Etat des lieux
Une bonne continuité des soins lors du passage du milieu hospitalier au milieu ambulatoire est primordiale
pour garantir le succès thérapeutique et la sécurité de la prise en charge du patient. Ce passage représente
parfois un défi, notamment pour les patients polymédiqués (ex : les patients avec atteinte cardiovasculaire).
Une première étude réalisée en 2006 a permis d’évaluer les différents moyens de communication
disponibles pour améliorer l’interface hôpital – officine de ville (1). Souvent, seule l’ordonnance de sortie fait
la liaison entre l’hôpital et l’officine de ville. Toutefois, certains hôpitaux ont élaboré d’autres outils de
communication. Par exemple, l’hôpital de Sion a élaboré une carte de posologie sur laquelle le pharmacien
clinicien s’appuie pour réaliser le commentaire d’ordonnance de sortie aux patients à risque de mauvaise
compliance (2). Certains services des hôpitaux universitaires de Genève utilisent également une carte de
traitement. Au Canada et en Belgique, les pharmaciens sont fortement impliqués dans la prise en charge
thérapeutique des patients. Un véritable plan de « soins pharmaceutiques » (3) est élaboré à la sortie de
l’hôpital. En Italie, une pharmacie d’hôpital doit, selon la loi, délivrer le premier traitement médicamenteux à
la sortie du patient de l’hôpital (4).
Introduction
Une erreur médicamenteuse peut être la conséquence de défaillances du système mais aussi du manque
d’éducation du patient pour son traitement qu’il doit poursuivre à domicile (5). D’après l’étude de Shabbir
M.H. et al, 51% des 47 patients ont quitté l’hôpital sans avoir reçu les informations nécessaires pour une
bonne prise en charge à domicile et seulement 30% ont reçu des instructions écrites (6). Il existe différentes
façons de procéder à un entretien de sortie. Aux HUG, la Dre M. Louis-Simonet a élaboré une structure de
la consultation pour l’enseignement de la faculté de médecine de Genève (cf annexe 1) utilisée dans le
Service de Médecine interne des HUG.
Une bonne connaissance du traitement par le patient, notamment des effets indésirables, contribue à
améliorer la compliance, à éviter les interruptions de traitement et les réhospitalisations. Les facteurs de
risques d’une mauvaise prise en charge du traitement par le patient sont l’âge avancé, le nombre élevé de
médicament et le bas niveau d’éducation (7). L’augmentation des coûts de la santé amène à un
raccourcissement des séjours hospitaliers, à l’augmentation de la charge de travail et à la diminution du
temps disponible pour planifier la sortie du patient (8).
La préparation de l’ordonnance de sortie du patient est un processus multidisciplinaire complexe. Les
professionnels de la santé participant à la préparation de l’ordonnance de sortie sont souvent le médecin et
l’infirmière uniquement. Dans le cas de la gériatrie, l’ergothérapeute, le physiothérapeute ou encore
l’assistante sociale peuvent aussi y participer. Dans les pays anglo-saxons, ce sont les pharmaciens
cliniciens qui font le commentaire d’ordonnance de sortie.
Au vu du nombre de personnes impliquées et de la complexité du processus, il apparaît clairement que
différents problèmes peuvent survenir à la sortie des patients. Une évaluation des défaillances proactive
permet d’anticiper ces problèmes et de trouver des solutions pour y remédier. L’analyse des modes de
défaillances et de leurs effets (AMDE) est une méthode d’analyse de risque très utilisée. C’est une méthode
qualitative à l’origine utilisée dans les domaines de l’aviation et du nucléaire (9).
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