Surface approx. (cm²) : 3173
principalement dans les mers de
Ross, de Wedell et au large de la Terre-
Adélie Ces plongées ont lieu grâce à
la présence de polynies, des trous dans
la banquise qui peuvent mesurer plu-
sieurs kilomètres de diamètre Ces trous
résultent eux-mêmes de la poussée
exercée sur la banquise par les vents
catabanques, des masses d'air froid qui
dévalent les pentes de l'Antarctique vers
le littoral à des vitesses vertigineuses,
de l'ordre de 300 km/h Ils malmènent
ainsi la banquise qui bouge et se casse,
laissant des trous béants les polynies
Les eaux océaniques sont alors mises
en contact avec l'air froid de l'Antarc-
font, elles, le trajet opposé elles se dm-
gent vers le sud jusqu'à réapparaître,
en partie, dans l'océan Austral Les deux
moteurs océaniques, au nord et au sud,
sont donc couples La circulation océa-
nique mondiale s'apparente toujours à
un "tapis roulant" sauf que le tapis
roulant est équipé de deux moteurs,
tournant en sens inverse
Forts d'avoir découvert que l'océan
Austral s'avère un acteur clé du
grand ballet océanique planétaire,
les chercheurs ont bien l'intention de
prolonger les mesures dans cette région
hostile, afin de comprendre encore
mieux la dynamique des échanges
ii
Le scénario redouté? Le "tapis roulant
océanique grippé par le réchauffement
tique Elles perdent leur chaleur et la
banquise se forme de nouveau Lors de
ce processus, l'eau qui se transforme en
glace perd son sel, lequel se concentre
dans les eaux sous la banquise Les
polynies forment ainsi des eaux parti-
culièrement froides et salées, donc très
denses, qui, peu à peu, plongent au
fond de l'océan Austral
Que deviennent les eaux profondes
formées par les polynies7 Elles vont se
diriger a un rythme très lent (plusieurs
siècles) vers le nord et se mêler peu à
peu aux eaux des autres océans Les
eaux profondes formées dans l'Atlan-
tique Nord, celles du "premier" moteur
de la circulation océanique mondiale,
entre le géant polaire et les océans limi-
trophes D'autant que cette nouvelle
vision des courants marins se double
d'un constat troublant le réchauffe-
ment climatique pourrait perturber ce
moteur océanique austral, de la même
manière qu'il semble influencer le mo-
teur océanique de l'Atlantique Nord
Ce qui complique tout ce que l'on
croyait savoir de l'influence que climat
et circulation océanique exercent réci-
proquement l'un sur l'autre
Les chercheurs ont en effet mis en
évidence que les eaux des régions
australes où se forment les plongées
en Antarctique deviennent légère-
ment moins salées "Durant les trente
dernières années, elles sont passées
de 34,70 à 34,65 g de sel par litre",
précise Marie-Noëlle Houssais, du
laboratoire Locean du CNRS Une
"Nos modèles montrent
qu'une diminution de la
salinité des eaux antarcti-
ques impacterait directe-
ment l'Atlantique Nord"
SABRINA SPEICH LABORATOIRE DE PHYSIQUE DES
OCÉANS UNIVERSITÉ DE BREST CNRS IFREMER IRD
Amérique du sud
Courant de surface
Ocean
Pacifique
i
i
petite différence en apparence Oui,
maîs ce qui préoccupe les chercheurs,
c'est que cette baisse de salinité induit
mécaniquement un ralentissement
des plongées océaniques, puisque
les eaux moins salées sont moins
lourdes, et, surtout, que cette baisse
de salinité risque fort de se pour-
suivre en raison du réchauffement
climatique A l'œuvre dans la région
(voir encadré p 95), celui-ci provoque
en effet la fonte de la calotte glaciaire