Cannabis et troubles psychiatriques

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Cannabis et troubles psychiatriques
Alain DERVAUX, MD, PhD
Service d’Addictologie (Dr Laqueille) CH Sainte-Anne. Paris
[email protected]
Rennes, RESSPAD, 14 Juin 2012
TROUBLES PSYCHIATRIQUES INDUITS PAR
LE CANNABIS
Critères de sevrage au cannabis proposés pour le DSM-5
[http://www.dsm5.org]
•
Arrêt d’une utilisation de cannabis qui a été massive et prolongée
•
Au moins 3 des manifestations suivantes:
1. Irritabilité, colère ou agressivité [Vandrey et al. 2011]
2. Nervosité ou anxiété [Budney et al. 2008, 2006; Chung et al. 2008 ; Hasin et al. 2008 ;
Preuss et al. 2009; Copersino et al. 2010; Levin et al. 2010; Allsop et al. 2011]
3. Insomnie
4. Appétit diminué ou perte de poids
5. Agitation
6. Humeur dysphorique ou dépressive
7. Symptômes somatiques: au moins 1 symptôme: douleur
épigastrique, tremblements, sueurs, fièvre, frissons, céphalées
•
Intensité maximale entre les 3ème et 7ème jours
•
Disparition 28 jours après l’arrêt de la consommation
•
Fréquence des symptômes de sevrage à l’arrêt ou à la
 de la consommation de cannabis chez 131 patients
dépendants
Sevrage
Fréquence
Anxiété, irritabilité
75 %
Insomnie
74 %
Sueurs
35 %
Sensations de faiblesse
30 %
Tremblements
27 %
Céphalées
20 %
Tachycardie
20 %
Nausées
11%
Diarrhées
7%
Hallucinations
2%
Balance Décisionnelle
Choses que je trouve positives dans la
consommation du cannabis
Choses que je trouve négatives dans la
consommation du cannabis
Le plaisir à fumer
8
L’accoutumance
10
Le goût (herbe)
7
Le manque de motivation
10
Le relâchement après consommation
10
Les finances
10
Me sentir moins « stressé, énervé »
10
Le temps perdu à rouler et à fumer
9
« Les moments de partage » avec d’autres
consommateurs
5
Les méfaits liés à la santé
8
Un mauvais exemple pour mon enfant et
pour les autres
10
Pour mon cas : le fait que je n’arrive pas
à « gérer » la consommation
10
Les effets négatifs : perte de la mémoire à
court et long terme, « bads trips »,
Dépendance au cannabis : traitement du sevrage
•
Traitement anxiolytique :
•
Eviter les benzodiazépines sauf si dépendance associée aux
anxiolytiques
•
Hydroxyzine (Atarax ®)
•
Neuroleptiques sédatifs (Tercian ®), mais parfois mal tolérés
(sédation importante)
•
Traitement hypnotique :
•
Hypnotiques n'induisant pas de tolérance ou de dépendance
comme Stilnox ®, Imovane ®, Théralène ®
•
Eviter les benzodiazépines surtout le Rohypnol ®
TROUBLES PSYCHIATRIQUES INDUITS PAR LE
CANNABIS
•
Etats d’angoisse aiguë type attaque de panique
•
Près de 20% des usagers de cannabis [Zvolensky et al. 2008]
•
Effets psychotomimétiques du cannabis connus depuis Moreau
de Tours
Du Haschich et de
l’aliénation mentale
1845
► 1er phénomène : Sentiment de bonheur
► 2ème phénomène : Excitation, dissociation des idées
► 3ème phénomène : Erreurs sur le temps et l’espace
► 4ème phénomène : Développement de la sensibilité de l’ouïe
► 5ème phénomène : Idées fixes, convictions délirantes
► 6ème phénomène : Lésions affectives
► 7ème phénomène : Impulsions irrésistibles
► 8ème phénomène : Illusions, hallucinations
Troubles psychotiques induits par le cannabis
•
Symptômes psychotiques chez des sujets indemnes de pathologie
