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PLANETE VACCINATION
A - Repères historiques…
1798 Edward Jenner : vaccination contre la variole grâce à la vaccine
1880 Louis Pasteur : vaccin contre le choléra des poules
1881 Louis Pasteur : vaccin contre la charbon (maladie commune à l'homme et aux animaux)
1885 Louis Pasteur : vaccination contre la rage
1896 Sir Almroth E. Wright : vaccin contre la fièvre typhoïde
1921 Albert Calmette et Camille Guérin de l'Institut Pasteur : mise au point du BCG (Bacille de
Calmette et Guérin), vaccin atténué contre la tuberculose
1923 Gaston Ramon de l'Institut Pasteur : découverte de l'anatoxine diphtérique (anatoxine = toxine
microbienne modifiée par la chaleur et le formol de façon à perdre son pouvoir toxique tout en
gardant sa qualité d'antigène capable de créer l'immunité)
1923 Thorvald Madsen : vaccin anti-coquelucheux
1927 Gaston Ramon de l'Institut Pasteur : découverte de l'anatoxine tétanique
1932 A. W. Sellards et Jean Laigret (Institut Pasteur de Dakar) : premier vaccin contre la fièvre
jaune (abandonné depuis)
1937 Max Theiler : vaccin contre la fièvre jaune (17D, encore utilisé)
1937 Jonas Salk : premier vaccin anti-grippal
1954 Jonas Salk : vaccin anti-poliomyélite inactivé (injectable)
1957 Albert Sabin : vaccin anti-poliomyélite atténué (oral)
1960 J.F. Enders : vaccin contre la rougeole
1966 M. Takahashi : vaccin contre les oreillons
1973 M. Takahashi : vaccin contre la varicelle
1976 Philippe Maupas, puis Maurice R. Hilleman : mise au point du premier vaccin contre l'hépatite
B
1980 Pierre Tiollais (Institut Pasteur) : vaccin par recombinaison génétique contre l'hépatite B, sur
cellules animales, en collaboration avec le laboratoire de C. Chany
1982 William Rutter : vaccin par recombinaison génétique contre l'hépatite B, sur levure.
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B - Généralités …
1) Définition et types de vaccins.
La pénétration d’un microbe (bactérie, virus, parasite, champignon microscopique) détermine une
infection.
La vaccination consiste à introduire chez un individu une préparation antigénique
1
dérivée de l’agent
infectieux
2
. Elle a pour but de créer chez le sujet, un état d'immunité contre cet agent infectieux.
L'objectif est de lui faire produire une réponse immunitaire spécifique
3
, capable de le protéger de
façon durable contre les aléas d’une infection naturelle éventuelle. Cette réponse immunitaire
spécifique est observable par l’apparition d’anticorps
4
et de globules
5
blancs (les lymphocytes)
spécialisés dans la lutte contre les agents infectieux. Une mémoire immunitaire se met en place : elle
permet une protection rapide et efficace de l'organisme en cas de nouvelle infection.
Il existe deux types de vaccins : atténués, et inactivés.
Les vaccins atténués sont constitués d’agents infectieux vivants qui créent une infection a minima,
très proche de l’infection naturelle. C’est la raison pour laquelle ils sont contre-indiqués chez les
patients immunodéprimés
6
. Ils peuvent être administrés par voie intra-dermique
7
(BCG), intra-
musculaire
8
ou sous-cutanée
9
(rougeole-oreillons-rubéole).
Les vaccins inactivés sont constitués d’agents infectieux entiers inactivés (synonyme de tués) ou de
fragments microbiens appelés antigènes capables de générer une immunité
10
spécifique. Contrairement
aux vaccins atténués, ceux qui sont inactivés ne créent pas d’infection a minima. Quelques exemples
de vaccins inactivés couramment utilisés en France: vaccins anti- tétanique, anti-coqueluche, anti-
diphtérique, anti-poliomyélite, anti-hépatite A et B, anti-haemophilus, anti-pneumocoque, anti-grippal.
La vaccination est un moyen de prévention très utile en santé publique. Elle a permis et permettra de
contrôler, d’éliminer ou d’éradiquer
11
des infections transmissibles. C’est essentiellement pour cette
raison que certains vaccins ont un caractère obligatoire : vaccins anti-poliomyélite, anti-diphtérie,
antitétanique chez le nourrisson et BCG avant l’entrée en collectivité.
