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En fait, peu d’Insectes se nourrissent vraiment de bois, la plupart consommant en fait le
produit de la digestion du bois par des symbiontes internes (ex : Protozoaires flagellés des
Termites), ou externes comme les Champignons « Ambrosia » des galeries de certains Scolytes.
Si quelques espèces colonisent des arbres sur pied en bonne santé, on parle alors de xylophages
primaires, beaucoup ne peuvent se développer que sur des arbres affaiblis, aux capacités de
réactions amoindries vis-à-vis des agresseurs (xylophages secondaires, dont font partie les
Scolytes), ou sur des arbres totalement morts (saproxylophages). Les xylophages secondaires,
et principalement ceux qui forent profondément le bois, dégradent rapidement d’un point de vue
économique la qualité des matériaux ligneux que le forestier compte récolter et valoriser
(NAGELEISEN & LIEUTIER, 2000). En revanche, les saproxylophages ne constituent pas un
danger pour les produits forestiers. Décomposant le bois mort, ils contribuent au recyclage de
la matière organique végétale.
Ainsi, dans les parcelles endommagées par la tempête, tous les bois ne doivent pas être
sortis. Le bois qui va pourrir dans les années à venir et les écorces qui vont se soulever vont
abriter une multitude d’espèces et ne vont pas seulement constituer des « réservoirs à Scolytes »
comme il a été énoncé. Les Scolytes ont leurs prédateurs dans la nature et la grande majorité des
espèces vivant sur le bois mort ou mourrant ne s’attaqueront pas au bois sain. Dans de rares cas,
certaines espèces en voie de prolifération pourraient passer du bois mort à un bois apparemment
sain, mais pouvant déjà émettre des phéromones de dépérissement sans que cela soit visible
pour l’Homme. Les Scolytes pionniers émettent des phéromones d’agrégation qui attirent ainsi
de nombreux autres individus. Si la plupart des espèces sont des xylophages secondaires,
quelques-unes comme le Typographe (Ips typographus) sont capables, lorsqu’elles pullulent, de
développer des foyers dans des peuplements restés indemnes. Des modes des gestions raisonnée
ont alors été récemment utilisés, consistant à de la surveillance, plutôt que la destruction
massive du bois mort en forêt. Dans une zone de chablis, la présence de Scolytes se traduit 8
fois sur 10 par la permanence de ces Insectes sur leur niche écologique et est donc sans menace
sur les secteurs sains des environs immédiates. Dans de rares cas, si les arbres sains alentours
sont attaqués, le milieu est traité et les chablis ainsi que leurs occupants sont brûlés. Il n’est
donc pas nécessaire de détruire systématiquement toutes les zones pourvues de bois mort et
donc d’Insectes, constituant des écosystèmes riches et variés et un réservoir de nourriture
important pour la faune supérieure insectivore, notamment les Oiseaux.
Des études forestières après tempête ont déjà été effectuées par les Allemands et les
Suisses, à cause de l’ouragan Vivian, qui a frappé le centre de l’Europe en février 1990. Les
principaux massifs touchés ont été les hêtraies sapinières. DUPONT (2000) indique qu’il a été
observé une augmentation importante des populations de Scolytes en 1992, puis un retour à une
situation raisonnable a été effectué. Il en a été de même, mais dans des proportions inférieures,
pour certaines familles de Coléoptères. Pour les Invertébrés en général, la diversité spécifique a
augmenté. La faune impliquée dans la décomposition du bois a été très favorisée par le
maintien des arbres morts dans les chablis.
Le choix des Coléoptères saproxylophages, pour la gestion forestière, est adopté par de
nombreux auteurs et a déjà fait l’objet de publications au Conseil de l’Europe (SPEIGHT, 1989).
Suite à l’intervention de l’Homme, la couverture boisée naturelle a quasiment disparue, à
l’exception de fractions résiduelles. Une conséquence inévitable de la disparition des arbres est