psychotique [D'Souza et al. 2009; Favrat et al. 2005; Johns 2001; Krebs et al. 2003; Luzi et
al. 2008; Mathias et al. 2008; Morrison et al. 2009]
- Idées délirantes de persécution (on lit dans leurs pensées), de
suspicion « Effet parano »
- Déréalisation-dépersonnalisation
- Désorganisation de la pensée
- Idées délirantes de grandeur
- Désorganisation conceptuelle
- Illusions, déformations de l’image du corps
• Troubles psychotiques induits par le cannabis
•
Jusqu’à 15 % des consommateurs [Johns 2001]
•
Apparition 1 h à 1 h30 après le début de la consommation [Verdoux et
al. 2003]
•
Peuvent durer 12 à 24 heures, et disparaissent en quelques jours
•
1 semaine maximum [Favrat et al. 2005, Johns 2001]
Effets subjectifs de la consommation de cannabis
1ères prises
Habituellement
Décontraction / détente
94 %
94 %
Trouble de la mémoire
47 %
79 %
Trouble de la concentration/attention
53 %
72 %
Troubles de la perception de l’espace / du temps
55 %
50 %
Trouble du cours de la pensée (difficultés à exprimer ses idées,
pensées embrouillées)
27 %
49 %
Euphorie / Exaltation
87 %
42 %
Hypersensorialité, Exacerbation des sens
42 %
32 %
Idées de référence
16 %
31 %
Désinhibition
35 %
32 %
Humeur dépressive
6%
28 %
Humeur dépressive
6%
28 %
Troubles de l’équilibre/Coordination
21 %
28 %
Anxiété/angoisse
7%
16 %
Dépersonnalisation /déréalisation
8%
10 %
Hallucinations auditives
3%
5%
Hallucinations visuelles
1%
1%
Feuilles séchées
« Herbe»
Taux de Δ-9-THC
Taux de cannabidiol
• 6–14 %
•  20% dans 5% des échantillons
(« Skunk »)
• Faible
• Très faible
Résine de cannabis, • 7-12%
Haschich, « shit »
•  20% dans 3,4% des
échantillons
+++
Troubles psychotiques induits par le cannabis
Evolution
•
Cohorte de patients évalués dans un service d’urgences
psychiatriques présentant un diagnostic de psychose induite par
une substance (cannabis dans 19% des cas)
 25% ont reçu un diagnostic de psychose primaire après 1 an de
suivi [Caton et al. 2007]
•
Autre étude sur des patients diagnostiqués avec un TP (n=35), induit
par le cannabis (n=29 sujets) et les stimulants (n=20) un tiers des
patients ont été diagnostiqués avec un trouble schizophrénique
dans les 2 ans suivant l’évaluation initiale [Crebbin et al. 2009]
•
Etude prospective danoise sur le devenir des troubles psychotiques
induits par le cannabis
 près de la moitié d’entre eux ont reçu ultérieurement un
diagnostic de trouble schizophrénique (durée moyenne du suivi : 6
ans) [Arendt et al. 2008]
Syndrome amotivationnel
•
Caractérisé par une  de l'activité intellectuelle et sociale [Deniker
et al. 1973]
•
Apragmatisme, athymormie, désintérêt
•
Humeur souvent dépressive
•
Régresse spontanément après plusieurs semaines
de sevrage.
•
•
•
 neuroleptiques désinhibiteurs:
Sulpiride (Dogmatil): 150-400 mg/jour
Amisulpride (Solian): 50-100 mg/jour
Carpipramine (Prazinil): 100 mg/jour
Troubles cognitifs induits par le cannabis
•
Troubles de l’attention +++
•
Troubles de la mémoire, surtout mémoire de travail [Pope et al.
2002; Solowij et al. 2002; Honarmand et al. 2011]
•
Impact sur l’apprentissage, le raisonnement, les acquisitions
scolaires et les tâches professionnelles complexes qui
demandent flexibilité mentale, aptitude à écarter des stratégies
inefficientes et capacités à profiter de l’expérience [Roser et al.
