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Quand la mort est synonyme de vie!
L’hiver est une période idéale pour observer les milieux naturels sous tous leurs
angles. Les feuillus complètement dénudés ou presque (référence à l’article
précédent), font maintenant place à différents trésors écologiques. Parmi ceux-ci, on
retrouve les chicots; ces arbres « morts dont les racines sont ancrées au sol ». Ces
arbres décrépits encore debout n’ont rien d’attrayant et paraissent sans intérêt au
premier coup d’œil, mais pourtant ils sont essentiels pour la faune québécoise.
C’est plus d’une soixantaine d’espèces d’oiseaux, près d’une vingtaine de mammifères
et 14 espèces d’amphibiens et reptiles qui utilisent le bois mort à un moment ou
l’autre de leur cycle de vie. Les chicots sont davantage associés aux oiseaux et aux
mammifères puisque les signes de leur présence sont bien visibles (ex. sciure de bois).
Néanmoins, plusieurs autres groupes comme les insectes, les araignées et les limaces
ont besoin des chicots.
Rôle écologique des chicots
Il ne faut pas croire que les chicots sont tous semblables et qu’ils sont destinés qu’à
une seule utilisation. Un insecte comme le longicorne noir pondra des œufs sous
l’écorce des arbres et ses larves vont se nourrir du bois mort. Le Grand Pic creusera
des trous afin d’accéder aux larves pour s’alimenter à son tour. Une fois le chicot
délaissé par l’oiseau, d’autres animaux comme la Petite nyctale utilisera les trous pour
nidifier ou encore s’alimenter dans le cas du Colibri à gorge rubis. C’est donc dire que
les animaux vont choisir un chicot pour des caractéristiques précises et en fonction de
leurs besoins. L’espèce d’arbre, la grosseur et la hauteur du tronc, la présence de
cavités, d’insectes et de champignons, sont des exemples sur lesquels repose la
sélection. Outre la nidification et l’alimentation, les arbres morts peuvent être utilisés
comme abri, aire de repos ou site de guet.
Info environnementale
Par Laura Dénommée Patriganni
Malgré la grande valeur écologique des chicots, ces derniers
ont subi de fortes pressions par le passé et plusieurs facteurs
sont responsables de leur rareté actuelle. L’étalement urbain
et le développement du territoire entraînent la destruction
de milieux naturels réduisant ainsi la quantité de chicots
disponibles. L’exploitation forestière tend à rajeunir les
forêts ne permettant pas aux arbres ni aux forêts d’atteindre
leur pleine maturité. Enfin, les chicots, ces arbres
dépérissant, ne sont pas d’une grande valeur esthétique,
c’est pourquoi ils sont bien plus souvent qu’autrement
coupés. Les pressions humaines et perceptions négatives à
l’égard des arbres vieillissants ou morts ont des
répercussions sur les espèces qui en dépendent. Une
vingtaine d’espèces utilisant le bois mort sont considérées
comme en péril au Québec. ©Francis Bossé www. exonet.qc.ca