III. Résultats 3.1 Description générale de l’étude L’échantillon de population de chiens représenté dans notre étude possédait les caractéristiques suivantes : - race : 7 chiens de 7 races différentes (cane corso, american staffordshire, terre neuve, rottweiler, setter anglais, boxer, pinscher nain) - sexe : 5 mâles, dont 3 non castré et 2 castrés ; 2 femelles, dont 1 non stérilisée et 1 stérilisée - statut sanitaire : 6 chiens anesthésiés pour des examens complémentaires sans relation avec une affection connue, et 1 chienne anesthésiée pour une chirurgie de convenance (ovariectomie) - âge : l’âge médian des chiens était de 3 ans, avec des valeurs comprises entre 6 mois et 10 ans. La majorité des chiens avait entre 1 et 4 ans. - poids : le poids médian des chiens était de 30,9 kg, avec des valeurs comprises entre 2,9 et 54 kg. 3.2 Résultats cliniques D’un point de vue clinique, les observations suivantes sur l’impact du protocole sur les chiens ont été faites : - L’administration de l’alfaxalone à été réalisée par titration, la dose nécessaire est toujours restée inférieure à la dose recommandée (5 mg/kg) - Les effets secondaires suivants ont été observés : sur un chien apparition de « pédalage » au cours réveil. 3.3 Résultats des analyses sanguines Le seuil de signification retenu pour l’ensemble des tests est p < 0.05 de manière unilatérale. L’analyse statistique a été fondée sur des statistiques descriptives, des analyses de variance, des calculs de corrélation et des analyses de régression. Les variables comparées sont des variables quantitatives continues (résultats à T1 ; T2 ; T3 de prises de sang). Les variables quantitatives discrètes (chien) et qualitative ordinales (T1, T2, T3) permettent de constituer les différents effectifs pour lesquels les valeurs biochimiques et cliniques seront comparés. Les effectifs de ces paramètres sont faibles (<30), le test statistique retenu est donc le test paramétrique t de Student après avoir vérifié par le test de d'Agostino et Pearson que les variables suivaient une loi normale et par le test de Fischer-Snedecor que les variances étaient égales. Lorsque que les distributions ne suivent pas une loi normale ou que l'égalité des variances n'est pas vérifiée, un test non paramétrique de Wilcoxon est utilisé. La comparaison des pourcentages de variation des analytes est effectuée avec un test exact de Fischer car il s’agit d’une comparaison de pourcentage dans un tableau de contingence avec des effectifs inférieurs à 15. Les tests statistiques ont tous été effectués à l’aide du logiciel GraphPad Prism® 2007 (GraphPad software Inc). 3.3.1. Suppression des valeurs aberrantes Aucune valeur aberrante n’a été détectée pour les analytes sanguins étudiés dans la distribution des différences entre les résultats avant, après sédation à l’ACP et après induction à l’alfaxalone. 3.3.2. Compartimentation L’interprétation des résultats biochimique à été réalisée de manière systématique en regroupant les ions (Na, K, Cl) ; les éléments figurés (Protéines totales, Albumine, Hématocrite) ; les enzymes (PAL, ALAT, CK) ; et le glucose, la créatinine et l’urée. Grâce à ces résultats, un calcul de l’osmolalité à pu être réalisé. L'osmolalité plasmatique est proportionnelle au nombre total d'ions et de particules non dissociées présentes dans le sang. Elle est responsable de la pression oncotique déterminant les mouvements d’eau. En cas de déshydratation (fuite de l'eau), l'osmolalité augmente ; inversement l'osmolalité diminue en cas d'hyperhydratation. Dans notre étude, l’osmolalité (natrémie (mEq/l) + kaliémie (mEq/l)) x 2 + urée (g/l) x 16,5 + glycémie (g/l) x 5,5 reste comprise entre 310 et 320 mOsm/L valeurs inclues dans les normes usuelles. 