2009]
 lenteur et persévérations (+ d’anomalies aux tests).
•
Sujets à risque: adolescents en situation d’échec scolaire
CANNABIS ET
COMORBIDITÉS PSYCHIATRIQUES
CANNABIS & AUTRES ADDICTIONS
Antécédents familiaux d’addictions
•
39% des sujets avaient des antécédents familiaux de
consommation problématique d’alcool (apparentés du 1er degré :
n=24; du 2ème et du 3ème degré: n=25)
•
Drogues 25% [Dervaux et al. 2011; Merikangas
et al. 2009]
CANNABIS & ALCOOLODEPENDANCE & TABAC
•
Alcoolodépendances:
- Vie entière: 27% (dépendance: 21%, abus: 6%) [Dervaux et al. 2011]
- Dépendance actuelle: 12%
•
Tabac: 99%
- 15 cigarettes/jour
- Age moyen 1ère cigarette: 13,7 ans
- Age moyen consommation régulière: 16 ans
Dépendance au cannabis : Comorbidités addictologiques
Vie entière
Expérimentation au
moins 1 fois
Dépendance
Cocaïne
57%
4%
Amphétamines
45%
0%
Opiacés
20%
6%
Dépendance cannabis: comorbidités psychiatriques
•
National Comorbidity Survey: Troubles psychiatriques au cours de la
vie : 90%, contre 55% des sujets sans abus de cannabis [Agosti et al. 2002,
Chen et al. 2004]
•
Seulement 21% des sujets n’avaient aucun diagnostic psychiatrique
associé vie entière
•
NESARC critères DSM-IV Stinson 2006
CANNABIS & TROUBLES DE PERSONNALITÉ
CANNABIS & TROUBLES DE PERSONNALITÉ
•
NESARC Study: 61% [Stinson et al. 2006]
•
Troubles de personnalité antisociales + fréquents chez les sujets
dépendants au cannabis que chez les non consommateurs [Hasin
et al. 2011]
•
par ex, dans l’étude ECA, fréquence de la personnalité
antisociale parmi les sujets avec abus/dépendance au cannabis:
15% [Regier et al. 1990]
•
Population clinique: 30% [Dervaux et al. 2011; Arendt et al. 2004]
Alexithymie
•
Trouble émotionnel caractérisé par la difficulté ou l'incapacité à
exprimer ses émotions, sentiments et affects
•
Recours à l'action pour éviter ou résoudre les conflits, sans
représentation de l'affect
•
Au lieu de décrire des sentiments et des affects, il décrit des
sensations physiques [McDougall J. Rev Franç Psychanalyse 2004;68:511-27]
•
41 % chez les patients toxicomanes [Guilbaud 2002]
•
Contre 10-20% en population générale
1999]
[Guilbaud 2002, Taylor 1990, Troisi
CANNABIS & TROUBLES DEPRESSIFS
CANNABIS & TROUBLES DEPRESSIFS
•
NESARC Study, population non clinique: 18% dans les 12 mois,
25% vie entière
•
Population clinique: 29% vie entière [Dervaux et al. 2011]
•
TS: 16% [Dervaux et al. 2011]
Cannabis & dépression: en pratique
1)
Cannabis automédication de sujets déprimés: parfois
2)
Cannabis  le risque de dépression (ECA Study)
[Bovasso 2001;
Moore 2007]
3)
Dans des populations de sujets jeunes
 Recherche de troubles dépressifs chez les consommateurs
 Intérêt du sevrage +++
Balance Décisionnelle
Pour la consommation
- Habitude
- Plaisir
- Combler un vide
Contre la consommation
- Problèmes avec les
autres
- Dépression
- Perte de l’estime de soi
- Perte d’argent
Pour l’arrêt
- Pouvoir passer + de
temps avec la famille
- + d’argent économisé
- Fierté
- Moins déprimé
Contre l’arrêt
-Trop de temps vide
- Impossible d’imaginer la
vie sans consommer
Troubles dépressifs et addictions
•
 A tous les stades de l'évolution
•
Motif fréquent de recours aux soins
•
Expression symptomatique de la dépression dans cette population
fréquemment comportementale:
- Irritabilité [STAR-D: Davis et al. 2006]
- Conduites de risques [Havard et al. 2006]
- Comportements agressifs
- Conduites suicidaires [STAR-D: Davis et al. 2006]
- Intoxications massives
- Réveil de l'appétence pour les substances
Leventhal AM et al.Agitated depression in substance dependence. Drug Alcohol Depend 2011;116:163-9
Troubles dépressifs et addictions
•
Signes dépressifs habituels au 2ème plan du tableau clinique :
- tristesse
- ralentissement
- perte de l'élan vital
- auto-dévalorisation
- etc...
