Contribution à l`étude des Symphyles (Myriapodes) d

BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE
3E série, n° 34, mars-avril 1972, Zoologie 28
Contribution à l'étude
des Symphyles (Myriapodes) d'Afrique du Sud
par Lisianne JUBERTHIE-JUPEAU *
Résumé. — Description d'llanseniella natalensis n. sp., possédant 2 macroehètes sur les
tergites II, III, VI, IX et XII et à rapprocher d'il, capensis et //. chilensis.
Abstract. — llanseniella natalensis n. sp. is described ; this species exhibits 2 macroehètes
on tergites II, III, VI, IX, and XII and must be compared with //. capensis and IL chilensis.
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Quelques Symphyles ont déjà été signalés d'Afrique du Sud : Symphylella natala
Hilton, du Zululand et du
Natal (HILTON, 1938) ; Hanseniella capensis Hansen, décrite de
la région de Cape Town
(HANSEN, 1903), retrouvée dans la Province du Cap et au Natal
(ATTEMS, 1928) et de nouveau au Natal (ROCHAIX, 1955) ; Hanseniella sp. Rochaix, espèce
de Rhodésie du Sud (ROCHAIX, 1955), non encore identifiée.
R. F. LAWRENCE et B. STUCKENBERG m'ont confié l'étude de leurs récoltes de Sym-
phyles au
Natal et au Transvaal, ce dont je les remercie. La collection comprend 33 Sym-
phyles, appartenant tous à une espèce inédite, Hanseniella natalensis.
SCUTIGEREI.LIDAE
Hanseniella natalensis n. sp.
MATÉRIEL
Natal
Swartkops Summit, 4200 ft. alt., 5 miles
north of Pietermaritzburg, 5 ad. (1 1 Ç,
3 s?;1.
Fort Nottingham
(6194), août 1954, 5 ad. (2 <?, 2 Ç, 1 s ?).
Cathedral Peak in forest Drakensberg, 5800 ft. alt., avril 1956, 7 ad. (4 <J, 2 Ç, 1 s ?),
1 1. à 11 pp., 2 1. à 10 pp.
Botha's
Pass (6180), Newcastle, juin 1954, 3 ad. (2 <J, 1$).
* Laboratoire souterrain du CNRS, 09410 Moulis, France.
1. Abréviations : ad., adulte (individu à 12 paires de pattes) ; ait., altitude ; 1. à ... pp., larve à ...
paires de pattes ; P. I, pattes de la lre paire ; P. II, pattes de la 2e paire, etc. ; s ?, sexe non identifié.
34, 1

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LISIANNE JUPEAU
Transvaal
Mariepskop (6701), octobre 1956, 10 ad. (3 5 Ç, 2 s ?).
DESCRIPTION
Dimensions. — Adultes. Longueur sans filières ni antennes : 6 mm ; longueur des filières :
0,6 mm.
Tête. — Plus large que longue (fig. 1) ; couverte de soies nombreuses parmi lesquelles
quatre,
très longues, de longueur supérieure ou égale à la largeur de l'article proximal
antennaire, sont situées près de la base de chaque antenne, à la
face interne et postérieure
de celle-ci ; apodème médio-tergal peu marqué. La maxille (fig. 2) porte un palpe (fig. 3)
ayant sensiblement la forme d'un
cône oblique relativement de grande taille (longueur du
grand axe de base : 17 \i, distance du sommet au centre de la base : 26 (i), dont la cuticule
présente de forts épaississements internes.
Antennes. — De 30 à 40 articles couverts de soies fortes, penchées vers l'extrémité
distale ; la 2e couronne de soies
commence au 7e, au 8e ou au 9e article. Chaque article
(fig. 4), sauf les quatre premiers et le dernier, porte dans la partie latéro-externe de la
face tergale, un petit organe en candélabre (fig. 5-6) ; celui-ci, à base courte et large, est
constitué de trois ou quatre branches fines et pointues, disposées en
cercle autour d'une
tige centrale légèrement plus courte ; chaque article, sauf le dernier, présente en nombre
variable, des soies sensorielles coniques (fig. 7), très pointues, nettement plus courtes que
les autres soies, et dont l'embase est peu nette ; une autre catégorie de petits organes (fig. 8-
9), certainement sensoriels, apparaît à partir du 8e article face tergale, à raison de 1 à 5
par article ; situées sur le même plan que les organes en candélabre et les soies coniques,
ce sont des soies spatulées étranglées à la base, élargies ensuite, et plus ou moins émoussées
au sommet. Le dernier article (fig. 10) porte dans sa région apicale, deux organes en can-
délabre (fig. 11) dont l'un est deux
fois aussi long que l'autre, situés chacun sur une proé-
minence de l'article ; ils ont une base longue et mince, et sont constitués par une tige cen-
trale droite, cylindrique, arrondie au sommet, autour de laquelle sont disposées cinq ou
six branches plus longues, incurvées, pointues, dont les extrémités libres se rapprochent ;
cet article porte également une soie sensorielle en spatule qui est plus longue que celle
des autres articles de l'antenne.
Tergites. — Le tergite I (fig. 12), rudimentaire, est orné d'une seule rangée de huit à
dix soies, plus ou moins longues, disposées symétriquement par rapport au plan sagittal.
Les tergites II, III et IV (fig. 13-15) sont à bord postérieur convexe ; les suivants, sauf le
tergite XV sont à bord postérieur
très légèrement concave. Les tergites II, III, VI, IX
et XII portent deux paires de macrochètes, une paire antéro-latérale et une paire laté-
rale ; les
autres tergites n'en portent qu'une paire latérale et au tergite XIV (fig. 16) les
soies correspondantes sont relativement courtes ; les macrochètes antéro-latéraux du ter-
gite II sont à peine deux fois aussi longs que la largeur de l'article proximal antennaire et
légèrement moins longs que les macrochètes latéraux ; les macrochètes antéro-latéraux du