Il existe des mesures efficaces dans la prévention des infections en dehors des vaccins : évitement de
l’exposition au risque (hygiène et mode de vie), traitements antibiotiques préventifs pour certaines
maladies (par exemple pour la protection contre le paludisme). Inversement, certains médicaments à
base de vaccin n’ont pas fait la preuve de leur efficacité dans la prévention des infections : les
médicaments homéopathiques à base de vaccin antigrippal en sont un exemple.
Glossaire
antigénique
1
= possédant un ou plusieurs antigènes. On appelle "antigène", une substance (un
fragment de matière (molécule) étrangère à l'organisme , qui dans l’exemple de la vaccination est
choisi par les biologistes parce qu’elle est susceptible de déclencher une réponse immunitaire
spécifique.
agents infectieux
2
= microbes.
réponse immunitaire spécifique
3
= réaction de défense de l'organisme acquise après contact avec un
antigène particulier et composée essentiellement d’anticorps et de lymphocytes (une partie des
globules blancs).
anticorps
4
= protéines du sérum sanguin (immunoglobulines) secrétées par certains lymphocytes après
introduction d'un antigène dans l'organisme. Les anticorps permettent à notre organisme de lutter de
manière spécifique contre un antigène particulier.
globules blancs
5
= cellules spécialisées dans les réponses immunitaires. Elles circulent en permanence
dans le sang et la lymphe.
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patients immunodéprimés
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= personnes dont les défenses immunitaires sont amoindries.
intra-dermique
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= dans l'épaisseur du derme (de la peau).
intra-musculaire
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= dans l'épaisseur du muscle.
sous-cutanée
9
= sous la peau
immunité
10
= ensemble des phénomènes biologiques qui permettent à un organisme vivant de se
défendre contre l'introduction d'un antigène reconnu comme étranger à ses propres constituants
(microbe, cellule cancéreuse).
éradiquer
11
= faire disparaître complètement une maladie (dans le cas d’une maladie infectieuse, sa
disparition doit être à l’échelle de la planète.)
2) Se faire vacciner, c’est se protéger contre de nombreuses maladies!!!
La vaccination repose sur l'introduction, chez l'homme ou l'animal, de tout ou partie de l'agent
infectieux atténué responsable de la maladie contre laquelle on veut se protéger. L'idée même de
vaccination découle de l'observation d’un phénomène naturel : un enfant qui a eu une maladie
infectieuse (la rougeole ou la varicelle par exemple, maladies contagieuses et épidémiques) ne sera pas
infecté à l’occasion de la prochaine épidémie : il est protégé. Cette constatation a amené à provoquer
une infection bénigne (en jouant sur l’âge, la voie de transmission…) pour éviter une infection grave.
La première vaccination rationnelle a été celle mise au point par Jenner en 1796 : elle consistait à
inoculer à l’homme une maladie relativement bénigne des bovins, la vaccine (du latin vacca qui
signifie "vache"), de manière à le protéger de la variole, maladie grave souvent mortelle. C’est en
l’honneur de Jenner que Pasteur a créé le mot «vaccination» synonyme d’ « immunisation » par un
vaccin.
Etre immunisé (qui vient du latin munus signifiant "charge, impôt, tribut") c’est ne pas avoir à payer le
tribut commun et naturel de la maladie.
Les témoignages historiques concernant la variole, la peste…avec leur lot de mortalité et de séquelles
chez les enfants, ainsi que de l’actualité sur la rougeole, la poliomyélite, le choléra… dans certains
pays en développement, font comprendre l’intérêt de la mise au point de différents vaccins.
Après le vaccin contre la variole, issu de la constatation semi-empirique de l’efficacité de la vaccine,
les vaccins « pastoriens » sont les résultats de la connaissance des agents infectieux et de la théorie de
l’atténuation de la virulence (1880) : quand l’agent d’une maladie était déterminé, on recherchait les
méthodes permettant de réduire sa virulence de manière à l’inoculer sans déterminer de manifestations
pathologiques majeures en espérant protéger contre l’infection naturelle. Un des vaccins issu de cette
conception est le Bacille de Calmette et Guérin (BCG) pour la prévention de la tuberculose. Par la
suite, grâce aux progrès de la biologie, on a pu déterminer quels étaient les composants des agents
infectieux en mesure de provoquer une immunisation protectrice, sans entraîner de maladie :
- les agents infectieux entiers tués ou « inactivés » (tel le bacille de la coqueluche ou le virus de la
poliomyélite),
- les toxines "détoxifiées" (comme la toxine tétanique),
- ou différentes sous-unités (fraction de vaccin) (tel le vaccin contre le méningocoque ou certains
vaccins grippaux).