Dépendance au cannabis: traitement des troubles
dépressifs
•
Inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine ISRS:
fluoxétine, paroxétine, escitalopram, sertraline…
•
Autres: venlafaxine, tianeptine, miansérine…
•
Antidépresseurs tricycliques (clomipramine)
CANNABIS & TROUBLES ANXIEUX
CANNABIS & TROUBLES ANXIEUX
•
Etude NESARC [Conway et al. 2006] :
•
48,5% des sujets dépendants au cannabis ont présenté des
troubles anxieux sur la vie entière:
- 22,5% attaques de panique
- 21% phobies sociales
- 21% des troubles anxieux généralisés)
Avantages
Inconvénients
Court terme
Court terme
Euphorie
Avoir un accident de voiture
Bien être
Faire un mauvais « trip »
Etre moins timide
Etre placé en garde à vue
Faciliter les rencontres
Se désinhiber
Oublier les soucis
Faire comme les autres
Long terme
Long terme
Avoir des troubles de la mémoire
Avoir des troubles de la concentration
Etre en échec scolaire
Effets « parano »
Obligé de dealer pour maintenir sa
consommation
CANNABIS & TROUBLES BIPOLAIRES
CANNABIS & TROUBLES BIPOLAIRES
•
NESARC Study:
•
23% des sujets dépendants au cannabis ont présenté un épisode
maniaque au cours de leur vie
•
10% un épisode hypomaniaque [Conway et al. 2006]
•
Associé avec troubles maniaques
•
[Baethge et al. 2001, Strakowski et al. 2000]
Fréquence de la dépendance au cannabis chez les patients
bipolaires (n=471) : 29% [Agrawal et al. 2011]
Diagnostic du trouble bipolaire : les pièges
Sous diagnostic
•
Troubles bipolaires difficiles à diagnostiquer
•
Retard au diagnostic entre le début des troubles et confirmation
du diagnostic, en particulier pour les troubles bipolaires II : 8 ans
en moyenne
•
Difficile, chez un patient, de situer le début des troubles bipolaires
•
Début des troubles par des épisodes dépressifs
•
Etudes chez enfants et adolescents: l’émergence d’un trouble
bipolaire caractérisé en général précédée d’une 1ère phase,
précoce, marquée par des manifestations thymiques de faible
intensité, spontanément résolutives [Luby & Navsaria 2010]
Diagnostic du trouble bipolaire : les pièges
Sous diagnostic
•
Difficultés à identifier les épisodes hypomaniaques
•
Manque d’insight des patients
•
Banalisation des symptômes d’hypomanie perçus comme
valorisants
- Irritabilité, hyper-réactivité émotionnelle
- Distractibilité
- Insomnie
- Idées de grandeur
- Fuite des idées
- Hyperactivité
- Logorrhée, tachypsychie
Guide HAS: signes d’appels à la recherche d’une bipolarité
www.has-sante.fr
•
Présence de 3 épisodes dépressifs récurrents ou +
•
Notion d’hypomanie même brève, y compris un épisode déclenché par un
antidépresseur
•
Début d’un épisode (maniaque, dépressif) durant le postpartum
•
Début des épisodes dépressifs récurrents < âge de 25 ans
•
Antécédents familiaux de troubles bipolaires ou de suicide
•
Antécédents personnels de TS
•
Réponse atypique à un traitement antidépresseur:
- Non réponse thérapeutique
- Aggravation des symptômes
- Agitation
- Apparition de symptômes d’hypomanie
Diagnostic du trouble bipolaire : les pièges
Sur diagnostic
•
Diagnostic difficile +++ chez les patients avec conduites
addictives, en raison du chevauchement symptomatique entre les
2 troubles
•
Manifestations cliniques de la consommation de substances,