3.3.2.1. Effets de l’acépromazine sur les analytes sanguins La comparaison de T1-T2 permet de déterminer s’il existe un effet de l’acépromazine administré sur les valeurs biochimiques des chiens. Les analytes pour lesquels les variations obtenues ne sont pas statistiquement significatives sont les suivantes : Ionogramme, Protéines totales, Albumine, Créatinine Kinase, PAL, ALAT, Urée, Créatinine, Glucose. Par contre, l’hématocrite est diminué de façon statistiquement significative. Dans notre étude, l’administration d’ACP chez le chien diminue de 20% ± 3% les valeurs de l’hématocrite. Une étude menée chien met en évidence des effets similaires de l’ACP sur l’hémogramme : une diminution significative de l’Hb, de l’Ht, des GR, des GB (surtout lymphocytes, voire GNN) et même de la numération plaquettaire. LANG, S.M. ; EGLEN, R.M. ; HENRY, A.C. Acetylpromazine administration : its effects on canine haematology. Veterinary Record, 1979, 105:397-398. Cet effet est également rapporté chez le cheval (TROUVER ETUDE) avec une diminution de 50% de l’hématocrite après administration d’ACP. 3.3.2.2. Effets de l’alfaxalone sur les analytes sanguins La confrontation des valeurs obtenues en T2-T3 permet d’observer les éventuels effets de l’alfaxalone sur les valeurs biochimiques des chiens. Aucun des paramètres étudiés de subit de variation significative après injection d’alfaxalone. L’alfaxalone ne modifie pas significativement les paramètres testés dans cette étude. 3.3.2.3. Effets de la combinaison ACP/alfaxalone sur les analytes sanguins La comparaison des valeurs des analytes obtenues en T1-T3 permet de constater qu’il existe un effet de l’association acépromazine/alfaxalone sur les analytes suivants : Protéine Totale, Albumine, Hématocrite. L’acépromazine seul ne diminue pas significativement l’albumine. La diminution des protéines totales correspondant au total obtenu en additionnant la valeur des globulines et de l’albumine peut être imputable à la diminution d’albumine observée de façon concomitante. Calcul des pourcentages de variation observés pour les valeurs statistiquement significatives 3.3.3. Pourcentage de variation des analytes modifiés par le protocole utilisé L’association ACP/alfaxalone entraine une diminution statistiquement significative des analytes suivant : On observe une diminution pour les protéines totales de 16% ± 3%. Cette diminution est également constatée pour les albumines. Elle est de 16% ± 2%. L’acépromazine entraine une diminution de l’hématocrite de 20% ± 3%. IV. Discussion Bien que préliminaire, les résultats de cette étude amènent quelques commentaires, d’une part sur la conception du protocole et sa faisabilité, d’autre part sur les résultats obtenus et les perspectives qu’ils amènent. Le nombre restreint d’animaux inclus dans l’étude à été du à un manque de temps mais également au fait que les paramètres étudiés permettaient grâce à un intervalle de confiance étroit de limiter la taille de l’échantillon. 4.1 Choix du protocole Le choix de la prémédication s’est porté sur l’acépromazine. Cette molécule est couramment utilisée en médecine vétérinaire et de nombreuses études à permettait de déceler des réactions inhabituelles. La qualité de l’induction, de la maintenance et du réveil a été jugée bonne dans tous les cas. 4.2 Fréquence cardiaque L’augmentation de la fréquence cardiaque après induction est rapportée dans la bibliographie (étude d’Ambros et al.). Cette augmentation n’est pas observée. Au contraire, une diminution après induction est mise en évidence. 4.3 Apnée La dépression respiratoire faisant suite à l’injection d’alfaxalone est décrite dans la littérature comme un effet secondaire à surveiller (étude d’Ambros et al.). Cette apnée apparaît habituellement dans le premier quart d’heure qui suit l’induction. Dans notre étude aucun animal n’a présenté de tels symptômes. L’injection sur une période d’environ 1 minute comme recommandée par le fabriquant était une précaution inscrite dans le protocole d’étude. 