Leçon 205: Espaces complets: exemples et applications.
Adrien Fontaine
5 novembre 2012
1
Table des matières
1 Généralités 3
1.1 Dénitionsetexemples................................. 3
1.2 Premières propriétés des espaces complets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Théorèmedupointxe................................. 4
2 Espaces de Banach 7
2.1 Premièrespropriétés .................................. 7
2.2 Propriété de Baire et applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.3 ThéorèmesdeHahn-Banach .............................. 9
3 Espaces de Hilbert 11
3.1 Définitions et premières propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3.2 Projection sur un convexe fermé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3.3 Dualité dans un espace de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3.4 ThéorèmesdeHahn-Banach .............................. 13
3.4.1 Formegéométrique ............................... 13
3.4.2 Formeanalytique................................ 13
3.5 Théorèmes de Stampacchia et Lax-Milgram . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2
1 GÉNÉRALITÉS 3
1 Généralités
1.1 Définitions et exemples
Définition 1
Soit (E, d)un espace métrique et (xn)nNune suite de points de E. On dit que la suite (xn)
est de Cauchy, si et seulement si,
ε > 0,nεN/p, q nε, d(xp, xq)< ε
Remarque 1
Une suite convergente est de Cauchy.
La réciproque est fausse. Par exemple, la suite (un)définie par récurrence par
u0= 2
un+1 =un
2+1
un
est de Cauchy dans (Q,|.|)mais n’est pas convergente dans Q(sa limite dans Rest
2R\Q).
Une suite de Cauchy est bornée.
Attention, la notion de suite de Cauchy n’est pas topologique. On peut avoir une suite qui
est de Cauchy pour une distance donnée, mais qui ne l’est pas pour une distance topo-
logiquement équivalente. (voir Gourdon, exercice 2p22). Cependant, on a la proposition
suivante :
Proposition 1
Soient det d0deux distances uniformément équivalentes de E. Une suite (xn)est de Cauchy
dans (E, d)si et seulement si c’est une suite de Cauchy dans (E, d0).
Définition 2
On dit qu’un espace métrique (E, d)est complet si toute suite de Cauchy de Econverge.
Exemple 1
Les espaces Ret Rnsont complets.
L’ensemble Qn’est pas complet comme le montre l’exemple de la remarque ci-dessus.
1.2 Premières propriétés des espaces complets
Théorème 1 (Complétion d’un espace métrique)
Soit (E, d)un espace métrique. Alors, il existe un espace métrique complet (ˆ
E, δ)et une
injection isométrique i/ ˆ
Etelle que i(E)soit dense dans ˆ
E.
Démonstration : Gourdon, exercice 6p25
Exemple 2
Rest le complété de Q.
1 GÉNÉRALITÉS 4
Proposition 2
Toute partie complète d’un espace métrique est fermée.
Toute partie fermée d’un espace complet est complète.
Proposition 3
Soient (E1, d1), ..., (En, dn)des espaces métriques. L’espace métrique E1×... ×Enest complet
(au sens de la distance produit), si et seulement si, pour tout il’espace métrique (Ei, di)est
complet.
Proposition 4
Soit (E, d)un espace complet et (Fn)une suite de fermés non vides de E, telle que limn+δ(Fn) =
0(où δ(Fn)désigne le diamètre de Fn). Alors il existe xEtel que nNFn={x}.
Démonstration : Gourdon, proposition 9p20
Proposition 5 (Critère de Cauchy pour les fonction)
Soit (E, d)un espace métrique et (F, δ)un espace métrique complet. Soit une application
f:DEF, soient AEet a¯
A. La fonction fadmet une limite lorsque xtend vers a
selon Asi et seulement si
(ε > 0,α > 0,(x, y)A2),(d(a, x)< α et d(a, y)< α)δ(f(x), f(y)) < ε
Proposition 6 (Prolongement des applications uniformément continues)
Soient (E, d)et (F, δ)deux espaces métriques et Aune partie de Edense dans E. On suppose
que (F, δ)est complet. Soit f: (A, d)(F, δ)une application uniformément continue. Alors,
il existe une unique fonction g:EFuniformément continue, telle que g|A=f.
Démonstration : Gourdon, exercice 4p23.
Application :
1. construction de l’intégrale de Riemann à partir de l’ensemble des fonctions étagées. (trouver
une référence ou c’est bien fait)
2. prolongement de la transformée de Fourier de L1L2àL2(théorème de Plancherel, Rudin
p225)
1.3 Théorème du point fixe
Théorème 2 (Théorème du point fixe de Picard)
Soit (E, d)un espace métrique complet, et une application f:EEtelle que
k]0,1[,(x, y)E2, d(f(x), f(y)) kd(x, y)
(on dit alors que fest k-contractante). Alors fadmet un unique point fixe, i.e il existe un
unique xEtel que f(x) = x.
1 GÉNÉRALITÉS 5
Démonstration : Gourdon, théorème 1p21
Attention, toutes les hypothèses sont nécessaires comme le montrent les contre-exemples suivants :
Exemple 3
1. E=]0,1[ et f(x) = x/2: l’application est contractante de Edans lui même, mais sans
point fixe (En’est pas complet).
2. E= [0,1] et f(x) = x2+ 1 : l’espace est complet, fest contractante mais sans point
fixe (fn’applique pas Edans lui même puisque f(E) = [1,2]).
3. Eun espace complet quelconque et f(x) = x: tout point est fixe (fn’est pas contrac-
tante).
Conséquences :
Développement :
Théorème 3 (Théorème de Cauchy-Lipschitz global)
L’espace Rmest muni d’une norme k.k. Soient Iun intervalle de Ret f:I×RmRm
une application continue supposée globalement lipschitzienne en yau sens suivant : pour tout
intrevalle compact KI, il existe k > 0tel que pour tous tK,y, z Rm,
kf(t, y)f(t, z)k ≤ kkyzk
Alors, le système différentiel
y0=f(t, y), y(t0) = x
avec t0Iet xRmdonnés, admet une solution unique t7→ y(t)qui est définie sur Itout
entier.
En particulier, le résultat précédent s’applique notamment à tous les systèmes différentiels
linéaires
y0=A(t)y+b(t)
où la matrice A(t)et le vecteur b(t)sont continus en tsur I.
Démonstration : On suppose dans un premier temps que Iest compact :
On note E={y:IRm,continues}.
Pour yE,tI,F(y)(t) = x+Rt
t0f(x, y(s))ds.
Si yest solution du système différentiel sur I,t7→ y(t)est dérivable sur I(donc continue) et
y0(t) = f(t, y(t)) pour tIet y(t0) = x. Comme fest continue, y0est aussi continue, d’où en
intégrant
y(t) = Zt
t0
f(s, y(s))ds
i.e F(y) = y.
Réciproquement, si yest continue sur Iet F(y) = yalors yest dérivable et
(y0(t) = f(t, y(t))
y(t0) = x
Le problème équivaut donc à la recherche d’un point fixe yEpour l’application F.
Soit kla constante de Lipschitz associée à Iet lla longueur de I. On munit Ede la norme
kykk= max
tIek|tt0|ky(t)k
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