43 RUE DU COLONEL PIERRE AVIA
75503 PARIS CEDEX 15 - 01 46 48 48 48
AVRIL 09
Mensuel
OJD : 278151
Surface approx. (cm²) : 3173
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IFREMER
1884149100505/GVB/AMS/2 Eléments de recherche : Toutes citations : - IFREMER ou Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer - JEAN-YVES PERROT :
Pdg de l'Ifremer/Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer
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Ses eaux en partie glacées, battues par les vents
les plus violents, ont longtemps rendu l'océan Austral inacces-
sible aux campagnes scientifiques Maîs, à partir des années
1990, des mesures ont été menées, qui commencent à livrer
leurs résultats les océanographes doivent aujourd'hui revoir leur
modèle des courants marins car cette immensité méconnue a en
réalité un rôle moteur dans la circulation océanique mondiale
Ocean
Austral
Le nouveau
maître des
courants marins
atMerre Lefevre^
C'est l'océan le plus redoute des marins
Les vents y sont parmi les plus puissants
du monde En son centre le continent
antarctique, hoshle et glacial, entouré du
courant mann, le bien nommé courant
circumpolaire, qui chaine 150 millions
de mètres cubes par seconde Soit
150 fois le débit de tous les fleuves
du monde Trop lom des côtes, trop
violent, trop vaste, l'océan Austral s'est
peu prêté aux expéditions scientifiques
Jusqu'aux années 1990, quand clima-
tologues et océanographes, souhaitant
compléter leur connaissance des liens
entre atmosphère et océan et profitant
du développement d'importantes
flottes de capteurs, ont engagé plusieurs
campagnes de mesures globales (voir
encadré p 94). Des millions de données
- relevés de température, de salinité, de
courants - sont ainsi venues, peu à peu,
documenter le peu que l'on savait des
eaux du pôle Sud Près de deux décen-
nies plus tard, l'analyse de cette masse de
données livre ses résultats, actuellement
en cours de consolidation Et, surpnse,
c'est un visage totalement inattendu de
l'océan Austral qu'ont dessiné, peu
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C'est grâce aux polynies, ces vastes trous dans la
banquise, que les eaux plongent dans les profondeurs.
LA GRANDE BOUCLE OCEANIQUE
La circulation ocea-
nique mondiale
s'apparente a un
gigantesque tapis
roulant Sous les
hautes latitudes de
l'hémisphère Nord,
l'énergie reçue du
Soleil par l'océan est
moindre, du fait de
l'obliquité de la Terre
Conséquence les
eaux de l'Atlantique
Nord sont froides, et
donc denses Comme
elles sont denses,
elles plongent dans
les abysses des mers
de Norvege, du
Groenland et du
Labrador En plon-
geant, elles libèrent
de la place pour de
gigantesques
volumes qui, par effet
de vase communi-
cant, vont "tirer" des
eaux situées plus au
sud, dans les autres
oceans de la planete
Ces eaux venues du
sud, dans leur
périple, se chargent
en sel sous les tropi-
ques, ou l'evapora
tion est intense Le
sel les alourdit, et
elles plongent donc
d'autant plus facile-
ment parvenues au
nord Que deviennent
les eaux qui ont plon-
ge 7 C'est un mouve-
ment sans fm une
fois au fond, elles
s'acheminent vers
le sud, et remontent
peu a peu vers la
surface, jusqu'à
l'hémisphère Sud
La, elles seront
"tirées" par un autre
"moteur" les plon-
gées d'eau froide de
l'océan Austral
Lin périple qui dure
plusieurs siècles
à peu, ces résultats lui qui était hier
méconnu et négligé joue en réalité un
rôle clé dans la circulation océanique
mondiale Et même un rôle moteur, qui
oblige désormais les scientifiques à revoir
leur modèle des courants manns '
Pour les océanographes, c'est en effet
l'Atlanhque Nord qui, jusqu'à présent,
dirigeait le grand ballet des courants
mondiaux Non que les chercheurs
ignoraient tout de l'océan Austral, maîs
Js n y voyaient nen d'autre qu'un rouage
parmi d'autres De fait, leur modele était
celui du "tapis roulant", selon l'exprès-
sion fameuse popularisée dans les années
1980 par l'Améncam Wallace Broecker,
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i
à l'université Columbia de New York.
Que décrit ce modèle ? Que la formation
d'eaux profondes dans l'Atlantique Nord
entraîne derrière elle une très grande
boucle (le "tapis roulant") qui drame les
océans du globe (voir encadré ci-contre).
En clair, les eaux circulent d'un océan à
l'autre selon un circuit global initié par
l'Atlantique Nord. Sauf que ce modèle
doit être révisé. Car ce qu'ont découvert
les océanographes, c'est que si les océans
sont bel et bien reliés par ce qui s'appa-
rente à une gigantesque boucle, l'Atlan-
tique Nord n'est pas la seule "poulie" à
l'entraîner. L'océan Austral en forme une
seconde, toute aussi déterminante !