surtout alcool, la cocaïne et les amphétamines [Aubin 2006; Sherwood
Brown et al. 2001; Zimmerman et al. 2008]
- Logorrhée
- Excitation psychomotrice
- Désinhibition
•
Symptomatologie de l’ivresse +++
Certaines études ont retrouvé qu’un bon nombre des troubles de
l’humeur étiquetés bipolaires étaient en réalité des troubles
induits par la consommation de substances ou par le sevrage
[Stewart C, El-Mallakh 2007; Zimmerman et al. 2008]
•
► En pratique, seul le sevrage et une période d’abstinence
suffisamment longue peut permettre de faire la part des choses
Diagnostic du trouble bipolaire : les pièges
Sur diagnostic
•
Diffusion d’informations dans les médias et sur Internet favorisent
l’autodiagnostic de troubles bipolaires
•
Campagnes contre le sous diagnostic
•
Nombreux traitements disponibles
•
 tous les patients déprimés / agités / anxieux / irritables /
tachypsychiques ne sont pas des bipolaires
Surdiagnostic chez
les soignants ?
Impact de l’abus de substances (alcool, cocaïne +++) sur
le trouble bipolaire: + péjorative
•
Nombre total d’épisodes thymiques + , épisodes dépressifs +
longs
•
Virages + fréquents lors des épisodes dépressifs ou maniaques
[Ostacher et al. 2010; Jaffee et al. 2009; Vieta et al. 2009]
•
Accélération des cycles :  fréquence des états mixtes et cycles
rapides (> 4 épisodes/an) [Swann 2010]
•
Rémissions de moins bonne qualité
•
Observance aux traitements – bonne
•
 du risque suicidaire, violence, désinsertion sociale, problèmes
médico-légaux [Cerullo & Strakowski 2007; Frye & Salloum 2006; Fazel et al. 2010; Jaworski
et al. 2011; Oquendo et al. 2010; Sonne & Brady 2002; Swann 2010 Vornik & Brown 2006]
recommandations en accès libre sur le site de l’HAS:
www.has-sante.fr
Traitement troubles bipolaires
•
Traitement des troubles bipolaires fondés en 1ère intention sur
les thymorégulateurs en monothérapie le + souvent possible:
•
Thymorégulateurs
- Lithium = Théralithe 
- Divalproate de sodium = Depakote  500-2000 mg/j
- Valpromide = Depamide  500-2000 mg/j
•
Antipsychotiques atypiques:
- Aripiprazole = Abilify  10-30 mg/j
- Olanzapine = Zyprexa  5-20 mg/j
- Rispéridone = Risperdal  2-8 mg/j (hors AMM)
•
En 2ème ligne ou à visée adjuvante : hors AMM: neuroleptiques
conventionnels,
(cyamémazine),
anticonvulsivants:
carbamazépine (Tégretol), lamotrigine (Lamictal), gabapentine
(Neurontin), Oxcarbazépine (Trileptal)
Traitement troubles bipolaires
•
Traitements antidépresseurs prescrits hors AMM à utiliser avec
précaution et sous étroite surveillance, en raison du risque accru
de comportement suicidaire et en raison du risque de virage
maniaque
•
Antidépresseurs utilisés sous couverture d’un thymorégulateur et
de préférence après sevrage
•
Arrêtés rapidement lors de la rémission de la symptomatologie,
en raison de l’induction possible de virages de l’humeur ou de
cycles rapides [HAS 2009; Grunze et al. WSFBP 2009; Ng et al. ISBD 2009]
CANNABIS & TROUBLES PSYCHOTIQUES
•
Années 1960/70: liens entre consommation de cannabis et troubles
psychotiques :
•
Deniker P et al. Comparaison des effets cliniques du delta-9tétrahydrocannabinol avec les actions classiques du haschisch. Encéphale
1975;1:33-41.