FIG. 1-11. — Hanseniella natalensis n. sp. (ad.)
1, tète,
face tergale ; 2, maxille gauche ; 3, palpe de la maxille ; 4, vingtième article antennaire droit,
face tergale ; 5 et 6, organes en candélabre des articles antennaires (sauf du dernier article) ; 7, soie sen-
sorielle conique ; 8 et 9, soies sensorielles à base étranglée des articles antennaires ; 10, dernier article anten-
naire,
face tergale ; 11, grand organe en candélabre du dernier article antennaire.
Échelles : fig. 1 et 2 : E1 ; fig. 3, 5-9, 11 : E2 ; fig. 4 et 10 : E3.

FIG. 12-22. — Ilanseniella natalensis n. sp. (ad.)
12, tergite I ; 13, tergite II ; 14, tergite III ; 15, tergite IV ; 16, tergite XIV ; 17, P. I gauche, face
antérieure ; 18, extrémité distale de la P. I gauche, face antérieure ; 19, P. XII gauche, face antérieure ;
20, extrémité distalc de la P. XII gauche, face antérieure ; 21, style ; 22, filière gauche, face tergale.
Échelles : fig. 12-17, 19 et 22 : E1 ; fig. 18, 20, 21 : E2.

SYMPHYLES D'AFRIQUE DU SUD
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tergite III sont de longueur supérieure à deux fois la largeur de l'article proximal anten-
naire, et toujours plus longs que les macrochètes latéraux ; chaque tergite porte des soies
marginales de longueur variable, les plus longues étant nettement plus courtes que les
macrochètes ; face supérieure, les tergites ont relativement peu de soies.
Pattes. — A la P. I bien développée (fig. 17-18), le fémur porte, face sternale dans sa
portion la plus renflée, une soie nettement plus grande que les autres et le tarse présente
une
soie distale de longueur à peu près égale à celle de la griffe antérieure. La griffe anté-
rieure mince est légèrement incurvée et la
griffe postérieure est plus longue que la moitié
de la griffe antérieure ; la soie frontale est plutôt courte (sa longueur est inférieure à celle
de la griffe postérieure). A la P. XII (fig. 19-20), le tibia porte, face tergale, quelques soies
très courtes et une soie distale très longue, un peu plus longue que les quatre cinquièmes
de la largeur de l'article ; la longueur de cette soie diminue régulièrement de la P. XII
à la P. IX, et à la P. VIII elle ne se distingue pas des
autres soies ; le métatarse, un peu
plus
long que large, porte face tergale quelques soies plus courtes que les deux tiers de la
largeur de l'article et une
soie distale, légèrement postérieure, plus longue que les autres,
de longueur égale environ aux deux tiers de la largeur de l'article ; aux autres pattes cette
soie a une longueur normale ; le tarse, élargi à la base, environ trois fois aussi long que sa
plus grande largeur, porte,
face tergale, une rangée de soies dont certaines sont raides, les
autres incurvées ; des poils petits et relativement nombreux ornent la moitié inférieure
de sa face antérieure ; la griffe antérieure est large et courte ; la griffe postérieure est légè-
rement plus courte et plus arquée que la griffe antérieure. Les styles assez trapus se ter-
minent par deux soies dont l'une est très forte ; certains présentent une soie supplémen-
taire située à mi-hauteur (fig. 21).
Filières. — De trois à quatre fois aussi longues que larges (fig. 22) ; couvertes de soies
peu nombreuses, de longueur inégale, absentes sur le tiers distal ; la soie terminale a une
longueur sensiblement égale à la largeur de l'organe et présente du côté externe une 2e soie,
cinq fois aussi courte qu'elle.
AFFINITÉS
Hanseniella natalensis appartient au groupe d'espèces possédant deux paires de macro-
chètes tergaux à certains tergites. La forme de ses tergites la rapproche de deux espèces,
elles-mêmes très voisines, H. capensis Hansen et H. chilensis Hansen. Elle se différencie
nettement d'//. capensis par la longueur de ses macrochètes ; en
effet, chez cette dernière
espèce, d'après HANSEN d'une part, sur le premier scutum 1, les macrochètes antéro-
latéraux n'atteignent pas la moitié de la longueur des macrochètes latéraux,
d'autre part
sur le deuxième scutum 1 les macrochètes antéro-latéraux sont plus longs que la largeur de
l'article proximal antennaire et les macrochètes latéraux sont considérablement plus longs
que les macrochètes anléro-latéraux ; la chétotaxie du métatarse de la P. XII et les filières
sont également différentes. H. natalensis se différencie nettement d'//. chilensis par la ché-
totaxie du métatarse de la P. XII, par la forme et la chétotaxie du tarse de cette même
1. Le 1er scutum d'HANSEN correspond en fait au 2e, le 2e correspond au 3e, etc.