Le dossier ressources
© Dessin L. Long
20Le dossier ressources 20
Fiche archéo
Les métiers de l’archéologie / Le Drassm
Le département des Recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines
Définition
Créée en 1966 par André Malraux, la direction des Recherches archéologiques sous-marines
est devenue le 4 janvier 1996 le département des Recherches archéologiques subaquatiques
et sous-marines. C’est un service national délocalisé à Marseille et à Annecy, relevant de la
direction du patrimoine (sous-direction de l’archéologie) du ministère de la Culture.
Il a pour vocation de gérer le patrimoine archéologique subaquatique et sous-marin. Com-
pétent pour toutes les recherches archéologiques nécessitant le recours à la plongée, il est
particulièrement chargé de la réglementation sur les recherches et découvertes archéolo-
giques sous-marines et de la mise en œuvre de la loi sur les biens culturels maritimes.
Le domaine d'intervention est particulièrement vaste puisqu'il longe plus de 10.000 km de
côtes, dont 5.533 km pour la métropole. Il s'étend du rivage jusqu'à 12 milles marins, soit un
peu plus de 22 km, sur une surface de plus de 200 000 km2.
Missions
- Expertise et inventaire des biens culturels maritimes
- Protection
- Recherche et étude
- Diffusion des connaissances : publications, expositions
Missions dans le Rhône
Etablir une carte archéologique (bathymétrique) : recenser et expertiser les gisements du
Rhône (épaves, dépotoirs, pilotis, vestiges maçonnés).
Fouilles programmées : étude d’une épave, Arles-Rhône 3 (sur trois ans).
Les fouilles du DRASSM depuis 20 ans
1989 : localisation de la 1ère épave antique face aux Saintes-Maries-de-la-Mer ;
1989 : premières fouilles subaquatiques dans le Rhône à Arles par le Drassm ;
De 1990 à 1996 : travaux d’aménagement de la Compagnie nationale du Rhône et séries de
prospections, de contrôles archéologiques, de reconnaissances officielles par le Drassm
permettant d’individualiser plusieurs grands dépôts d’objets antiques, surtout en rive droite ;
1996-1997 : expertise du Petit Rhône par le Drassm ;
1997-2001 : opération de recensement et de carte inventaire par le Drassm dans le Grand
Rhône ;
2004 : opérations de fouilles menées par le Drassm tous les ans ;
2007 : entre les 2 ponts, rive droite, découverte par le Drassm d’un regroupement d’objets
en marbre et en bronze (statues : César, Neptune…, vestiges architecturaux) à 20 m du bord ;
2008 : fouille programmée sur 3 ans de l’épave Arles-Rhône 3 par le Drassm et l’association
archéologique 2Asm ;
2009 : Campagne de fouille Arles-Rhône 3 (découverte d’un lustre romain), carte archéolo-
gique (découverte d’une tête du dieu Mars).
Les épaves découvertes
30 épaves antiques datées entre le IIesiècle av. J.-C. et le IIIesiècle apr. J.-C. face aux Saintes-
Maries-de-la-Mer
10 épaves dans le Rhône (rive droite) dont :
2 navires à fond plat de type monoxyle assemblé (Arles-Rhône 3 et 5),
2 épaves fluvio-maritimes (Arles-Rhône 7 et 8),
1 navire avec chargement de sarcophages perdu sous le pont autoroutier (Arles-
Rhône 4)
Législation
Loi 1959 : fixe la limite des zones d’inscription jusqu’aux estuaires (sous contrôle administratif
et scientifique de l’état donc du DRASSM) ;
Loi 1985 : étend la zone d’inscription maritime jusqu’au pont de Trinquetaille (sous contrôle
administratif et scientifique de l’état donc du DRASSM).
2121Le dossier ressources
Fiche archéo
L’archéologie sous-marine et subaquatique
L’archéologie sous-marine
Quelle période ?
L'Antiquité et notamment la période romaine allant
des derniers scles de la République à la fin de
l'Empire (Ier siècle av. J.-C. au VIescle de notre ère),
reste la période la plus étudiée en raison essentiel-
lement de la fréquence des découvertes.
Ça sert à quoi ?
