Des outils pour une meilleure santé mentale au travail

32 / Décembre 2013
DES OUTILS
POUR UNE MEILLEURE
SANTÉ MENTALE
AU TRAVAIL
Par Frédérique David
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Les problèmes de santé mentale
figurent parmi les trois principaux
facteurs de demandes de prestations
d’invalidité de courte durée (ICD) et
d’invalidité de longue durée (ILD) au
Canada
1. Denombreux experts insistent
sur la nécessid’orir des stratégies de
retour au travail progressif et des mesures
d’accommodement; d’abord pour aider
les employés à réintégrer avec succès leur
milieu de travail aps une absence pour
un problème de santé mentale, et ensuite
pour duire le risque de rechute. La mise
en place de telles mesures passe toutefois
par une meilleure compréhension de la
santé mentale de la part des gestionnaires,
et par le veloppement d’outils pour les
soutenir. Le Colloque 2013 sur la santé
mentale, organi le 6 novembre dernier
par la revue Avantages, a permis de
découvrir ces diérentes stratégies en
milieu detravail et comment les implanter
avec succès.
1
Towers Watson, « Les investissements dans la
santé des employés génèrent une plus grande
productivité », le 21 novembre 2012.
La dépression en milieu
de travail
Selon le Conference Board du Canada,
16% des femmes et 11% des hommes
souriront d’une dépression majeure au
cours de leur vie, et les six problèmes de
santé mentale les plus courants coûtent
20,7 milliards de dollars par an à
l’économie canadienne. « Ce coût devrait
atteindre 29,1milliards d’ici 2030 »,
annonce Louise Chénier, associée de
recherche au Conference Board. Un
sondage réalisé par l’organisme entre
février et mars 2013 auprès de 2004
employés de l’ensemble du Canada a
révélé que 66% d’entre eux ont eu au
moins une diculté (concentration,
mémoire, prise de décisions ou
exécution de tâches) dans certaines
activités professionnelles au retour d’un
congé pour dépression. « Laprésence
persistante d’une diculté cognitive
peut mener à une rechute de la
dépression, souligne MmeChénier.
Lapremière mesure à prendre par les
gestionnaires est donc d’orir des
accommodements. » Proposer un
horaire flexible, orir des congés pour
les rendez-vous médicaux, réduire les
distractions dans le milieu de travail,
fournir des aide-mémoires, permettre à
l’employé de prendre une pause ou
d’utiliser des techniques de relaxation
sont parmi les mesures que les
employeurs peuvent proposer.
« Certaines entreprises autorisent même
la présence d’un animal d’assistance »,
indique Mme Chénier. Elle insiste aussi
sur la nécessité de développer un
environnement où le processus de
gestion du rendement sera sensible,
positif et constructif. Il importe donc
dorir du soutien à l’employé lors du
retour au travail et de l’aider à se sentir
valorisé et à se considérer membre à
part entière de l’équipe.
Louise Chénier
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Par ailleurs, l’aide propoe par
l’employeur va de pair avec une
bonne compréhension des
diagnostics. « Lemployeur doit
s’assurer que l’entreprise comprend
la situation des employés, souligne
Marie-Claude Ivens, directrice du
veloppement des a aires à Cira
Services dicaux. Cette
compréhension consiste à nir
ce que l’employé peut faire et non
ce qu’il ne peut pas faire. » Il faut
également revisiter fréquemment les
diagnostics, insiste MmeIvens. « Souvent, le
problème de san mentale appart alors
que la personne est traie pour un probme
physique, mentionne-t-elle. Il est important
de rester proche de la personne pour savoir
si sa condition change. On sait, par exemple,
que 25% des personnes atteintes d’un
cancer sou rent de dépression. »
LE TDAH au travail
Outre la dépression, le Trouble de défi cit
d’attention avec hyperactivité (TDAH),
mieux connu chez lenfant, gure parmi les
problèmes de santé mentale dont le
diagnostic commence à être plus connu chez
l’adulte, annonce
DreValérieTourjman, chef médical du
programme des troubles anxieux et de
l’humeur à lInstitut en santé mentale de
Montréal. « Contrairement à la pression, le
TDAH ne s’acquiert pas à lâge adulte »,
souligne-t-elle. Ce trouble se manifeste
durant lenfance et persiste à lâge adulte dans
les deux tiers des cas. « La maladie aura des
impacts sur la performance et sur la
personnalité », ajoute DreTourjman. Une
étude révèle d’ailleurs que deux personnes
atteintes de TDAH sur trois ont changé
d’emploi au cours des cinq dernières années.
De plus, ces personnes présentent souvent
une autre a ection comme la dépression
(63% des personnes atteintes de TDAH),
l’anxté (58%), la toxicomanie ou
l’alcoolisme (22%) ou un trouble
bipolaire (16%). Lors d’un récent
sondage, 51% des répondants ont
indiqué sêtre absentés du travail
ou de l’école en raison du TDAH.
Le diagnostic de TDAH
chez l’adulte peut être long (2,9
années en moyenne) et la
médication demeure la pierre
angulaire du traitement.
