genre de connaissance est celui de la rumeur. Celles-ci sont si bien colportées qu’elles finissent par
devenir des vérités. Le second genre de connaissance est celui de la raison, la connaissance hypothético-
déductive dirions-nous aujourd’hui. Ce second genre est celui de la connaissance dite adéquate, non plus
basée sur la croyance ou la passion mais sur la raison. Pour revenir à cet exemple du chlore, le premier
genre de connaissance consisterait à faire de cette découverte la cause de l’autisme : J’ai entendu dire que
l’autisme serait dû à un taux de chlore élevé tout comme d’ailleurs nous avons entendu dire que l’autisme
serait du à dysfonctionnement du lien parents / bébé. Ces croyances deviennent progressivement des
vérités et ont, comme on le dit parfois, la vie dure. Le second genre de connaissance, celui de la raison,
consiste à prendre en compte l’ensemble des éléments pour comprendre la complexité de l’autisme ou
devrais-je plutôt dire, la complexité des personnes souffrant d’autisme. Ainsi, la découverte scientifique
concernant le fonctionnement organique, ici le chlore, lorsqu’elle est avérée ne devrait pas se substituer
aux connaissances adéquates que nous avons des interactions parents / bébé car elles aussi participent de
la construction de tout individu, autiste comme non autiste. In fine, ces connaissances ne doivent pas
s’exclure les unes les autres mais se compléter et s’enrichir mutuellement et ce, au service des personnes
avec autismes. Il est tout à fait illusoire de croire que plus nous connaitrons le fonctionnement du cerveau
et plus nous connaitrons le fonctionnement de l’esprit humain ; de même il est tout aussi illusoire de
penser que l’esprit puisse se constituer sans le substrat organique. De ce point de vue, la réflexion
philosophique peut nous aider à rester vigilants pour maintenir cette approche globale de la personne à la
fois dans sa double réalité corporopsychique mais aussi dans ses interactions avec les autres et le monde
qui l’entoure. Elle tient là une place éthique au sens non de la morale, mais au sens d’une réflexion
raisonnée mais aussi en résonnance.
Le second terme sur lequel je souhaite maintenant porter la réflexion est celui de personne. A l’évidence,
il est ici distingué de la notion d’autisme puisqu’il y a entre ces deux mots l’adverbe « avec ». La notion
de personne s’avère en philosophie complexe et il est impossible d’en faire le tour ce matin. Néanmoins
quelques éléments peuvent être mis en lumière. Pour Kant la personne est ce sujet dont les actions sont
susceptibles d’imputation c'est-à-dire comme acteur responsable capable d’agir en vertu de
représentations morales. Le qualificatif de personne ici serait en quelque sorte imputable à un être de
raison. Cette définition peut-être complétée par celle d’un autre philosophe, Locke, pour qui le qualificatif
de personne définit l’être qui est conscient de soi. Enfin, chez un troisième philosophe américain Peter
Singer, le qualificatif de personne est attribué au fait de se savoir soi-même comme existant dans le temps
(Pour ce philosophe, la qualité de personne n’est pas attribuable ni au nouveau né ni la personne
gravement déficiente). Nous voyons bien que ces définitions ne peuvent répondre à celle que nous
attribuons à la situation de l’autisme. Nous ne pouvons en effet tenir pour personne uniquement la