3) Un vaccin : comment ça marche ?
Un vaccin est un antigène de l’agent infectieux, c’est-à-dire une substance qui va être reconnue par le
système immunitaire de l’individu et lui permettre d’élaborer des moyens de défense spécifiques, des
anticorps ou des lymphocytes détruisant les agents infectieux ou les cellules infectées . Le système
immunitaire a une capacité de mémoire qui lui permettra de reconnaître l’antigène de l’agent
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infectieux pénétrant dans l’organisme, de recruter les moyens de défense pour le neutraliser avant que
l’infection ne se développe. Le succès de la vaccination repose sur cette « mémoire immunitaire » qui
est en règle générale très bonne chez le sujet jeune. Au besoin, elle sera entretenue par des injections
de rappel. Les progrès de la biologie ont permis d’améliorer la purification des vaccins, de développer
des souches moins virulentes (virus vivants), de synthétiser certaines composantes du vaccin par génie
génétique (vaccin contre l’hépatite B) et de développer des techniques permettant de contrôler une
bonne immunisation (mesure du titre d’anticorps significatifs).
Des recherches sont en cours afin d'élaborer de nouveaux vaccins. Ils visent des infections peu ou pas
accessibles par les antibiotiques ou les antiviraux (virus des diarrhées graves de l’enfant, VIH… ou
même cancers induits par certains virus…).
4) Les vaccinations dans la politique générale de santé publique.
Le droit à la santé fait partie des droits de l’homme: dans le monde entier, tous les individus devraient
avoir la même espérance de vie et devraient pouvoir bénéficier du même accès aux soins et à la
prévention…
Un seul monde ! C’est un des vœux de l’Organisation Mondiale de la Santé.
On en est loin ! En pratique, c’est dans le domaine de la santé que les inégalités sont les plus
flagrantes : dans les populations en voie de développement, la moyenne de la durée de la vie est faible
et la mortalité infantile est élevée. Les infections sont fréquentes, surtout chez les enfants ; l’accès aux
traitements est très inégal. Compte tenu du manque de ressources, on est particulièrement intéressé par
des moyens de lutte à la fois très efficaces et peu chers : les vaccins font partie de ces moyens de lutte
privilégiés.
Les vaccins les plus intéressants sont :
- ceux qui visent les maladies les plus fréquentes (coqueluche, rougeole…) et/ou les plus
graves (tétanos, poliomyélite…),
- ceux qui procurent une immunité de longue durée (diphtérie, tétanos…),
- ceux qui participent à l’immunité «de groupe» ; c’est à dire à une protection collective. Dans
un groupe, plus le nombre de personnes immunisées contre l’infection est élevé, moins il existe de
risque pour une personne non immunisée de contracter l’infection.
Si, dans la population, la proportion de personnes immunisées est suffisante pour que l’arrivée d’un
individu infecté ne déclenche pas plus d' un seul cas secondaire, on peut considérer que cette infection
est «éliminée». C’est ce que l’on espère obtenir en France pour la rougeole. Il est même possible
d’envisager d’ «éradiquer» une maladie infectieuse c'est-à-dire de la faire disparaître de la surface du
globe comme ce fut le cas pour la variole.
Certaines maladies infectieuses sont déjà en cours d’élimination dans certaines régions du monde : par
exemple, la poliomyélite a disparu du continent américain tout entier.
Le Programme Elargi des Vaccinations (PEV), représente les vaccinations recommandées pour tous
les enfants de la planète. Il s’agit des vaccins suivants : BCG. tétanos, diphtérie, poliomyélite,
coqueluche, rougeole. Des adaptations sont nécessaires en fonction des maladies transmissibles
propres à chaque région : dans certains pays d’Afrique, l’hépatite B ou la fièvre jaune figurent dans le
PEV. Pour cela, il est indispensable de disposer des vaccins partout et en temps utile et qu’ils soient
dûment administrés dans de bonnes conditions. Le PEV est soutenu par l’OMS, et l’UNICEF
approvisionne les pays les plus défavorisés pour leur permettre de vacciner les enfants. L’Alliance
mondiale pour les vaccins et la vaccination (Gavi) et le Fonds mondial pour les vaccins créés
récemment par des donateurs privés participent aussi à cette aide internationale.