LE CANNABIS, FACTEUR DE RISQUE DE SCHIZOPHRENIE
•
8 études longitudinales
•
Ont montré que le cannabis  le risque de troubles psychotiques
•
En particulier schizophrénie
Augmentation du risque de troubles psychotiques par la consommation de
cannabis: études longitudinales
N
Définition
Evaluation
Odds Ratio
(IC 95%)
Usage de cannabis > 50 fois vie
entière
Schizophrénie
3,1 (1,7-5,5)
Zammit et al. 2002
(Suède)
50053
Van Os et al. 2002
(Pays-bas)
4045
Usage de cannabis vie entière
Symptômes psychotiques
(BPRS)
2,8 (1,2-6,5)
Weiser et al. 2002
(Israël)
50413
Usage de cannabis vie entière
Schizophrénie
2,0 (1,3-3,1)
759
Usage de cannabis à l’âge de 15
ans
Troubles
schizophréniformes
3,1 (0,7-13,3)
Fergusson et al. 2003
(Nouvelle Zélande)
1011
Dépendance au cannabis à l’âge
de 18 ans
Symptômes psychotiques
à l’âge de 21 ans
1,8 (1,2-2,6)
Stefanis et al. 2004 (Grèce)
3500
Usage de cannabis vie entière
Symptômes psychotiques
positifs et négatifs
4,3 (1,0-17,9)
Henquet
et
(Allemagne)
2437
Usage de cannabis vie entière
Symptômes psychotiques
1,7 (1,1-2,5)
1580
Usage de cannabis
Symptômes psychotiques
(CIDI)
2,8 (1,8-4,4)
Arseneault et al.
(Nouvelle Zélande)
al.
Ferdinand et al. 2005
(Pays-Bas)
2002
2005
• Méta-analyse 7 études: OR: 2,1, (IC 95%: 1,7-2,5) [Henquet et al. 2005]
• Méta-analyse 35 études: OR=1,41, CI 95%: 1,20-1,65) [Moore et al. Lancet 2007]
Augmentation du risque de troubles schizophréniques par la consommation
de cannabis: études longitudinales
Niveau de preuve
•
Relation dose-effet: Etude suédoise, étude Nemesis et métaanalyse [Moore et al. 2007; Van Os et al. 2002; Zammit et al. 2002]
•
Risque spécifique au cannabis: indépendant de la consommation
d’autres substances, en particulier d’amphétamines [Arseneault et al.
2002, Van Os et al. 2002, Zammit et al. 2002]
•
Plausibilité biologique: anomalies du système endocannabinoïde
dans la schizophrénie
•
Risque  +++ chez les sujets prédisposés: antécédents familiaux
de troubles psychotiques [Henquet et al. 2005; Mc Guire et al. 1995; Van Os et al.
2002; Verdoux et al. 2003]
•
 du risque chez les sujets qui ont débuté leur consommation
avant l’âge de 15 ans
•
•
Age:
Dunedin Study: Risque de troubles psychotiques  lorsque le
début de la consommation survient avant l’âge de 15 ans (OR: 3,12
vs 1,42 à à l'âge de 18 ans) [Arseneault et al. 2002]
•
Etude prospective australienne de 228 paires de jumeaux évalués
sur une période de 21 ans
•
Parmi les jumeaux dont l’1 d’entre eux avait commencé la
consommation plus précocement, le risque de troubles
psychotiques
ultérieurs
était
effectivement
plus
,
indépendamment d’autres facteurs [McGrath et al. Arch Gen Psychiatry
2010;67:440-7]
Fréquence de l’abus et dépendance au cannabis lors du 1er épisode psychotique
N
Age Moyen
Critères diagnostiques
Fréquence vie entière
Hambrecht et al 1996 (Allemagne)
232
np
ICD 9
13 %
Kovasznay et al 1997 (U.S.A.)
