Cours M2-ICE 2007 Roy-Barman : Circulation thermohaline 4
L’Atlantique Nord qui contient les eaux profondes les moins appauvries en
14C représente donc la première porte d’entrée des eaux vers les abysses. Dans l’atlantique
Nord, les eaux chaudes et salées transportées depuis les tropiques par le Gulf Stream puis
par la dérive nord Atlantiques pénètrent dans l’océan Arctique où elles subissent en hiver
un important refroidissement et une forte évaporation qui produisent une forte
augmentation de leur densité. La formation de glace de mer (durant laquelle seule l’eau
douce gèle) provoque le rejet de sel et une augmentation de la densité de l’eau de mer
résiduelle. Ces eaux denses s’accumulent dans les mers de Norvège et du Groenland puis
elles débordent par dessus les seuils des détroits séparant l’arctique de l’atlantique
emportant avec elle leur 14C. La décroissance du 14C permet alors de tracer le
vieillissement de l’eau depuis l’Atlantique Nord vers l’Atlantique Sud puis dans l’océan
Indien et l’océan Pacifique jusqu’au Pacifique Nord qui est la destination ultime des eaux
profondes.
Des sections méridionales des océans Atlantique, Indien et Pacifique
permettent de décrire plus précisément de la circulation thermohaline (Fig. 2). Dans
l’océan Atlantique, les Δ14C les plus bas sont associés à la propagation vers le Sud de
l’eau Nord Atlantique Profonde. L’ENAP est prise en sandwich entre l’eau Antarctique de
fond en dessous et l’eau Antarctique intermédiaire au dessus qui remontent toutes les 2
vers le Nord et qui sont associées à des Δ14C plus négatifs. L’EAF prend sa source à la
bordure du continent Antarctique (nous y reviendrons largement dans la suite) alors que
la EAI est formée dans la partie nord de l’océan austral. La figure 1d met en évidence le
rôle centrale de l’océan austral qui fait le lien entre les océans Atlantique, Indien et
Pacifique. Dans le secteur Atlantique de l’océan austral, le mélange de l’ENAP, de l’EAF
et de l’EAI donne naissance à l’eau commune Profonde (ECP). Cette masse d’eau est
transportée autour de l’antarctique par le courant circum-polaire où elle reçoit la
contribution d’autres « eaux communes profondes » provenant des secteurs indien et
Pacifique. Grâce à la vigueur du transport par le courant circum-polaire, on trouve un
Δ14C homogène de l’ ECP de –160 ‰ dans les 3 secteurs de l’océan Austral.
C’est l’ ECP qui envahit les océans Indien et le Pacifique. Dans ces océans, il n’y
a pas de formation d’eaux profondes équivalentes à celles de l’Atlantique Nord : les
conditions tropicales du Nord de l’océan Indien ne permettent pas de refroidissement
important et les eaux du Pacifique étant en moyenne moins salées que celles du
l’Atlantique, leur refroidissement dans le Nord du Pacifique ne permet pas d’atteindre des
densités suffisantes pour atteindre le fond de l’océan. Les figures 2 b et c montrent le
vieillissement progressif de l’eau profonde vers le Nord de ces bassins. La compilation de
l’ensemble des données Geosecs et Woce collectées dans le Pacifique permet d’obtenir
une vue très détaillée de la circulation profonde (Fig. 4). Une langue d’eau commune
profonde pénètre par le Sud ouest du bassin et longe la bordure Ouest du bassin. Les eaux
vieillissent progressivement vers le Nord. Après le passage de l’équateur, on devine un
changement de direction vers l’Est du bassin. Arrivées dans le Nord du Pacifique qui
constitue un cul de sac, les eaux profondes remontent lentement vers la surface. Les eaux
les plus vieilles de monde (leur Δ14C = -240 ‰ donne un âge réservoir de 2250 ans) se
trouvent au Nord du Pacifique vers 2200 m de profondeur.
Exercice : la vitesse de circulation des eaux profondes
Cours M2-ICE 2007 Roy-Barman : Circulation thermohaline 5
On peut utilisez l’évolution du Δ14C des eaux profondes pour déterminer leur
vitesse de circulation. L'océan profond a un volume V= 3*1018 m3 et il est ventilé par un
flux d’eau F que l’on cherche à déterminer. est alimenté en Carbone Inorganique Dissous
(CID) par plongée d'eau de surface (CIDs=2000µM) et par la reminéralisation du carbone
organique. Ces 2 sources de carbone sont caractérisées par un rapport isotopique identique
Re = Rs = 0,93. L'eau profonde est isolée de l'atmosphère durant un temps t = V/F =
1/keau. Elle est caractérisée par une concentration CIDp=2300µM et un rapport R = 0,83.
Le CID profond quitte l'océan profond par la remonté de l’eau vers la surface: il n'y a pas
de terme puits (kp = 0) car dans l’océan profond, il n’y a pas de photosynthèse susceptible
de consommer le CID. La perte de carbone particulaire par sédimentation ne rentre pas en
ligne de compte car on ne considère ici uniquement le bilan du CID.
Figure 3 : Evaluation de la vitesse de circulation des eaux
profondes à partir des isotopes de carbone. D’après [Broecker,
1982 #74]
A partir des équations vue au chapitre modèle en boite (voir aussi figure 3), on obtient:
()
⎪
⎪
⎪
⎩
⎪
⎪
⎪
⎨
⎧
−
−
=
−
=
CC
R
R
s
R
R
k
e
e
e
e
1
1
λ
λ
On obtient donc ke = 0,00101 an-1 et s = 0,3 µmol/l/an
océan profond = 0,83 atmosphère
( )
12C
14C
( )
12C
14C
Océan Profond
Océan de surface océan surface = 0,95 atmosphère
( )
12C
14C
( )
12C
14C
*Désintégration dans l’océan profond:
Vprof ×ΣCO2prof ×λ× prof
( )
12C
14C
14C
F ×ΣCO2prof ×prof
( )
12C
14C
F ×ΣCO2surf ×surf
( )
12C
14C
F ×(ΣCO2surf -ΣCO2prof)surface
( )
12C
14C
océan profond = 0,83 atmosphère
( )
12C
14C
( )
12C
14Cocéan profond = 0,83 atmosphère
( )
12C
14C
( )
12C
14C
( )
12C
14C
( )
12C
14C
Océan Profond
Océan de surface océan surface = 0,95 atmosphère
( )
12C
14C
( )
12C
14C
Océan de surface océan surface = 0,95 atmosphère
( )
12C
14C
( )
12C
14Cocéan surface = 0,95 atmosphère
( )
12C
14C
( )
12C
14C
( )
12C
14C
( )
12C
14C
*Désintégration dans l’océan profond:
Vprof ×ΣCO2prof ×λ× prof
( )
12C
14C
( )
12C
14C
14C
F ×ΣCO2prof ×prof
( )
12C
14C
F ×ΣCO2prof ×prof
( )
12C
14C
( )
12C
14C
F ×ΣCO2surf ×surf
( )
12C
14C
F ×ΣCO2surf ×surf
( )
12C
14C
( )
12C
14C
F ×(ΣCO2surf -ΣCO2prof)surface
( )
12C
14C
F ×(ΣCO2surf -ΣCO2prof)surface
( )
12C
14Csurface
( )
12C
14C
( )
12C
14C