Les chercheurs l'ont constaté: ce
nouveau moteur océanique fonctionne
comme celui de l'Atlantique Nord ! De
fait, à l'instar des eaux de ce demier,
les eaux de l'océan Austral sont froides
et chargées en sel ; elles sont donc très
lourdes et, du coup, plongent dans les
abysses. Ce faisant, elles libèrent en
continu un titanesque volume que,
par vase communicant, d'autres eaux
viennent remplir.
DES EAUX EXTRÊMEMENT DENSES
Quelles eaux? Dans l'Atlantique Nord,
les eaux disparues dans les grands fonds
"aspirent" pour l'essentiel les eaux
chaudes de la "dénve Nord-Atlantique",
prolongation du Gulf Stream venu des
côtes de la Floride. Dans l'océan Austral,
les eaux englouties tapissent peu à peu
le fond des océans Atlantique, Pacifique
et Indien, ce qui contribue, indirecte-
ment, à "drainer" leurs eaux. Avec une
particularité : le courant circumpolaire
brasse d'ouest en est les eaux des trois
océans, à leur arrivée à proximité du
continent Antarctique.
Ce moteur austral s'est révélé aux
océanographes lorsqu'ils ont identifié
des plongées d'eaux très froides, plus
froides encore qu'en Atlantique Nord,
mais légèrement moins salées,
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principalement dans les mers de
Ross, de Wedell et au large de la Terre-
Adélie Ces plongées ont lieu grâce à
la présence de polynies, des trous dans
la banquise qui peuvent mesurer plu-
sieurs kilomètres de diamètre Ces trous
résultent eux-mêmes de la poussée
exercée sur la banquise par les vents
catabanques, des masses d'air froid qui
dévalent les pentes de l'Antarctique vers
le littoral à des vitesses vertigineuses,
de l'ordre de 300 km/h Ils malmènent
ainsi la banquise qui bouge et se casse,
laissant des trous béants les polynies
Les eaux océaniques sont alors mises
en contact avec l'air froid de l'Antarc-
font, elles, le trajet opposé elles se dm-
gent vers le sud jusqu'à réapparaître,
en partie, dans l'océan Austral Les deux
moteurs océaniques, au nord et au sud,
sont donc couples La circulation océa-
nique mondiale s'apparente toujours à
un "tapis roulant" sauf que le tapis
roulant est équipé de deux moteurs,
tournant en sens inverse
Forts d'avoir découvert que l'océan
Austral s'avère un acteur clé du
grand ballet océanique planétaire,
les chercheurs ont bien l'intention de
prolonger les mesures dans cette région
hostile, afin de comprendre encore
mieux la dynamique des échanges
ii
Le scénario redouté? Le "tapis roulant
océanique grippé par le réchauffement
tique Elles perdent leur chaleur et la
banquise se forme de nouveau Lors de
ce processus, l'eau qui se transforme en
glace perd son sel, lequel se concentre
dans les eaux sous la banquise Les
polynies forment ainsi des eaux parti-
culièrement froides et salées, donc très
denses, qui, peu à peu, plongent au
fond de l'océan Austral
Que deviennent les eaux profondes
formées par les polynies7 Elles vont se
diriger a un rythme très lent (plusieurs
siècles) vers le nord et se mêler peu à
peu aux eaux des autres océans Les
eaux profondes formées dans l'Atlan-
tique Nord, celles du "premier" moteur
de la circulation océanique mondiale,
entre le géant polaire et les océans limi-
trophes D'autant que cette nouvelle
vision des courants marins se double
d'un constat troublant le réchauffe-
ment climatique pourrait perturber ce
moteur océanique austral, de la même
manière qu'il semble influencer le mo-
teur océanique de l'Atlantique Nord
Ce qui complique tout ce que l'on
croyait savoir de l'influence que climat
et circulation océanique exercent réci-
proquement l'un sur l'autre
Les chercheurs ont en effet mis en
évidence que les eaux des régions
australes où se forment les plongées
en Antarctique deviennent légère-
ment moins salées "Durant les trente
dernières années, elles sont passées
de 34,70 à 34,65 g de sel par litre",
précise Marie-Noëlle Houssais, du
laboratoire Locean du CNRS Une
"Nos modèles montrent
qu'une diminution de la
salinité des eaux antarcti-
ques impacterait directe-
ment l'Atlantique Nord"
SABRINA SPEICH LABORATOIRE DE PHYSIQUE DES
OCÉANS UNIVERSITÉ DE BREST CNRS IFREMER IRD
Amérique du sud
Courant de surface
Ocean
Pacifique
i
i
petite différence en apparence Oui,
maîs ce qui préoccupe les chercheurs,
c'est que cette baisse de salinité induit
mécaniquement un ralentissement
des plongées océaniques, puisque
les eaux moins salées sont moins
lourdes, et, surtout, que cette baisse
de salinité risque fort de se pour-
suivre en raison du réchauffement
climatique A l'œuvre dans la région
(voir encadré p 95), celui-ci provoque
en effet la fonte de la calotte glaciaire
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