96
27
CIDI/DSM-III-R
30 %
Rabinowitz et al. 1998 (U.S.A.)
224
np
SCID/DSM-III-R
30 %
Cantwell et al. 1999 (Grande Bretagne)
104
np
SCAN*
12 %
Verdoux et al 1999 (France)
65
31,5
MINI/DSM-IV
22 %
Sevy et al. 2001 (U.S.A.)
118
26
RDC
20 %
Sorbara et al 2003 (France)
58
31,3
DSM-IV
16 %
Pencer & Addington 2003 (Canada)
266
24
SCID/DSM-IV
33 %
Green et al 2004 (U.S.A. & Europe)
262
42
DSM-IV
28 %
Cougnard et al 2004 (France)
86
27,8
ICD 10
64 %
Van Mastrigt et al. 2004 (Canada)
357
24
SCID/DSM-IV
35 %
Lambert et al. 2005 (Australie)
643
21,6
SCID/DSM-IV
42 %
Wade et al. 2005 (Australie)
103
21,6
DSM-III-R
42 %
Hides et al. 2006 (Australie)
84
24,5
DSM-IV
70 %
Barnes et al. 2006 (GB)
152
26,1
DSM-IV
68%
Addington & Addington 2006 (Canada)
203
25
SCID/DSM-IV
33 %
Mauri et al. 2006 (Milan, Italie)
285
27,5
DSM-IV-TR
28 %
Larsen et al. 2007 (Norvège)
300
27,9
SCID/DSM-IV
13 %
Archie et al. 2007 (Canada)
183
24,4
SCID/DSM-IV
38 %
Barnett et al. 2007 (GB)
123
25
SCID/DSM-IV
51 %
de Haan et al. 2007 (Pays-Bas)
119
20,9
DSM-IV
32 %
Miller et al. 2009 (U.S.A.)
112
23-25
SCID/DSM-IV
44 %
Turkington et al. 2009 (Irlande)
194
30,6-36,9
DSM-IV
21 %
•
Début des troubles psychotiques plus précoce surtout
•
Si début de la consommation de cannabis précoce [Leeson et al. 2011]
•
En particulier avant l’âge de 14 ans [Schimmelmann et al. 2011]
•
•
•
•
 avec intensité de la consommation [Compton et al. 2009]
FEP: Usage: 7ans + précoce
Abus: 8,5 ans
Dépendance: 12 ans
•
Plus de 200 patients hospitalisés après un 1er épisode psychotique
évalués après 6 mois, 2 ans, 4 ans et 10 ans:
•
Sujets consommateurs de cannabis avaient une symptomatologie
psychotique aggravée par rapport aux sujets non consommateurs,
en particulier symptômes positifs et de désorganisation [Foti et al. 2010]
Influence de la consommation de cannabis sur les 1ers
épisodes psychotiques
•
•
Conséquences psychosociales dès le 1er épisode psychotique
Observance aux traitements moins bonne [Linszen et al. 1994; Miller et al.
2009]
•
Durée de la psychose non traitée plus grande [Green et al. 2004]
•
 le risque de rechutes [Hides et al. 2006; Linszen et al. 1994]
•
 le risque suicidaire [Verdoux et al. 1999]
•
 les passages à l’acte agressifs [Milton et al. 2001]
•
 les problèmes médico-légaux [Archie et al. 2007 ; Fazel al. 2009]
•
 la fréquence des hospitalisations sous contrainte [Archie et al. 2007;
Mazzoncini et al. 2009]
•
 la fréquence des réhospitalisations [Grech et al. 2005; Sorbara et al. 2003;
Wade et al. 2006]
Addictions associées
Polydépendances:
Cannabis + Alcool +
Opiacés
21%
Abus/dépendance
Cannabis seul
42%
Abus/dépendance
Cannabis + Sédatifs
3%
Abus/dépendance
Cannabis + Alcool
34%
Patients schizophrènes avec abus ou dépendance (n=30) au cannabis vie entière [Dervaux et al. 2003]
•
Etude en milieu naturel: à aucun moment la consommation de
cannabis n’est survenue après la survenue de symptômes
psychotiques [Henquet et al. Br J Psychiatry. 2010;196:447-53; Swendsen et al.
