Chimie des matériaux Phénomènes de corrosion page 2/12
a) piles avec électrodes différentes
Très souvent, dans l’industrie, des pièces métalliques sont constituées de métaux différents liés
entre eux: il suffit que ces métaux soient en contact avec de l’eau pour réaliser une pile (par
exemple, dans une installation de chauffage central, l’eau est amenée par une canalisation en
cuivre et le radiateur est en fer ou en fonte).
Réalisons les deux expériences suivantes
Deux électrodes court-circuitées, l’une de fer et l’autre de cuivre, plongent
dans une solution de NaCl à 1 mol.L–1 environ (milieu simulant l’eau
de mer). Ajoutons dans cette solution un peu d’orthophénanthroline.
Après environ 1/2 h, on constate un rosissement de la solution traduisant la
présence d’ions Fe2+ qui donnent avec l’orthophénanthroline un
complexe rose.
Il y a donc eu oxydation, c’est-à-dire corrosion du fer, selon:
Fe(S) → Fe2+ + 2 e–
L’électrode de cuivre est donc le siège d’une réaction de réduction. Ce ne peut
être Cu(S) qui est à l’état d’oxydation le plus bas. Grâce à la phénolphtaléine,
on peut montrer que la solution devient basique au voisinage du cuivre. On
envisage donc:
H2O + e– → ½ H2(G) + OH–,
d’où le bilan
Fe(S) + 2 H2O → Fe2+ + H2(G) + 2 OH–.
Bien entendu, on peut remarquer que des deux métaux en contact, c’est le plus électropositif donc le
plus réducteur qui s’est oxydé.
Refaisons l’expérience en remplaçant le cuivre par du zinc. Cette fois l’ajout
d’orthophénanthroline ne permet pas de détecter la présence de Fe2+.
Par contre, on voit apparaître un trouble blanchâtre au voisinage de
l’électrode de zinc par suite de la formation de Zn(OH)2(S) : il y a eu
oxydation du zinc, la réduction de l’eau ayant lieu sur l’électrode de fer
qui se trouve donc protégée.
Les ions OH–, provenant de H2O + e– → H2(G) + OH–, donnent un
précipité avec Zn2+. On prévoit donc le bilan:
Zn(S) + 2 H2O = Zn(OH)2(S) + H2(G)
On vérifie que les valeurs des potentiels standard permettent d’interpréter ces obser-
vations.
Remarque: Dans les deux expériences, si on laisse le phénomène se dérouler, on
constate une consommation des électrodes qui se corrodent (fer pour 1 et zinc
pour 2).
Conclusion: Lorsque deux métaux constituent une pile de corrosion, c’est le plus électropositif
(celui qui a le plus petit E°) qui se corrode.
Du même coup, nous avons mis en évidence une méthode pour protéger un métal de la corrosion :
le relier à un autre métal plus électropositif que lui.
Dans la pratique, même si un métal est seul, il peut donner lieu à des piles de corrosion
Ÿ si c’est un alliage, ses différents constituants jouent le rôle d’électrodes ;
Ÿ si la structure microscopique présente des défauts,
Ÿ s’il est soumis à des contraintes mécaniques, thermiques, etc...
Cu(S)
Fe(S)
Na
, Cl
0,34 V
Cu
Cu(S) Fe
Fe(S)
Zn(S)
Fe(S)
Na
—0,76 V
Zn
Zn(S)
Fe
Fe(S)
°