Se faire vacciner est une démarche altruiste ! C'est-à-dire que l'on se vaccine pour soi-même, mais
aussi que l'on se vaccine pour protéger ses parents, ses proches. En se faisant vacciner, on contribue à
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protéger ses voisins, les autres membres de la collectivité… Et, inversement, le fait qu'eux aussi soient
bien immunisés contribue à nous protéger. Se faire vacciner, tenir à jour son carnet de santé en suivant
le calendrier vaccinal, c’est participer à l’effort mondial de lutte contre les infections.
5) Fabrication, sécurisation, contrôle qualité des vaccins et circuit de distribution.
Les vaccins se distinguent des autres médicaments par le fait qu’ils sont obtenus à partir d’organismes
vivants et qu’ils possèdent fréquemment une structure complexe. Ils posent donc des problèmes de
qualité particuliers en raison de la nature biologique des matériels de départ entrant dans leur
fabrication, du procédé de fabrication et des contrôles nécessaires pour les caractériser. Aujourd’hui se
développent :
- tout un éventail de vaccins potentiels contre de nombreuses maladies différentes, d’origine virale,
bactérienne, parasitaire (méningites, diarrhées, fièvres hémorragiques, atteintes parasitaires),
- des vaccins anti-cancers à visée préventive et/ou curative qui apparaissent comme une réalité
possible et non plus une utopie.
La fabrication des vaccins : une haute technologie.
Les vaccins diffèrent des médicaments chimiques, tels les antibiotiques ou l’aspirine, par de nombreux
aspects :
- leur utilisation en prévention des maladies infectieuses,
- leur dosage en infime quantité (microgrammes au lieu de milligrammes ou grammes),
- leurs faibles volumes et fréquence d’injection en comparaison avec certains traitements
médicamenteux permanents.
Les vaccins contre les virus (ex : poliomyélite, rougeole, rubéole, oreillons, hépatites) peuvent être
constitués par des virus atténués, des virus tués et aussi des fractions virales. Plus récemment ont été
développés les vaccins obtenus par recombinaison génétique.
Les vaccins contre les bactéries (ex : diphtérie, tétanos, coqueluche, méningites) peuvent également
être constitués de suspensions (vivantes ou inactivées) ou de fractions de bactéries.
Depuis quelques années sont apparues des combinaisons vaccinales incluant 3, 4, 5 et même 6 vaccins
viraux ou bactériens ou leur association. Il a donc fallu adapter les méthodes de fabrication et de
contrôle à ces caractéristiques. L’avantage de tels vaccins multiples est de réduire le nombre des
injections vaccinales et donc d’assurer, à coût réduit, une meilleure protection des populations.
De nos jours les industriels fabriquent des vaccins avec des technologies extrêmement sophistiquées
dans un environnement totalement protégé et sécurisé.
Contrôles de qualité : une exigence au quotidien pour les fabricants comme pour les autorités de
santé.
Pour être commercialisé, un vaccin, comme tout autre médicament, doit disposer d’une Autorisation
de mise sur le marché (AMM) délivrée par les autorités de santé françaises. Celle-ci repose sur
l’analyse méticuleuse de la qualité pharmaceutique et des résultats cliniques conduisant à
l’appréciation du rapport bénéfice/risque. En France la loi est très contraignante pour les vaccins et
impose qu’un contrôle systématique de chaque lot de vaccin, avant d’être mis sur le marché, soit fait
par les autorités en supplément des contrôles réalisés par les fabricants. Ainsi sont contrôlés
quotidiennement à l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (Afssaps), des lots
de vaccins destinés au marché français ou à d’autres pays de l’Union Européenne ou pour l'exportation
hors de l’Europe. L’Afssaps en tant qu’organisme de contrôle, est compétente pour s’assurer que les
fabricants respectent les normes fixées. Les contrôles spécifiques pratiqués pour les vaccins doivent
permettre de vérifier leur pureté, la reproductibilité du procédé de fabrication et la stabilité des
performances du produit. La qualité devra être contrôlée tout au long de la vie du produit depuis sa
mise sur le marché jusqu’à la péremption du produit. L’Afssaps dispose de laboratoires de contrôle qui
lui permettent de vérifier l’activité biologique, la qualité et l’innocuité des vaccins. Ils procèdent, de
manière indépendante, à une expertise technique du lot de vaccin. Lorsque les résultats des contrôles
sont validés, un certificat de libération de lot est alors délivré par l’Afssaps, ce qui permet sa mise sur
le marché.
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