4.4 Variation des analytes sanguins Cette étude prospective nous à permis d’examiner les variations des paramètres suivants : Hématocrite, Protéines totales, Albumine. Nous avons essayé de formuler des hypothèses pour expliquer ces quelques modifications majeures survenues après l’administration du mélange acépromazine/alfaxalone. Concernant la diminution de l’hématocrite, une hypovolémie peut d’emblée être exclue. En effet les mécanismes compensateurs se traduisant par un passage d’eau et d’ions du secteur interstitiel au secteur vasculaire ne se mettent en place qu’après plusieurs heures. Les prélèvements ont tous été réalisés dans un intervalle de temps inférieur à 45 minutes. De plus, si une diminution de la volémie était à l’origine de ces variations, d’autres analytes tels que l’urée et la créatinine auraient subit une cinétique identique de diminution. Quelles que soient les causes de ces variations, il convient de retenir que le protocole associant acépromazine/alfaxalone entraîne la diminution de l’hématocrite, de l’albumine et des protéines totales. Ces analytes devront donc être interprétés avec prudence en cas d’utilisation de ce protocole avec réalisation de prélèvements sanguins. L’ensemble des données analysées dans cette étude à été réuni à partir d’animaux dont le statut ASA ne dépassait pas II. On peut donc considérer qu’il s’agissait d’un groupe de chiens sains. La variation observée pour l’albumine chez les chiens sains atteint 16%. Il convient de s’interroger des conséquences d’une telle variation chez un animal malade ou débilité où la valeur de départ serait de 16 g/L. En considérant uniquement ces valeurs statistiques celui-ci pourrait après l’utilisation d’ACP/alfaxalone entrer en hypoalbuminémie sévère. Cependant si ces valeurs sont vérifiées chez un animal sain, il conviendra de confirmer cette hypothèse en étudiant un groupe de chiens malades avec des valeurs d’albumine basse. Conclusion L’alfaxalone, de par ses propriétés pharmacologiques particulières, apparaît intéressante pour une utilisation dans un protocole d’anesthésie générale intraveineuse. Il semblait possible que le protocole choisi ne génère pas de modifications majeures puisque les prélèvements ont été réalisés immédiatement après l’injection. Ceci a été vérifié pour une grande partie des analytes dont les variations sont nulles ou négligeables, mais pas pour une partie des éléments figurés du sang : l’hématocrite (qui diminue), et certains analytes de biochimie plasmatique (diminution des protéines totales et de l’albumine). Pour ces analytes, quelques hypothèses peuvent être avancées pour tenter d’en expliquer les mécanismes, mais quelle que soit leur origine il faut simplement garder à l’esprit leur variation lors de l’interprétation de résultats d’analyses dans des circonstances similaires. Il est intéressant de constater que l’alfaxalone seul ne modifie pas les paramètres biochimiques. Des effets sont observé lorsqu’il y a association avec l’acépromazine. L’étude pourrait être élargie aux possibles effets induits par d’autres molécules associées à l’alfaxalone ainsi qu’a un groupe d’animaux incluant des animaux de statut ASA variés. Marel Juliette UTILISATION DE L’ALFAXALONE EN ANESTHESIE GENERALE CHEZ LE CHIEN Thèse vétérinaire : Toulouse, 2010 RESUME : Afin d’évaluer l’effet de l’alfaxalone sur les paramètres biochimiques. En premier lieu, les qualités de cette molécule anesthésique nouvellement introduite dans la pratique de la médecine vétérinaire sont évoquées. Puis, sur 10 chiens en bonne santé, un protocole d’anesthésie générale intraveineuse à l’alfaxalone 4-8 mg/kg après prémédication est mis en place. L’évolution de valeurs biochimiques ciblées est comparée pour chaque animal. Excepté pour les valeurs de l’hématocrite, des protéines totales et de l’albumine aucune variation avec une variation statistique n’a été observée. Les qualités d’induction et de réveil du protocole d’anesthésie générale intraveineuse à l’alfaxalone ont été jugées satisfaisantes et similaires à celles observée dans les études menées précédemment pour cette molécule. Le recrutement de cas supplémentaires notamment des chiens malade serait nécessaire afin de compléter ces données. MOTS CLES : - Alfaxalone - Anesthésie générale intraveineuse - Chien - Biochimie JURY : Président : 1er Assesseur : 2ème Assesseur : Monsieur le Professeur Monsieur le Professeur Monsieur le Professeur DATE DE SOUTENANCE : 2010 ADRESSE DE L’AUTEUR :