© IFREMER La circulation thermohaline et sa relation au puits de carbone dans l’Atlantique Nord La circulation thermohaline représente la circulation de l’eau dans l’océan influencée par les contrastes de températures et de salinité et donc de densité entre l’équateur et les pôles. Ce phénomène complexe est connu pour avoir encore une source de questionnements quant à une influence majeure sur le climat, mais il reste encore des interrogations notamment vis-à-vis de la pompe à carbone que représente l’océan. Les eaux froides de surface absorbent une partie du carbone, qui l’entraine avec elles dans la circulation thermohaline. Le changement climatique lié à l’émission croissante de dioxyde de carbone (CO2) par l’activité humaine est source de modifications de la température et de la salinité de l’océan, et pourrait modifier la circulation thermohaline et donc la capacité de l’océan à absorber le carbone qui atténue l’effet de serre. Observation et analyse pour concevoir le futur : Depuis la révolution industrielle, l’activité de l’Homme entraîne une augmentation des émissions de CO2. Une partie de ces émissions est piégée par l’océan (on estime cette quantité à environ 1/4 des émissions), en particulier dans la région de l’Atlantique Nord. Cette région est identifiée comme étant un puits à carbone du fait qu’elle absorbe du CO2 contrairement à certaines zones appelées «sources de carbone» qui rejettent du CO2. L’équipe de recherche a alors basé son travail sur cette partie du globe, l’objectif étant de faire le lien entre l’intensité de la circulation thermohaline et l’efficacité de la pompe physique du carbone. Le processus en deux temps a consisté à quantifier l’intensité de la circulation thermohaline grâce à des campagnes en mer complétées par les données des flotteurs Argo et l’altimétrie satellitaire. Grâce à ce dispositif les scientifiques peuvent désormais reconstruire mois par mois cette intensité. Puis à l’aide de ces données et la collaboration avec une équipe espagnole, la mesure de l’efficacité de la pompe à carbone physique a pu être effectuée. Il en résulte que lorsque l’intensité thermohaline diminue, la pompe physique du carbone perd en efficacité. Ce constat projette sur un avenir alarmant, il est estimé que la diminution d’environ 25% de l’intensité de la circulation thermohaline prévue à l’horizon 2100, s’accompagnera d’une diminution simultanée de la capacité de l’océan à réguler les émissions de CO2 et aggravant ainsi l’effet de serre. © IFREMER Mise à l’eau d’une balise Argo dans l’Atlantique Nord depuis un navire océanographique d’Ifremer. © Ifremer Pour en savoir plus Circulation thermohaline dans l’Atlantique Nord selon la formation de l’océan profond. H. Mercier et al., 2015 ► Projet Ovide ► Publications liées : 1 - 2 - 3 L’équipe de recherche Ce travail de recherche s’inscrit dans le projet Ovide (Observatoire de la variabilité interannuelle et décennale en Atlantique Nord). L’équipe du Laboratoire de Physique des Océans (LPO-IUEM) composée de N. Daniault, D. Desbruyères, B. Ferron, F. Gaillard, T. Huck, P. Lherminier, H. Mercier, V. Thierry et P. Zunino, a collaboré avec une équipe espagnole (M. I. Garcia-Ibañez, F. F. Pérez, P. Pardo, A. Rios, G. Roson). Cette collaboration est historique puisqu’elle remonte à l’année 1990 et se perpétue depuis cette date entre ces deux laboratoires.