Les recherches archéologiques sous-marines portent :
gsur les grands courants commerciaux et le commerce de redistribution :
- l'organisation du conditionnement et l'arrimage des cargaisons (sa
distribution, le matériel),
- les dones d'architecture navale sur les aménagements de bord et les
équipements du navire,
- l'étude des cargaisons et la recherche des itinéraires avec les pro-
blèmes d'origine de production et de distribution des produits,
- les structures commerciales ;
gsur l’archéologie navale :
-affiner notre connaissance des navires de commerce romains et en
particulier de l'évolution des techniques de construction vers la fin de
l'Antiquité,
- le navire en tant que machine reflétant le développement technique
d'une société,
- le navire en tant qu'instrument adapté à une fonction et à des besoins
particuliers (navire de commerce, de guerre, de pêche...),
- le navire en tant que lieu de vie et de travail (étude à travers les effets
personnels de l'équipage ou des passagers, le matériel de bord et les
instruments de travail).
Les problèmes
- les études portent essentiellement sur des fonds de carène*, les par-
ties hautes étant rarement conservées et exclusivement sur des navires
de commerce ;
- l'importance du problème de conservation des épaves pour sauve-
garder et présenter ces vestiges d'intérêt exceptionnel.
Les perspectives
- les études de charpenterie de marine qui se révèlent extrêmement pro-
metteuses
- les études d'arcologie expérimentale (des maquettes dtude aux ré-
pliques) pour appréhender les mécanismes réels de fonctionnement du
navire et de ses équipements.
L’archéologie subaquatique et l’archéologie
sous-marine se pratiquent dans un même mi-
lieu aquatique, mais il faut faire la distinction
entre la première qui se pratique dans les eaux
douces et fermées des lacs et rivières, et la se-
conde, dans les eaux salées et ouvertes de la
mer. Elles restent tout de même une branche
de l’archéologie au sens large. Les principes
et les méthodes de fouille sont identiques à
ceux de l’archéologie terrestre.
22Le dossier ressources 22
Fiche archéo
L’archéologie sous-marine et subaquatique ( suite)
L’archéologie subaquatique
Ça sert à quoi ?
Comme les fouilles en milieu marin, l’arcologie sub-
aquatique sintéresse aux mêmes domaines de
recherches que sont le commerce, les échanges et
l’archéologie navale. Elle ne se résume pas à des ob-
jets hétéroclites privés de tout contexte, mais livre
des vestiges structurés, témoignages d’activités
variées au cours des siècles (épaves de navires,
édifices, pêcheries, ponts, quais, débarcadères…).
Le patrimoine fluvial apporte surtout une dimension
historique supplémentaire aux agglorations ur-
baines actuelles.
Atouts / contraintes
Le milieu aquatique est favorable à l'archéologie :
- l'eau protège des actions humaines destructives ;
- l’eau permet une meilleure conservation des élé-
ments organiques et des minéraux car ils sont à l'abri
de l'oxygène, de la lumière et des organismes biolo-
giques.
Le milieu aquatique est défavorable à l'archéologie :
- l’archéologie subaquatique a des règles de plongée
contraignantes (prise en compte des risques du
fleuve) ;
- les difficultés d’interprétation du matériel de fouille
et de l’argumentation scientifique car, à l’inverse du ter-
restre, les souches stratigraphiques sont bouleversées.
L’archéologie fluviale dans le Rhône
Les difficultés de travail liées au Rhône : c’est un
milieu hostile
- les sites ne sont jamais clairement délimités ;
- les zones de fouilles sont constamment remaniées
par les crues, par le débit du fleuve donc pas tou-
jours reconnaissables d’une année sur l’autre ;
- le fond est vaseux, balayé par des courants violents ;
- les sites sont ensevelis sous un enchevêtrement de
carcasses métalliques diverses (voitures, vélos, câ-
bles), de déchets de l’activité humaine (batteries, ma-
telas) et de pierre de lest.
Les écueils
- la très faible visibilité (de quelques centimètres à
plus d’un mètre) : le champ de vision est limité au
faisceau de la lampe, danger de se blesser, mise en
place de filières permettant d’accéder au site en par-
tant des berges ;
- la présence de courant : source de danger car la
force varie en fonction des conditions météorolo-
giques, de la régulation du débit du fleuve (lâchers
de barrage) ;
- la profondeur : jusqu’à 20 m ;
- la pollution : des pesticides, PCB, uranium ;
- la navigation sur le fleuve (malgré les exclusion de
navigation) ;
- l’attaque des silures*.
