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employeurs-salariés ne sont conçues que dans ce cadre. La satisfaction des besoins des
salariés, qu'ils soient individuels ou collectifs, ne sera dès lors prise en compte que si elle
coïncide avec l'optimisation des performances de l'entreprise. L'existence d'institutions,
comme les Conseils d'Entreprise ou les délégations syndicales, l'existence d'une législation
du travail, ne sont considérées que comme des contraintes qui s'imposent à l'entreprise et
non comme des éléments d'un système.
Cette comparaison entre relations industrielles d'une part et économie du travail et gestion
des ressources humaines d'autre part n'a pas pour objectif de dénier à ces deux dernières
disciplines leur légitimité. Les domaines étudiés se recouvrent souvent et des faits identiques
peuvent être étudiés de différents point de vue, chacun présentant ses spécificités.
L'économie du travail sera souvent plus abstraite, faisant appel à des modèles
mathématiques, ou au contraire plus quantitative, utilisant l'économétrie ou les statistiques
dans l'étude du marché du travail. La gestion des ressources humaines sera quant à elle
concentrée sur l'entreprise, considérée du point de vue des gestionnaires de l'entreprise.
1.2 Le champ couvert par les relations industrielles
Le champ couvert par les relations industrielles est très large. Si pour certains, tel
l’économiste D. Hammermesch (1984) les relations industrielles concernent essentiellement
les relations entre un employeur et les salariés ou leur syndicat au sein d'un établissement ou
d'une firme, pour d'autres, tels Dunlop les relations industrielles résultent de l'interaction entre
employeurs, salariés, syndicats et institutions publiques et du contexte général des marchés
du travail, du développement technologique et des dispositifs réglementaires. Cette dernière
conception élargit celle qui est évoquée par Hammermesch, mais on peut sans doute
considérer qu'elle est encore trop restrictive, dans la mesure où il semble logique d'intégrer
dans les relations industrielles les mécanismes et institutions qui se sont développés à partir
des relations collectives, au niveau de l'entreprise d'abord, au plan général ensuite. On verra
qu'en Belgique, et dans de nombreux autres pays, on retrouvera dans les organismes ayant
en charge la gestion des marchés du travail mais également dans des institutions telles que la
Banque Centrale des représentants des organisations participant aux relations collectives.
Leur rôle, le pouvoir qu'ils exercent dans ces organismes et institutions sont parties
intégrantes des relations collectives. Dans certains pays, dont la Belgique, le système de
sécurité sociale actuel est issu des relations collectives. De caisses mutuelles de prévoyance
organisées au niveau d'une entreprise, d'une profession ou d'un secteur d'activité, on a abouti
à un système fédéral qui semble aujourd'hui indépendant des relations collectives, même s'il
est encore géré en partie par les participants à la négociation collective. Selon les pays,
l'importance des relations collectives dans la définition des relations d'emploi est variable,
comme le rôle et l'importance des institutions.
Si les relations industrielles sont, par définition, aussi anciennes que ne l’est l’industrie, leur
analyse comme champ d’étude autonome est plus récente.