55 Rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
Saint-Chamond, le 6 mars 2017
Monsieur le Président de la République,
Permettez-moi d’appeler votre bienveillante attention sur la situation
dramatique de Monsieur Alexandre LAPSHIN, blogueur réputé dans les
pays russophones.
Alors qu’il se trouvait au Belarus, Monsieur LAPSHIN a été arrêté et placé
sous écrou extraditionnel à la requête de l’Azerbaïdjan. L’origine de cette
requête tient dans les propos critiques tenus par Monsieur LAPSHIN à
l’égard du régime politique au pouvoir à Bakou, et dans le séjour qu’il a
effectué en Artsakh (anciennement Haut-Karabagh). Après avoir épuisé
les voies de recours, Monsieur LAPSHIN a été extradé vers l’Azerbaïdjan le
7 février, et immédiatement placé en détention.
En livrant Monsieur LAPSHIN aux autorités azerbaïdjanaises, le Belarus a
violé la convention internationale contre la torture, qu’il a pourtant signée.
L’article 3 de cette convention stipule en effet qu’aucun État partie «
n’extradera une personne vers un autre État où il y a des motifs sérieux
de croire qu’elle risque d’être soumise à la torture ».
Or, ce risque est avéré en Azerbaïdjan. Il est dénoncé par les
organisations internationales des droits de l’Homme et par l’ONU. Vous
avez pu vous-même en prendre la mesure, lorsque vous avez
personnellement décoré de la Légion d’honneur Madame Leila YUNUS,
dont les conditions de détention dans les prisons azerbaïdjanaises ont
gravement altéré la santé.
La mission d’information sur les relations entre la France et l’Azerbaïdjan
que j’ai eu l’honneur de présider vient d’achever ses travaux. Au cours des
auditions qu’elle a tenues, les responsables de notre ministère des Affaires
étrangères, et notamment notre ambassadrice à Bakou, ont insisté sur
l’action discrète mais déterminée que la France mène, y compris au plus
haut niveau, pour faire pression, selon leurs propres termes, en vue d’un
plus grand respect des droits de l’homme par ce « régime répressif »
qu’est l’Azerbaïdjan.
C’est la raison pour laquelle je viens vous prier de bien vouloir user de
votre haute influence auprès des autorités azerbaidjanaises afin qu’elles
soient sensibilisées à l’émotion que suscite le traitement infligé à Monsieur
LAPSHIN, illégitimement détenu pour un délit d’opinion, et qu’elles
acceptent de le libérer dans les plus brefs délais. Je vous prie d’agréer,
Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute
considération.