• Vu la fermeture d’un nombre important de places dans les établissements psychiatriques et le peu
d’investissements faits par la suite dans les soins communautaires, le nombre de personnes itinérantes qui
affichent des comportements nuisibles ou « affolants » a grimpé au fil des ans. La visibilité accrue des personnes
atteintes de maladie mentale jumelée aux stéréotypes injustes à leur égard, particulièrement en ce qui a trait au
danger qu’elles présentent pour les autres, devrait normalement faire monter les pressions en vue de « leur
trouver un endroit ». Mais les solutions de remplacement se font rares, et les services policiers se voient
contraints d’adopter le rôle « d’intervenants communautaires en santé mentale ».
• Chaque année, le nombre de personnes atteintes de troubles mentaux ayant des démêlés avec la justice
augmente d’environ 10 %, bien que les comportements violents soient à la baisse dans cette population. Les
personnes ayant une maladie mentale sont plus susceptibles d’être arrêtées et mises sous garde pour des affaires
de nuisance (p. ex. entrée non autorisée, inconduite), et de passer un temps exagéré à attendre leur sentence.
Les prisons provinciales sont aujourd’hui bondées de personnes atteintes de troubles mentaux, souvent
incarcérées pour de petits méfaits.
• En prison, les traitements sont limités et le personnel correctionnel n’a pas la formation voulue pour composer
avec les troubles mentaux. Les détenus ont peu accès aux services de santé mentale ou n’y font pas appel en
raison des préjugés entourant la maladie mentale. Selon des études récentes menées auprès de détenus
d’établissements fédéraux, seulement 48 % des personnes atteintes d’une maladie mentale grave font part de
leur état de santé à un médecin ou à un intervenant en santé mentale.
• Le suicide est actuellement la première cause de décès dans les établissements correctionnels canadiens.
• En 1997, le Canada a réacheminé hors du système pénal officiel seulement 25 % des jeunes contrevenants
canadiens, comparativement à 53% aux États-Unis, à 57 % en Grande-Bretagne et à 61 % en Nouvelle-Zélande.
Même s’il est reconnu que les jeunes contrevenants affichent des taux élevés de troubles mentaux, le traitement
de la maladie mentale ne fait habituellement pas partie des composantes de base de la réadaptation.
Le Discours du Trône de 1996 reconnaissait que l’appareil canadien de justice pénale faisait face à des défis complexes,
et s’engageait à adopter une approche équilibrée qui « concentrera ses ressources correctionnelles sur les délinquants
à risque élevé [...] Pour ce qui est des délinquants à faible risque, le gouvernement envisagera d'autres peines que
l'incarcération. »
Tribunal de traitement de la toxicomanie
Dans le cadre de sa Stratégie nationale sur la sécurité communautaire et la prévention du crime, le ministère fédéral
de la Justice a versé en 1998 plus de 1,5 million de dollars pour financer le premier tribunal canadien de traitement
de la toxicomanie (TTT), à Toronto. En 2001, un deuxième TTT voyait le jour à Vancouver. Partie intégrante du système
judiciaire, ces tribunaux constituent une solution de rechange à l’incarcération. En misant sur le traitement plutôt
que la prison, ils offrent aux personnes condamnées pour infractions liées aux drogues une façon novatrice de rompre
le cycle de la dépendance, de la criminalité et de l’emprisonnement. On évalue à 50 % la proportion de personnes
atteintes de troubles mentaux qui consomme de l’alcool ou des drogues illégales, comparativement à 15 % dans la
population générale.
Réagissant aux données préliminaires positives sur la réduction de la toxicomanie et des taux de récidive, le gouver-
nement canadien annonçait en mai 2003 qu’il consacrera jusqu’à 23 millions de dollars sur cinq ans à l’expansion de
son programme de TTT. Les fonds affectés aux TTT contribueront au maintien des tribunaux existants et à la création
d’au plus trois nouveaux TTT (emplacements à déterminer) d’ici 2004.
L’appareil canadien de justice pénale est un réseau complexe de services policiers, de procureurs, de tribunaux, de
commissions de libérations conditionnelles et d’organismes correctionnels autonomes mais interreliés sur le plan
procédural. Des organisations fédérales, provinciales et territoriales y jouent toutes un rôle, mais aucune d’entre elles,
ni aucune autorité, n’exerce de contrôle sur le système entier. Au Canada, le taux d’incarcération des adultes est
actuellement parmi les plus élevés, après celui des États-Unis et de la Hongrie. Nous mettons également derrière les
barreaux plus de jeunes que la plupart des pays industrialisés, ainsi que de nombreuses personnes atteintes de troubles
mentaux. Un nombre croissant de personnes passe entre les mailles des systèmes de santé et de services sociaux, pour
aboutir dans l’appareil de justice pénale. Depuis quelques années, le besoin de solutions de remplacement à
l’emprisonnement se fait de plus en plus criant.
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