Am J Psychiatry. 2010; Nov 15]
•
Effets euphorisants et anxiolytiques, recherchés par les sujets,
surviennent dans un 1er temps
•
Effets psychotomimétiques dans un 2ème temps
PRISE EN CHARGE
• Beaucoup de patients à double diagnostic traités dans
des services de psychiatrie, au risque d’une
méconnaissance de la dimension addictologique
• Ou dans des services d’addictologie au risque d’une
méconnaissance de la dimension psychiatrique
PRISE EN CHARGE
• C’est pourquoi certains auteurs ont insisté sur l’intérêt
de traiter simultanément les troubles psychiatriques et
les addictions, en associant étroitement les équipes
psychiatriques + addictologiques.
• La prise en charge globale a pour effet une amélioration
symptomatique
Aspects thérapeutiques
•
Etudes préliminaires:
•
Les patients schizophrènes réduisent + leur consommation de
substances avec les antipsychotiques atypiques [Buckley 2001, Green et
al. 2005, Green et al. 2007, Wobrock & Soyka 2008]
•
En particulier la clozapine
•
Cependant, cette efficacité reste à démontrer par des études
portant sur de grands nombres de patients [Hjorthøj et al. 2009]
[Brunette et al. 2006, Drake et al. 2006]
ANTIPSYCHOTIQUES ATYPIQUES
•
Belgamwar et al. Aripiprazole versus placebo for schizophrenia. Cochrane Database Syst Rev.
2011 Aug 10;(8):CD006622.
•
Komossa et al. Risperidone versus other atypical antipsychotics for schizophrenia. Cochrane
Database Syst Rev. 2011 Jan 19;(1):CD006626. Review.
•
Asenjo Lobos et al. Clozapine versus other atypical antipsychotics for schizophrenia. Cochrane
Database Syst Rev. 2010 Nov 10;(11):CD006633.
•
Komossa et al. Olanzapine versus other atypical antipsychotics for schizophrenia. Cochrane
Database Syst Rev. 2010 Mar 17;(3):CD006654.
•
Komossa et al. Quetiapine versus other atypical antipsychotics for schizophrenia. Cochrane
Database Syst Rev. 2010 Jan 20;(1):CD006625. Review.
•
Komossa et al. Amisulpride versus other atypical antipsychotics for schizophrenia. Cochrane
Database Syst Rev. 2010 Jan 20;(1):CD006624.
•
Komossa et al. Aripiprazole versus other atypical antipsychotics for schizophrenia. Cochrane
Database Syst Rev. 2009 Oct 7;(4):CD006569.
•
Bola et al. Antipsychotic medication for early episode schizophrenia. Cochrane Database Syst
Rev. 2011 Jun 15;(6):CD006374.
ASPECTS THERAPEUTIQUES
•
Doses des antipsychotiques atypiques et de neuroleptiques
conventionnels à réévaluer systématiquement après sevrage
•
Certaines substances, en particulier le tabac et le cannabis  les
taux sanguins d’antipsychotiques.
•
D’autre part les patients sevrés nécessitent des doses + faibles de
traitements antipsychotiques.
CONCLUSIONS
•
Système endocannabinoide: rôle important lors de la phase de
développement cérébral à l’adolescence : modulation d’autres
neurotransmetteurs [Berghuis et al. 2007; Di Marzo 2009; D’Souza et al. 2009; Harkany
et al. 2008; Mulder et al. 2008]
Influence sur le développement des neurones:
•
•
•
•
•
•
Prolifération
Migration
Différentiation
Morphogenèse et la synaptogenèse des neurones
Arborisation dendritique
Elongation et migration axonale
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