Vocabulaire
Carène : partie immergée de la coque d’un bateau.
Silure : c’est un poisson-chat qui peut mesurer 2 mètres de long et peser jusqu’à 100 kg. Originaire
d’Europe centrale, le silure est aujourd’hui présent dans la Saône et le Rhône.
Suceuse-dévaseuse : l’utilisation de la suceuse-dévaseuse permet d’évacuer les déblais fins (vase) et
grossiers difficilement transportables tout enconservant une bonne visibilité. On distingue 2 types, selon le
moteur : compresseur basse-pression c’est une suceuse à air ou motopompe c’est une suceuse à eau.
Scaphandre à narguilé : le plongeur est relié à la source d’air (le compresseur) par un long tuyau souple.
Carroyage : mise place d’une grille carrée c’est-à-dire d’un quadrillage servant à relever des informations
géographiques.
2323Le dossier ressources
Fiche archéo
les techniques de fouilles en milieu aquatique
Le matériel
Matériel de plongée
- scaphandre autonome classique, avec bouteille d’air
comprimé ou scaphandre à narghilé*;
- palmes, masque, tuba ;
- combinaison en Néoprène ;
- torche.
Matériel de fouille
Comme pour la fouille terrestre, on dispose de maté-
riel de repérage, de mesure, de prises d’échantillons,
de marquage, de photographie. Il n’y a pas d’instru-
ments pour creuser ou gratter (truelle, pelle, pioche).
La particularité réside dans le matériel pour remonter
les objets à la surface et le matériel de « décapage »
c’est-à-dire de dévasage :
- suceuse-dévaseuse*;
- piquets et cordeau élastiques ;
- tablette PVC et crayon ;
- mires métalliques ;
- paniers, filets, sacs ;
- ballons ;
- matériel photo.
Méthode de fouilles
L’archéologie sous-marine ne demande pas de nou-
velles méthodes de fouilles, mais une adaptation de la
technique utilisée à terre à l’environnement sous-
marin.
Les principes
Les mêmes qu’en archéologie terrestre :
- délimitation géographique et matérialisation de la
zone à fouiller ;
- enlèvement des sédiments gênants sans endommager
les vestiges (1) ;
- repérage des vestiges à l’aide d’un carroyage, ob-
servation et positionnement topographique des objets
et structures dans les trois dimensions, exploitation
des couches archéologiques par strates horizontales
et réalisation de coupes stratigraphiques (2) ;
- enregistrement du maximum d’observations et d’in-
formations sur les sédiments (prise systématique
d’échantillons) (3) ;
- dépose, récupération et collecte des vestiges et du
mobilier archéologiques (4) ;
- nettoyage des objets et conservation (5).
1 - Dévasage
Cette étape s’effectue à la suceuse- dévaseuse.
- suceuse à eau : aspiration des sédiments meubles et
rejet sur le fond. Dans ce cas, les sédiments et les dé-
blais crachés par le canon de la suceuse à eau peu-
vent être récupérés dans des paniers à maille fine ;
- suceuse à air : aspire et remonte les sédiments à la
surface. Dans ce cas, les sédiments peuvent être ré-
cupérés sur la base flottante (à bord du bateau).
Il est conseillé d’utiliser le moins d’instruments possi-
bles pour ne pas risquer de détériorer les objets, sou-
vent mous ou friables
2 - Sondage et carroyage*
En milieu subaquatique comme en milieu terrestre, on
procède à des sondages, puis on place des repères.
Pour simplifier, on commence par équiper le site de
points fixes. Il s’agit mariellement de fers à béton
plantés dans la vase. Et, comme à terre, un carroyage
est matérialisé, non par le fil de fer ou la ficelle mais
avec des cordeaux élastiques tendus ou des tubes
plus ou moins lourd.
- repères planimétriques : correspondant aux inter-
sections du carroyage ;
- point d’altimétrie : le zéro de la fouille.
© C. Durand-CNRS-CCJ
1 / 19 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !