Etat des lieux de la préparation de l’ordonnance de
sortie de l’hôpital des patients
Présenté par
Rima Baalbaki
Etudiante en Pharmacie
Travail de recherche
Stage à option en hôpital, 5e année
Responsables
Dr Caroline Fonzo-Christe
Prof. Pascal Bonnabry
Pharmacie des HUG
Genève, juillet 2007
Etat des lieux
Une bonne continuité des soins lors du passage du milieu hospitalier au milieu ambulatoire est primordiale
pour garantir le succès thérapeutique et la sécurité de la prise en charge du patient. Ce passage représente
parfois un défi, notamment pour les patients polymédiqués (ex : les patients avec atteinte cardiovasculaire).
Une première étude réalisée en 2006 a permis d’évaluer les différents moyens de communication
disponibles pour améliorer l’interface hôpital – officine de ville (1). Souvent, seule l’ordonnance de sortie fait
la liaison entre l’hôpital et l’officine de ville. Toutefois, certains hôpitaux ont élaboré d’autres outils de
communication. Par exemple, l’hôpital de Sion a élaboré une carte de posologie sur laquelle le pharmacien
clinicien s’appuie pour réaliser le commentaire d’ordonnance de sortie aux patients à risque de mauvaise
compliance (2). Certains services des hôpitaux universitaires de Genève utilisent également une carte de
traitement. Au Canada et en Belgique, les pharmaciens sont fortement impliqués dans la prise en charge
thérapeutique des patients. Un véritable plan de « soins pharmaceutiques » (3) est élaboré à la sortie de
l’hôpital. En Italie, une pharmacie d’hôpital doit, selon la loi, délivrer le premier traitement médicamenteux à
la sortie du patient de l’hôpital (4).
Introduction
Une erreur médicamenteuse peut être la conséquence de défaillances du système mais aussi du manque
d’éducation du patient pour son traitement qu’il doit poursuivre à domicile (5). D’après l’étude de Shabbir
M.H. et al, 51% des 47 patients ont quitté l’hôpital sans avoir reçu les informations nécessaires pour une
bonne prise en charge à domicile et seulement 30% ont reçu des instructions écrites (6). Il existe différentes
façons de procéder à un entretien de sortie. Aux HUG, la Dre M. Louis-Simonet a élaboré une structure de
la consultation pour l’enseignement de la faculté de médecine de Genève (cf annexe 1) utilisée dans le
Service de Médecine interne des HUG.
Une bonne connaissance du traitement par le patient, notamment des effets indésirables, contribue à
améliorer la compliance, à éviter les interruptions de traitement et les réhospitalisations. Les facteurs de
risques d’une mauvaise prise en charge du traitement par le patient sont l’âge avancé, le nombre élevé de
médicament et le bas niveau d’éducation (7). L’augmentation des coûts de la santé amène à un
raccourcissement des séjours hospitaliers, à l’augmentation de la charge de travail et à la diminution du
temps disponible pour planifier la sortie du patient (8).
La préparation de l’ordonnance de sortie du patient est un processus multidisciplinaire complexe. Les
professionnels de la santé participant à la préparation de l’ordonnance de sortie sont souvent le médecin et
l’infirmière uniquement. Dans le cas de la gériatrie, l’ergothérapeute, le physiothérapeute ou encore
l’assistante sociale peuvent aussi y participer. Dans les pays anglo-saxons, ce sont les pharmaciens
cliniciens qui font le commentaire d’ordonnance de sortie.
Au vu du nombre de personnes impliquées et de la complexité du processus, il apparaît clairement que
différents problèmes peuvent survenir à la sortie des patients. Une évaluation des défaillances proactive
permet d’anticiper ces problèmes et de trouver des solutions pour y remédier. L’analyse des modes de
défaillances et de leurs effets (AMDE) est une méthode d’analyse de risque très utilisée. C’est une méthode
qualitative à l’origine utilisée dans les domaines de l’aviation et du nucléaire (9).
2
Le but de cette étude pilote est d’effectuer une synthèse des risques médicamenteux lors de la sortie des
patients de l’hôpital au moyen d’une analyse de risque (AMDE) et de mener des interviews avec différents
médecins, pharmaciens d’hôpitaux et pharmaciens d’officine de Suisse romande. Il s’agira également
d’imaginer des solutions pouvant être implantées aux HUG, d’évaluer les ressources nécessaires et la
faisabilité des différentes propositions.
Méthode
Analyse AMDE
Une analyse des modes de défaillances et de leurs effets (AMDE) a été effectuée lors d’un brainstorming
par un groupe pluridisciplinaire constitué de 8 personnes : un médecin interne, une pharmacienne d’officine,
une pharmacienne interne, une pharmacienne responsable de l’assurance qualité, un préparateur, une
secrétaire médicale en médecine de premiers recours, une infirmière responsable d’unité et une stagiaire
en pharmacie.
Les participants ont inscrit sur des « post-it » les idées qui répondaient à la question suivante : « Quels sont
les problèmes médicamenteux que peut rencontrer le patient lorsqu’il va chercher ses médicaments dans
une pharmacie d’officine juste après avoir quitté l’hôpital ? ». Par la suite, un diagramme d’Ishikawa (cause-
effet) récapitulant les idées émises a été élaboré et des solutions d’amélioration de la continuité des soins
entre le milieu hospitalier et le milieu ambulatoire ont été proposées.
Enquête par questionnaire
L’état des lieux de la préparation de l’ordonnance de sortie a été évalué à l’aide de 3 questionnaires
standardisés différents destinés à 3 groupes de professionnel de la santé : médecins (annexe 2),
pharmaciens d’hôpitaux (annexe 3) et pharmaciens d’officine (annexe 4). Chaque groupe était constitué de
5 volontaires. Les questionnaires ont été remplis lors d’interviews en direct ou par téléphone.
3
Résultats
Analyse des modes de défaillance et de leurs effets (AMDE)
Figure 1 : Diagramme d’Ishikawa de sortie de l’hôpital du patient
L’analyse a été effectuée en mai 2007 durant une séance d’environ 1h15. Au cours de cette séance,
appelée « brainstorming », 44 problèmes potentiels ont été déterminés et regroupés en 5 catégories dans le
diagramme d’Ishikawa (figure 1). Ces catégories sont la prescription à l’hôpital, la pharmacie, le défaut
d’information pour le patient, le médicament et le patient.
Questionnaire
Selon les tableaux 1, 2 et 3 de l’annexe 5, les 3 groupes de professionnels interrogés volontaire pensent
que le type de patient pour lesquels le commentaire d’ordonnance de sortie (COS) est le plus utile sont les
patients polymédiqués (15/15) (figure 2).
Les types de patient pour lesquels le COS est le plus utile
0
20
40
60
80
100
Patients
polymédiqués
Patients qui
changent
fréquemment de
médicament
Patients à
hospitalisations
répétées
Confusion,
démence
Participants [%]
decins
Pharmaciens
d'Hôpitaux
Pharmaciens
d'officine
Tous
Figure 2 : histogramme des types de patients pour lesquels le COS est le plus utile
4
Les Pharmaciens d’officine (5/5) et les médecins d’hôpitaux (5/5) rajoutent les patients qui changent
fréquemment de médicament. Les pharmaciens d’officine (4/5) ont également choisi les patients à
hospitalisations répétées. En ce qui concerne les types de médicaments, se sont les médicaments à index
thérapeutique étroit (14/15) qui ont été majoritairement choisi. Les pharmaciens d’hôpitaux (5/5) et les
médecins d’hôpitaux (4/5) ont ajouté les médicaments avec un grand potentiel d’interaction ou d’effets
indésirables (figure 3).
Les types de médicament pour lesquels le COS est le plus
utile
0
20
40
60
80
100
Médicaments avec
IT étroit
Médicaments avec
grand potentiel d'ES
ou d'IM
Médicaments
fabriq à la
pharmacie
Participants [%]
Médecin
Pharmaciens d'hôpitaux
Pharmaciens de ville
Tous
Figure 3 : histogramme des types de médicaments pour lesquels le COS est le plus utile
Les pharmaciens d’officine (5/5) citent aussi les médicaments fabriqués par la pharmacie d’hôpital ou la
pharmacie de ville. Les classes de médicaments pour lesquelles le COS est le plus utile selon les 3
groupes sont les anticoagulants (13/15) (figure 4).
Les classes de médicament pour lesquelles le COS
est le plus utile
0
20
40
60
80
100
ACO Antiarythmiques Insulines
Participants [%]
Médecins
Pharmaciens d'hôpitaux
Pharmaciens d'officine
Tous
Figure 4 : Classes de médicaments pour lesquelles le COS est le plus utile
5
1 / 20 100%