. La mise en place d’une problématique. Ça veut dire qu’elle est son hypothèse, son objet de rechercher et comment il l’infirme ou non. La manière dont on est scientifique dans nos recherches. Une théorie s’inscrit bien souvent dans le cadre dans ce qu’on appelle un paradigme (Ferdinand de Saussure), un paradigme et une métathéorie, c’est-à-dire une explication globale du sociale au sein de laquelle les chercheurs constituent très souvent leur recherche. L’un des paradigmes les plus connus est celui du marxisme. La notion de concept est ce qui se confronte à la réalité. Le concept est ce qui structure l’hypothèse. Une représentation mentale d’un sujet, d’un phénomène, d’une situation et surtout il sert à organiser les connaissances autour de cet objet. Il peut designer des êtres concrets, par exemple la classe sociale, une association, un processus de mutation sociale et on a le concept d’anomie (Durkheim). Exemple, on étudie la médecine, notre sujet est les inégalités à la médecine. On n’a pas le même accès aux soins médicaux selon la classe sociale à laquelle on appartient. Et le concept qui sous-tend notre problématique est le concept de classe sociale. On utilise jamais un concept tel quel. On adapte son adapte à son objet de recherche. On prend la notion de classe sociale, si on prend chez Marx il y a deux classes sociales « des bourgeoisies » et « les prolétaires », on n’étudie pas la même société que l’auteur. Certains concepts ne sont pas opératoires suivant la société aussi. Le concept a une dimension opératoire avec la structure hypothèse.