« Plusieurs études démontrent
que le coût global du TDAH diminue
lorsque la personne est traitée,
notamment parce quelle s’absente moins,
mentionne Dre Tourjman. LeTDAH
représente une condition qui se traite bien
et la réponse aux traitements est l’une des
meilleures en médecine ! »
Des mécanismes d’adaptation et certains
anagements sont également nécessaires
au travail puisqu’une personne atteinte de
TDAH doit redoubler d’e ort pour
fonctionner de façon optimale. « Les milieux
de travail qui sont ouverts pour que les
employés puissent travailler en équipe sont
les pires pour ces personnes, précise
DreTourjman. Il faut leur assigner un milieu
LE CANCER TOUCHE CHAQUE FAMILLE ET CHAQUE MILIEU DE TRAVAIL.
De plus en plus demployeurs sont donc confrontés au défi d’aider
leurs employés à composer avec cette maladie, qu’ils agissent à
titre de patients, de membres de la famille ou de soignants.
Notre premier colloque pour employeurs « Faire face au cancer »
unira des promoteurs de gimes d’assurance collective
souhaitant s’informer sur les continuums de soins. On y parlera
des derniers traitements contre le cancer, du soutien en milieu de
travail, de la gestion de l’invalidité et de l’assurance médicaments,
ainsi que des stratégies de retour au travail.
LE MERCREDI 27 FÉVRIER 2014
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Des outils pour une meilleure santé mentale au travail
Dre Valérie Tourjman
Marie-Claude Ivens
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de travail moins distrayant,
réduire le bruit, limiter la nécessi
de participer à de longues
réunions et leur permettre des
pauses pour des marches. »
Améliorer la littératie
en santé mentale des
gestionnaires
« Les problèmes de santé mentale
représentent 30% des réclamations en
invalidité au Canada. Il est donc
important déquiper les gestionnaires
pour qu’ils soient en mesure de faire face
à ces problèmes, indique MichèleParent,
vice-présidente adjointe Région de l’Est,
Invalidité groupe, Garanties collectives à
la Financière Sun Life. Malheureusement,
45% des gestionnaires ne disposent
d’aucune formation portant sur la santé
mentale du personnel. »
Alors quelle étudiait à la maîtrise à
l’Université SaintMarys,
JenniferK.Dimo a développé le
programme de formation Mental Health
Awareness Training (MHAT) qui vise à
améliorer les connaissances, les attitudes et
les compétences des gestionnaires en
matière de santé mentale. Son ecacité
s’est avérée dans plusieurs environnements
de travail. « Il a permis une réduction de
25% des coûts liés à l’invalidité due à des
troubles de santé mentale », mentionne
Michèle Parent.
Le programme dévelop
parJenniferK.Dimo consiste en une
formation de trois heures destinée aux
gestionnaires. « Un guide pratique leur est
fourni pour qu’ils sachent quels
accommodements orir à leurs emplos et
comment établir des objectifs clairs à leur
retour au travail », indique Michèle Parent.
Obtenir de l’aide sur les
médias sociaux
L’utilisation de plus en plus importante des
phones intelligents a entrune
hausse impressionnante du nombre
d’applications mobiles
oertes, notamment en
santé. « Celles-ci ont
doub en 2013 par
rapport à l’ane
précédente », constate
JacquesSauvageau,
vice-psident, Ecaci
organisationnelle et
directeur ral, Québec
à Homewood San.
Depuis peu, ces outils
orent un support dans les domaines de la
santé mentale et de la toxicomanie. Selon
M.Sauvageau, aucune application mobile
nest disponible actuellement en français
pour aider les toxicomanes, mais le site web
ToxQbec (www.toxquebec.com) ore un
forum réunissant des professionnels et des
personnes préoccupées par leur
consommation.
En santé mentale, parmi les applications
mobiles qui seront bientôt oertes au
Québec, trois ont retenu l’attention du
spécialiste. RéadApps, dévelope par
l’Institut universitaire en santé mentale de
Montréal, aidera les travailleurs à retourner
au travail aps un congé maladie. « Cet outil
est conçu pour permettre à la personne de
mieux prendre en charge son horaire, sa
dication, son alimentation, etc. », indique
Jacques Sauvageau. Une autre application
dont le nom provisoire est ISMART,
veloppée par l’pital Louis-H.
Lafontaine, vise à permettre à l’utilisateur de
mieux gérer son stress au quotidien. Enfin,
Psy Assistance, cou par le Dr al
Labelle, chercheur à l’Hôpital Rivre-des-
Prairies et au Centre de recherche Fernand-
Seguin, est une application en cours de
validation qui informe, outille et protège le
patient suicidaire en dehors du bureau de
son trapeute. « Il y a encore beaucoup de
travail à faire pour intégrer l’utilisation
proactive des dias sociaux
et des applications dans la
prévention, les traitements
et l’aide à la personne, admet
M. Sauvageau. Nous devons
chercher à mieux utiliser nos
espaces virtuels pour
améliorer la quali de vie
des personnes, des
professionnels et des
organisations. »
PARTENAIRE DU PETIT-DÉJEUNER
PARTENAIRES PRINCIPAUX
Des outils pour une meilleure santé mentale au travail
Michèle Parent
Jennifer K. Dimoff
Jacques Sauvageau
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